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Conflit d’intérêts entre Ursula von der Leyen et McKinsey

mardi 15 février 2022

Scandale : un rapport d’enquête cible d’Ursula von der Leyen qui a dépensé des millions d’euros au ministère de la défense qu’elle dirigeait avant de partir pour Bruxelles.
« Il y en a pour près de 100 millions »
Le rapport dit qu’elle a passé des contrats de consulting avec une filiale de McKInsey.
« il n’y a plus guère de doute sur la raison véritable qui a poussé Ursula Von der Leyen à fuir à Bruxelles »
Elle a donné les « clés » de la Défense Allemande, avec l’aide des lobbyistes, aux grandes entreprises du secteur de l’armement.

Ursula von der Leyen a été promue juste à temps…
L’Europe semble satisfaite de l’élection d’Ursula von der Leyen à la tête de la Commission Européenne. Peu étonnant, quasiment personne ne la connaissait avant. Sauf en Allemagne.

(KL) – Heureusement pour Ursula von der Leyen qu’on a trouvé une place au soleil pour elle – en tant que ministre de la Défense allemande, elle aurait probablement dû démissionner ces jours-ci. Le scandale autour des entreprises de conseil qu’elle avait fait intervenir au ministère de la Défense fait actuellement l’objet d’une commission d’enquête au Bundestag allemand et les choses qu’on y apprend ne font pas apparaître l’ancienne ministre sous un bon jour. Mais bon, plus de soucis pour Ursula von der Leyen – avant de pouvoir être limogée de son poste de ministre, on l’a promue à la tête de la Commission Européenne. Joli lot de consolation…

Le scandale Ophoz / McKinsey était connu depuis 2017, mais depuis lors, le ministère de la Défense avait tout fait pour que l’affaire s’enlise dans l’actualité. Mais il n’en était rien – le Bundestag avait ouvert une commission d’enquête, et devant cette commission d’enquête, des anciens collaborateurs du ministère se lâchent, comme l’ancien Général Klaus Veit qui avait toujours critiqué les commandes onéreuses passées à la société de conseil Ophoz qui elle, n’est autre qu’une filiale du géant McKinsey. N’étant plus en service, l’ancien général a raconté toute l’histoire.

Pour faire profiter Ophoz de ces commandes d’une valeur de plusieurs millions d’euros, les règles concernant les marchés publics auraient été contournées, a raconté le général. Pour lui, il s’agissait d’un gaspillage, car les factures auraient été trop élevées et les commandes n’auraient pas été passées selon les règles en vigueur. Ursula von der Leyen, elle, avait toujours clamé ne pas avoir été au courant de ce qui se passait dans son ministère, mais plusieurs témoins ayant déposé devant cette commission d’enquête affirment le contraire.

Et une nouvelle fois, on constate à quel point les « liaisons amoureuses » entre l’économie et la politique fonctionnent. La secrétaire d’Etat du ministère de la défense, Katrin Suder, est une ancienne de McKinsey et pour que cela ne fasse pas désordre, la société chargée de différents projets était Ophaz. Peu délicate, cette dernière avait soumis ses offres commerciales sur un en-tête de – McKinsey. Très futé pour cacher que le bénéficiaire de ces commandes était – McKinsey.

Les généraux au ministère avaient très tôt critiqué la façon dont Ophoz / McKinsey s’est vu gratifier de ces commandes d’une valeur de 6 millions d’euros. Plusieurs d’entre eux s’étaient alors adressé tant à la secrétaire d’Etat Katrin Studer et à la ministre Ursula von der Leyen. La première leur avait conseillé de se plaindre par voie écrite et « les choses seront traitées par voie administrative », tandis que la ministre aurait, pendant un entretien avec le général Veit, seulement réagi « sympathiquement », sans toutefois prendre la moindre mesure pour clarifier ces pratiques douteuses. Cela ébranle sa déclarations de ne pas avoir été au courant – la politique et McKinsey s’entendent bien, les réseaux fonctionnent.

Maintenant que ce scandale éclate, la ministre responsable Ursula von der Leyen n’est plus là. Aujourd’hui, elle est, en quelque sorte, le numéro 1 de l’Union Européenne et après les années Juncker et ses faveurs incroyables accordées au Big Business, sa successeur semble avoir la même attitude « pro-business ». Et il est clair qu’elle n’a pas dit la vérité concernant ce scandale Ophoz / McKinsey.

Son bilan de ministre aura été catastrophique. La Bundeswehr, donc l’armée allemande, est dans un état pitoyable. Selon les experts du ministère, sur les 150 avions de la Bundeswehr, seulement 4 seraient opérationnels, la Bundeswehr a passé de grandes commandes de fusils qui ne fonctionnent pas quand il fait trop chaud (ce qui est particulièrement fâcheux dans des lieux comme l’Afghanistan ou d’autres pays chauds où la Bundeswehr a envoyé des soldats), il y avait de nombreux cas de harcèlement dans la troupe – et le sourire sympathique d’Ursula von der Leyen n’arrange rien.

Angela Merkel savait pourquoi elle ne voulait pas désigner Ursula von der Leyen comme son successeur à la chancellerie à Berlin. Mais avant que les différents scandales ne puissent affecter son gouvernement, elle a préféré « garer » Ursula von der Leyen à Bruxelles, comme elle avait déjà fait avec un autre challenger qui, à l’époque, était Günther Oettinger, qui avant qu’il ne puisse devenir dangereux pour Merkel à Berlin, s’est retrouvé à occuper un poste de commissaire à Bruxelles pour lequel il ne disposait pas de la moindre compétence.

Et maintenant ? Rien. Ursula von der Leyen est désormais intouchable et l’affaire Ophoz / McKinsey tombera dans les oubliettes. Il y aura certainement un rapport final, peut-être un blâme pour l’un ou l’autre chef de service, et on en parlera plus. Heureusement qu’on a trouvé une petite place au chaud à la ministre – ce qui est embêtant, c’est qu’on n’ait pas trouvé autre chose que de lui conférer le poste le plus important de l’Europe institutionnelle – c’est l’ancien monde dans toute sa splendeur.

Eurojournalist

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