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Un Krach boursier pour 2018, après 2008, 1998 et 1987

dimanche 18 mars 2018

Un krach obligataire à venir ?

La menace d’un krach obligataire dans les prochaines années est bien présente. De plus en plus d’experts s’accordent à le dire. Pour le moment, on ne peut constater que les premiers signes mais on voit mal comment ce scénario catastrophe pourrait être évité. Ce krack obligataire pourrait être le pire que l’histoire ait jamais connu et changer profondément le monde financier et économique que l’on connaît actuellement….

Un krach obligataire, c’est quoi ?

Un krach obligataire est une chute brutale de la valorisation des emprunts d’états sur le marché secondaire (le marché sur lequel un particulier achète et vend les actifs financiers, le marché de l’occasion).

Le risque de krach obligataire est souvent méconnu des particuliers qui se concentrent davantage sur le risque d’un prochain krach boursier. Pourtant, un krach obligataire a des conséquences beaucoup plus désastreuses qu’un krach boursier. Cela marque une crise de confiance des investisseurs envers les Etats. Autrement dit, les investisseurs sont réticents à prêter de l’argent et à souscrire à des emprunts d’Etats.

Une crise de la dette inévitable

Il faut savoir que la quasi-totalité des Etats se financent par la dette. Ils dépensent plus que ce qu’ils ne reçoivent. En gros, les impôts qu’ils collectent ne sont pas suffisants pour financer les régimes de protection sociale, pour payer les fonctionnaires, pour supporter les charges de fonctionnement etc… Cela génère du déficit budgétaire. La France a par exemple du mal à se plier aux règles du traité de Maastricht qui impose aux pays de l’UE de ne pas dépasser un déficit budgétaire de 3%.

Plus le déficit budgétaire est important, plus l’Etat doit emprunter sur les marchés financiers pour pouvoir financer son fonctionnement et clôturer son budget. Chaque année, ce déficit budgétaire vient creuser un peu plus la dette publique (Dettes / PIB). La France n’est pas par exemple plus très loin des 100% de dettes par rapport à son PIB et la dette publique mondiale s’envole elle aussi.

En temps de crise ce phénomène est accentué puisque les recettes sont moins importantes et les dépenses plus nombreuses. C’est grâce à la dette que les pays maintiennent artificiellement le niveau de vie de leurs habitants et notamment les Etats-Unis….

Mais qui dit dette, dit intérêt ! Plus la dette est importante, plus les intérêts de la dette sont lourds dans le budget de l’Etat. Actuellement, les Etats arrivent à se financer à moindre coût du fait notamment des mesures de soutien conventionnelles et non conventionnelles (les QE) des banques centrales. Ces banques centrales sont d’ailleurs les plus gros acheteurs d’emprunts d’Etat dans le but non caché de maintenir les taux d’intérêts artificiellement bas. Mais le jour où les taux d’intérêts vont remonter (et ça se fait généralement de manière brutale), les Etats vont voir le poids de leur dette augmenter (du fait de taux d’intérêts plus élevés), ce qui peut pousser certains Etats déjà fragiles dans une crise économique et financière profonde. Un krach obligataire entraînera donc une crise de la dette pour les pays ayant recours à un endettement massif…

Les particuliers vont être les premières victimes….

Je pense qu’avec la dernière crise des subprimes en 2008 vous êtes maintenant au courant, lorsqu’une crise intervient, ce sont les particuliers qui payent l’addition. Et la note pourrait être très salée, beaucoup plus que pour la dernière crise au vu des montants en jeu ! Un Krach obligataire causerait la faillite de nombreuses institutions financières. On sait maintenant que le fameux « too big to fail » ne tient plus….

Pour éponger les dettes des Etats et éviter la faillite, l’Etat pourrait carrément spolier votre épargne comme cela a été le cas à Chypre en 2010. Tous les surplus de comptes supérieurs à 100 000€ se sont vu ponctionnés 10% de leur épargne sans rien pouvoir faire. Un véritable racket ! Et la loi l’autorise… je vous invite à lire : Votre épargne menacée par la prochaine crise !

