Manurhin sauvé par les Émirats arabes unis
Avec la reprise de Manurhin par un groupe émirien, l’industrie de l’armement française tourne une page de son histoire. Depuis mercredi 2 août, la Manufacture de machines du Haut-Rhin, son nom de baptême en 1919, est la propriété d’Emirates Defense Industries Company (Edic), comme en a décidé la chambre commerciale du tribunal de grande instance de Mulhouse. Elle a opté pour « le projet financier le plus solide » après avoir rejeté cinq autres offres, dont celles portées par le belge New Lachaussée, la PME française Odyssée Technologies et le slovaque Delta Defense.
Edic est né fin 2014 de la volonté des Émirats arabes unis (EAU) de se doter d’une industrie de défense indépendante. Elle regroupe plus d’une dizaine d’entreprises publiques d’armement et est dirigée par un Français : Luc Vigneron, ancien PDG de Nexter, le leader français de l’armement terrestre, puis du groupe de défense Thales.
Edic prévoit de reprendre 104 salariés sur 145, les installations ainsi qu’un carnet de commandes valorisé à 100 millions d’euros. Edic doit injecter 45 millions, afin de relancer l’entreprise
Source
’Etat français sera-t-il le sauveur ou le fossoyeur de Manurhin ?
Par Michel Cabirol
Bruno Le Maire sera-t-il sauveur de Manurhin, une entreprise centenaire ? Le ministre de l’Economie a promis mardi de trouver « toutes les solutions » pour le fabricant de machines de munitions « Made in France », placé sous le régime de la sauvegarde depuis juin 2017. D’autant que le président du directoire de Manurhin, Rémy Thannberger. qui emploie 190 salariés, a rendez-vous mercredi tôt à la chambre commerciale du Tribunal de grande instance de Mulhouse pour une nouvelle audience cruciale pour son avenir, dont l’issue pourrait être le dépôt de bilan ou bien prolongation de la période d’observation.
« Je crois que tous nos efforts doivent être mis pour trouver un repreneur de qualité, un investisseur de qualité qui offre des perspectives à l’entreprise Manurhin », a assuré Bruno Le Maire, qui répondait à l’Assemblée nationale à une question du député MoDem, Bruno Fuchs.
Si Bruno Le Maire a une solution, c’est le moment de la dégainer pour Manurhin, une « entreprise qui fait partie du patrimoine industriel de notre pays », au moment où celle-ci a précisément rendez-vous au Tribunal de grande instance, a-t-il rappelé. Mais le ministre n’a pas précisé si la solution devait intervenir avant ou après le redressement judiciaire de l’entreprise. Ni s’il avait une solution française ou étrangère. Selon nos informations, le groupe allemand Rheinmetall serait dans les starting-blocks pour s’offrir à moindre coût l’entreprise mulhousienne à la barre du tribunal. Avec l’appui de l’Etat ? En revanche, de source proche du dossier, une solution avant dépôt de bilan pourrait venir d’un important client du Golfe de Manurhin, Oman. Ce poker menteur pourrait être in fine préjudiciable à l’entreprise mulhousienne.
Une aide de l’Etat, quelle aide ?
A l’Assemblée nationale, Bruno Le Maire a affirmé que l’Etat avait « apporté tous les soutiens financiers qu’il pouvait apporter ». Selon le ministre, « nous avons apporté 12 millions d’euros de garanties à l’exportation. Nous avons débloqué 5 millions d’euros au titre de l’article 90 du Trésor pour aider au financement de l’entreprise, dont 2,8 millions ont déjà été débloqués ». C’est vrai mais c’était bien avant les très graves problèmes que Manurhin a rencontré depuis deux ans. Car le fabricant de machines de munitions n’a reçu aucun euro de l’Etat français depuis 2015 et aucune couverture de la Coface puis de Bpifrance depuis le désengagement des groupes publics du capital en 2016, selon une source proche du dossier. Ainsi, deux des plus importants contrats de Manurhin n’ont fait l’objet d’aucune garantie publique française : Oman (70 millions d’euros) et Pakistan (56 millions), qui est cours d’exécution.
« Il se trouve que tous ces soutiens financiers qui ont été apportés par l’Etat n’ont pas permis à l’entreprise de se redresser et de garnir à nouveau de manière satisfaisante le carnet comptable et le carnet de commandes de l’entreprise, a pourtant jugé le ministre. Ce qui est inexact. Car l’Etat semble avoir »abandonné" Manurhin à son sort depuis 2015. Par ailleurs, l’entreprise revendique un carnet de commandes stable de 100 millions d’euros. Et pourrait même décrocher un contrat d’un peu plus de 50 millions d’euros au Turkménistan. Si Manurhin n’avait pas des problèmes récurrents de trésorerie et de financement à l’export, le leader mondial de son secteur serait vraiment en forme. A qui la faute ?
Depuis janvier 2012, les entreprises suivantes sont des actionnaires majeurs du Groupe MNR :
GIAT Industries
Rebaptisé Groupe NEXTER, est un fabricant d’équipements militaires appartenant à l’Etat français. Pour plus d’informations : www.nexter-group.fr.
SOFIRED
Fond d’investissement dépendant de l’Etat français dont le but est de soutenir des projets dans l’industrie militaire. Pour plus d’informations : www.sofired.fr
DELTA DEFENCE
Société privée slovaque spécialisée dans la production et la commercialisation d’équipements militaires. Pour plus d’informations : www.deltadefence.sk
MANURHIN contrôle 3 filiales spécialisées dans la conception et la mise en œuvre de technologies pour la fabrication de munitions et dont les savoir-faire sont complémentaires :
MR EQUIPEMENT (Mulhouse – France) – porteur de la tradition et du savoir-faire de la marque MANURHIN. Représente la part principale du chiffre d’affaires du groupe et emploie 90 personnes. Pour plus d’informations : Produits et Services.
MANUBALTAS (Vilnius – Lituanie) – activité de services et assistance technique.
MRE Benelux (Liège – Belgique) – production de machines spéciales pour la cartoucherie.
Direction
Directoire
Président du directoire
Gabriel Horvath
Membres du directoire
Robert Nguyen
Slavomir Habanik
Conseil de Surveillance
Président du Conseil de surveillance
Rémy Louis Henri Thannberger
Membres du Conseil de Surveillance
Ivan Weiss
DELTA DEFENCE, représenté par Sona Snopkova
SOFIRED, représenté par André Viau
GIAT INDUSTRIES, représenté par Pierre de Magnitot