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La France continue d’acheter de l’uranium à la Russie malgré l’embargo

lundi 30 janvier 2023

La dépendance de notre nucléaire envers les deux pays qui s’opposent en Ukraine (Etats Unis Russie) pose la question de la stratégie française pour son approvisionnement en uranium.

Ce commerce avec la Russie n’est pas interdit par Bruxelles mais ce sont les ONG soumises à la CIA comme Greenpeace qui imposent à la France de stopper tout commerce avec la Russie concernant l’Uranium.
Mais les déchets nucléaires français sont recyclés en Russie qui possède la seule usine au monde capable de recycler l’uranium déchargé des réacteurs nucléaires français.

L’entreprise française Orano envoie de l’uranium en Sibérie à l’usine de Seversk pour être retraité.
La France importe son uranium non pas de Russie mais du Niger, du Kazakhstan, d’Ouzbékistan et d’Australie.

Si nous stoppons ces recyclages d’uranium, comment allons gérer ses déchets hautement dangereux et stratégiques ?

Macron et son obéissance envers Washington se retrouve encore dans la panade et une fois de plus c’est tout un pan de l’économie et de l’industrie française qui risque de faire faillite.

Il est urgent de sécuriser nos chaînes d’approvisionnement sinon plus rien ne fonctionnera dans ce fichu pays.

- La France a acheté 3 fois plus d’uranium à la Russie en 2022 par rapport à 2021

Il s’est avéré que malgré les sanctions imposées à la Russie après la guerre russo-ukrainienne, la France a acheté 3 fois plus d’uranium à ce pays qu’en 2021.

Selon des informations révélées par l’hebdomadaire satirique Canard Enchaîné, sur la base des documents douaniers de la société EDF, principal fournisseur d’énergie en France, détenue à 84% par l’État, la France a acheté 290 tonnes d’uranium d’une valeur de 345 millions d’euros à la Russie au cours des 9 premiers mois de 2022.

Cette quantité correspond à environ 30% des réserves d’uranium de la France et environ 3 fois la quantité d’uranium acheté à la Russie en 2021.

Il est indiqué que la France, dont 24 réacteurs nucléaires sur 56 sont en maintenance, a importé de Russie l’uranium en question pendant la crise énergétique afin de produire son électricité.

- La raison de ces échanges est le bas prix de l’uranium russe

EDF, qui utilise 1030 uranium enrichi par an dans les centrales nucléaires pour la production d’électricité, a besoin de traiter 8 mille tonnes d’uranium naturel pour atteindre cette valeur.

Selon certains éléments, le fait que l’uranium russe soit bon marché a été un facteur important de la position française et ce malgré l’embargo appliqué par les pays européens à la Russie.

L’uranium que la France achète au Kazakhstan, soit 43% de ses importations, doit également transiter par la Russie afin d’y subir des opérations d’enrichissement.

- La France viole « l’embargo russe »

La ministre française de l’Énergie, Agnès Pannier-Runacher, a esquivé les questions sur les importations d’uranium en répondant, que l’uranium livré n’est pas de la matière première, mais un produit enrichi.

Par ailleurs, il est indiqué que le chancelier allemand, Olaf Scholz, aurait également fait pression sur la France pour qu’elle cesse d’acheter de l’uranium naturel et enrichi à la Russie.

L’ONG environnementale Greenpeace avait annoncé qu’un navire transportant de l’uranium de Russie vers la France avait accosté dans le port de Dunkerque le 29 novembre et que la France poursuit son commerce d’uranium malgré l’Union européenne (UE) et les accords internationaux sur l’environnement, une situation décrite comme scandaleuse.

AA.com

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Nucléaire : mais qui va enrichir l’uranium naturel russe de Framatome ?

L’uranium naturel ne peut pas être utilisé directement dans les combustibles nucléaires fabriqués par Framatome. Il doit d’abord être converti et enrichi. Cette matière première, reçue la semaine dernière par Framatome en provenance de Russie, sera-t-elle confiée au français Orano, grand spécialiste de la transformation de l’uranium, ou à une autre entreprise spécialiste de l’enrichissement ? Mystère. Les industriels ne veulent pas communiquer..

Il y a une semaine, Framatome, entreprise détenue à 75,5% par EDF, a confirmé que les livraisons d’uranium enrichi et d’uranium naturel en provenance de Russie, constatées par l’ONG anti-nucléaire Greenpeace, lui étaient destinées. Le 29 novembre dernier, l’association a publié un communiqué dans lequel elle appelait « le gouvernement français à stopper les contrats sur le commerce d’uranium » entre la France et la Russie alors que « des dizaines de fûts d’uranium enrichi et dix conteneurs d’uranium naturel en provenance de Russie » ont été acheminés par cargo dans le port de Dunkerque.

Constructeur de centrales nucléaires et fournisseur de combustibles, Framatome a précisé, le jour même à l’AFP, qu’il s’agissait d’une « livraison de matière pour la fabrication de combustibles nucléaires » à destination de son usine de Romans-sur-Isère (Drôme). Ce combustible est destiné ensuite à ses « clients et notamment le parc nucléaire français », a-t-il précisé.

De son côté, Orano, dont l’un des principaux métiers est la transformation de l’uranium, avait déclaré à l’AFP que « ces transports ne concernaient ni ses matières, ni ses installations ». L’ex-Areva avait aussi précisé dans les colonnes du Monde que son contrat qui le liait à la Russie, autour du recyclage de l’uranium de retraitement (celui déjà utilisé une fois dans les réacteurs nucléaires) était désormais soldé et qu’il n’envisageait pas de signer un nouveau contrat avec le géant russe du nucléaire.

