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L’Amérique, ses pièges et ses prétextes

Pierre Dortiguier

mercredi 17 décembre 2008

On compare volontiers l’événement du 11 septembre 2001 à l’attaque japonaise sur un îlot fortifié des îles Hawaï, au matin du 7 décembre 1941 auquel succéda, au terme d’un blocus économique, la déclaration de guerre japonaise, puis le vote par le Congrès américain de la guerre au Japon.

Cette comparaison vient le jour même de l’attaque des tours jumelle, de Henry Kissinger interviewé sur la chaîne CNN : « C’est comparable à Pearl Harbor et nous devons avoir la même réponse, et les gens qui l’ont fait, avoir la même fin, tout comme ceux qui ont attaqué Pearl Harbor. » Nous traduisons par les gens, alors que l’on peut entendre : « le peuple ! »

« This is comparable to Pearl Harbor and we must have the same response, and the people who did it must have the same end, as the people who attacked Pearl Harbor. »

Henry Kissinger, interviewed on CNN, 11 September 2001.

Nous produisons deux témoins, le premier « à chaud », il s’agit de Charles A.Lindberg dans son Journal de Guerre traduit chez Albin Michel (et expurgé par la maison d’édition) en 1963.
« Comment notre flotte et notre aviation ont-elles pu laisser les Japonais s’approcher si facilement des îles Hawaï ? Cette attaque ne me surprend aucunement. Nous les poussons à la guerre depuis plusieurs semaines. Ils ont simplement pris les devants. J’ai téléphoné au général Wood à Boston. Ses premiers mots ont été pour me dire : « Eh bien, il nous y fait entrer par la porte de derrière. » (il, c’est Franklin Roosevelt).
Le président a parlé ce midi, demandant au Congrès de voter la guerre. A l’unanimité, le Sénat l’a approuvé. A la Chambre, il n’y a eu qu’un « non ». Que faire d’autre ? Voici des mois que nous faisons tout pour avoir la guerre. Si le président avait demandé au Congrès, hier, de le suivre dans une déclaration de guerre, il aurait eu une grande majorité contre lui. Mais maintenant, on nous a attaqué chez nous, dans nos eaux. Nous avons attiré la foudre sur nos têtes, mais dans les circonstances actuelles, je ne vois qu’une solution : se battre. Si j’étais membre du Congrès, j’aurais voté la guerre, moi aussi." (pages 304-305)

Parlons d’une réaction « à froid » au piège de Pearl Harbor !

Citons à la barre du tribunal le témoin privilégié, le Contre Amiral Kimmel, devenu après 1945 l’Amiral Kimmel, chef de la flotte du Pacifique, au moment de l’attaque japonaise. Il a préfacé un livre du Contre-Amiral Theobald, alors commandant de la flotte des destroyers du Pacifique, intitulé : « The final Secret of Pearl Harbor »,1963, New York, The Devin-Adair Company Publishers, et une édition allemande, toujours à New-York paru, la même année, 162 pages, chez « Schnitter -Publishing-House ».

Lisons : « Les enquêtes du Contre amiral Theobald l’ont conduit à la conclusion que nous avons été impréparés à Pearl Harbor, car les projets du Président Roosevelt exigeaient que la flotte à Hawaï ne soit prévenue par aucun mot ni indication. Il (le contre amiral) a procédé à une démonstration remarquable, valide et convaincante de ses conclusions sur le projet du Président Roosevelt et les détails de son exécution. De mon point de vue, je ne puis trouver aucune raison qui puisse justifier le développement et l’exécution d’un tel plan. Même les personnalités haut placées de Washington qui se sont volontairement prêtées à une négligence de mise en alarme de nos forces armées à Pearl Harbor ne devraient pas trouver d’excuse. »

« Les commandants de Pearl Harbor n’ont jamais obtenu connaissance du texte ou même obtenu seulement un compte rendu sommaire de la note américaine qui fut remise le 26 novembre 1941 à l’ambassadeur japonais (Kurusu), de cette note qui mettait un terme à toute négociation ultérieure, en sorte que la guerre du Pacifique devint inévitable. Ils ne reçurent également jamais connaissance de ce que les Etats-Unis avaient assuré les Anglais d’un soutien armé en cas d’attaque japonaise. Le fait d’une tel engagement n’a été dévoilé que dans l’enquête du Congrès de 1946. Durant les dernier trois mois avant l’attaque divers rapports d’écoute d’émissions japonaises accessoires m’ont été transmis, mais un grand nombre de nouvelles vitales apportant un éclairage sur les intentions japonaises ont été cachées aux officiers qui commandaient à Pearl Harbor, en particulier, les annonces télégraphiques d’Honolulu à Tokyo sur les emplacements exacts des navires à Pearl Harbor ; l’échange de télégrammes de l’ambassade de Tokyo à Washington qui posait une fin d’ ultimatum à une entente satisfaisante à la Conférence de Washington, sinon les choses suivraient obligatoirement leur cours. » (premiers paragraphes de la préface de l’Amiral Kimmy au livre du Contre-Amiral Theobald)

