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Fausse pandémie et conflits d’intérêt ?
Le gouvernement du Québec est blâmé d’avoir « naïvement » suivi le mouvement mondial.
Lundi, 8 février 2010
Des experts québécois et européens accusent l’Organisation mondiale de la santé (OMS) d’avoir exagéré l’importance de la grippe A (H1N1) et d’avoir favorisé volontairement l’enrichissement de l’industrie pharmaceutique.
Nullement épargné par cette controverse, le gouvernement du Québec est blâmé d’avoir « naïvement » suivi le mouvement mondial.
Dans une étude parue lundi dans le magazine Protégez-vous on rapporte que dans la foulée de l’éclosion du virus, l’OMS aurait allégé sa définition de pandémie, laissant ainsi la belle part aux compagnies pharmaceutiques qui auraient profité de cette « hystérie pandémique ».
« C’est cette modification qui a rendu possible la transformation d’une banale grippe en pandémie mondiale », a notamment dénoncé au magazine, Wolfgang Wodarg, épidémiologiste allemand et ex-président de la sous-commission de la Santé du Conseil de l’Europe.
Les liens entre les l’OMS et l’industrie pharmaceutique ont été également soulevés comme cause possible de ce dérapage.
« En 2006 déjà, les États ont commencé à conclure de gros contrats avec des sociétés pharmaceutiques pour faire face à d’éventuelles pandémies. Ces engagements de commercialisation devaient prendre effet dès que l’OMS déclarerait officiellement une pandémie. Quand l’OMS l’a fait, elle a joué un rôle clé et cela a accru de 18 milliards de dollars les dépenses de santé dans le monde. Les sociétés pharmaceutiques s’étaient préparées, elles n’attendaient en fait que cela », ajoute le Dr Wodarg.
Alors que l’OMS soutient n’avoir « rien à se reprocher », un expert en pharmacovigilance à l’Université de Montréal questionne les agissements des pays occidentaux qui, à l’exception de la Pologne, se sont tous empressés de mettre sur pied des campagnes massives de vaccination, sans même s’interroger sur les recommandations de l’OMS.
« On a déclenché une fausse alerte. Le gouvernement du Québec s’est conduit comme un bon petit soldat et a mené la campagne de vaccination la plus efficace au monde. Il a été naïf et tout cela été un gaspillage d’argent. Il n’y a pas eu des millions de morts et rien ne justifiait cet état d’urgence », déplore Pierre Biron, ex-professeur de pharmacologie en médecine.
Questionnée à ce sujet, Dominique Breton, une porte-parole du ministère de la Santé, a rétorqué qu’il était « facile de critiquer le gouvernement après coup ».
« Nous avons agi comme des autorités responsables et nous avons suivi les recommandations de l’OMS. Finalement, le virus n’était pas aussi virulent qu’on aurait pu le croire, mais on aurait pu se retrouver devant un très grand nombre de personnes infectées », a-t-elle affirmé.
Le gouvernement du Québec a assumé 40% du coût des 4.4 millions de doses de vaccin qui ont été distribuées au Québec.
Grippe H1N1 : quand la France s’était (trop) préparée à une pandémie
En 2009, la France se préparait à une pandémie en se constituant un stock important d’antiviraux et de masques pour une valeur de plus de 700 millions d’euros. Au Sénat, une commission d’enquête cherche les raisons de cette surestimation du risque pandémique. L’industrie pharmaceutique est alors pointée du doigt.
Roselyne Bachelot « a eu la malchance d’avoir eu un virus qui n’a pas respecté ses engagements », résumait le 30 juin 2010, quelques minutes avant l’audition de la ministre de la Santé, Alain Milon, rapporteur LR de la commission d’enquête « sur le rôle des firmes pharmaceutiques dans la gestion par le gouvernement de la grippe A (H1N1) ».
À cette époque, la ministre de la Santé et des Sports, Roselyne Bachelot est effectivement sous le feu des critiques. Les mois précédents, la France s’est constitué un stock important d’équipements pour faire face à une pandémie, nommée par l’OMS : grippe A (H1N1). Un milliard de masques chirurgicaux et 700 millions de masques FFP2 ont été achetés.
Et contrairement à la pandémie de la Covid-19, un vaccin existe. La France en achètera pour 382 millions d’euros dont 48 millions de dédommagements aux laboratoires car, entre-temps, la pandémie annoncée n’a pas eu lieu et l’État a dû annuler des commandes. En 2011, la Cour des Comptes chiffrera la note pour l’État entre 700 et 760 millions d’euros.
312 décès en France