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La France redoute l’ingérence des pays étrangers

dimanche 5 novembre 2023

Le climat de guerre froide est de retour et avec lui, les pratiques qui lui étaient caractéristiques. En matière de renseignement, nous assistons au chevauchement de deux cycles entre celui lié à la lutte contre le djihadisme - marqué par une coopération des grandes puissances et de leurs services de renseignement - et celui de la confrontation qui bouleverse les équilibres du monde.

De l’espionnage à l’utilisation de l’espace cyber ou des opérations de manipulation de l’information, l’ingérence étrangère en France est devenue une menace « protéiforme, omniprésente et durable ». C’est ce que conclut le rapport annuel de la délégation parlementaire au renseignement.

« Le niveau de menaces d’ingérences étrangères se situe à un stade élevé dans un contexte international tendu et décomplexé ». Si les services de renseignement peuvent recourir « à divers moyens d’entrave pour contrecarrer les ingérences étrangères », ces outils ne « suffisent pas à eux seuls dans la durée ».
la « naïveté » est « la première des vulnérabilités » puisque « d’un point de vue général et intemporel, les principales vulnérabilités demeurent humaines ».
« Argent, intérêt, corruption et ego » constituent « les leviers traditionnels de la manipulation, opportunément exploités par des professionnels du renseignement ».
La DGSI a constaté « au cours des trois ou quatre dernières années, des tentatives d’approche de la part de certains agents de renseignement visant l’ensemble du spectre politique »
« certains pays […] s’intéressent beaucoup à l’échelon territorial » et « il a pu arriver très ponctuellement que la DGSI mette au jour ou soupçonne des relations entre un élu ou ancien élu local […] avec une puissance étrangère et signale aux autorités compétentes l’infraction soupçonnée – en l’espèce, un financement ».
« Les élus locaux, étant décisionnaires du point de vue économique et financier et pouvant engager une part de la souveraineté, constituent des cibles ».

« La double nationalité constitue à cet égard une vulnérabilité que les acteurs de l’ingérence ne manquent pas d’exploiter. Dès lors, si la détention de la double nationalité n’empêche en rien l’expression d’une loyauté pérenne, il convient néanmoins d’opérer une mise en garde, a minima une sensibilisation au profit des intéressés ».

Parmi les puissances étrangères qui sont citées dans « l’infiltration », « l’ingérence dans les processus électoraux » et « la manipulation de l’information » le rapport mentionne la Russie, la « stratégie du front uni » avec la Chine, « les velléités d’emprise » de la Turquie ainsi que « la diplomatie des otages » de l’Iran. Le rapport mentionne aussi les pays « alliés » de la France qui « n’agissent pas toujours comme des amis ».

La Chine opte pour une « stratégie politique et un réseau d’institutions publiques et privées et d’individus clés, placés sous le contrôle du parti communiste chinois ».

Le détachement d’imams au sein de mosquées françaises a « permis à la Turquie de peser sur l’islam de France ». Un autre mode opératoire est « l’entrisme politique via la participation aux élections locales et nationales ».

