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Apologie de terrorisme et/ou censure judiciaire

jeudi 5 décembre 2024

Pourquoi est-il devenu urgent de dégager Barnier et sa clique et de rebattre les cartes ?
Puis de placer le chef de l’État au pied du mur, à savoir une inéluctable démission. Et il ne s’agit pas à ce propos de simples questions de budget national ou d’âge de départ à la retraite, mais de péril imminent, à savoir de guerre, celle qui gronde à l’est de l’Europe et dans laquelle une classe dirigeante névropathique, droite et gauche confondue, veut nous entrainer sans retour.

Nous parlons aussi, bien sûr et d’abord des membres du cabinet Barnier parce que qui se ressemble s’assemble et que tel maître tel valet. Commençons par M. Retailleau – qui n’est pas certes le pire des actuels ministricules - celui-ci le 24 novembre dernier lors de la 14e Convention nationale du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) a jugé « innommable » la proposition de loi des Insoumis visant à supprimer du code pénal le délit d’apologie du terrorisme créé par une loi de 2014. Ceux-ci estiment en effet qu’en la matière suffit la loi du 29 juillet 1881 relative à la presse « traitant des faits relevant des délits d’apologie de crime, d’apologie de crime de guerre, d’apologie de crime contre l’humanité ».

Or les gens de LFI, détestables ou pas et au-delà des invectives politico-médiatiques, n’ont-ils pas en l’occurrence quelque peu raison ? Bien sûr chacun sait ce qu’est un acte de terrorisme ordinaire pouvant souvent/parfois prêter à confusion avec un acte de résistance tout aussi ordinaire… Exemple : Pierre Georges, dit Colonel Fabien alias « Frédo », militant communiste, fervent zélateur du Petit Père des peuples, sera après la rupture du Pacte Molotov-Ribbentrop, l’auteur du premier attentat meurtrier1, le 21 août 1941 à la station Barbès-Rochechouart, perpétré contre un militaire allemand, l’aspirant de marine Alfonse Moser abattu sur le quai de la station d’une balle dans le dos. Résistance quelque peu aux allures d’acte terroriste, non ?

Dans le même ordre d’idée, les chefs terroristes du FLN algérien sont aujourd’hui officiellement honorés par la République en tant que résistants comme en témoigne ce dépôt d’une couronne rouge et blanche le 19 novembre, à la demande du président Macron, par M. Stéphane Romatet, ambassadeur français en Algérie - dans le contexte des commémorations de la Toussaint rouge, tueries qui marquèrent le début de l’insurrection algérienne le 1er novembre 1954 - sur la tombe de Larbi Ben M’hidi dans le carré des martyrs du cimetière d’El Alia. Notons au passage que les cimetières français d’Alger sont au mieux laissés dans le plus total abandon et au pire servent de latrines publiques… En fait ce « héros martyr » s’était distingué pour avoir organisé des attentats particulièrement sanglants dont le premier, et l’un des plus spectaculaires, fut celui d’un glacier, le Milk Bar, à l’heure de la sortie des écoles, le 30 septembre 1956.

Fleurir le cénotaphe d’un tel humaniste relève assurément d’un masochisme diplomatique de la plus belle eau. Un geste salué à sa juste valeur par le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Hafiz Chems-eddine qui honore grandement par ses mots l’hospitalité que nous lui accordons : « Bravo pour ce geste de reconnaissance hautement historique de l’assassinat du héros chahid [martyr] Larbi Ben M’hidi ». Apparemment lâché par ses complices, Ben M’hidi passa de vie à trépas en 1957. Alors, héros, résistant ou terroriste aux mains couvertes de sang ? Dans son cas, de quoi doit-on parler, d’assassinat ou d’exécution extra-judiciaire ? À l’instar des centaines du même type ordonnées par des gouvernements étiquetés démocratiques tels que l’État hébreu ou les États-Unis du président prix Nobel de la Paix, Obama, ou encore la France de M. Hollande ?

Franchement la confusion la plus totale règne en ce domaine ce qui ainsi ne rend pas totalement impertinente la proposition de révision juridique de LFI d’autant qu’à y regarder de plus près, juridiquement parlant, il existe sur le fond – quant au chiasme terrorisme/résistance – un vrai problème lorsqu’il s’agit, entre autres, des formations politiques et militaires du Levant – Hezbollah et Hamas - aujourd’hui confrontés à l’impitoyable vindicte de l’État juif2. Il ne nous appartient évidemment pas de trancher entre les appellations - terroristes vrais et résistants authentiques – encore que les jugements de la Cour de justice internationale (verdict du 26 janvier 2024 relatif aux possibles violation par Israël de la Convention sur le Génocide), puis, dernièrement, les mandats d’arrêt lancés par la Cour pénale internationale (CPI) à l’encontre du Premier ministre israélien, M. Netanyahou, et son ex-chef d’état-major, M. Gallant, puissent fournir des indications à ce propos.

Il serait néanmoins déplacé de porter une quelconque appréciation morale ou juridique sur les massacres en cours dans la bande de Gaza, en Cisjordanie et au Liban3. S’y ajoute à présent, et indirectement en Syrie, les 20.000 chrétiens d’Alep sont menacés d’après Sergueï Lavrov (ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie) par une « offensive terroriste de groupes armés », (Sergueï Lavrov,), soit les djihadistes d’Hayat Tahrir al-Sham (HTS), ex-branche syrienne d’Al-Qaïda complétée par des éléments de l’Armée syrienne libre et du Jabhat al-Nosra dont M. Fabius jugeait naguère qu’il faisait « du bon boulot » ! Djihadistes aujourd’hui armés et équipés par la Turquie, pilier oriental de l’Otan, ce qui ouvre ainsi un nouveau front contre la Russie sur son flanc sud au moment où le front ukrainien commence à s’écrouler. Rappelons que depuis le 30 septembre 2015 et son déploiement de forces armées en Syrie, Moscou épaule Damas dans sa lutte contre les proxys israélo-américains de l’État islamique.

