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Edouard Philippe : mystère et vote électronique

vendredi 25 mars 2022

Edouard Philippe a travaillé chez Orano (ex-Areva) comme lobbyiste, de 2007 à 2010.
En sera-t-il de même chez Atos ?

Edouard Philippe chez Atos : la Haute Autorité pour la transparence est-elle vraiment favorable ?
L’ancien Premier ministre et actuel maire du Havre devrait rejoindre le conseil d’administration de l’entreprise Atos, anciennement dirigée par Thierry Breton. La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique a rendu un avis favorable « avec réserves ».

  • « En entendant Thierry Breton sur France Inter hier, je me suis rappelé que cet ancien dirigeant de la société Atos avait été nommé Commissaire européen sur proposition du gouvernement dirigé alors par Edouard Philippe, qui va être proposé comme administrateur du même groupe Atos. N’est-ce pas troublant ? »
    Libération

Thierry Breton, ancien directeur du groupe Atos, et actuellement commissaire européen chargé de la politique industrielle, du marché intérieur, du numérique, de la défense et de l’espace disait : « La France est entrée dans l’ère de la cyberguerre »

La société Scytl impliquée dans la le vote électronique aux USA est partenaire du groupe Atos.
Atos est chargé par le ministère des affaires étrangères d’héberger le vote par internet utilisée lors des élections législatives.

Depuis 2020 le vote électronique est pris en charge par Paragon.
Le groupe européen Paragon, l’heureux repreneur, a décidé de reprendre l’ensemble des actifs de la défunte Scytl.
C’est dans un courrier en date du 26 octobre que le ministère a appris la bonne nouvelle.

« Cette intégration comprend la quasi-totalité de nos actifs et, en particulier, nos solutions et logiciels, nos contrats, nos brevets et marques, nos filiales ainsi que la totalité de l’équipe. »
Silvia Caparrós, Directrice Générale de Scytl Election Technologies SL

Edouard Philippe : Areva, les années mystère

Ceux qui étaient là s’en souviennent. Nous sommes en 2008 et Charles Hufnagel, aujourd’hui conseiller en communication d’Édouard Philippe, s’apprête à quitter le siège parisien d’Areva, fleuron du nucléaire français (aujourd’hui rebaptisé Orano). Il y dirige les relations avec la presse et s’envole pour de nouvelles fonctions, à Abu Dhabi, toujours au sein du même groupe. Un tel changement de vie, cela se fête. Les salariés de son service et ceux des affaires publiques ont répondu présent. Parmi eux, un certain Edouard Philippe, qui travaille alors dans le même open space. Lui est chargé des relations institutionnelles. Un joli mot pour dire lobbyiste.

Les collègues d’Hufnagel lui ont ­réservé une surprise, de celles qui ­gênent un peu. Un lipdub. Le morceau choisi, Tu t’en vas, est une sirupeuse chanson d’amour des années 1970. Assez mièvre, il faut bien l’avouer. Alain Barrière, cheveux en arrière et regard de velours, y donne la réplique à Noëlle Cordier, blondeur d’épi de blé, coupe à la Mireille Darc. Au troisième étage de l’entreprise, on s’époumone : « Tu t’en vas/Et dans mon cœur ce n’est rien/Que quelques semaines à s’attendre. »

Un parfum de mystère et de fantasmes

Dans cette vidéo kitsch, la prestation d’Edouard Philippe est particulièrement remarquée. Les anciens en sourient encore. Certains assurent qu’une cassette VHS existe mais se gardent de la montrer. Aussi grand et élancé qu’une lanterne, glabre comme un enfant sage, Philippe a une silhouette qui le distingue. Il est aussi énarque, ancien directeur général des services de l’UMP, juppéiste ; un curriculum vitae qui ne garantit pas la facétie. Pourtant, on l’y voit remonter son pantalon presque sous les aisselles et se lancer dans une imitation de Jacques Chirac. De l’avis de tous, sa grande spécialité. « Ah ça, les imitations, on les a beaucoup eues, se souvient l’iconique ­patronne de l’époque, Anne Lauvergeon. Il faisait aussi Nicolas Sarkozy avec l’épaule qui tressaute. Un grand bonheur ! »

Pour le reste, encore aujour­d’hui, cette courte période de sa vie dégage un entêtant parfum de mystère et de fantasmes. Edouard Philippe est arrivé en octobre 2007 dans cette entreprise que le CAC 40 regarde alors avec les yeux de Chimène. Qu’y fait-il durant les trois ans que dure son passage ? Cette expérience influe-t‑elle aujourd’hui sur la politique nucléaire de la France ?

Dès sa nomination au poste de Premier ministre, les écologistes s’alarment et tonnent. « Pourquoi on ne développe pas l’éolien ? demandait encore, fin 2018, Yannick Jadot. Parce qu’il y a le nucléaire, parce que M. Edouard Philippe a été le lobbyiste en chef d’Areva. » La tête de liste écologiste aux élections européennes en a fait un thème récurrent de sa campagne.

Rares sont les traces de son passage

Certains se montrent encore plus tranchants. « Edouard ­Philippe, impliqué dans le pillage de l’uranium au Niger par Areva et dans un conflit d’intérêts », dénonce l’Observatoire du nucléaire, association créée par l’activiste Stéphane Lhomme. Le scandale UraMin, ces gisements d’uranium achetés pour presque 2 milliards d’euros et qui se révéleront inexploitables, ne l’a jamais concerné. Il n’a été ni cité, ni interrogé dans l’enquête judiciaire ouverte depuis des années. Le député socialiste Marc Goua, qui a écrit en 2015 un rapport sur la question, assure d’ailleurs n’avoir « jamais entendu parler de lui ».

JDD

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