Ambassadeur russe assassiné à Ankara : Poutine et Erdogan réagissent à l’unisson
Moscou (Russie), lundi soir. Le président Vladimir Poutine s’entretient au Kremlin avec son ministre des affaires étrangères Sergei Lavrov, le directeur des services de renseignements extérieurs SVR Sergei Naryshkin et le directeur des services de sécurité FSB Alexander Bortnikov.
L’ambassadeur de Russie en Turquie a été assassiné lundi à Ankara par un policier turc, qui a affirmé agir pour venger le drame de la ville d’Alep.
L’ambassadeur russe à Ankara Andreï Karlov, a été abattu de plusieurs balles alors qu’il prononçait une allocution lors de l’inauguration d’une exposition d’art dans la capitale turque. Cet attentat est survenu à un moment où les relations turco-russes se réchauffent depuis plusieurs mois, après une grave crise diplomatique née de la destruction en novembre 2015 par l’aviation turque d’un avion militaire russe au-dessus de la frontière syro-turque.
C’est en effet à la faveur d’un accord de cessez-le-feu parrainé par la Turquie et la Russie qu’en Syrie, les quartiers de l’est d’Alep, qui étaient tenus par les rebelles, sont peu à peu évacués depuis jeudi. La Russie est le principal allié du régime syrien, qui est en passe de reprendre Alep, alors que la Turquie soutient les rebelles qui cherchent à le renverser. Par ailleurs, une réunion axée sur le dossier syrien est prévue pour mardi à Moscou entre les chefs des diplomaties russe, turque et iranienne.
Les premières réactions à la suite de cet attentat n’ont pas semblé marquer de refroidissement dans les relations entre Moscou et Ankara. Dans des déclarations séparées, les présidents turc Recep Tayyip Erdogan et russe Vladimir Poutine ont qualifié cet assassinat de « provocation » visant à torpiller la normalisation entre les deux pays. Ils s’étaient parlé au téléphone peu après l’attaque. Par ailleurs, la Syrie, où la Russie apporte un soutien militaire crucial au régime du président Bachar al-Assad, a condamné un « crime abominable ».
Les observateurs ne croient pas que l’assassinat d’Andréï Karlov puisse affecter le dialogue russo-turc. « Je ne crois pas qu’il y ait de conséquence considérable (ndlr. sur les relations entre les deux pays), mais sur un plan symbolique, ça montre que ce qui se passe à Alep ne passe pas auprès d’une partie de la population musulmane », a estimé Dominique Moïsi, conseiller spécial de l’Institut Montaigne, un think tank basé à Paris.
De son côté, Aykan Erdemir, de la Fondation pour la Défense de la démocratie basée à Washington, estime qu’Ankara « marche sur la corde raide en tentant de trouver un modus vivendi avec la Russie en Syrie », alors que les partisans du parti islamo-conservateur au pouvoir, l’AKP, voient d’un mauvais oeil le soutien apporté par Moscou au régime du président Assad. « Quand on voit les manifestations à Istanbul contre la Russie et l’Iran et en soutien à Alep, on voit que les partisans zélés de l’AKP y sont », explique-t-il.
Par ailleurs, ce mardi, un homme a ouvert le feu devant l’entrée de l’ambassade américaine à Ankara sans faire de victime, a indiqué la chancellerie, annonçant que toutes les représentations diplomatiques des Etats-Unis en Turquie seraient fermées pour la journée. L’incident s’est produit à 03H50 (1h50 heure française) devant l’entrée principale de l’ambassade et l’auteur des tirs a été arrêté par la police, a précisé la représentation diplomatique dans un communiqué.