L’ex-agent secret enfonce le clou contre Reynders, à visage découvert
Nicolas Ullens est un ancien collaborateur de la Sûreté de l’État.
Nicolas Ullens, l’ex-collaborateur de la Sûreté de l’État qui accuse le vice-Premier ministre Didier Reynders (MR) de corruption, sort de l’ombre.
Nicolas Ullens de Schooten, 54 ans, est cet ancien collaborateur de la Sûreté de l’État qui accuse le ministre des Affaires étrangères et de la Défense, Didier Reynders (MR), de corruption et de blanchiment. Il s’est déjà rendu, en avril de cette année, dans les bureaux de la police judiciaire pour faire part de ses accusations.
« Reynders nommé commissaire européen à la Justice, c’est comme si Al Capone était nommé chef de la police de Chicago. »
Durant cette audition, il a transmis toutes sortes d’informations qu’il a collectées, selon ses dires, lorsqu’il travaillait à la Sûreté de l’État, de 2007 à 2018. Sur la base de ces allégations, le parquet de Bruxelles a ouvert une information judiciaire visant le ministre, comme nous le relations dans notre édition de samedi dernier.
Lors de son audition, Nicolas Ullens a parlé de dessous-de-table qui auraient été payés dans le cadre d’une série de marchés publics et d’achats par l’État. Il évoque notamment le déménagement de la police fédérale au Centre administratif à Bruxelles, le Kazakhgate et un dossier lié aux fonds libyens. « Dans tous ces dossiers, j’ai été confronté au tandem Reynders-Fontinoy », dit-il. Jean-Claude Fontinoy est depuis de nombreuses années le bras droit de Reynders.
NB : L’affaire a été classée sans suite par la parquet belge.
Les étranges relations de Didier Reynders
L’ancien ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders qui a été reçu récemment par le prince Nayef al Salam d’Arabie Saoudite condamné à 10 ans de prison en France en 2007 pour trafic de drogue et toujours en liberté.
Le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, a conclu sa visite en Arabie saoudite par une rencontre avec le prince saoudien Nayef Al-Shaalan, une personnalité contestée. Il s’agissait d’une visite informelle qui n’était pas inscrite au programme. Le ministre n’était pas au courant du passé judiciaire de l’individu et a indiqué par après « regretter qu’apparemment une erreur se soit produite ».
« L’ambassadeur m’a proposé cette rencontre et le protocole l’a approuvée. Je n’étais pas du tout au courant des antécédents judiciaires de la personne (...) », a affirmé Didier Reynders après la rencontre. « Si nous avions été informés de la situation, nous ne l’aurions pas fait », a-t-il ajouté à La Libre.
Accompagné de son frère jumeau Saud, Nayef a réservé un accueil de prestige au ministre belge des Affaires étrangères et à quelques journalistes. L’entrevue s’est terminée par une photo de famille aux côtés du léopard domestique du prince.
Nayef a été condamné en 2007 par un tribunal en France à 10 ans de prison pour son implication dans un trafic de deux tonnes de cocaïne par avion diplomatique. L’homme n’est pas allé en prison car aucun accord d’extradition ne lie l’Arabie saoudite et la France. L’intéressé a toujours nié tout trafic. Le prince figure également sur la liste des personnes recherchées par Interpol, renseigne le site internet de l’organisation internationale policière.
Les deux frères ont discuté très ouvertement avec Didier Reynders. Ils ont ainsi déclaré être tous les jours en contact (par satellite) avec des membres de l’opposition syrienne. Didier Reynders a qualifié la discussion de nécessaire sur ce plan. « Elle permet de mettre en lumière la manière de fonctionner de certains groupes sur le terrain. Cela démontre certainement la complexité du dossier syrien », a déclaré le chef de la diplomatie belge à l’issue de l’entrevue. Leurs déclarations ne le rendent en outre pas plus optimiste sur la Syrie avec entre autres le risque d’affrontements directs entre les différents groupes armés.
Didier Reynders avait eu, plus tôt dans la journée, un entretien avec le prince héritier saoudien et ce dernier, selon le ministre, lui avait livré un autre discours sur la Syrie.