A plus court terme, votre épargne pourrait également être affectée rapidement. En effet, un grand nombre de détenteurs de contrat d’assurance vie verront leur valeur baisser. Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison que tous les contrats d’assurance vie (ou presque) intègrent des fonds euros qui sont remplis d’emprunts d’Etat. Les caisses de retraites sont également investies dans les emprunts d’Etats….

Ce n’est parfois pas facile à comprendre pour les particuliers mais quand les taux d’intérêts montent (comme dans le cas d’un krach obligataire…), la valeur des obligations baisse. Prenons un exemple pour comprendre. Admettons que lors de la souscription d’une obligation, le taux d’intérêt était de 1% pour une valeur de l’obligation de 100. Si le taux d’intérêt monte à 2%, tous les investisseurs voudront souscrire aux nouvelles obligations et ne plus vouloir de votre obligation qui rapporte 1% seulement. Pour rendre votre obligation aussi intéressante que les nouvelles, son prix va donc baisser….

Avec un krach obligataire, tous les épargnants disposant d’obligations dans leur portefeuille vont donc être affectés. Leur épargne va baisser.

La plus grande bulle spéculative de l’histoire

Depuis la crise de 2008, les banques et institutions financières n’ont cessé d’acheter massivement des emprunts d’Etats. En effet, la crise des subprimes a entraîné un cycle de baisse des taux d’intérêts, ce qui a rendu les obligations de plus en plus attractives (avec l’effet inverse que je vous ai expliqué plus haut, baisse des taux = hausse valeur des obligations). Tous les acteurs financiers ou presque continuent d’en acheter, les taux étant maintenus artificiellement bas par les banques centrales. De plus, avec les opérations de QE des banques centrales, l’argent coule à flot pour les institutions financières et les banques qui doivent bien investir tout cet argent quelque part. L’investissement s’est même tourné vers des pays périphériques comme l’Espagne ou l’Italie.

Aujourd’hui, les taux d’intérêts sont déjà très très bas. Du coup, les revenus générés par l’achat d’obligations d’Etat sont moins importants. Pour compenser cela, les banques et institutions financières utilisent de l’effet de levier…. Multipliant ainsi les gains mais aussi et surtout les risques !!

Nous sommes même confrontés à des taux d’intérêts négatifs, ce qui n’est jamais arrivé dans l’histoire.

Acheter des obligations devient de moins en moins intéressant et c’est pour cette raison que les banques centrales se sont mises à acheter massivement des emprunts d’Etats pour soutenir la demande et maintenir ainsi artificiellement les taux bas.

La bulle sur les dérivés de crédit en 2008 totalisait 50 à 60 trillions de dollars de produits adossés. Avec cette bulle obligataire, on parle de 500 à 600 trillions de dollars en tenant compte des produits dérivés, soit 10 fois plus ! Je vous laisse imaginez l’ampleur de la crise en cas de krach obligataire…. Terrifiant !

Les conséquences d’un krack obligataire

  • Des Etats au tapis : un krach obligataire pourrait plonger certains Etats dans le même cas que la Grèce. Je pense notamment à l’Espagne, l’Italie ou au Portugal qui pourraient voir leurs taux d’intérêts exploser. La France elle aussi serait gravement touchée ce qui conduirait à une récession économique profonde. Les Etats-Unis, le pays qui vit le plus grâce à la dette pourrait connaître le même sort.
  • De nombreuses faillites : les établissements ayant le plus investi dans les obligations d’Etats et notamment dans des pays comme l’Espagne ou l’Italie (qui proposent encore des taux rémunérateurs) connaîtront de graves difficultés financières. Nombre d’entre eux feront faillite au vu de la taille de bulle obligataire.
  • Explosion du chômage : avec la hausse des taux, l’investissement va chuter lourdement et toutes les créations d’emplois vont être stoppées, provoquant ainsi une hausse durable du chômage partout dans le monde.
  • Niveau de vie en baisse : les ménages les plus pauvres vont une nouvelle fois connaître des temps très durs. Pour les autres ménages et notamment les classes moyennes (pour ce qu’il en reste), le niveau de vie va baisser….