La Russie

Les mesures d’expulsions et interdictions d’entrée sur le territoire - prises au lendemain de l’invasion de l’Ukraine ont été marqué par l’expulsion de 41 officiers de renseignement russes sous couverture diplomatique, fort est de constater que le dispositif des services de renseignement russe en France demeure actif.
Le recours à des entreprises militaires privées (SMP) est également un mode opératoire caractéristique de la Russie. En 2012, Vladimir Poutine déclarait devant la Douma qu’« une corporation d’entreprises militaires privées serait un outil efficace pour réaliser les objectifs nationaux sans faire appel à la participation directe de l’État russe ». La plus connue de ces milices est le groupe Wagner, société de mercenaires russe créée par Dmitri Outkin, un ancien officier du GRU (renseignement militaire russe). Le groupe paramilitaire, dirigé par l’oligarque russe Evguéni Prigojine, est connu depuis 2014 pour son implication dans le conflit en Ukraine puis son intervention en Syrie un an plus tard, dans le sillage de l’armée russe. Officiellement, Wagner n’existe pas en Russie où les sociétés privées militaires sont interdites. Mais en réalité, ce groupe illégal est un instrument géopolitique au service de Moscou, très présent notamment en Afrique. L’envoi de « volontaires » à l’étranger fait partie de la stratégie de Moscou qui vise à renforcer son influence tout en évitant d’apparaître ouvertement en première ligne. Au vu des exactions commises par cette milice sur différents théâtres d’opération, des dirigeants de Wagner, dont Evgueni Prigogine, ont fait l’objet de sanctions de l’Union européenne en octobre 2020, confirmées par la Cour de justice de l’Union européenne en juin 2022, en raison des agissements de la SMP en Libye et en Ukraine. L’Assemblée nationale a pour sa part adopté le 9 mai 2023 une résolution appelant la France et l’Union européenne à inscrire Wagner sur la liste des organisations terroristes.

La Chine

En Chine, où il existe une longue histoire du renseignement et de l’espionnage, les opérations d’influence se sont considérablement intensifiées et durcies ces dernières années avec des méthodes très spécifiques, différentes des modes opératoires russes, et des effectifs considérables puisque l’équivalent de la DGSE chinoise peut se prévaloir de plus de 250 000 agents.

L’action des autorités chinoises s’étend toujours d’avantage au-delà de l’espionnage au sens strict, ce qui conduit nos services de renseignement à élargir leurs champs d’investigation pour lutter contre tout le spectre des ingérences (politiques, économiques, académiques, médiatiques) portant atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation.

L’empire du milieu est entré dans une nouvelle phase où la stratégie d’ingérence occupe une place centrale, autour du concept de « Front uni ».

Cette politique conçue et déployée par le Parti Communiste Chinois (PCC) consiste à entraver ses ennemis intérieurs comme extérieurs, à contrôler les groupes qui peuvent défier son autorité, à construire une coalition autour du Parti pour servir ses intérêts et à projeter son influence jusqu’à l’étranger. Le Front uni est une stratégie politique et un réseau d’institutions publiques et privées et d’individus clés, placés sous le contrôle du Parti communiste chinois (PCC) et utilisés pour faire avancer les intérêts du Parti au sein et à l’extérieur du pays. Avec le Front uni, tout procède du PCC et chacun doit servir cette stratégie : entreprises publiques comme privées, chinois de l’intérieur comme à l’étranger.

C’est ainsi que le parti des 50 centimes (wumao dang) fait référence aux commentateurs en ligne engagés par les autorités chinoises pour écrire des articles ou des commentaires favorables au PCC sur les réseaux sociaux, afin de mettre fin aux critiques envers la politique chinoise ou ses dirigeants. Ils opèrent aussi bien sur l’Internet chinois qu’étranger. Cette appellation du « parti des 50 centimes » provient de l’allégation selon laquelle les commentateurs sont payés 50 centimes de yuan pour chaque publication.

L’économie, à travers des investissements chinois très dynamiques dans des secteurs stratégiques comme l’énergie ou les transports, le rachat d’entreprises et/ ou la prise de participations dans le capital d’entreprises, notamment celles dont la technologie est duale. ***** a permis de documenter un risque concernant les entreprises françaises de biotechnologies avec des transferts potentiels de licences en virologie ou en oncologie, mais également la propension de certains fonds activistes dans le domaine du Private Equity et du Venture Capital à cibler des ***** ou des PME spécialisées dans les technologies de rupture (calcul quantique, science de la donnée) qui conditionneront la souveraineté numérique de demain.

