Lettre de Wall Street. Le nom, synonyme de spéculation et d’avidité, est un poids pour l’ex-star de Wall Street qui tente de s’imposer dans la banque de détail.
« A l’instar de « jeunes pousses », qui utilisent un prénom comme marque – c’est le cas d’Oscar, un spécialiste de l’assurance santé basé à New York, ou bien de Earnest, une société de prêts étudiants –, Goldman Sachs cherche ainsi à attirer une clientèle plus jeune et moins aisée » (Photo : le New York Stock Exchange, octobre 2014).
Lorsque Marcus Goldman déménagea en 1869 à Manhattan pour fonder une petite société spécialisée en effet de commerce, après avoir prospéré comme marchand ambulant, puis comme boutiquier à Philadelphie, cet immigré allemand originaire d’une famille ashkénaze n’avait qu’un seul but : se faire un nom dans la finance.
En 1882, il accola au sien celui de son beau-fils et associé, Samuel Sachs, pour donner naissance à ce qui allait devenir plus tard la plus prestigieuse banque d’affaires de Wall Street.
Cent quarante-sept ans plus tard, si les patronymes des deux hommes sont devenus incontournables au sein de la finance internationale, leurs successeurs cherchent aujourd’hui à se (re) faire un prénom.
Le prêt à Monsieur-tout-le-Monde
Goldman Sachs va en effet lancer en octobre une nouvelle marque baptisée Marcus. Ce retour aux sources est censé accompagner le développement d’une activité inédite pour la banque d’affaires : le prêt à Monsieur-tout-le-Monde. Il s’agit d’une révolution culturelle pour un établissement qui jusque-là travaillait exclusivement avec les grandes entreprises, les gouvernements et les ultrariches.
Que voulez-vous, les temps sont durs, même pour les stars de Wall Street. Même si l’opinion a le sentiment, justifié, que les grandes banques de Wall Street s’en sont plutôt bien sorties lors de la crise financière de 2008, elles sont depuis confrontées simultanément à une chute de leur rentabilité et à un durcissement de la réglementation qui les obligent à se diversifier.
L’indicateur le plus parlant de cette évolution est sans doute le taux de rendement des capitaux propres. Pour Goldman Sachs, celui-ci avait atteint un sommet avant la crise financière à 32,8 %. Depuis, sous la pression des régulateurs financiers, les banques d’affaires ont dû renoncer à une bonne partie de leurs (très lucratives) activités spéculatives et sont désormais obligées de se constituer des matelas de liquidités pour qu’elles soient...