Pour revenir à notre sujet initial le « terrorisme » - personne ne songeant au terrorisme d’État qui se donne actuellement libre court, sans frein et sans vergogne, au Levant – lequel a fort agité le palais Bourbon le jour de la niche parlementaire des Insoumis, notons que, de la même façon que l’on est toujours l’imbécile de quelqu’un, l’on peut être également et très facilement devenir le terroriste de service, celui désigné par une malveillance perpétuellement vigilante et perverse. Rappeler par exemple que le Hamas a remporté les élections de 2006 avec la bénédiction de Tel-Aviv et de Washington, puis qu’il a ensuite été régulièrement et jusqu’à 2007 abondé par le premier via le Qatar wahhabite, pourrait aisément tomber sous le coup de la loi selon les interprétations en vigueur… pour apologie de terrorisme.

Car la vertu vénéneuse des désignations juridiques trop vagues, trop générale et trop floues permettent tous les arbitraires et toutes les dérives, ainsi meure la libre parole, la libre information et la libre pensée, mais n’est-ce pas le signe de temps modernes résolument marqués par la dérive totalitaire des démocraties wokistes, diversitaires et gauchistes ?

Entrée en vigueur le 15 novembre 2014 et Modifié par Décision n°2020-845 QPC du 19 juin 2020, le fait de provoquer directement à des actes de terrorisme ou d’en faire publiquement l’apologie est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 € d’amende. Un seul bémol, si l’on sait assez nettement ce qu’est un acte terroriste, il est plus difficile de déterminer qui est terroriste et qui ne l’est pas : les surineurs et autres saigneurs de trottoirs sont en effet assez rarement désignés comme tel ! Suivant le code pénal « Les infractions commises intentionnellement, en relation avec une entreprise individuelle ou collective, ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur, constituent des actes de terrorisme » article 421-1.

Hélas l’arbre cache mal la forêt pour reprendre la question épineuse exposée en tête de cette réflexion parce que si l’Assemblée générale des Nations unies (janvier 2006 Résolution 60/43), a défini les actes de terrorisme comme des « actes criminels conçus ou calculés pour terroriser l’ensemble d’une population, un groupe de population ou certaines personnes à des fins politiques » - renvoyant explicitement à la Terreur des Conventionnels entre 1793 et 1794 - aujourd’hui tous, Nations Unies et CPI, se déclarent incapables de donner une définition précise et acceptée du terrorisme. S’il existe donc d’indéniables « actes de terrorisme » - le terrorisme notion abstraite – reste à la porte du champ juridique. Le terrorisme n’étant pas une idéologie mais un mode d’action, en conséquence celui-ci peut être mis au service d’idéologies ou d’engagements les plus divers… Résistance, dissidence ou intention de nuire, c’est selon ! Maintenant peut-on poursuivre - actes, paroles, images ou écrits - sans qu’existât au préalable une définition précise et concrète du corps du délit ? Peut-on finalement faire objet de jugement

d’une intention fréquemment supposée mais dont le caractère dépend de la nature des auteurs ? Peut-on dans ce cas être à la fois juge et partie ?

Avoir fait de l’apologie de terrorisme, délit de presse selon la loi de 1881 ce qui garantissait des droits aussi élémentaires que fondamentaux pour ce qui est de la liberté d’expression, un délit relevant des dispositions pénales revient à criminaliser la pensée sur le mode orwellien de « crime contre la pensée » en laissant place à tout l’arbitraire interprétatif auquel une certaine justice fait de nos jours un abondant recours. Chacun sera juge de la validité, ou non, de ce point de vue !

Pour ne pas conclure une mention spéciale revient à MM. Barrot et Hadad, respectivement du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères et ministre délégué chargé de l’Europe, pour leurs prises de positions en faveur de l’Ukraine c’est-à-dire en marquant une hostilité ouverte à l’égard de la Russie… C’est à l’occasion de la dernière réunion du G7, 26 novembre 2024, que M. Barrot a rappelé la détermination de la France – mais pas d’une majorité de Français - à soutenir militairement l’Ukraine aussi longtemps et intensément que nécessaire face à l’agression russe. Là également il conviendrait de redéfinir autrement que de façon politiquement atlanto-correcte qui est le véritable agresseur et qui ne l’est pas. M. Barrot s’est enfin impliqué personnellement dans la mise en œuvre des dispositions adoptées en juin par le G7, lesquelles doivent se concrétiser par un prêt de 50 milliards de dollars à l’Ukraine, montant prélevé sur les fonds russes gelés par l’UE. Un généreux moyen de prolonger un peu plus l’actuel carnage et un nouveau brigandage légitimé au nom du droit et de la morale occidentaliste. Calcul à court terme sur l’échelle des temps géopolitiques parce que le reste du vaste monde observe et juge sévèrement ces turpitudes à l’aune d’un sens de l’équité plus aiguisé, autrement dit moins partial. Au reste le voyons-nous ?

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