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Le triangle de la guerre libyenne

par Pierre Dortiguier

lundi 23 mai 2011

Le trio ou triangle de la guerre libyenne offre, à parler franc-maçon, trois points visibles de reconnaissance : Washington, Londres et Paris, formant les Etats éclairés et, pour user du langage de la secte dont M. Sarkozy a dit «  que la franc-maçonnerie était chez elle au ministère de l’intérieur » au temps où il était ministre, demeurent encore dans l’obscurantisme, à des degrés divers, une Italie qui se laisse convaincre de prêter ses bases, l’Allemagne qui sortira au fil des ans intacte de sa résistance à la guerre, et enfin les anciens Etats de la Grande Tartarie, Russie et Chine qui se sont abstenus avec le Brésil. Cette guerre sera intestine, appuyée sur des secours arabes identiques à ceux apportés à fusiller les paysans de Bahreïn dont les ancêtres vivaient avant l’occupation britannique dans la quatorzième province d’Iran, tout comme les Arabes de l’Iran qui furent le motif de l’entrée en guerre de l’Irak appuyé sur l’argent du Golfe.

Marine Le Pen a habilement parlé sur ce sujet, comme son père qui déplore publiquement la mort du fils, de la belle-fille et des petits-enfants de Khadafi. Elle a ironisé sur l’armée française embourbée en Afghanistan et précisé l’inutilité de l’opération « no fly zone », ou interdiction de l’espace aérien proposée par les stratèges américains et proclamée à Tunis par Mme Clinton, inspectrice de cette nouvelle démocratie qui tourne au protectorat américain.

La progression de l’armée libyenne dite pro-Khadafi mais jusqu’à ce jour c’est l’Etat reconnu par une majorité de pays qui se fait à coup de semonces d’artillerie, sans engagement réel et efficace de l’aviation, comme on a voulu nous le faire accroire en imaginant un bombardement khadafiste aérien de Benghazi qui n’eut jamais lieu. L’interdiction aérienne ne changera donc pas stratégiquement la situation. En réalité, nous n’assistons à aucun combat d’envergure, mais à l’essoufflement d’une organisation militaire improvisée, sans programme politique sauf celui d’une lutte intestine à long terme appuyée sur des pillages de réserves militaires et des secours désormais venus des Emirats arabes, notamment de l’Etat-télévision du Qatar.

Et là gît le piège de la présence à long terme des puissances du trio étranger aux intérêts libyens et qui se proposent d’affaiblir deux partis ou plusieurs en lice, en introduisant une longue guerre civile rendant inefficace toute politique libyenne, et permettant aux Etats-Unis et à leurs deux principaux alliés franco-britanniques de les accompagner en Afrique. Cette myopie politique arabe libyenne pseudo- démocrate qui redonne, d’une part, au colonel le prestige d’une lutte contre l’invasion étrangère, et à l’opposition, d’autre part, ou mieux aux oppositions, aux cols révolutionnaires, aux Khadafi miniatures de Benghazi, le ridicule de ne pouvoir exister que par l’assistance du S.A.S. britannique, montre que rien n’est plus utile à un peuple qu’un Etat fort, et que les partis incapables d’affirmer une ambition ou un programme se portent candidat à une émigration inévitable et chez eux à une colonisation durable.

Le triangle maçonnique sort-il renforcé de cette décision des Nations Unies ? Bien sûr, et l’on peut s’attendre à des remerciements de la part des Bahreini dont les policiers golfiens sont investis d’une charge humanitaire et démocratique supplémentaire. Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre, fait-on dire aux Romains, et la Libye aura eu un nom plus ancien que la durée de sa réelle indépendance, au sortir des mains italiennes.
A noter, pour les connaisseurs que c’est le fils de l’ancien haut responsable de la maçonnerie française disparu dans un accident d’avion, le jeune Barouin qui a annoncé cette décision triangulaire, peut-on dire, d’intervention… humanitaire.

Un seul bon médecin américain a averti du mal de cette lutte intestine en préparation, le président Hugo Chavez qui a demandé de ne pas recourir « aux tambours de la guerre » - selon une belle expression espagnole -, mais de négocier entre libyens ; cependant l’appétit du pouvoir offert par la Grande Bretagne a été trop fort et le service de traiteurs du SAS a bien fonctionné à Benghazi ! C’est Chavez qui avait raison ! Quant au pays dont un candidat est accusé par une musulmane africaine de jeter les foudres de sa concupiscence, saura-t-il éviter la réputation que lui fit un philosophe du Grand Siècle de Louis XIV d’être un Mars très-chrétien, avec ses anges hélicoptères ?

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