Après la chute de 2% du shekel, la monnaie israélienne, la banque centrale du pays a décidé d’acheter massivement sa propre monnaie pour stabiliser les cours.
La nouvelle guerre entre le Hamas et Israël a déjà des répercussions économiques. Ce lundi 9 octobre, à 16h30, heure de Paris, le shekel dévissait de 2,08% contre le dollar à 3,94 shekels pour un dollar et de 2,12% contre l’euro à 4,16 shekels.
Face à ce décrochage brutal, la Banque d’Israël a annoncé dans la foulée qu’elle intervenait sur le marché des changes pour acheter massivement sa monnaie et soutenir son cours.
- « La Banque d’Israël annonce un programme pour vendre jusqu’à 30 milliards de dollars », et acheter des shekel à la place pour « modérer la volatilité sur le taux de change du shekel et d’apporter la liquidité nécessaire pour le bon fonctionnement du marché », a indiqué dans un communiqué l’institut monétaire israélien.
Ce dernier dit également mettre en place « un mécanisme d’échange de dérivés (swap) pour jusqu’à 15 milliards de dollars », là encore pour apporter de la liquidité au marché, et se tient prêt à agir avec « les outils disponibles ».
L’instabilité politique profite au dollar
Pour rappel, l’armée israélienne se bat contre des combattants palestiniens infiltrés dans le sud du pays, autour de la bande de Gaza, au troisième jour de l’offensive surprise et massive lancée par le Hamas, comparée par Israël au 11 septembre 2001. Depuis le début de l’attaque du Hamas samedi, plus de 700 Israéliens ont été tués et 2.150 ont été blessés, a annoncé l’armée israélienne dans un nouveau bilan publié lundi matin.
Cette instabilité géopolitique a poussé des investisseurs à vendre leurs shekels pour se réfugier sur d’autres monnaies, comme le dollar. Le billet vert a retrouvé son plus haut depuis 2016 face au shekel et le Dollar Index, qui mesure le niveau du billet vert par rapport à un panier de devises, continuait d’évoluer près de ses plus hauts niveaux de l’année, prenant 0,41% à 106,461 points.
- « Le dollar américain s’est renforcé en début de semaine au côté des autres devises traditionnellement considérées comme des monnaies refuges que sont le franc suisse et le yen, même si les retombées négatives sur le marché des changes en raison des tensions géopolitiques au Moyen-Orient ce weekend ont été relativement modestes jusqu’à présent », indiquait Lee Hardman, analyste de MUFG.
Mais les incertitudes sont nombreuses. « Le fait que les États-Unis et l’Iran soient entraînés dans la tourmente laisse entendre que les tensions pourraient encore s’intensifier », a noté Ipek Ozkardeskaya, de Swissquote Bank. De quoi continuer d’inquiéter les investisseurs qui risquent d’accentuer encore leurs ventes de shekels, et pourrait aussi impacter d’autres produits.
Craintes sur le pétrole et le gaz
« L’attaque surprise du Hamas a alimenté les craintes d’un regain d’instabilité au Moyen-Orient, qui pourrait à son tour perturber les flux de pétrole à un moment où le marché est déjà extrêmement tendu et où les prix sont élevés », commente Craig Erlam, analyste d’Oanda.
- « Il est trop tôt pour en tirer des conclusions, mais à très court terme, il est probable qu’une prime vienne s’adosser au prix du pétrole, le faisant de nouveau monter. Une mauvaise nouvelle pour l’économie mondiale », a commenté, de son côté, Sebastian Paris Horvitz, directeur de la recherche de LBP AM.
Et en effet, vers 16 heures, heure de Paris, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre gagnait 3,12% à 87,21 dollars et le baril de WTI américain, avec échéance en novembre, 3,76% à 85,92 dollars. Côté gaz naturel, le contrat à terme du TTF néerlandais, considéré comme la référence européenne, évoluait à 42,70 euros le mégawattheure (MWh), en hausse de 11,68%.
Les Bourses mondiales perturbées
Cette crainte sur les prix des matières premières s’est aussi répercutée sur les Bourses mondiales qui ont reculé majoritairement lundi. Wall Street a ouvert en baisse, vers 14H00 GMT le S&P 500 lâchait 0,16%, le Nasdaq 0,55%, tandis que le Dow Jones était quasi stable (+0,02%). Au même moment en Europe, la Bourse de Paris reculait de 0,23%, Francfort perdait 0,45%, Milan cédait 0,22%. En revanche, Londres, portée par la hausse des valeurs liées aux matières premières, gagnait 0,34%. En Israël, l’indice principal TA-35 de la Bourse de Tel-Aviv rebondissait de 1,08%, après avoir chuté dimanche de 6,47%, soit sa pire séance depuis mars 2020.