C’est là une mise en accusation de la duperie belliciste américaine par les responsables militaires les plus élevés.
Elle éclaire une méthode des Etats qui de visiblement agressés deviennent, à la saine réflexion, des habitués de l’agression, comme le démontrent les épisodes principaux de l’histoire de la montée de l’impérialisme américain depuis la fin du XIX siècle, quand il attaqua l’Espagne, puis l’Allemagne, le Vietnam, tout comme il procèda contre le Japon atomisé par lui et hier l’Irak saigné par lui !

Dans un rapport collectif daté de septembre 2000, signé par une trentaine de personnalités , universitaires et politiques, néo-conservatrices américaines et signataires du PNAC [ Project for the New American Century ], sont évoquées la transformation et la reconstruction révolutionnaires des défenses américaines, apparemment lentes à se produire à moins de la survenue d’un événement catastrophique ou catalyseur tel un nouveau « Pearl Harbor ».

« Further the process of transformation, even if it brings revolutionary change, is likely to be a long one, absent some catastrophic and catalyzing event- like a new Pearl Harbor. » (Rebuilding America’s Defense, page 51)

Cette allusion au choc d’un événement qui catalyse une action lente à se produire, dévoile l’ambition de promouvoir une défense globale américaine reposant sur l’acquisition ou le maintien de bases avancées ou de présences militaires à l’étranger.
Il ne s’agit pas ici d’un prétexte accidentel habilement exploité, mais d’un événement moteur enflammant les passions, de l’accélération d’une transformation d’état jugée indispensable et qui aurait, en temps ordinaire, demandé un trop grand effort politique de démonstration.

Cette situation s’est-elle déjà offerte à l’empire américain, c’est-à-dire une augmentation de puissance, en cinquante ans, de deux millions de kilomètres carrés, plus rapidement que la Russie à partir de 1846 ?

Le célèbre directeur de l’ « American Geographical Society », Isaiah Bowan, a déclaré dans son livre intitulé « Monde Nouveau » (p.504) :
« Depuis l’annexion des îles Hawaïennes, les Etats-Unis ont étendu leur influence et leur contrôle sur des territoires nouveaux, plus, rapidement qu’aucune autre puissance, y compris la Russie impériale. De 1908 à 1917, il y eut onze annexions, protectorats, achats, s’étendant sur 723.338 kilomètres carrés. Cela a été impressionnant. »

« Since the annexation of the Hawaïian Islands the United States have spread their influence and control over new territories faster than any other power including imperial Russia. From 1908 to 1917 there were eleven annexations, protectorates, purchases extending over half million square miles. It was impressive. »

A la question précédente, nous pouvons répondre : oui, en quatre ou cinq situations exceptionnelles qui sont autant d’étapes :

L’affaire de l’explosion du cuirassé « Maine », le soir du 15 avril 1898, accélère la déclaration de guerre à l’Espagne. Le 25 avril, l’Espagne est le premier pays européen à capituler entièrement devant une agression des Etats-Unis après destruction d’une flotte espagnole vieillie à Manille le 1er mai et une seconde destruction à Santiago de Cuba fin mai. Elle céde ainsi Cuba, puis après un dédommagement de 20 millions de $, est contrainte de céder Porto Rico et les Philippines.

L’affaire du « télégramme Zimmermann », sous la présidence de Wilson, justifie, par un faux avéré (l’existence fictive d’une pièce), l’entrée en guerre contre l’Allemagne et ses alliés en 1917, en prétextant la découverte d’un projet d’agression militaire germano-mexicaine contre le Texas.

Le piège de Pearl-Harbor, en décembre 1941, décide de l’entrée en guerre officielle des américains contre les puissances de l’Axe.

L’incident du golfe du Tonkin justifie le bombardement du Nord-Vietnam après un engagement fictif avec des vedettes vietnamiennes démenti aujourd’hui.

Le 11 septembre 2001 que Kissinger lui-même qualifie, sur un ton menaçant et avec des accents vengeurs, de second Pearl-Harbor, et dont le contenu est bien plus complexe et les conséquences aussi terribles.