L’uranium naturel ne peut pas être utilisé tel quel

La déclaration de Framatome apparaît logique au regard de l’uranium naturel enrichi à partir duquel Framatome peut fabriquer du combustible nucléaire. En revanche, le fait que Framatome ait aussi réceptionné de l’uranium naturel, non enrichi, interpelle car la filiale d’EDF ne peut pas fabriquer de combustibles nucléaires avec du simple uranium naturel. En effet, pour pouvoir fabriquer du combustible nucléaire, Framatome doit utiliser de l’uranium enrichi car l’uranium naturel, c’est-à-dire la matière première qui est prélevée directement dans la roche, ne peut être utilisé tel quel. Il doit d’abord subir plusieurs transformations.

Pour pouvoir être intégré dans du combustible nucléaire, l’uranium naturel doit être converti puis enrichi. L’étape de conversion consiste à purifier les minerais d’uranium en tétrafluorure d’uranium (UF4). Cette formulation est ensuite transformée en hexafluorure d’uranium (UF6). Vient ensuite l’étape d’enrichissement. Elle consiste à augmenter la proportion d’uranium 235 dans l’uranium naturel pour rendre possible une réaction de fission nucléaire, mécanisme qui est à l’œuvre dans le cœur de tous les réacteurs nucléaires en fonctionnement dans le monde et qui permet de libérer l’énergie.

L’opération d’enrichissement se fait grâce à des centrifugeuses dans lesquelles les molécules enrichies en uranium 235, plus légères, sans poussées vers le haut, tandis que les molécules contenant de l’uranium 238, plus lourdes, restent dans le bas du dispositif.

Orano et Framatome entretiennent le flou

En France, seule l’entreprise Orano dispose des outils industriels nécessaires pour réaliser ces opérations de transformation. Son site de Malvési, près de Narbonne (Aude) est dédié à la purification du minerai en UF4. Sa transformation en hexafluorure d’uranium (UF6) s’opère dans l’usine Philippe Coste sur son site de Tricastin (Drôme). Tandis que son usine Georges Besse II, également basée à Tricastin, est dédiée à l’enrichissement.

Que peut donc faire Framatome avec de l’uranium naturel ? A-t-il pour ambition de le stocker dans l’un de ses sites pour le faire enrichir plus tard ? Ou entend-il le confier directement à un industriel pour le faire enrichir ? Dans ce cas, peut-il le confier à Orano, qui a pourtant affirmé que ces livraisons d’uranium « ne concernaient ni ses matières, ni ses installations » ?

Interrogé sur ce point par La Tribune, Orano a simplement ajouté que « cet uranium naturel n’est pas la propriété d’Orano ». Mais, Orano peut-il réaliser des opérations d’enrichissement sur un uranium naturel dont il n’est pas propriétaire ? L’ex-Areva n’a pas souhaité répondre à cette question. L’industriel tricolore a néanmoins précisé qu’une fois l’uranium naturel réceptionné, Framatome choisissait « son prestataire pour le service dont il avait besoin ».

Questionné sur la possibilité de faire appel à Orano, ou à une autre entreprise, pour enrichir cet uranium naturel, Framatome n’a pas répondu, non plus, à nos interrogations. Alors, Orano joue-t-il avec les mots pour mettre une distance verbale entre ses activités et l’uranium en provenance de Russie ? Nous ne pouvons pas l’affirmer, car il est aussi possible que Framatome ait fait appel à un autre « enrichisseur ».

« L’uranium naturel [peut être] parti aussitôt vers un autre enrichisseur, probablement Urenco, en Europe du Nord », suppose Tristan Kamin, ingénieur en sûreté nucléaire et membre de l’association Voix du nucléaire, en partant du principe qu’Orano n’était pas concerné.

Toutefois, les réponses peu éloquentes recueillies aussi bien auprès d’Orano que de Framatome laissent planer le doute et plusieurs observateurs du secteur, comme Nicolas Goldberg, expert énergie chez Colombus Consulting, restent circonspects quant à la réception de cet uranium naturel par Framatome.

Rebonjour @Lindgaard et merci pour votre réponse.

Si c’est du yellow cake, c’est donc en théorie effectivement de l’uranium naturel prêt à être enrichi. Ça me semble bizarre. Echange de matière ?

Hâte de lire la source et l’analyse. https://t.co/cPcYftrTlr
— Nicolas Goldberg (@GoldbergNic) November 29, 2022

Un commerce légal mais qui questionne

Pour rappel, la livraison de cet uranium en provenance de Russie demeure légale puisque les sanctions internationales prises à l’encontre de la Russie ne concernent pas l’énergie nucléaire, malgré l’implication du géant russe Rosatom dans l’occupation de la centrale de Zaporijia, en Ukraine.

Néanmoins, la livraison de cet uranium (qu’il soit naturel, déjà enrichi ou recyclé) en provenance de la Russie interpelle car, contrairement aux livraisons de GNL ou de titane russes par exemple qui continuent en Europe, l’uranium provenant de Russie n’apparaît pas comme indispensable pour la France.

« La France n’a pas besoin de l’uranium russe pour ses réacteurs nucléaires », insiste Nicolas Goldberg. « Ce n’est pas parce que nous recevons de l’uranium de Russie que nous en sommes ’dépendants’. On parle de centaines de tonnes (sur 9 000t/an utilisées par le parc) », rappelle le spécialiste sur Twitter. « Ceci pose tout de même la question de savoir pourquoi nous importons de Russie alors que nous n’en avons pas besoin », pointe-t-il.

La semaine dernière, EDF a reconnu avoir réceptionné une livraison d’uranium recyclé en Russie dans le cadre d’un contrat le liant à Tenex, une filiale de Rosatom. Une première depuis une dizaine d’années.

Juliette Raynal

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