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Les banques centrales et la perte d’indépendance avec l’échec des monnaies numériques

mardi 9 décembre 2025

Christine Lagarde, présidente de la BCE ; Kazuo Ueda, gouverneur de la Banque du Japon ; et Jerome Powell, président de la Réserve fédérale à la réunion de 2023 des gouverneurs de banque central au Jackson Hole Forum

L’objectif prioritaire post Covid des banques centrales devait être l’appropriation de la monnaie avec le lancement des CBDC (monnaie numérique de banque centrale). Or les banques centrales ne créent pas de monnaie, elles le font uniquement en rachetant le déficit des pays qui a été transformé en dette placée en obligation d’Etat.
Cette pratique est une privatisation de nos dettes envers des entités privées et étrangères dont nous ne connaissons pas l’identité (en ce qui concerne la dette française).

Le monde économique a subi une révolution qui s’est tenue au Jackson Hole Forum au début des années 2010, les banquiers centraux ont créé le Quantitative Easing, qui permet de laisser filer les déficits des états pour augmenter leur taux d’endettement par l’intervention de la banque centrale qui achète la dette et émet de la monnaie. Cette technique a accéléré l’endettement des pays tout en donnant plus de pouvoir aux banques centrales qui fixent les taux d’emprunt et l’inflation.

En 2020, la Banque Centrale Européenne a lancé l’opération « Grand Reset », qui était la programmation d’un euro numérique. Christine Lagarde a annoncé que cet euro numérique serait géré par une blockchain pour lever le voile sur les projets de transformation du système financier de l’institution.

« Alors que les Européens se tournent de plus en plus vers le numérique dans la manière dont ils dépensent, économisent et investissent, nous devons être prêts à émettre un euro numérique, si nécessaire. Je souhaite également connaître votre point de vue à ce sujet », a déclaré l’ancienne patronne du FMI. Et de spécifier : « Nous venons de lancer une consultation publique afin que les consommateurs et les Européens puissent réellement exprimer leur préférence, et nous dire s’ils seraient heureux d’utiliser un euro numérique de la même manière qu’ils utilisent une pièce en euros ou un billet en euros, sachant que c’est la monnaie de la banque centrale qui est disponible et sur laquelle ils peuvent compter. »

Ce lancement de la monnaie numérique « grand public » devait faire de la BCE une banque de détail.

Mais l’élection de Trump a été le dernier clou dans le cerceuil de la monnaie numérique de banque centrale, sa décision a été acté en précisant que sous son mandat il n’y aurait pas de monnaie numérique pour la FED.

Comme les maîtres du monde sont ceux qui possèdent la monnaie, il fallait trouver une parade en plaçant l’avenir dans le retour à la garantie or pour les monnaies.

L’or peut détruire la Réserve fédérale et les autres banques centrales

Depuis 1944, le dollar américain est la principale monnaie de réserve mondiale utilisée pour les transactions mondiales. Cependant, les pays des BRICS accélèrent la dédollarisation. De plus en plus de pays sont prêts à abandonner le dollar comme monnaie pour les transactions mondiales, alors que les pays des BRICS utilisent les devises nationales dans leurs échanges internationaux et leurs transactions transfrontalières.

La Réserve fédérale n’achète pas d’or. La Fed n’a aucun intérêt à acheter de l’or comme moyen de dédollarisation. La Fed achète de la dette publique libellée en dollars afin de maintenir des taux d’intérêt bas sur les déficits du gouvernement fédéral.

La Fed n’achète pas d’or puisqu’elle n’est plus propriétaire d’or depuis très longtemps. La Fed ne possède plus d’or depuis 1934, date à laquelle elle a cédé tout son or en échange de certificats d’or.
Le Gold Reserve Act de 1934 exigeait que le Système de Réserve Fédérale transfère la propriété de tout son or au Département du Trésor. En échange, le secrétaire au Trésor a délivré des certificats d’or à la Réserve fédérale pour la quantité d’or transférée au prix statutaire alors en vigueur pour l’or détenu par le Trésor.

Donald Trump n’aime pas la monnaie numérique des banques centrales (CBDC), qu’il considère comme une menace pour la vie privée.

« La résurgence de l’or reflète la méfiance des institutions à l’égard des monnaies fiduciaires dans un contexte de pressions inflationnistes ». « Nous assistons à un retour à des actifs solides en tant qu’ancrage monétaire dans un monde où la création de monnaie fiduciaire est illimitée. » Jaime Carrasco analyste financier

Le paysage monétaire mondial est en train de subir une profonde transformation qui va bouleverser notre vie. Nous allons retrouver notre souveraineté économique au détriment du système financier qui est un véritable racket.

Le retour de l’or sera comme une ancre monétaire pour donner enfin de la moralité au système financier afin de stopper le vol organisé des nos taxes qui servent à financer le plan de l’ONU 2030, qui prévoyait une gouvernance mondiale, sans souveraineté des peuples et une dépossession totale de notre argent et de nos biens.