L’affaire de l’explosion du cuirassé « Maine »

Lorsqu’une situation scandaleuse est dénoncée, où que ce soit, le propre de nos contemporains est de faire appel au souvenir de cette action comme à une menace mobilisatrice. « Souviens-toi » est le motif de la mobilisation, à l’imitation du cri prêté aux aventuriers texans qui combattaient les mexicains en criant « Remember the Alamo » (1836).
« Remember the Maine », « Souviens-toi du Maine » fut repris par la presse américaine jusqu’à ce que le Congrès des Etats-Unis déclarât la guerre à l’Espagne.

Une campagne de presse effrénée racontant le cannibalisme des Espagnols, leurs « camps de la mort » à Cuba, fut entreprise par la presse de masse dite presse à sensation, créée en 1883 par le fils d’un marchand de grains immigré de Hongrie, Joseph Pulitzer (1847-1911). Le « New York World » fut le vecteur par lequel le milliardaire Will Randolph Hearth poussa à l’hystérie.

Lors du centenaire en 1998 du coulage par explosion nocturne du croiseur usagé « Maine » en rade de la Havane, à Cuba, la presse espagnole a démontré que le croiseur « Maine » avait été chargé de munitions qu’une simple cloison séparait des chaudières. Une commission d’enquête avait du reste, en 1911, établi que l’affaire était accidentelle et que les Espagnols n’avaient pas placé une mine sous la coque du navire. Le reste était prévisible sinon prévu par les officiers qui avaient déjà quitté le navire quand près de 260 marins périrent dans l’explosion ou agonisèrent de leurs blessures !

Cet événement déclencheur précipita l’offensive généralisée contre les possessions espagnoles, dont la prise des Philippines, que le père du général Mac Arthur devait administrer comme gouverneur de Manille, fut une conséquence. Il s’ensuivit, après l’indépendance, une invasion sans déclaration de guerre par les forces américaines, marquée par une longue lutte impitoyable, avec l’aide de troupes indigènes, contre les rebelles musulmans, les » Moros », toujours en révolte. Un des principaux massacres dont ils ont été victimes s’est produit quand ils ont été jetés vifs, le vendredi 10 mars 1906, combattants et civils confondus, dans un volcan éteint, le mont Dajo.

« L’ennemi comptait six cents hommes –y compris femmes et enfants – et nous les avons totalement supprimés, ne laissant pas même un bébé vivant pour pleurer après sa mère morte. C’est là véritablement la plus grande victoire qui ait été remportée par les soldats chrétiens des Etats-Unis. » écrit par Mark Twain, le 12 mars 1906, et publié, à titre posthume, seulement en 1924, sous l’intitulé : « Incident in the Philippines ».

« The enemy numbered six hundred - including women and children - and we abolished them utterly, leaving not even a baby alive to cry for its dead mother. This is incomparably the greatest victory that was ever achieved by the Christian soldiers of the United States. »

Les Philippines furent administrées par le général Pershing qui guerroya au Mexique et commandera le corps expéditionnaire américain d’un million d’hommes en Europe et le corps d’occupation en Allemagne, ainsi que par le général Wood qui mena la campagne contre les Moros, sous le slogan, « tuez ou capturez les six-cent » et sera candidat malheureux à la Maison Blanche.

Le télégramme Zimmerman,
un faux qui justifia l’entrée en guerre mondiale.

On entend dire que, le 7 mai 1915, le torpillage du bateau anglais « Lusitania », vapeur transporteur de passagers et croiseur auxiliaire de 30.000 tonnes, coulé par le sous-marin allemand U 20 et sombrant aussitôt, au large de l’Irlande, avec les munitions clandestines qu’il transportait au bénéfice de l’Angleterre, en faisant 1.400 morts sur 2160 passagers dont 118 passagers américains (en partie indemnes), causa l’entrée en guerre des USA.
Il ne s’ensuivit pourtant qu’un échange de notes et une restriction de la guerre sous-marine imposée à l’Allemagne laquelle indemnisa les victimes en payant une lourde contribution.

D’autres faits de même nature, comme par exemple le navire anglais « Arabic » confondu avec un drageur de mines et coulé, le 19 août 1915, par un navire de transport français le « Sussex », avaient entraîné une note de protestation menaçante de la part du Président Wilson. Mais cela n’alla pas plus loin.