La Turquie

Les relations bilatérales franco-turques se sont dégradées ces dernières années du fait notamment de l’offensive turque en octobre 2019 contre les forces kurdes en Syrie, alliées des Occidentaux. L’interventionnisme turc en Libye, en Méditerranée orientale - où un incident a opposé des bâtiments turc et français en juin 2020 - et la politique française contre l’extrémisme islamique ont également creusé les antagonismes entre Paris et Ankara, au point que le Président de la République Emmanuel Macron a lui-même évoqué au printemps 2021 un risque avéré d’ingérence turque lors de l’élection présidentielle de 2022.

La pratique religieuse est également un puissant levier pour promouvoir une idéologie politique. À cet égard, le financement de lieux de culte comme le détachement d’imams au sein des mosquées françaises, jusqu’alors autorisé, a permis à la Turquie de peser sur l’Islam de France. ***** sur un nombre total estimé à 2 600 mosquées en France. Le Président de la République a annoncé que la France entendait mettre fin, d’ici à 2024, à cette pratique des imams détachés. Une mesure qui vise notamment l’influence religieuse de la Turquie qui repose en France sur la Ditib, émanation du ministère turc des affaires religieuses, la Diyanet. Voix officielle et historique du culte musulman sunnite turc, historiquement modéré, il représente environ 250 associations et 120 imams turcs ou d’origine turque sous le régime de l’imam détaché. Par ailleurs, le Millî Görüº, proche des Frères musulmans, est une organisation islamiste qui compte environ 100 000 adhérents sur le territoire européen avec une antenne française, la Confédération islamique Millî Görüº (CIMG), dont de plus en plus de voix réclament la dissolution, qui a refusé de signer la charte des principes pour l’Islam de France. Le Millî Görüº a dû finalement renoncer à solliciter une subvention municipale pour la construction de la Grande Mosquée de Strasbourg.

L’Iran

Les modes opératoires auxquels l’Iran a recours relèvent du registre de l’action violente, éloigné du soft power. Il s’agit en priorité de neutraliser toute dissidence avec des méthodes comme le kidnapping et / ou l’assassinat. La « diplomatie des otages » est également une signature du régime iranien qui procède à l’arrestation de ressortissants de différents pays pour s’en servir comme monnaie d’échange. La libération le 12 mai 2023 de deux otages français, Benjamin Brière et Bernard Phelan, après respectivement trois ans et six mois d’emprisonnement rappelle combien les démocraties se trouvent dans une situation vulnérable face à des régimes autocratiques *****. Devant de telles pratiques, à l’initiative du Canada, une déclaration internationale contre la détention arbitraire dans les relations d’État à État a été adoptée en 2021 et signée par 70 pays.

Nos alliés

Lors de son audition, le 2 mai 2023 par la Commission d’enquête parlementaire sur les ingérences étrangères, l’ancien Premier ministre François Fillon a déclaré que le plus grand nombre d’ingérences auxquelles il avait personnellement été confronté émanaient « d’un pays ami et allié qui s’appelle les États-Unis ». L’ancien Premier ministre a ajouté que durant son quinquennat à Matignon (2007-2012), il avait été « écouté avec le président Sarkozy pendant cinq ans par la NSA », (National Security Agency), une agence technique de renseignement américaine.

L’affaire Pegasus a révélé au grand jour, s’il en était besoin, que l’espionnage est une pratique généralisée, y compris entre alliés. Le logiciel espion développé par l’entreprise israélienne NSO Group et fourni à une dizaine de pays du Proche-Orient, d’Afrique, d’Europe et d’Asie a mis en évidence le rôle des autorités israéliennes dans l’autorisation accordée pour exporter ce logiciel.

En matière de renseignement, il y a des alliés, mais pas d’amis bien qu’il existe un pacte de non-espionnage entre les « five eyes » que sont les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.*****

L’espionnage concerne le champ économique, et c’est là que nos alliés n’étant pas nos amis, le concept de souveraineté doit primer sur toute autre considération.