Francis Ros

L’indépendance des banques centrales

L’ingérence de Donald Trump dans les affaires de la Réserve Fédérale américaine (FED) est un sujet majeur et historiquement inhabituel, car elle remet en cause l’indépendance de l’institution monétaire. Afin d’analyser ce phénomène, il nous semble essentiel de revenir sur l’histoire des banques centrales et l’évolution du rôle qu’elles ont pris, tant sur le plan économique et politique.

L’origine des banques centrales

L’origine des banques centrales est relativement récente dans l’histoire économique. Les banques centrales sont en effet apparues progressivement, en réponse à la nécessité de stabiliser les systèmes financiers et de gérer la monnaie à l’échelle nationale. Les grandes étapes de leur développement peuvent se résumer ainsi.

La première banque publique moderne, la Banque d’Amsterdam, est créée en 1609. Son but principal est de faciliter le grand commerce international en fournissant une monnaie stable et en luttant contre la dépréciation des pièces. Bien qu’elle n’ait pas toutes les fonctions d’une banque centrale moderne, elle est une institution publique et joue un rôle de stabilisation.

Les XVIIe et XVIIIe siècle voient naître les premières banques centrales. Ainsi, la Banque d’Angleterre est créée en 1694 et est la première institution à réellement jouer ce rôle. Fondée initialement pour prêter de l’argent au gouvernement afin de financer la guerre contre la France, elle a progressivement acquis le monopole d’émission des billets de banque et a commencé à réguler les autres banques. La Banque de Suède (1668), souvent citée comme la première banque centrale, a été créée dans un contexte similaire.

Le XIXe siècle est ensuite marqué par l’unification des nations et l’émergence des économies nationales. Les banques centrales s’affirment et leurs fonctions se précisent :

  • Monopole d’émission : elles obtiennent le privilège exclusif d’émettre les billets de banque sur leur territoire, comme la Banque de France en 1848.
  • Rôle de prêteur en dernier ressort : elles interviennent pour secourir les banques commerciales en difficulté, évitant ainsi les crises financières systémiques.
  • Financement de l’État : elles continuent à servir de banque pour le gouvernement, gérant ses finances et lui accordant des crédits.

Enfin, le XXe voit leur développement et leur indépendance. Il est marqué par la création de la Réserve Fédérale américaine (FED) en 1913, la crise bancaire de 1907 aux États-Unis ayant mis en évidence le besoin d’une institution centrale pour stabiliser le système financier. En Europe et après la Seconde Guerre mondiale, de nombreuses banques centrales, comme la Banque de France en 1945, sont nationalisées pour permettre un meilleur contrôle de la politique économique par les États. Enfin, à la fin du XXe siècle, un consensus se forme sur la nécessité d’une plus grande indépendance des banques centrales vis-à-vis des gouvernements. L’objectif est de lutter plus efficacement contre l’inflation en évitant les pressions politiques à court terme. C’est le modèle de la Banque centrale européenne (BCE), créée en 1998, dont l’indépendance est inscrite dans les traités européens.

En résumé, les banques centrales sont nées de la nécessité de stabiliser la monnaie et le système bancaire. Leur rôle a évolué, passant d’un simple financier de l’État à un gardien de la stabilité des prix et de la stabilité financière, avec un objectif clair d’indépendance.

L’évolution du rôle des banques centrales

Depuis la crise financière de 2007-2008, le rôle des banques centrales a considérablement évolué, passant d’une politique monétaire conventionnelle axée sur la stabilité des prix à l’adoption de mesures non conventionnelles pour assurer la stabilité financière et soutenir l’économie.

Cette crise a en effet révélé les limites du mandat des banques centrales, principalement axé sur le contrôle de l’inflation via les taux d’intérêt. Elles ont dû intégrer un nouvel objectif : la stabilité financière, ce qui a conduit à l’introduction de plusieurs outils et mesures dont certains « non conventionnels » :

  • baisse des taux directeurs : les banques centrales ont baissé leurs taux directeurs de manière drastique, souvent à des niveaux proches de zéro, pour stimuler le crédit et l’activité économique ;
  • assouplissement quantitatif (Quantitative Easing, QE) : cette politique consiste pour la banque centrale à acheter massivement des titres (obligations d’État, obligations d’entreprises) sur les marchés financiers. L’objectif est d’injecter des liquidités dans l’économie, de faire baisser les taux d’intérêt à long terme et de soutenir la demande. C’est ce qui explique la forte augmentation de la taille des bilans des banques centrales après 2008 ;
  • opérations de refinancement à long terme : ces opérations visent à fournir des liquidités aux banques commerciales pour qu’elles puissent continuer à prêter aux entreprises et aux ménages ;
  • guidage prospectif (Forward Guidance) : c’est une stratégie de communication où les banques centrales s’engagent à l’avance sur l’orientation future de leur politique monétaire, afin de stabiliser les anticipations des agents économiques et de renforcer la crédibilité de l’action de la banque centrale.