L’effet des notes américaines fut de restreindre l’action sous-marine allemande qui se vit obligée de laisser des navires neutres ravitailler les Alliés et renforcer ainsi le blocus qui affama des millions d’allemands.
Wilson lui-même se fit réélire de justesse grâce aux voix des Etats de l’Ouest opposés à la guerre, sur un programme pacifiste, le 7 novembre 1916.

« There will be no war, the country has no intention whatsoever to let itself be dragged in this conflict .We are the only neutrals among the great peoples of the white race and to cease being neutral would be a crime against civilization. »

« Il n’y aura pas de guerre, le pays n’a quelque intention que ce soit de se laisser entraîner dans le conflit. Nous sommes les seuls neutres parmi les grands peuples de race blanche et cesser d’être neutres serait un grand crime contre la civilisation. »
rétorquait encore Wilson à son conseiller du parti démocrate, le Colonel House, le 4 janvier 1917. (Mandell House, Intimate Papers, tome II, page 288.)

Or ce qui souleva l’Amérique fut l’affaire rocambolesque du télégramme Zimmermann montée par un clan belliciste autour du nommé Colonel House et qui eut raison des dispositions pacifiques du président des Etats-Unis.
Tantôt un télégramme, intercepté en février 1917 par les services de l’Amirauté britannique sans que jamais l’original n’ait pu être produit, tantôt un coup de téléphone, établissait que le secrétaire d’Etat allemand des Affaires Etrangères, Arthur Zimmermann, demandait à son ministre à Mexico, Eckhard, d’essayer, en cas de guerre avec les Etats-Unis, de conclure une alliance germano-mexicaine dans laquelle l’Allemagne aiderait le Mexique à reconquérir le Nouveau-Mexique, le Texas et l’Arizona.

Deux millions de kilomètres carré avaient, en effet, été raflés au Mexique depuis 1846 par les Etats-Unis : le Texas (692.408 km2), la Californie (409.975km2), le Nevada (3155.115 km2) l’Arizona (295.024km2) et une partie du Wyoming et du Colorado.

Tantôt donc ces instructions allemandes d’alliance mexicaine avaient été, assurait-on dans la presse, captées par l’Amirauté britannique, tantôt le porteur du message avait été arrêté par des gardes frontières aux confins du Mexique, tantôt l’on avait pris copie de la dépêche dans les papiers de l’ambassadeur allemand à Washington. Bref, en tout six versions contradictoires furent données, mais le dit « colonel » House, Edward Mandell House (1858-1938) , en réalité personnage sans expérience militaire, venu de la finance londonienne et new yorkaise, cofondateur du « Council on Foreign Relations » faux-colonel texan, mais vrai conseiller du Président Wilson, fit marcher ainsi la propagande de guerre en publiant cette fausse dépêche jamais avérée jusqu’à ce jour.

Le document supposé daté du 16 janvier 1917 ne fut révélé que le 26 février. Un tel délai de révélation était inimaginable pour une nouvelle aussi importante ! Ce fut fin mars 1917 que, travaillé par le soi-disant colonel House et ses acolytes, le Président Wilson déclara la guerre en ces termes :
« Nous ne voulons pas affirmer par une victoire la force matérielle des Etats-Unis, mais simplement défendre les droits de l’humanité dont nous sommes seuls le champion. »

« We do not want to affirm by a victory the material strength of the United States, we simply want to defend the rights of humanity of which we are the only champions. » cité dans les “Papiers personnels” du faux Colonel House. (Intimate Papers, tome II, p.514).

Le Colonel Mandell House conduira la délégation américaine à la Conférence de la Paix de Versailles et écrira une utopie politique sur l’union américaine englobant Etats-Unis et Mexique : « Philip Dru Administrator : a Story of Tomorrow, 1920-1935 » qui est lisible sur internet.

L’Amérique fut le bénéficiaire unique de cette première guerre mondiale qui mutiplia le nombre de ses millionnaires, profiteurs des livraisons de guerre, notamment d’acier, aux belligérants de l’Ouest.

En 2005, un document aurait été découvert par un historien anonyme (?) de la marine britannique qui n’est qu’une copie manuscrite montrée à Lord Balfour, car toutes les pièces authentiques, précise-t-on, auraient été détruites.

Ces falsifications et bourrage de crâne traduisent l’embarras de ceux qui mentent.

Le piège américain de Pearl Harbor se referme sur le Japon et le monde.