La compagnie Skyways entre trafic de drogue et terrorisme
Le procureur du Tribunal correctionnel de Bobigny a requis dix ans de prison contre le prince saoudien Nayef Al-Shaalan, le propre gendre du ministre saoudien de la Défense. Le jugement a été mis en délibéré au 9 mai. Le procureur a estimé que le prince avait bien acheminé en connaissance de cause 2 tonnes de cocaïne sur l’aéroport du Bourget, le 16 mai 1999. Un trafic de drogue effectué grâce à une compagnie aérienne privée qui ne passe pas inaperçue en Arabie Saoudite : Skyways International. Un choc pour les élites saoudiennes…
La société dépend en effet de la Saudi National Commercial Bank. L’établissement, au moment des faits, de l’homme d’affaires Khaled bin Mahfouz, banquier historique de la famille royale. Et la cocaïne a bien été livrée en France dans les soutes d’un Boeing de Skyways, pilotée ce jour-là par un commandant de bord employé de la compagnie, Keith Monroe.
Mais surtout comme www.geopolitique.com est en mesure d’en apporter les preuves aujourd’hui, un autre pilote de Skyways International, Mohammed Tahsin, est lui impliqué dans le cadre des enquêtes sur les attentats du 11 septembre.
De quoi alimenter des soupçons sur les buts ultimes poursuivis par cette compagnie aérienne.
www.geopolitique.com vous propose de télécharger un courrier de l’attaché des douanes auprès de l’Ambassade des Etats-Unis à Paris, daté du 30 décembre 2002. Cette lettre désigne un ressortissant pakistanais, Mohammed Tahsin, comme étant « financièrement associé » à l’un des pirates du 11 septembre 2001, Ahmed al-Ghamdi. L’attaché des douanes demande aux autorités françaises des détails sur un séjour effectué par Mohammed Tahsin à Paris, fin 2001, dans l’établissement de luxe Résidence Maxim’s. Nous avons pu nous procurer des éléments comptables relatifs à cette escale. Comme vous le découvrirez avec ces documents mis en ligne, Mohammed Tahsin dispose de réservations passées par Skyways et paye avec la carte American Express de Skyways.
Dans notre fichier de documents confidentiels, vous prendrez également connaissance des faxs émanant de la Branche Aviation de la National Commercial Bank, confirmant que Skyways est gérée depuis le siège social de cette banque, à Djeddah, longtemps présidée par Khaled bin Mahfouz.
Concernant les 2 tonnes de cocaïne acheminées en France par le Boeing de Skyways (immatriculé VP-BNA, photographié ci-contre), sur la base d’une coopération judiciaire menée avec les services antidrogues américains de la DEA, les enquêteurs français ont tenté de reconstituer le schéma global de l’opération. Grâce à une ex-petite amie américaine, Doris Mangeri-Salazar, le prince Al-Shaalan a été mis en relation avec le cartel colombien de Carlos Zapata.
Lui-même et ses lieutenants ont été invités à Riyad par le prince, qui a proposé de mettre à leur disposition des avions saoudiens pour acheminer leur production de cocaïne vers l’Europe (la police américaine aurait retrouvé au domicile de Doris des photos prises à Riyad ; et elle-même a été reconnue coupable pour ce trafic de drogue et condamnée à 24 ans de prison le 28 août 2005 par la Cour de Miami).
Dans un rapport de synthèse de la DEA, les frères Zapata (arrêtés aux Etats-Unis et qui ont accepté de collaborer avec la justice) évoquent les mobiles religieux du prince ; ils rapportent que celui-ci, par cette opération, entendait ouvertement servir la cause islamique. Une hypothèse qui laisserait supposer une opération de financement occulte en faveur d’un mouvement islamiste.
Sur la base d’une autre coopération, menée par les services judiciaires suisses, les enquêteurs estiment que les recettes financières de ce trafic de drogue étaient destinées à être blanchies par la Kanz Bank, une petite banque privée de Genève fondée par Nayef Al-Shaalan lui-même, et qui a subitement fermé au lendemain des premières arrestations effectuées en France et aux Etats-Unis. Côté helvétique, on estime que cette banque devait blanchir l’argent de la drogue grâce à schéma organisé par un homme d’affaires espagnol spécialiste des marchés de l’art, Jose Maria Clemente. Divers procès-verbaux de l’instruction indiquent que Clemente et Al-Shaalan se sont rencontrés à plusieurs reprises au moment des préparatifs de l’opération. Et, dans le cadre de ce trafic de drogue, Clemente a été arrêté à Barcelone par les services antidrogues espagnols le 11 décembre 2002, qui l’ont inculpé pour blanchiment.