La crise a également soulevé la question de la prise en compte de la stabilité des prix d’actifs (comme l’immobilier ou les actions) dans les mandats des banques centrales, car leur envolée a été un facteur clé de la crise.

Les risques liés du passage de l’indépendance à l’interdépendance

Avant la crise, les banques centrales jouissaient d’une forte indépendance vis-à-vis des gouvernements. La crise de 2008 a toutefois nécessité une coordination sans précédent entre les banques centrales et les États. Les politiques monétaires et budgétaires sont devenues étroitement liées, avec des interventions massives pour sauver le système financier, cette interdépendance posant des défis à l’indépendance de ces institutions.

La perte d’indépendance des banques centrales représente un risque majeur pour la stabilité économique. C’est en effet l’un des principes fondamentaux de la macroéconomie moderne que de protéger ces institutions des pressions politiques. Une banque centrale qui perd son indépendance peut être contrainte de prendre des décisions qui favorisent des objectifs politiques à court terme au détriment de la stabilité économique à long terme.

Les risques d’une perte d’indépendance

La principale conséquence est le risque d’une inflation élevée et incontrôlée. Sans indépendance, une banque centrale pourrait être forcée de financer directement les déficits publics en créant de la monnaie. Ce processus, appelé monétisation de la dette, augmente la masse monétaire en circulation, ce qui dilue la valeur de la monnaie et mène inexorablement à l’inflation. Les politiciens pourraient alors être tentés d’adopter des politiques de dépenses expansionnistes pour gagner des élections, sachant que la banque centrale couvrira les coûts, ce qui détruirait le pouvoir d’achat des citoyens.

Perte de crédibilité et de confiance

Une banque centrale indépendante a pour mission principale la stabilité des prix. Elle doit agir de manière crédible pour que les agents économiques (ménages, entreprises, investisseurs) aient confiance en sa capacité à maintenir une faible inflation. Si son indépendance est compromise, sa crédibilité s’effondre. Les agents économiques ne croient plus à ses engagements et peuvent modifier leurs comportements, par exemple en anticipant une inflation future, ce qui peut créer une spirale inflationniste difficile à maîtriser, car les salaires et les prix sont constamment ajustés à la hausse.

Instabilité financière et risques systémiques

En l’absence d’indépendance, la banque centrale peut être utilisée comme un outil politique, ce qui peut compromettre la stabilité financière. Par exemple, elle pourrait être forcée de baisser ses taux d’intérêt de manière artificielle pour soutenir l’activité économique, même si cela crée des bulles d’actifs ou un endettement excessif. Elle pourrait aussi être sollicitée pour renflouer des banques ou des entreprises en difficulté pour des raisons politiques, ce qui crée un aléa moral (moral hazard) : les acteurs du marché prendront plus de risques s’ils croient qu’ils seront sauvés en cas de problème. Cela fragilise l’ensemble du système financier et augmente le risque de crises.

Une remise en cause de l’indépendance des banques centrales ?

Si l’exemple le plus médiatisé est celui de l’ingérence de Donald Trump dans le fonctionnement de la FED, le contexte d’une inflation élevée et d’une dette publique massive suite aux crises récentes (pandémie de Covid-19, crise énergétique) a vu émerger une certaine remise en cause de l’indépendance des banques centrales.

Comme indiqué précédemment, l’indépendance de la FED est traditionnellement considérée comme essentielle pour la conduite d’une politique monétaire saine, à l’abri des cycles électoraux et des pressions politiques. Or, Donald Trump a plusieurs fois avancé des critiques publiques et directes à l’encontre du président de la FED, Jerome Powell, qu’il a pourtant lui-même nommé. Son grief le plus constant provient du refus de la FED de baisser suffisamment ou rapidement les taux d’intérêt, afin de maintenir la compétitivité américaine face à d’autres économies et de faciliter le refinancement de la dette. Face à ces critiques, Jerome Powell a pour sa part toujours réaffirmé que la FED resterait apolitisée et continuerait d’agir uniquement en fonction de son double mandat légal : préserver l’emploi et maintenir la stabilité des prix.

D’autres banques centrales font également l’objet de critiques politiques. L’un des exemples les plus notables est probablement la Turquie, où le président Erdogan a limogé plusieurs gouverneurs de la Banque Centrale de la République de Turquie (CBRT) qui refusaient de suivre ses injonctions de baisser les taux, entraînant une perte massive de crédibilité de la banque centrale et une forte volatilité de la livre turque (TRY).

Face à une croissance ralentie et à surtout à une dette coûteuse, les autorités monétaires peuvent se trouver face à un risque d’ingérence politique. Pourtant, la crédibilité des banques centrales et, ce faisant, l’importance de leur rôle dans l’économie nationale et internationale, repose en large partie sur leur indépendance.

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