Geopolintel

L’Ukraine a un « pied » dans l’Union Européenne

mercredi 2 août 2023

L’Ukraine rejoint le mécanisme européen de protection civile

Kiev a adhéré au mécanisme de protection civile commun aux Vingt-Sept et à huit autres pays, jeudi 20 avril 2023. Ce dispositif peut être déclenché par un Etat en cas de crise humanitaire ou de catastrophe naturelle.

Cette adhésion masque le rôle de du Mécanisme européen de stabilité qui assure la stabilité financière de la zone euro.
Article 136 du traité européen :
« Les États membres dont la monnaie est l’euro peuvent instituer un mécanisme de stabilité qui sera activé si cela est indispensable pour préserver la stabilité de la zone euro dans son ensemble. L’octroi, au titre du mécanisme, de toute assistance financière nécessaire, sera subordonné à une stricte conditionnalité ».

L’UE et ses États membres ont mis à disposition de l’Ukraine et de sa population une aide de plus de 77 milliards d’EUR :

38,3 milliards d’EUR d’assistance économique
17 milliards d’EUR en aides pour les réfugiés dans l’UE
21,16 milliards d’EUR de soutien militaire
670 millions d’EUR via le mécanisme de protection civile de l’UE

Le recours au MES est assorti de conditions de réformes strictes, comme celles imposées à la Grèce lors de son renflouement, en 2015, lorsque le gouvernement de gauche de l’époque avait perdu l’accès aux marchés financiers.
« Pourquoi le MES n’a jamais été utilisé par personne ? Parce que les conditions sont trop strictes et parce que le MES est un créancier privilégié, c’est-à-dire qu’en cas de difficulté, il est le premier à être remboursé », a ajouté Mme Meloni.

Pour comprendre l’esclavage financier imposé par les banques et les « 8000 » qui dictent leur volontés économiques à la planète, il faut relire le livre de John Perkins « Les Confessions d’un assassin financier ».

L’Ukraine participe désormais au mécanisme européen de protection civile. Elle rejoint les huit autres pays, en plus des 27 Etats membres de l’UE, qui participaient déjà à ce cadre européen de solidarité (l’Islande, la Norvège, la Serbie, la Macédoine du Nord, le Monténégro, la Turquie, la Bosnie-Herzégovine et l’Albanie).

Le mécanisme de protection civile de l’UE permet aux Etats qui en font la demande de recevoir une aide en cas de catastrophe, comme des feux de forêts, des inondations ou une épidémie. Ce soutien provient à la fois des pays participant au dispositif et des réserves de l’Union européenne elle-même. Il est piloté par le Centre de coordination de la réaction d’urgence (ERCC).

Le mécanisme a été activé plus de 600 fois depuis sa création en 2001. C’est dans ce cadre que des médicaments et des abris ont été envoyés en Turquie et en Syrie après les tremblements de terre qui avaient dévasté la région début février. La France a aussi bénéficié de la solidarité européenne puisque des avions grecs ont par exemple été déployés en juillet 2022 afin de maîtriser les incendies en Gironde.

La mission menée pour l’Ukraine depuis l’invasion russe en février 2022 est “la plus importante et la plus longue” de l’histoire du mécanisme, selon la Commission européenne. Plus de 88 000 tonnes d’équipements vitaux, de denrées alimentaires et de médicaments y ont été envoyées, ainsi que 1 000 générateurs électriques, entièrement financés par l’UE. Avec son adhésion au mécanisme, l’Ukraine pourra désormais faire parvenir un soutien matériel lorsqu’un autre pays traversera une crise.
(Ce mécanisme a contribué à envoyer une quantité d’armes au profit du lobby militaro-industriel)

Le Mécanisme européen de stabilité est entré en vigueur le 27 septembre 2012. Il a pour but de fournir une aide financière aux Etats membres qui connaissent ou risquent de connaître de graves problèmes de financement. C’est un outil de gestion de crise pour les pays de la zone euro afin de maintenir sa stabilité financière.

Pourquoi le MES a-t-il été créé ?

Pour financer ses politiques publiques, un Etat emprunte de l’argent auprès de différents investisseurs, le plus souvent sous forme d’obligations. En situation normale, il contracte ainsi auprès de ces derniers une dette, assortie d’intérêts, et doit régulièrement contracter de la dette nouvelle pour rembourser l’ancienne.

Aujourd’hui, les taux d’intérêts de ces emprunts d’Etat dépendent en grande partie de la note accordée par les agences de notation Moody’s, Standard & Poor’s et Fitch Ratings. Une mauvaise note de ces agences met en doute la capacité des Etats à rembourser leurs dettes, et inquiète les investisseurs : ces derniers réclament alors des taux d’intérêts plus importants. Il arrive, comme l’a connu la Grèce, que ces taux deviennent si élevés que le pays accumule les dettes et ne parvienne plus à les rembourser.

Le MES a été créé pour enrayer cette spirale négative et rassurer les marchés.
De quels outils dispose le MES ?

Le Mécanisme européen de stabilité dispose de plusieurs outils. Il peut, à des taux d’intérêts plus faibles que sur le marché, accorder des prêts à un Etat en difficulté, acheter des obligations des Etats membres bénéficiaires (sur les marchés primaire et secondaire) ou encore fournir des prêts pour assurer la recapitalisation d’établissements financiers tels que les banques.

Il peut également, en cas de risque d’endettement trop important, octroyer une assistance financière à titre de précaution.
Quels sont son statut juridique et sa composition ?

