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La tragédie de Lampedusa ou la face de Méduse du socialisme hyperlibéral

mercredi 16 octobre 2013

L’affaire tient en trois lignes : le 3 sept. un navire de “réfugiés” somaliens venant de Libye a fait naufrage au large de l’île italienne de Lampedusa, l’une des portes d’entrée officieuses des clandestins en Europe. Les 130 noyés et 200 disparus, tous lauréats du Prix Darwin, avaient, dans le but d’attirer l’attention des garde-côtes, mis le feu au navire, lequel a derechef sombré entraînant les malheureux dans l’abîme.

Derrière le rideau une gauche structurellement mal-pensante

Aussitôt le chœur des pleureuses s’est déchainé pour stigmatiser l’égoïsme de l’Europe, autrement dit des Européens - vous et moi - pour notre insensibilité face à « toute la misère du monde » que « nous ne sommes pas en mesure d’accueillir ». Dixit le socialiste ex premier ministre - 1988/1991 - Michel Rocard (1). Comme si en effet nous étions responsables, les uns et les autres, collectivement et individuellement du chaos rampant régnant sur le Tiers-monde.

À ce propos remettons quelques idées à l’endroit. Avec ou sans colonisation le problème serait sans doute aujourd’hui le même : les vases démographiques africain et asiatique déborderaient de la même façon. Certes comme le disait, s’agissant de l’Afrique, un conseiller de Jean-Pierre Cot, ministre délégué chargé de la Coopération et du Développement en mai 1981 dans le premier gouvernement Mauroy : « Il ne fallait pas y aller ou alors nous devions y rester un siècle plus » ! Étonnant, non ? Une réflexion que n’auraient certes pas reniée les pères fondateurs de l’empire colonial français qui, tel le Radical Jules Ferry(2), prônaient « un devoir de civiliser les races inférieures… ». Rappels utiles afin que l’on ne vienne pas nous cracher à la figure “les heures les plus sombres de notre histoire” dont quelques idées directrices - pour “fascistes“ qu’elles aient été, ou simplement lucides, c’est selon – n’en sont pas moins toujours partagées par la gauche profonde où elles demeurent solidement enracinées… lorsqu’elle celle-ci bien sûr oublie un instant d’être bassement démagogique.

Honte et responsabilité collective

Pour revenir au “drame”, si quelque chose est indécent c’est bien la « honte » qu’on s’efforce de nous faire endosser. Notamment de la part d’un souverain pontife qui en l’occurrence ferait mieux de se taire [AFP3oct13]. L’Église conciliaire, confondant charité et suicide, n’a-t-elle par depuis un demi-siècle profondément sapé la résistance morale de la catholicité européenne en plaidant sans relâche pour l’accueil - sans préjuger des conséquences dévastatrices - d’une submersion de l’Europe par des masses démographiques en déshérence ? Et tandis que les uns prêchaient une charité mal ordonnée, d’autres leur faisaient échos en exaltant la permissivité, l’ivrognerie et le vagabondage sexuels, hétéro ou homo, la sainteté du Sida et des condoms, l’avortement comme acmé de la liberté des corps, le divorce hédoniste, l’éthylisme festif et la toxicomanie branchée, les loisirs exotiques, tandis que des foules dépressives se gavaient de neuroleptiques… bref toute une monstrueuse culture de l’ego, du renoncement, de l’oubli et du vil plaisir. Ajouter à cela une pincée de crise systémique et le vide des berceaux, l’effondrement de la natalité, le non renouvellement des générations, le vieillissement accéléré des populations s’expliquent d’eux-mêmes. Et n’allez pas croire sur parole les statisticiens qui vous content des billevesées quant à la soi-disant fécondité des françaises. Chacun sait qui sont exactement les mères porteuses de la manne allocative.

Quant au gouvernement italien, il déclarait sa « honte » et son « horreur », selon les termes utilisés par le président Napolitano, puis décrétait une journée de deuil national, trouvant là un moyen expédient de se dédouaner à bon compte de sa responsabilité sur le fond… notamment pour les 30 000 migrants qui ont débarqués depuis janvier dernier sur les quais de Lampedusa. Mais de quelle responsabilité est-il ici question ? Simple : Rome s’est associée à Paris et à Londres pour faire tomber la Jamahiriya libyenne, laquelle faisait barrage – certes contre monnaie sonnante et trébuchante - au flot des immigrés. Un premier accord signé par Romano Prodi, passé avec Tripoli le 29 déc. 2007, faisait effectivement « échec aux flux migratoires illégaux ». Silvio Berlusconi avait amélioré le dispositif le 4 fév. 2009 par le truchement d’un protocole d’application. L’accord avait établi des patrouilles maritimes conjointes devant les côtes libyennes et la fourniture à la Libye, de concert avec l’Union européenne, d’un système de contrôle italo-libyen sur ses frontières terrestres et maritimes. La Jamahiriya devenait ainsi la frontière avancée de l’Italie et de l’Union par laquelle se trouvait contenu le gros des flux migratoires africains.

