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Le Krach bancaire cache un nouveau plan Marshal monétaire

samedi 18 mars 2023

Si la Silicon Valley Bank vient de fermer, c’est uniquement pour créer un phénomène de panique sur le marché européen, puisque la guerre en Ukraine est mal engagée pour le clan occidental.

Mais l’histoire nous montre que même si certains pays s’éloignent du dollar, il reste le talon d’Achille de l’Europe. Le Credit Suisse va emprunter jusqu’à près de 54 milliards de dollars à la Banque nationale suisse pour éviter la faillite alors que la Saudi National Bank, un des premiers actionnaires ne compte rien faire pour aider la banque suisse. Le problème évident des banques européennes est de restaurer la confiance et de mettre fin à la fuite des dépôts qui pourrait être fatal.

Pour cela, il y a une intervention avec des crédits en euros dollars.
Les euro-dollars n’ont pas grand-chose à voir avec l’euro, ce sont des dépôts libellés en dollars américains qui sont détenus dans des banques situées hors des États-Unis et qui échappent à la régulation imposée par la Réserve Fédérale.

L’ « euro-dollar », c’est le dollar acheté par une banque résidant ailleurs qu’aux États-Unis. Les « euro-dollars » sont en quelque sorte des dollars voyageurs qui serviront aux opérations commerciales ou financières hors des États-Unis, et dont l’achat et la vente intéresseront particulièrement les banques européennes. Les banques américaines désireuses de ne pas voir leurs clients leur échapper ont créé en Europe des filiales spécialisées dans les opérations de l’« euro-marché ».

Le dollar était tombé à son plus bas niveau en octobre 2022, suscitant une baisse de confiance du marché intérieur américain et une inflation importante signifiant une perspective de récession catastrophique.

Avec ce mécanisme euro-dollar, c’est l’inflation qui change de camp et oblige la BCE de Christine Lagarde de remonter les taux pour lutter contre l’inflation.
L’impérialisme du dollar existe bel et bien et va guider, que nous le voulions ou non, notre politique monétaire ainsi que notre économie.

Le marché financier globalisé devait être la solution pour sortir des crises économiques et financières, il est en réalité le créateur des crises que nous vivons à répétition.

Zone euro : la BCE décide une nouvelle hausse des taux pour lutter contre l’inflation

Pour lutter contre l’inflation, la Banque centrale européenne (BCE) relève une nouvelle fois ses taux d’un demi-point de pourcentage. Le taux rémunérant les liquidités bancaires non distribuées en crédit (les facilités de dépôt) passe à 3%. Mais, face à un contexte économique et financier plus complexe, la marge pour de futures hausses se réduit.

Le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) a décidé d’augmenter ses trois taux d’intérêt directeurs de 50 points de base. À compter du 22 mars 2023, les taux d’intérêt des opérations principales de refinancement, de la facilité de prêt marginal et de la facilité de dépôt seront relevés à respectivement 3,50%, 3,75% et 3%. Avec cette sixième hausse des taux depuis juillet 2022, l’augmentation cumulée atteint 350 points de base. Ce fort resserrement monétaire vise à lutter contre l’inflation élevée en zone euro et à la rapprocher du taux cible de la BCE de 2%.

Une inflation sous-jacente qui inquiète de plus en plus

En 2022, l’inflation a atteint des niveaux jamais enregistrés depuis l’existence de la zone euro. Encore à 5,9% en février 2022, le taux d’inflation annuel est monté jusqu’à 10,1% en novembre 2022. L’inflation a reculé un peu depuis et atteint 8,5% en février 2023. Toutefois, l’inflation plus représentative des tendances de long terme (celle corrigée des prix instables de l’énergie, de l’alimentation, de l’alcool et du tabac) est toujours en phase ascendante. Elle atteint 5,6% en février 2023. La hausse des prix touche maintenant aussi les services et biens industriels et les revendications salariales risquent de conduire à une inflation durable.

Cette hausse de l’inflation sous-jacente devrait plaider en faveur de futures hausses des taux. Cependant, le contexte économique et financier donne des signes contradictoires et l’incertitude grandit quant à la poursuite du resserrement monétaire.

La hausse des taux commence à mettre en difficultés certaines banques

La BCE a relevé à la hausse (1% en moyenne) ses projections pour la croissance en 2023 en zone euro. Ce scénario permettra la poursuite du resserrement monétaire. Mais, des nouvelles d’Outre-Atlantique pourraient à terme changer la donne. La faillite récente de trois banques américaines a obligé la Banque centrale américaine (FED) de mettre en place un plan de soutien d‘urgence. Aux États-Unis, la hausse des taux monétaires a été encore plus vigoureuse depuis un an et elle met en difficultés les établissements bancaires le plus fragiles. En Europe, la banque Crédit suisse rencontre à son tour des difficultés. Néanmoins, le ministre français de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, a exclu tout « risque de contagion » aux banques françaises. Pour sa part, la BCE a confirmé disposer d’une panoplie complète d’instruments de politique monétaire pour soutenir, le cas échéant, la liquidité du système financier de la zone euro.

Un autre élément pourrait cependant rendre moins nécessaire de futures fortes hausses des taux. Lors de la réunion de la BCE en février 2023, la BCE avait fixé les modalités de la réduction des titres détenus par l’Eurosystème dans le cadre du programme d’achats d’actifs (asset purchase programme, APP). Depuis début mars 2023, le portefeuille de l’APP est réduit de 15 milliards d’euros par mois en moyenne et ceci jusqu’à fin juin 2023. Ce retrait progressif du marché du refinancement des États pourrait alors exercer un effet à la hausse des taux longs (ceux des obligations d’État à échéance de dix ans).

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