À cet égard, l’ingérence par le droit, à travers l’extraterritorialité des normes, est un trait caractéristique d’une forme de domination des États-Unis qui agissent unilatéralement sur le territoire d’États tiers sur le fondement de leurs lois internes. C’est ainsi que depuis 1976, sur le fondement de la règlementation ITAR (International Traffic in Arms Regulations), les États-Unis disposent de la capacité d’interdire mondialement l’export d’armes vers certains pays dès lors qu’un simple composant du produit est d’origine américaine. En vertu de cette loi, les entreprises étrangères ont l’obligation de transmettre des informations sur certains biens sensibles.

Le système ITAR concerne de nombreuses entreprises européennes de défense. L’administration américaine s’en est prévalue pour bloquer en 2018 l’exportation de missiles SCALP et MBDA vers l’Egypte au motif de la présence d’une puce électronique américaine. Au cœur du contrat de vente de 24 Rafales supplémentaires pour un montant de deux milliards d’euros, les missiles SCALP ont finalement pu être livrés, mais avec un retard important suite à l’intégration d’un composant analogue par MBDA. *****

Quelques exemples de français sous influence étrangère

Najat Vallaud-Belkacem, lobbyiste vaccinale de Bill Gates et George Soros. L’ancienne ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche de 2014 à 2017, Najat Vallaud-Belkacem est actuellement directrice France de l’ONG One. Sous la pression de l’organisation ONE, la France a donné de l’argent à GAVI (Bill Gates). Le 30 octobre 2021, la France a noué un nouveau partenariat avec COVAX - via Gavi et l’UNICEF, pour rendre l’accès à la vaccination plus rapide et plus efficace. En 2015, Najat Vallaud Belkacem, et Alain Crozier, président de Microsoft France, ont signé un « partenariat », pour une durée de dix-huit mois, qui prévoyait l’accompagnement et la formation des acteurs du plan numérique à l’école, cadres comme enseignants, aux technologies Microsoft ainsi que la mise à disposition de son écosystème cloud (logiciels sur des serveurs distants) pour l’ensemble des établissements scolaires. Le tout, sans appel d’offres...
Le Point

Olivier Véran et sa compagne Coralie Dubost membres de la France China Foundation. Les Etats-Unis utilisaient la French America Foundation pour influencer et contrôler la politique française. Avec le virage communiste du parti démocrate, les stratégies se sont déplacées en Asie et surtout en Chine. La France a décidé de suivre cette voie qu’il faut mettre en perspective avec la crise mondiale et le transfert économique et industriel. La France China Foundation a été créée en 2012 par une équipe de diplomates, d’entrepreneurs et d’artistes. Elle a pour vocation de favoriser le développement de liens durables et amicaux entre personnalités françaises et chinoises, de stimuler leur intérêt pour l’autre pays et d’encourager la création de projets conjoints. Son activité principale consiste à organiser un programme annuel “Young Leaders” franco-chinois, alternative-ment en France et en Chine.

Attali est membre de la French China Foundation. Le Chinese Business Club élu meilleur réseau pour faire du business avec la Chine. Cercle d’affaires fondé en 2012 par Harold Parisot, le Chinese Business Club réunit à Paris, délégations, politiques, diplomates, investisseurs, dirigeants et chefs d’entreprises chinois et français. Avec plus de 100 sociétés membres et 12 évènements par an à Paris, le Chinese Business Club France Chine est le 1er Club d’affaires franco-chinois. Bien sur on y retrouve le cabinet McKinsey en la personne de Maël de Calan.

Parallèlement à son engagement politique, Maël de Calan a travaillé dans le secteur privé, en banque d’affaires (2006-2007), en private equity (2008-2012), et comme directeur financier d’une société de biotechnologie (2013-2016). Depuis 2018, il est partenaire associé du bureau parisien de McKinsey & Company.

Et la liste est tellement longue que ces informations ne sont pas citées dans le rapport parlementaire.
C’est la faute des Russes surement.

Rapport

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