Nous récoltons donc aujourd’hui ce que nous avons semé hier. Les candidats à l’eldorado européen embarquent maintenant à Misrata(3), certainement pour mieux nous remercier d’y avoir laissé s’installer une bienfaisante anarchie si propice aux affaires. Le passage des clandestins n’est-il pas un commerce juteux ? Idem en ce qui concerne la Tunisie devenue depuis la chute de Ben Ali, avec la bénédiction de l’Union et de la Turquie, un paradis islamiste - bien incapable de redressement économique - que sa jeunesse, sans espoir ni emploi, ne songe qu’à fuir.

Finalité et rhétorique du mensonge

Alors que la Commission européenne appelait les États membres à intensifier leurs efforts pour éviter ce type de « tragédies », le porte-parole de la commissaire européenne en charge des Affaires intérieure, Michele Cercone, y allait de son couplet accusateur : « Nous avons besoin d’une politique migratoire européenne solide »… tandis que le rapporteur spécial des Nations Unies pour la protection des migrants François Crépeau enfonçait le clou en dénonçant la « paranoïa » consistant à « traiter l’immigration clandestine uniquement par des mesures répressives susceptibles de provoquer ces tragédies. L’immigration clandestine n’est pas un crime contre les personnes ou les biens, ni une menace pour la sécurité ». À voir.

Pour les manieurs de rhétorique humanitarienne, l’affirmation péremptoire scelle des jugements sans appel. Et pourtant c’est bien en France qu’un ministre socialiste de l’intérieur, M. Valls, établit – au grand dam des humanistes du bazar de la charité - un lien fort entre vague de criminalité, délinquance et mouvements migratoires erratiques, ceux-là pourtant intra-européens ? Il faudrait dans cet ordre d’idées regarder quels désordres sociaux ont été par exemple induits en Suisse ou en Grèce après la guerre du Kossovo et le démantèlement de la Fédération yougoslave. Il ne s’agit pas ici de minorités hongroise, roumaine ou bulgare, mais de redoutables mafias claniques albanophones. Alors déclarer la bouche en fleur que “l’immigration clandestine n’est pas un crime contre les personnes ou les biens, ni une menace pour la sécurité” constitue un déni de réalité particulièrement pervers voire criminogène.

Nous avons compris que suivant l’argumentaire de la Commission de Bruxelles ou des mondialistes de New-York – siège des NU – relais des oligopoles et des minorités proactives gouvernant sous le manteau, les États sont formellement encouragés à « assumer leur part de responsabilité et à déverrouiller leurs frontières faute de quoi ils continueront d’encourager les passeurs et les trafiquants d’être humains » ! Gardons à l’esprit que le programme des ultra libéraux anarcho-capitalistes comme celui des internationalistes tels MM. Poutou – ancien candidat trotskyste à la présidence de la République - et Mélenchon, est la disparition pure et simple des frontières et la libre circulation des capitaux, des biens et des personnes, l’ennemi à abattre étant ultimement l’État national(4).

L’horreur à géométrie variable

Le Quatrième pouvoir médiacratique matraquant l’opinion, l’Europe en deuil s’apitoie sur les noyés de Lampedusa ce qui permet, en contrepartie, d’ignorer les hécatombes quotidiennes dans l’Irak meurtri par la terreur wahhabite [le wahhabisme étant le vecteur idéologique d’Al-Qaïda]. Pour le seul samedi 5 octobre, 73 personnes ont péri dans diverses attaques visant notamment des pèlerins chiites à Bagdad. Pour le seul mois de septembre, ce sont quelque 979 Irakiens qui ont rencontré la mort terroriste, et 2 133 autres qui ont été blessés… un étiage correspondant à la moyenne mensuelle de cette année 2013 [lemonde.fr1eroct13]. Nous n’avons entendu à ce sujet, ni le St Père, ni les Commissaires politiques bruxellois s’émouvoir bruyamment d’un tel carnage en continu. Pourtant c’est bien le camp occidentaliste qui est responsable et coupable de cet état de fait pour avoir porté la guerre en ces contrées, n’est-ce pas ?

