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Super PAC : les super dollars de la campagne américaine

mercredi 17 décembre 2014

Les nouveaux « comités d’action politique », qui contribuent au financement des candidats, sont autorisés à recevoir des dons sans limite. Une révolution esquissée en 2010 qui a déjà un impact sur la campagne électorale en 2012.

Je suis un mot très à la mode aux Etats-Unis. Apparu en 2010, je me développe de façon intensive en 2012, en lien avec la campagne pour les primaires républicaines. Je porte un nom digne d’un héros de bande dessinée ou de jeu vidéo. Je suis, je suis, je suis... un Super PAC !
Qu’est-ce qu’un PAC ?

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Il s’agit d’un « comité d’action politique » (political action committee, en anglais), qui sert d’intermédiaire entre les donateurs et les bénéficiaires de leurs dons. Pour être en règle avec la loi américaine et les règles du financement électoral, les entreprises, les syndicats, les groupes d’intérêts ou les particuliers qui souhaitent soutenir un candidat en lice pour un poste fédéral (la Maison-Blanche, par exemple) doivent passer par un PAC pour verser leur contribution. Rien à voir avec une union civile ou la politique agricole commune, donc.

Pourquoi celui-ci est-il « super » ?

Le Super PAC est une évolution du simple PAC, apparue en 2010 à la faveur d’une décision de la Cour suprême dans un cas opposant Citizens united, une organisation conservatrice, à la Commission électorale fédérale. Cette décision abolit les plafonds que les donateurs ne pouvaient pas dépasser. Le don maximum à un PAC était par exemple de 2500 dollars quand il s’agissait de soutenir ou contrer un candidat aux primaires d’un parti. C’est fini. Désormais, le Super PAC est « super » aux yeux des donateurs et des bénéficiaires... parce que les dons ne sont plus limités ! Avouons aussi que ce surnom est plus facile à retenir que son nom officiel : « comités financés exclusivement par des dépenses indépendantes » (independent-expenditure only committees, en anglais).
Super PAC : les super dollars de la campagne américaine

Quel impact sur le financement électoral ?

Désormais, la limite, c’est le ciel... et les dons battent des records ! Le magazine Mother Jones a listé les 20 plus gros donneurs actuels qui « déversent leur cash, sans limite, dans ces nouveaux Super PACs qui bourgeonnent ». Ainsi le Super PAC Winning our Future, favorable à Newt Gingrich, a-t-il reçu un magnifique chèque de 5 millions de dollars signé Sheldon Adelson, un poids lourd des casinos. Ce montant reste encore inégalé mais la campagne dure encore plus de 9 mois. Le Super PAC Restore our Future, favorable à Mitt Romney, a quant à lui reçu 10 des 20 plus grosses contributions.

A chaque candidat son Super PAC ?

En principe non. En pratique oui. « En principe, un Super PAC n’est pas attaché à la promotion d’un candidat, et ne doit pas avoir de lien avec le camp du candidat en question. En pratique, ils travaillent main dans la main. C’est une immense tartufferie », juge notre correspondant aux Etats-Unis. Un Super PAC permet notamment de financer les intenses campagnes de publicité afin de soutenir un candidat... ou d’en détruire un autre dans l’opinion publique. A ce petit jeu, Newt Gingrich est la cible de la majorité des spots négatifs, notamment de la part de Restore our Future, raconte le Wall Street Journal. Mais le Super PAC Winning our Future a répliqué en dégainant un mini-documentaire cinglant sur le passé de financier de Mitt Romney.

Et les démocrates et Barack Obama ?

On est loin des micro-dons de 5 dollars et moins, encouragés par Barack Obama, en 2008... Mais le président-candidat sait s’adapter. Bien que peu favorable à cette évolution introduite par la Cour suprême en 2010, il semble jouer le jeu et le Super PAC Priorities USA Action récolte les fonds qui lui sont ou seront favorables pendant la campagne, émanant en particulier des syndicats ou d’Hollywood.

Il pourrait aussi compter, indirectement, sur les fonds récoltés par le Super PAC de Stephen Colbert. « Faites vos dons et nous verrons comment les utiliser », plaisantait en juin dernier l’animateur de Comedy Central. Après avoir organisé une marche anti-Tea Party, ironiquement intitulée « Marche pour cultiver la peur », en 2010, il ne devrait logiquement pas utiliser sa cagnotte pour aider les républicains ! Pour l’heure, il renvoie surtout Mitt Romney et Newt Gingrich dos à dos.

A qui profite les Super PACs ?

Cette nouvelle donne devrait favoriser le camp républicain. Les généreux donateurs peuvent rester anonymes, ce qui devrait inciter les grandes entreprises à (beaucoup) participer. Pour nombre d’analystes, les élections de mi-mandat en novembre 2010, qui ont vu le Congrès basculer, en ont été la première démonstration. Le Super PAC Crossroads GPS, dirigé par Karl Rove, a versé des millions pour promouvoir certains candidats victorieux. Et cette année, il a déjà défini son « agenda » et les causes qu’il compte défendre dans le cadre de la « nouvelle majorité ». Comprendre : la nouvelle présidence, républicaine bien sûr.

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Par Marie Simon

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