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Ce que l’on sait de l’évasion fiscale massive de l’élite chinoise

dimanche 3 mai 2015

L’évasion fiscale est un sport national pour les proches des hauts dirigeants chinois. Un enrichissement à outrance sur des comptes offshore en contradiction avec l’idéologie communiste prêchée officiellement.

Révélations sur les grandes fortunes chinoises. Une enquête diffusée mardi lève le voile sur des évadés fiscaux résidant en Chine ou à Hong-Kong. Dès la publication de ces informations dans la presse internationale, le Monde, le Guardian ou El Pais, l’accès aux sites a été bloqué en Chine.
C’est quoi ce scandale ?

Le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) a enquêté pendant deux ans sur près de 2,5 millions de dossiers financiers confidentiels. L’ICIJ a eu accès aux documents de deux entreprises basées aux îles Vierges britanniques.

Selon leurs conclusions, plus de 21 000 clients originaires de Chine populaire ou de Hong Kong sont impliqués dans des compagnies offshore installées dans les Caraïbes : 90% aux îles Vierges britanniques, 7% aux îles Samoa, 3% dans d’autres zones. Entre 1000 et 4000 milliards de dollars auraient quitté la Chine depuis 2000, explique le Guardian.
Qui sont les personnes concernées ?

Outre l’aspect financier, cette enquête a permis de constituer un véritable « who’s who » des fortunes chinoises, dans un pays où les officiels et leurs familles ne sont pas tenus de dévoiler leurs informations financières.

Les paradis fiscaux, qui permettent notamment d’échapper aux taxes et autres impôts, sont utilisés par une élite restreinte et ambitieuse, comme l’explique une infographie du Monde. On y distingue les « princes rouges », liés au pouvoir par le sang ou le mariage, et 16 grandes fortunes généralement à la tête de grandes entreprises.

Parmi les « princes rouges », on trouve notamment Deng Jiagui, le beau-frère du président Xi Jinping, Wen Yunsong, fils de l’ex-Premier ministre Wen Jiabao, Li Xiaolin, fille de l’ex-Premier ministre Li Peng ou Fu Liang, fils d’un des huit « Immortels » du Parti Communiste Chinois (PCC).

Du côté des grandes richesses, Ma Huateng et Zhang Zhidong, co-fondateurs du géant de l’Internet chinois Tencent, ou Yang Huiyan, la femme la plus riche de Chine, ont bénéficié des paradis fiscaux. Ces 16 personnalités pèsent à eux seuls quelque 45 milliards de dollars.
Pourquoi ça pose problème ?

Ces activités ne sont pas forcément illégales. A Hong-Kong, il est autorisé et facile d’ouvrir une société offshore dans les îles Vierges britanniques, explique Le Monde.

Mais la richesse est un sujet tabou et les dirigeants chinois sont officiellement censés servir le peuple de façon désintéressée. Les cadres communistes semblent en fait fermer les yeux sur les activités de leurs proches. De fait, l’enquête de l’ICIJ jette un doute sur les efforts anticorruption affichés par Pékin.

Xi Jinping, à la tête du PCC depuis 2012, a en effet mis en place une grande campagne en ce sens, tout en réprimant les manifestations qui demandaient la publication du patrimoine des leaders chinois. Or, son beau-frère Deng Jiagui, richissime promoteur immobilier, est propriétaire à 50% d’une société immatriculée aux îles Vierges britanniques. Les conflits d’intérêt comme celui-ci sont nombreux.

En Chine, les plus hauts salaires sont 34 fois plus élevés que les plus bas, selon une étude de l’Université de Pékin en 2012 -à titre de comparaison, ce ratio était de 7,3 en France en 2011. Dans un pays reconnu officiellement par la banque centrale chinoise comme un des pays les plus inégalitaires du monde, les révélations sur l’enrichissement des élites pourraient être une véritable bombe à retardement et jeter le discrédit sur la classe politique. A condition que les Chinois aient accès à l’information.

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