La séduction
Pendant sa campagne présidentielle Macron s’est étonnamment comparé à Mao sans oublier sa déclaration dans le Wall Street Journal, où il évoque sa véritable nature en tant que banquier :
- « On est comme une sorte de prostituée. Le job, c ’est de séduire ».
Sa séduction de jeune « premier », il l’attribue à Mao par sa proposition de renouvellement révolutionnaire de la politique française, « révolution culturelle » et « longue marche » sont maintenant ses deux crédos. « Je suis maoïste car, pour Mao, un bon programme c’est ce qui marche » et « peu importe qu’un chat soit blanc ou noir, ce qu’on lui demande c’est d’attraper la souris ». A bien y regarder pourtant, il n’y a pas plus de Mao dans Macron que de Macron en Mao.
Même si cette image a pu prêter à sourire, elle est calculée. Macron pense incarner l’homme fort et providentiel tel le révolutionnaire chinois. Si Mao a lancé sa révolution culturelle pour consolider son pouvoir à l’aide de la jeunesse, il a surtout purgé le parti communiste des éléments « révisionnistes » et limité le pouvoir bureaucratique.
Laetitia Avia, un mentor qui a les crocs
Tel le guide chinois, Macron a pu extraire des membres de son parti une femme qui a de l’épaisseur pour la vie politique. Laetitia Avia fait partie de l’émergence de nouveaux visages que l’on appelle les minorités visibles. Elle même le dit sur le site Mille talents d’En Marche :
- « L’émergence de nouveaux visages est une mission clé de la REM. Elle permet la poursuite du processus de renouvellement politique, de lutter contre l’autocensure et l’assignation à résidence ».
En gros un mentor politique, ça se fabrique avec une candidature en ligne, une vidéo et une formation de deux semaines. « Le programme 1000 talents propose des formations à l’engagement politique, un mentorat et des opportunités pour agir au sein du mouvement La République En Marche. »
A défaut d’avoir un doctorat, LREM propose un mentorat.
Cette technique de cooptation digne des méthodes « Tuperware » des ventes à domicile, a propulsé Laetitia Avia sur le devant de la scène. Mais la députée LREM est accusée d’avoir mordu un chauffeur de taxi pour ne pas payer 12 euros.
Mentor Médor, c’est tout un programme.
Selon Le Canard enchaîné, l’élue s’est disputée avec un conducteur de taxi et l’a mordu à l’épaule. La raison de cette rage provient du terminal de carte bancaire qui était hors service, et pour la somme de 12 euros celle-ci a refusé de le payer alors qu’il lui proposait de la déposer devant un distributeur de billet.
« Pourquoi payer un taxi qui ne prend pas la carte bancaire ? » dira-t-elle pour se défendre.
D’après le Canard Enchaîné Laetitia Avia aurait reconnu avoir mordu le chauffeur et aurait fini par accepter de payer la course. Plus tard, elle a porté plainte pour séquestration et tentative de vol.
Après le réconfort de son parti Laetitia Avia a pu s’exprimer et donner sa version des faits :
- « une jeune femme seule dans un taxi à minuit, dont le chauffeur prend la carte bancaire entre ses mains et la garde hors de sa portée. (...) L’histoire d’une femme qui se retrouve enfermée dans un taxi qui démarre sans son consentement et sans explications, qui refuse de s’arrêter malgré ses demandes. (...) Et surtout l’histoire d’une femme qui prend peur, panique et se défend ».
Nous n’avons pas eu d’information sur la plainte du chauffeur de taxi, mais nous avons peut être une petite idée.
L’arrivée du mentor en HEC avec la convention ZEP
Au début des années 2000, Sciences Po fait le constat du manque d’ouverture sociale et culturelle du recrutement des grands établissements sélectifs français. Pour diversifier son corps étudiant, Sciences Po lance en 2001 le dispositif des Conventions Éducation Prioritaire (CEP), une voie d’accès sélective destinée aux élèves issus des lycées relevant de l’éducation prioritaire. Aujourd’hui, 106 établissements sont conventionnés en France métropolitaine et en Outre-mer et participent à la préparation et à la pré-sélection des candidats.
D’origine togolaise, Laetitia Avia plait à Edouard Philippe qui s’est exprimé en ces termes sur ses parents - « chauffeur-bagagiste et aide-soignante, ne s’attendaient pas à ce qu’elle accède à cette grande école parisienne, puis devienne avocate, puis travaille dans les cabinets les plus prestigieux, puis fonde son propre cabinet ».
Touchée par les mots d’@EPhilippePM et par la mise à l’honneur de mon parcours en introduction de sa déclaration de politique générale. #DPG pic.twitter.com/Xo46HX3YUn
— Laetitia Avia (@LaetitiaAvia) 4 juillet 2017
La bonne élève récompensée de son mentorat est passée à la vitesse supérieure avec une loi qui porte son nom.
La loi Avia
En pleine crise de confiance Macron a décidé de consacrer son mentor avec la proposition de loi déposée par Laetitia Avia qui vise à renforcer la contribution des opérateurs numériques à la lutte contre certains contenus manifestement haineux en ligne, que l’on peut résumer en un mot la censure.
Laetitia Avia réclame la paternité de ce projet de loi pour avoir reçu des « humiliations à répétition » et des « propos à connotation sexiste, homophobe et raciste ».
La belle affaire, concernant cette femme de couleur, qui légitime cette loi seulement par sa propre expérience, et qui ne concerne en aucun cas la vie de tous les français ni même ceux de couleur... Et la haine en ligne c’est quoi ? Encore un concept idiot de technocrates arrivistes qui ne vont plus serrer les mains des « bouzeux » non connectés.
L’illettrisme électronique ou « l’illectronisme » est un néologisme né de la technocratie parisienne par la contraction des notions d’illettrisme et d’électronique. Il renvoie à la fracture numérique qui selon une étude menée par le le syndicat de la presse sociale (sps) et l’institut CSA concerne près d’un quart des français. Si Macron veut réformer le pays en forçant les « péquenauds » à discuter sur les réseaux sociaux il est clair que ça va chauffer du côté de Laetitia.
Les Mentor sont des futurs technocrates politiques.
Le mouvement de Macron a utilisé des méthodes novatrices pour former ses futurs candidats. Ces derniers ont été invité à participer à un séminaire à huis clos pour réaliser des jeux de rôle qui, permettez l’expression, décoiffent.
Un cadre de LREM s’est même permis de s’en moquer :
- « C’est la politique pour les nuls ! »
Cet atelier politique « 1000 talents » devait former les futurs candidats à l’élection municipale de mars 2020. Ils devaient apprendre à affronter la difficulté du combat politique.
« L’objectif, c’est d’accompagner des gens qui n’ont aucune expérience politique »
Maintenant nous comprenons la nullité affichée des représentants de LREM entre une porte parole qui produit bourdes sur bourdes et les autres qui portent avec fierté une enflure du cigare.
Geopolintel Mai 2020