Coupable et responsable aussi du martyr des communautés chrétiennes de Syrie que MM. Hollande et Obama ont livrées aux salafistes mandatés par notre allié séoudien. Ces mêmes wahhabites qui arment et financent les groupes armés ravageant la Corne de l’Afrique d’où venaient justement les naufragés de Lampedusa… Alors merci bien, messieurs les moralistes, humanistes à la petite semaine, vous les professionnels de la jérémiade et du pathos, commencez donc par balayez devant votre porte avant de nous jeter la honte au visage. En réalité votre propre honte, la honte qui est d’abord la vôtre, mais il est vrai, subsidiairement la nôtre pour vous avoir laissés diriger nos nations sur les voies du naufrage et de la perdition.

Que veulent-elles d’ailleurs ces grandes âmes si généreuses de la peine et du labeur des classes laborieuses européennes, de l’ouvrier aux cadres dirigeants ? Ouvrir en grand et plus vite les portes de la ville d’Ys ? Ce sont déjà 500 000 migrants qui entrent clandestinement chaque année en Europe par les enclaves espagnoles de Ceuta et de Melilla(5) au Maroc, de Lampedusa au sud de la Sicile, par la Grèce via la Turquie et Istambul, ou bien directement par les aéroports de la zone Schengen en ce qui concernent les vagues d’assaut asiatiques munies de faux passeports et de visas contrefaits. Tout cela représenterait un marché estimé à 5 milliards d’€ en 2012 pour les vendeurs de welfare states européens appartenant à des mafias spécialisées. Sachant que pour les passagers asiatiques de luxe, fuyant les rigueurs économiques du Tiers-monde, les tickets se montent à 40 voire 50 000 € ou plus. Une bagatelle qui n’est pas à la portée de toutes les bourses, et surtout pas de celles des classes moyennes européennes… condamnées à blanchir sous le harnais pour payer leur dette morale à l’égard de tous ceux qui n’ont pas eu le malheur de naître dans le monde blanc de la décadence postchrétienne… Car il faut payer pour les croisades, pour les colonies, pour la Seconde guerre mondiale, pour les décolonisations douloureuses, payer pour payer le prix et l’impôt d’une insolente et méprisable richesse… puisque selon l’idéologie dominante implicite « la propriété c’est le vol » [Pierre-Joseph Proudhon in « Qu’est-ce que la propriété »1840].

Le tonneau des Danaïdes

Parce qu’on nous parle de « réfugiés », principalement économiques, comment donc les ressortissants de pays aussi déshérités6 peuvent-ils se payer des passages à 4 ou 5000 € ? Le prix payé par les Érythréens protagonistes de la tragédie de Lampedusa. En l’occurrence, moins un drame de la misère que celui d’un trafic mondialisé dont se font complice des gouvernements européens ayant pactisé avec le diable et les suppôts de la substitution de population… Des peuples métissés ne sont-ils pas supposés être plus dociles, plus perméables aux idéologies architectoniques du Meilleur des Mondes… consumérisme et gender, soit l’idolâtrie des droits humains, de l’argent, du sexe et de la marchandise ? Quoi de plus ?

Alors au prix du billet d’embarquement pour Cythère et les délices un peu blets de l’Europe décomposée, peut-on vraiment parler de « réfugiés économiques » ? Même si le village ou la famille se sont cotisés (?), 4 ou 5000 € ne sont pas une somme trouvée sous le sabot d’un cheval ! Au reste, l’argument d’individus fuyant la misère – tout en débarquant le téléphone portable à la main - ne tient pas la route. De règle quasi générale les pays africains sont assis sur un tas d’or… leurs sous-sols et leurs richesses minières ne sont pas un mythe. Sans parler des confortables revenus de la piraterie somalienne [parfois subventionnée par nos tribunaux, voir l’affaire du Ponant en 2008 : en nov. 2012 la France verse 90 000 € pour préjudice moral à deux complices des preneurs d’otage !]. En contrepoint, notons au passage que la puissance économique du Japon – malgré une dette pharamineuse – ne tient qu’uniquement à son travail, l’archipel ne possédant aucune autre ressource naturelle. Au demeurant, l’Afrique orpheline de la tutelle européenne serait en mal de développement, et ce serait là encore nostra culpa, maxima culpa. Le continent est malgré tout décolonisé depuis au moins un demi-siècle et libérée de l’odieuse exploitation qui l’épuisait, en conséquence son décollage économique eut dû être spectaculaire.

Pourquoi n’en a-t-il rien été ?

Les réponses à cette question ne sont pas simples et guère politiquement correctes. Soulignons cependant qu’aucun solution ne pourra être apporté à l’horizon du siècle si l’on persévère dans le colossal non-dit lié à la dimension démographique de l’impasse africaine, au nord comme au sud du Sahara. Car personne ne souffle mot de l’explosion humaine qui affecte le Continent noir, or sans maîtrise d’une démographie galopante, le vase continuera à déborder. Mais l’Europe n’a plus de travail pour ses propres ressortissants ni pour les immigrés “légaux”… alors comme accueillir et intégrer des illégaux ? Qui plus est en l’absence de toute politique migratoire réfléchie, parce que ni cohérente ni incohérente, une telle politique n’existe pas, ni en France ni en Europe où l’anarchie la plus totale règne en ce domaine… comme dans beaucoup d’autres !

