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De Gaulle était-il un obstacle pour la haute finance ?

Horizons & Débats

dimanche 10 juillet 2011

Charles de Gaulle vécut de 1890 à 1970. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il dirigea l’organisation de résistance « La France libre » contre l’occupation allemande. De 1944 à 1946, il fut le chef du Gouvernement provisoire. Ensuite, il fonda la Cinquième République dont il fut président de 1959 à 1969. Dès lors, il suivit la voie de « l’indépendance nationale », refusant la domination des Etats-Unis et de l’Union soviétique à l’ONU, et il travailla à libérer la France de la tutelle américaine.

Son objectif pour l’Europe de l’après-guerre était opposé aux plans de l’agent des Etats-Unis Jean Monnet : Il ne voulait pas de gouvernement central européen à la botte des Etats-Unis, mais une « Europe des nations ». Aussi rechercha-t-il la réconciliation avec l’Allemagne, qui fut scellée par la création de l’« Office franco-allemand pour la jeunesse », de nombreuses réunions et le Traité de l’Elysée du 22 janvier 1963. Pour lui, les pays situés derrière le rideau de fer, – RDA, Pologne, Tchécoslovaquie, Hongrie, Roumanie et Bulgarie – faisaient également partie de cette Europe des nations, si bien qu’il s’opposait à l’idéologie de la guerre froide, de part et d’autre du rideau de fer.

En plus de ce point de vue, la nouvelle alliance militaire entre les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et Israël fit de ces pays sinon des ennemis déclarés de de Gaulle, du moins des adversaires.

Il condamna fermement la guerre du Vietnam provoquée par les Etats-Unis et exigea que la superpuissance occidentale retire ses troupes.

Il n’épargna pas Israël de ses critiques, en particulier pour son occupation de la bande de Gaza et de la Cisjordanie. Il imposa un embargo sur les armes à destination d’Israël et se rapprocha du monde arabe, notamment de l’Egypte, de la Syrie et du Liban.

En outre, il faut mentionner qu’il prit ses distances à l’égard de l’OTAN. Le 21 février 1966, dans une allocution télévisée, il déclara que la France, après l’expiration du Traité de l’OTAN, exigeait la subordination à son commandement de toutes les installations militaires étran­gères en France. Après une visite en Union soviétique et parce que les partenaires de l’OTAN n’avaient pas réagi à ses de­mandes, il retira, le 1er juillet 1966, les officiers français des états-majors intégrés. Le quartier général et le commandement politique de l’OTAN furent transférés de Paris en Belgique.

En plus de la sortie de l’OTAN, de Gaulle montra clairement que la France n’était pas disposée à devenir dépendante des Etats-Unis. Il annonça en février 1965 qu’elle échangerait contre de l’or ses réserves de devises en dollars dans le cadre du système de Bretton Woods. Jusqu’à l’été 1966, la France augmenta à 86% la part en or de ses réserves. D’autre pays l’imitèrent. Mais de Gaulle fit quelque chose d’incroyable : il insista pour que les lingots d’or soient transportés en France afin d’éviter que la FED, la banque centrale américaine dans les coffres de laquelle se trouvent également les réserves d’or d’autres pays, ne mette la main dessus. Une procédure dont on reparle aujourd’hui dans de nombreux pays qui craignent qu’en cas de faillite des Etats-Unis, leur argent gagné péniblement, qui est encore stocké sous forme d’or aux Etats-Unis, ne puisse disparaître d’un coup.

« Mai 1968 » à Paris – une tentative de putsch préparée de longue main ?

La sortie de l’OTAN dominée par les Etats-Unis, les critiques de la politique israélienne, le rapatriement de l’or stocké dans les coffres-forts de la FED, autant de raisons pour divers acteurs d’organiser un putsch contre de Gaulle ?

Mais l’attaque est venue, à première vue, de la gauche : Selon les appels des étudiants, « Mai 1968 » visait à renverser de Gaulle, tentative qui a échoué lamentablement, car premièrement, le 30 mai 1968, entre 300 000 et un million de participants ont manifesté contre les étudiants gauchistes et deuxièmement le peuple a accordé aux gaullistes 358 des 487 sièges aux élections législatives de juin 1968.

En mai 68, le parti communiste français (PCF) était sur le pied de guerre. Etait-ce parce qu’il ne pouvait pas être en première ligne, comme les livres d’histoire voudraient nous le faire croire ? Ou bien parce qu’il percevait quelque chose derrière les actions des étudiants, une révolte organisée de l’extérieur ? On connaissait suffisamment les activités d’Herbert Marcuse au profit de l’OSS, précurseur de la CIA, aux Etats-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale et Marcuse était le ­maître à penser de la révolte de 1968 en Europe. Le « Gladio » ou un autre organisme tirait-il les ficelles ?

Qu’en était-il des relations, des engagements et des antécédents des acteurs individuels de 1968 ? La haute finance et ses diverses agences dans les pays de l’alliance de guerre occidentale, encore active aujourd’hui, auraient eu probablement assez de raisons et sans doute les moyens d’agir.

Peut-être qu’un jour Wikileaks nous donnera un aperçu de la situation ou qu’un ancien chef d’agence ne supportera plus les activités des politiques et dira ouvertement ce qu’il pense.

Le fait que de Gaulle continue à être vilipendé et considéré comme un réactionnaire par les médias est très significatif et tend à confirmer la thèse selon laquelle son idée d’Europe des nations ne convenait pas à certains tireurs de ficelles. Idée qui diffère heureusement du centralisme bruxellois et correspond beaucoup plus à l’état d’esprit des citoyens des Etats européens d’aujourd’hui et à leur désir d’autodétermination, mais qui rendrait impossible la mainmise des Américains sur l’Europe.

Voir en ligne : mécanopolis.org

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