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Exclusif : « Crédits méfiez-vous ! » par Jean-Marie Arnaudies

Un peu de maths pour comprendre le crédit et en éviter les pièges

lundi 9 décembre 2013

Ce livre a été écrit pour ainsi dire fortuitement. Nous nous sommes penchés, sans l’avoir cherché sciemment, sur de nombreux dossiers de prêts qui se sont révélés désastreux pour les emprunteurs. Au-delà de la technique, ce fut une rencontre avec des problèmes humains qui ne peuvent pas laisser indifférents. Nous avons ainsi découvert que l’usure toxique, que beaucoup de personnes non averties croient disparue depuis les cruelles descriptions qu’en brossait Balzac, existe toujours au vingt-et-unième siècle, en dépit de plusieurs strates de législations qui l’ont réglementée depuis ce glorieux passé dominé par les bons vieux Gobsecks.


Crédits Méfiez vous ! Jean Marie Arnaudies... par Geopolintel


Crédits Méfiez Vous Professeur Arnaudies Partie 2 par Geopolintel


Crédits Méfiez Vous par le Professeur Arnaudies... par Geopolintel

Tout d’abord, j’exprime ici mes chaleureux remerciements à Geopolintel d’avoir bien voulu s’intéresser aux questions soulevées dans ce livre ’’Crédit, Méfiez-vous’’, écrit par Jean-Denis Eiden et moi-même. C’est avec une grande joie que j’ai accepté de réaliser ces modestes vidéos de présentation de l’ouvrage, et j’espère, grâce à votre savoir-faire, que notre message passera mieux.

Il ne s’agit évidemment pas d’une vulgaire opération publicitaire, cette seule idée déshonorerait les auteurs.

L’usure s’est révélée dotée d’une admirable capacité d’adaptation à ces garde-fou, au point de les rendre trop souvent presque inopérants. Or si le crédit à intérêts est parfaitement légitime et même, dans bien des cas, socialement souhaitable, l’usure, elle, est inacceptable et ne mérite qu’une chose : être pourchassée, combattue et punie.

Il ne pouvait être question de nous égarer dans quelque irrationalité polémique, dont on sait qu’elle n’aurait mené nulle part. Nous avons donc recherché le substrat scientifique du prêt à intérêts. Seule une bonne compréhension de ces mécanismes permet de distinguer un prêt honnête d’un prêt toxique, ainsi que de lire à livre ouvert tout ce qui se cache dans un tableau d’amortissement ou une offre de prêt. C’est ce que nous avons essayé de mettre à la portée du public le plus large possible. En effet, si l’usure semble avoir retrouvé une nouvelle jeunesse, c’est à l’ignorance publique de ces mécanismes fondamentaux qu’elle le doit. Cette ignorance est une véritable mine d’or pour les usuriers professionnels.

Prenons par exemple une question d’apparence anodine :

’’On emprunte 10 000 euros sur un an au taux annuel de 10 %. On décide de tout rembourser, capital et intérêts, au bout de six mois. Combien doit-on au prêteur ?’’

La réponse correcte est simple à écrire, mais non évidente : soit r la racine carrée de 1,1. La somme R qu’on doit rembourser au prêteur au bout de six mois est le produit de r par 10 000. Ce qui donne, au centime d’euro près : R= 10488,09 euros.

La proportion de la population française capable de donner cette réponse est, hélas, ridiculement faible, même pas un pour cent. Même des professionnels de la banque ayant trente ans de métier ne savent pas la donner. Ce constat déplorable ne prouve évidemment rien sur les quatre-vingt dix-neuf autres pour cent. Mais il montre à quelle aberration a conduit cette mode stupide, née au début des années 1980, de snober l’enseignement des mathématiques. Dans les années 1950, les écoliers, sous la férule des hussards noirs, résolvaient dès le CM1 de petits problèmes portant sur l’intérêt, apprenaient ce qu’est le taux de l’escompte, et dès le CM2, se débrouillaient devant un problème où l’intérêt d’un emprunt sur un an se combinait à l’effet du taux de l’escompte sur l’argent attendu par un commerçant de plusieurs traites signées par des clients. On allait même jusqu’à poser des problèmes où apparaissait l’intérêt sur l’jntérêt annuel dans un prêt sur deux ans. Tout cet apprentissage a disparu, pour le plus grand profit des usuriers.

L’intérêt composé agit comme une exponentielle. Il est donc indispensable, pour comprendre l’intérêt composé, d’avoir quelques notions de base sur les exponentielles et les logarithmes. Il est renversant de découvrir que seule une infime minorité de professionnels de la banque savent ce qu’est une exponentielle et un logarithme. Ainsi, une écrasante majeure partie de nos concitoyens sont incapables de se servir de la totalité des fonctions d’une calculette scientifique de base coûtant moins de trente euros !
Malgré les fortunes dépensées par l’Etat pour l’enseignement public, il faut bien reconnaître qu’on sort aujourd’hui des Lycées et Collèges sans avoir appris quoi que ce soit de sérieux sur ces notions fondamentales. Cette ignorance est accablante pour cet enseignement public. Quiconque se sera plongé dans notre livre ne pourra plus jamais énoncer cette phrase si sottement ’’à la mode’’ :

’’Les mathématiques, c’est abstrait, à l’ère de l’informatique, ça ne sert à rien’’

Faute de pouvoir espérer qu’une fraction significative de la population française ait rapidement accès à ces connaissances, nous ne pouvons que plaider pour une réhabilitation digne de ce nom de l’enseignement des mathématiques de base dès le Lycée. C’est une condition nécessaire et potentiellement suffisante pour que le système bancaire retrouve la confiance du public, fonctionne à la satisfaction de tous (prêteurs comme emprunteurs) et fasse renouer la population tout entière avec le progrès et la prospérité.

« Jean-Marie Arnaudiès, né en 1941, est un professeur français réputé de mathématiques (Ulm 1961, agrégation en 1964), élève de Laurent Schwartz. Il a enseigné en classes préparatoires au lycée Kléber de Strasbourg et au lycée Pierre de Fermat de Toulouse, ainsi qu’à l’Université Paris VI (Jussieu). Il a rédigé de très nombreux ouvrages de mathématiques et plusieurs articles de recherche. »

http://www.wikiberal.org/wiki/Jean-...

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