L’anarchie principe de gouvernement

Dans l’Hexagone, 120 000 jeunes gens arrivent chaque année sur le marché du travail, et ce malgré la multiplication des universités barrages, réservoirs et dépotoirs, qui retardent leur entrée dans la vie autant qu’il est possible. C’est aussi 100 000 immigrants légaux et au moins autant de clandestins. Avec un taux de croissance prévu par l’Insee en 2014 de 0,9% et un Pib de 2750 mds - là où il faudrait au minimum 1,5% et 3000 mds - la France ne pourra que s’enfoncer davantage dans le marasme qui est actuellement le sien… faute de reprise économique depuis la crise de 2008 et les six années de trou noir qui ont suivi et d’où elle ne parvient pas à s’extraire… Alors combien de temps la France pourra-t-elle maintenir un « modèle social » qui la plombe à ce point ? Nos dirigeants ont répondu en liquidant 20 000 postes dans l’armée mais pas hélas en revoyant les critères laxistes régissant par exemple les congés maladies. Maladies hélas trop souvent de pure convenance avec la complicité d’une partie d’un corps médical de moins en moins pénétrée de conscience citoyenne. Finalement ce qui vaut pour la France vaut pour l’Europe occidentale qui, si elle s’appauvrit en surchargeant tendanciellement la barque, ne pourra plus aider, de quelque façon que ce soit, au développement de la miséreuse et surpopuleuse Afrique. On ne peut donner que ce que l’on a et pour être généreux encore faut-il être nanti au minimum. Parce que si « les riches doivent payer », le jour où il n’y aura plus de riches, cela signifiera qu’il n’y aura plus sur terre que des pauvres.

Léon Camus 6 octobre 2013

Notes :

1 – Le 3 déc.1989 au cours de l’émission « 7 sur 7 » d’Anne Sinclair-Levaï sur TF1, puis le 7 janv. 1990, devant un parterre d’élus socialistes d’origine maghrébine : « La France n’est plus, ne peut plus être, une terre d’immigration ».

2 - Jules Ferry 1832/1893, alors ministre des Affaires étrangères, discours du 28 juillet 1885 à la Chambre des députés : « Messieurs, il y a un second point que je dois également aborder, c’est le côté humanitaire et civilisateur de la question. Il faut dire ouvertement que les races supérieures ont un droit vis à vis des races inférieures. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures ». Quarante ans plus tard, le 9 juillet 1925, Léon Blum qui allait présider un peu plus tard le Conseil des ministres sous le Front populaire, affirmait dans la même veine et de nouveau devant la Chambre des députés : « Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture, et de les appeler aux progrès réalisés grâce aux efforts de la science et de l’industrie ».Les « radicaux », « fils de la Révolution française », se feront appeler à partir de 1901 “radicaux-socialistes”.

3 – « Misrata fête la mort de Mouammar Kadhafi » [lefigaro.fr21oct11]. Ville où, sur les indications de l’Armée française, Mouammar Kadhafi fut rattrapé par son destin et lynché dans une ambiance de curée par une foule ivre de sang. Sa dépouille sera exposée dans une boucherie de la ville portuaire d’où s’embarquent à présent les vagues migrantes en partance pour les trottoirs pavés d’or de la Vieille Europe. Faut-il ajouter que du temps du “tyran” Kadhafi, tout comme en Irak sous Saddam Hussein, les al-qaïdistes, djihadistes et autres salafistes étaient soit en prison, soit interdits de séjour. Ces mêmes islamistes pratiquent une extensive piraterie des sables avec le rapt d’étrangers tout en s’assurant de confortables ressources financières grâce aux trafics transsahariens d’armes, de drogue (cocaïne colombienne via les ports d’Afrique de l’Ouest) et de migrants.

4 – il est toujours bon de garder en mémoire les grands classiques : Georges Pompidou étant à la présidence, feu le baron Edmond de Rothschild déclarait le 18 juillet 1970, quatre ans avant qu’il ne fonde la section européenne de la fameuse « Commission Trilatérale », dans un entretien accordé à la revue « Entreprise », aïeule de l’Expansion, « Le verrou qui doit sauter à présent, c’est la nation ! » [n°775 pages 62 à 65].

5 – En images : les assauts spectaculaires de milliers d’immigrants le 17 septembre dernier à Melilla et Ceuta [france24.com/fr/18spt1309].

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