Le troisième artifice dénoncé depuis longtemps par des militaires américains de haut grade, commandants de la flotte du pacifique, le contre-amiral Kimmy et son collaborateur Theobald, commandant la flotte des destroyers et auteur d’un livre accusateur du piège conçu par Roosevelt, est la prétendue attaque surprise et traîtresse de Pearl Harbor par le Japon, qui ne fut point telle pour l’administration américaine et peut être considérée comme l’effet d’une conspiration.

Deux faits sont évidents, quelle que soit leur interprétation : en premier lieu, le Japon fut acculé à la guerre par le blocus du pétrole et le gel des avoirs japonais décidés par les Etats-Unis, le 26 juillet 1941, soit dix jours après la nomination du prince Konoye en tant que premier ministre, connu pour sa libéralité, et, en second lieu, le code de la marine japonaise fut cassé par les Américains, ce qui leur donnait la capacité de suivre l’exécution de l’attaque japonaise.

Et le sous-secrétaire d’Etat, Sumner Welles, diplomate et conseiller de Roosevelt ( il mourut après-guerre d’un cancer du pancréas dû à l’alcoolisme) qui avait été en poste au Japon, en Amérique latine et à Cuba, auquel les Japonais demandaient si un compromis pouvait être trouvé, leur fit la réponse qu’il n’y avait pas la moindre base pour quelque solution de compromis !
« slighest ground for any compromise solution »

Précisons d’abord, à l’honneur de la recherche historique américaine, que Charles E. Bird, illustre historien libéral américain, dans « President Roosevelt and the Coming of War 1941 » paru en 1948, a établi que cette guerre avait été le résultat de nombreuses provocations du Président Roosevelt. Ce diagnostic d’historien intègre a terni la réputation du maître de l’histoire américaine et son nom même a été progressivement effacé de la mémoire des générations d’étudiants, au profit de la vérité d’Etat officielle racontée dans les films d’Hollywood. Les faits sont là et les accusations aussi, venues du plus haut niveau.

L’amiral Kimmel, commandant des forces du Pacifique, écrit, en 1954, dans la préface du livre de son adjoint, le contre-amiral R.A. Theobald « Final Secret of Pearl Harbor » lequel était alors commandant des destroyers à Honolulu :
« Si nous n’étions pas prêts à Pearl-Harbour, c’est parce qu’il était dans les intentions du président Roosevelt de ne pas alerter la flotte des Hawaï »

Le contre-amiral Theobald évoque la réduction des effectifs dans le Pacifique :
« Ces modifications d’effectifs n’eussent jamais été exécutées en ces jours critiques sans l’approbation expresse du Président. Par suite de l’espionnage très efficace qui s’effectuait aux Hawaï et dans la zone du canal de Panama, tous les changements apportés dans la composition de la flotte du Pacifique […] le Président favorisa cette surprise en laissant ignorer aux chefs militaires des Hawaï les renseignements capitaux fournis par le déchiffrement des télégrammes japonais suggérant l’imminence des hostilités.
Il y eut 2403 morts, des blessés en plus grand nombre encore, des bateaux détruits ou endommagés… . Et de constater que le président Roosevelt […] jeta dans le conflit un peuple unanime parce que personne ne soupçonna que cette attaque des Japonais s’inscrivait dans les plans de son président. »

La bataille fictive du Golfe du Tonkin.

Le 4 août 1964, un bateau américain de surveillance « USS Maddox » et d’autres navires furent attaqués dans le Golfe du Tonkin. En réalité, ce duel qui dura deux heures et fut dirigé sur des cibles suivies au radar, fut fictif, car il n’y eut aucun adversaire. Des avions décolèrent pour attaquer, en soutien, des cibles au Vietnam. Le 5 août, la presse américaine fait cependant état d’attaques répétées de torpilleurs nord-vietnamiens contre des destroyers US en patrouille au large des côtes sud-vietnamiennes. Aussitôt, le Président Johnson annonce des représailles américaines, c’est-à-dire des bombardements aériens sur Hanoï.

Il n’y a eu aucune attaque de la part des Nord-Vietnamiens. Le capitaine John Herrick, commandant de la Task Force du golfe, le fera savoir à Washington : la nouvelle est fausse et repose sur un malentendu ( l’homme responsable du sonar, trop zélé, a pris pour un bruit de torpille ce qui n’était que l’écho des hélices de son propre navire ). Bien sûr, Johnson ne tînt aucun compte de ce rapport et le Congrès vota une résolution, nommée résolution du Golfe du Tonkin, autorisant le Président à utiliser tous les moyens nécessaires pour aider tout pays du Sud Est asiatique et prévenir une agression communiste contre le Sud Viet- Nam. Elle servit de base légale à une plus ample intervention américaine.

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