Le MES est une institution financière internationale ayant son siège à Luxembourg. Il est régi par le droit international public. Il est souvent comparé à une sorte de “FMI européen” .

Il comporte :

  • un conseil des gouverneurs composé des ministres des Finances des Etats membres. Il est présidé par le président de l’Eurogroupe ou un autre de ses membres qu’il élit pour deux ans ;
  • un conseil d’administration dont chaque membre est nommé par un gouverneur ;
  • un directeur général nommé pour cinq ans. Depuis le 8 octobre 2012, l’Allemand Klaus Regling tient ce poste.

Quelle différence y a-t-il entre le MES, le FESF et le MESF ?

Le Fonds européen de stabilité financière (FESF) ainsi que le Mécanisme européen de stabilité financière (MESF) ont été créés dans l’urgence en 2010 pour affronter dans les meilleurs délais la gravité de la crise économique au sein de l’Union européenne. Ces deux mécanismes étaient des instruments ponctuels, instaurés temporairement. N’ayant aucune légitimité juridique, ils ont été fusionnés et consacrés sur forme de traité pour donner naissance au MES qui reprend leurs fonctions. Elles existent donc toujours mais sont désormais réunies en une seule et même entité juridique et renforcées par le fonctionnement du MES.
De quels fonds le MES dispose-t-il ?

Le MES dispose, en plus des 620 milliards de capital exigible des Etats, de 80 milliards d’euros de fonds propres. Le montant du “pare-feu” européen atteint donc 700 milliards d’euros. Ce fonds est alimenté par les Etats membres en fonction de leur richesse : l’Allemagne y contribue par exemple à 27 %, la France à 20,5 %. Deux premières tranches ont été versées en octobre 2012, deux autres tranches de 20 % en 2013, et la dernière en 2014.

Une telle base en capital constitue un levier, grâce auquel le MES peut mobiliser des ressources sur les marchés financiers et émettre de la dette trois à quatre fois supérieure à celle du pays bénéficiaire, avec un taux d’intérêt plus avantageux du fait de sa solidité financière.

Le MES peut également conclure des arrangements, notamment financiers, avec ses membres, des institutions financières telles que le Fonds monétaire international (FMI) ou d’autres tiers.

Le traité sur le MES prévoit par ailleurs une coopération avec le FMI. Ce dernier peut ainsi participer financièrement aux plans d’aide octroyés. L’expertise technique de l’institution est également mise à profit, notamment au sein de la troïka (Commission-BCE-FMI) pour évaluer la situation financière de l’Etat demandeur et veiller au respect de la conditionnalité dont est assortie la facilité d’assistance financière.

Comment est-il contrôlé ?

Les plans de redressement et l’intervention du MES sont uniquement décidés par les ministres des Finances de la zone euro. Le Parlement européen n’a aucun droit de regard, seuls les parlements nationaux peuvent donner leur avis.

Quelles sont les conditions pour bénéficier d’une aide du MES ?

Le Mécanisme européen de stabilité est ouvert aux Etats membres de la zone euro.
Pour en bénéficier, plusieurs conditions sont cependant nécessaires. Tout d’abord, l’Etat doit bien sûr avoir ratifié le traité instaurant le mécanisme, ainsi que l’inscription du MES dans le traité sur le fonctionnement de l’UE (article 136).

Il doit également avoir souscrit au “traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance” et avoir mis en place la règle d’équilibre budgétaire qu’il implique.

Enfin, le MES subordonne son aide à une stricte conditionnalité. Celle-ci “peut prendre la forme, notamment, d’un programme d’ajustement macroéconomique ou de l’obligation de continuer à respecter des conditions d’éligibilité préétablies” (article 12 du traité instituant le MES).

Comment le MES décide-t-il d’allouer une aide ?

Lorsque le MES reçoit une demande d’assistance d’un de ses membres, c’est d’abord la Commission européenne, en liaison avec la BCE, qui évalue la soutenabilité de l’endettement public et les besoins de financement de l’Etat concerné, ainsi que le danger pour la stabilité financière de la zone euro dans son ensemble ou de ses Etats membres.

C’est ensuite le conseil des gouverneurs qui, à l’unanimité, prend la décision de principe d’octroyer ou non une aide financière à l’Etat. S’il adopte une telle décision, la Commission européenne (avec la BCE et, lorsque cela est possible, le FMI) négocie avec l’Etat concerné la conditionnalité dont est assortie cette facilité d’assistance financière. Le Conseil des gouverneurs adopte ensuite à l’unanimité le montant et le type d’assistance, ainsi que les conditions.

Dans le cas où une absence de consensus des gouverneurs mettrait en danger la viabilité économique ou financière de la zone euro, une majorité qualifiée de 85 % des votes suffit.

Pourquoi le MES est-il critiqué ?

La prise de décision sur l’allocation, ou non, d’une aide financière fait débat. En effet, tous les membres du conseil des gouverneurs n’ont pas le même poids : chaque gouverneur a un nombre de voix proportionnel à sa contribution financière au MES. Cela fait de l’Allemagne, la France et l’Italie des acteurs majeurs dans cette décision qui peuvent imposer leurs conditions et exigences. D’ailleurs, seuls ces trois pays ont un droit de véto dans la mesure où ils disposent chacun de plus de 15 % des voix.

En outre, les réformes exigées aux pays en difficulté par les créanciers sont perçues par certains Etats comme contreproductives, et comme une perte de souveraineté nationale et d’autonomie.

Toute l’Europe

—  0 commentaires  —

© Geopolintel 2009-2023 - site réalisé avec SPIP - l'actualité Geopolintel avec RSS Suivre la vie du site