Bref, un krack obligataire ferait apparaître les mêmes conséquences que la crise de 2008 mais avec une plus grande ampleur….

Les premiers signes d’un krach obligataire

  • Le consensus nous dit que tout va bien : le FMI, la BCE et la Commission Européenne prévoient tous une accélération de la croissance pour 2015 et 2016. Historiquement, quand les 3 sont d’accord, c’est le scénario inverse qui se produit. Cela a été le cas pour la crise de 2008 ou les 3 institutions indiquaient que le tout allait bien dans le meilleur des mondes. Ces institutions se sont également trompées en 2011 en prévoyant un fort redémarrage de l’économie en Europe puis en vantant le modèle économique espagnol, portugais et grec depuis 2006. De manière générale, plus les autorités se sentent obligées de nous dire que tout va bien, plus on est mal. C’est un peu ce qui se passe en Bourse, quand on vous vante les mérites d’une action qui ne cesse de grimper, bien souvent, c’est trop tard pour investir, la chute est proche.
  • Le plus grand stratégiste obligataire du monde l’annonce : Bill Gros, c’est l’ancien patron de PIMCO (le plus gros fond obligataire du monde) que l’on pourrait comparer au Warren Buffet de l’obligation, a dit il y a tout juste un mois lorsque le taux à 10 ans des bunds allemands approchait de 0 : « Vendre la dette allemande est le coup spéculatif obligataire d’une vie  ». Autrement dit, il s’attend à une forte remontée des taux d’intérêts sur les emprunts d’Etats allemands et donc des autres pays….
  • Les banques centrales font tout pour que ca n’arrive pas : éviter un krach obligataire semble être la priorité de l’ensemble des banques centrales qui achètent massivement des obligations d’Etats pour maintenir artificiellement les taux bas. Elles donnent mêmes des objectifs d’inflation pour rendre le remboursement de la dette plus facile. Mais l’histoire nous l’a montré à de nombreuses reprises, on ne peut pas lutter contre la réalité économique…. Les banques centrales ne peuvent pas faire de miracle éternellement. Elles ne peuvent que repousser l’échéance en espérant que l’économie mondiale reparte…. Mais pour l’instant, les chiffres sont loin d’être encourageants. Le jour où elles vont ralentir leurs achats massifs d’obligations d’Etats, les investisseurs pourraient interpréter ce signal comme le bon moment pour vendre massivement, provoquant ainsi le krach obligataire !
  • Les premiers pics spéculatifs sur la courbe des taux : il y a un mois, le taux OAT à 10 ans en France était de 0.369%. En un mois à peine, il est passé à 0.92%. Le même pic spéculatif est intervenu sur la plupart des taux à 10 ans des pays de la Zone Euro et même sur le bund allemand qui est passé de 0.079% à 0.639% comme le montre le graphique ci-dessous :

Cette hausse est intervenue quelques jours après les déclarations de Bill Gross… le krach obligataire est proche ! C’est juste une question de temps pour que la bulle éclate ! Suivez de près cette courbe des taux : «  Germany 10-Year Bond Yield  ». Si le mouvement de hausse se poursuit d’ici la fin de l’année, le krach obligataire pourrait être pour début 2016. Cela pourrait marquer la fin du roi Dollar et l’avènement du Yuan : le roi Dollar se meurt, vive le Yuan !

Les investisseurs fuiront alors vers d’autres actifs, créant ainsi une autre bulle. Ainsi est fait le monde de la finance….

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