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La bataille de France se joue aussi à Alep

Léon camus

jeudi 2 août 2012

Alors que la France accède le 1er août à la présidence du Conseil de Sécurité avec l’intention bien arrêtée d’entraîner par ses manœuvres la chute du régime baasiste et laïc de Damas, il importe d’évoquer brièvement quels sont, sur le fond, les enjeux politiques de la nouvelle bataille qui fait actuellement rage dans les faubourgs d’Alep… l’une des plus anciennes villes de la planète dont l’existence remonte à quelque deux millénaires avant JC, connue alors sous le nom de Halab et dont le centre historique a été inscrit en 1986 au patrimoine mondial de l’humanité.

Au moment de prendre congé de nos lecteurs pour la trêve estivale de l’information il est aussi opportun qu’urgent de tracer quelques lignes supplémentaires utiles à comprendre les événements en cours, particulièrement en Syrie où se joue une partie du destin du vieux Continent, Europe et Russie.

Ce serait tout à fait à tort que l’on considérerait cette guerre du Levant comme quelque chose de lointain ne nous touchant que très indirectement ou pas du tout, renvoyant dos à dos forces loyalistes et rebelles comme d’autres naguère croyaient malin de le faire pour les Palestiniens et les Israéliens… déclarant superbement que ces conflits ne nous concernent pas et que les Sémites juifs ou musulmans n’avaient qu’à s’expliquer entre eux. Car, ce serait trop simple et trop beau s’il suffisait de faire preuve d’un peu de chauvinisme égotiste pour se tirer à bon compte de l’arène sanglante des règlements de comptes internationaux.

Raisonnement qui dénote en effet une courte vue s’arrêtant à la Ligne bleue des Vosges. Même au temps - bien révolu - où la France, l’Allemagne, l’Angleterre pouvaient encore prétendre être au centre du monde, la périphérie des empires étaient balisés de points chauds où s’actualisaient les rivalités et se vidaient les querelles. Aujourd’hui les intrications d’intérêts entre États sont telles – notamment dans un univers de sociétés composites où les minorités anciennes et récentes pèsent d’un poids grandissant tout en important leurs antagonismes et leur “différence“ sur leur terre d’accueil - qu’il est difficile et même impossible, voire suicidaire, de se déclarer indifférent, ou pire, de rester ignorant de réalités géopolitiques terriblement incidentes et dramatiquement contraignantes.

Le candidat Républicain aux prochaines élections présidentielles, Mitt Romney, ne vient-il pas de se rendre en Israël afin d’y quémander les voix de la communauté juive ? Les élections américaines se joueraient-elles donc davantage sur la terre de Canaan que dans le Middle West ? Notons qu’à contresens de la légalité internationale, le candidat Romney s’est cru obligé de trancher dans le vif une question en suspens depuis quarante-cinq ans et la guerre de Six Jours, à savoir le statut de Jérusalem… ceci en déclarant la Ville capitale éternelle de l’État hébreu ! C’est aller un peu vite en besogne et montrer la partialité insensée – sur cette question comme sur tant d’autres - qui anime la classe politique américaine toutes obédiences confondues.

Autrement dit l’Amérique forte de sa « Destinée manifeste » [1] soumise à un régime présidentialiste par lequel le chef de l’État peut à sa convenance décider de la vie ou de la mort des hommes [2], c’est-à-dire de la guerre et de la paix, s’engage au côté de l’État sioniste - idéologie à ne pas confondre avec la défense stricto sensu des intérêts fondamentaux du peuple hébreu mais qui prétend les servir – dans tous ses errements et ses excès.

Il n’est pas vraiment nécessaire de s’éterniser sur ce sujet. Oui, notre sort à nous autres Métros – Français de Métropole – se joue un peu beaucoup à Damas et à Alep… Comme il s’est joué à Belgrade en 1999 et à Bagdad en 2003, quand les derniers « verrous nationaux » situés à l’immédiate périphérie européenne ont sauté les uns après les autres et que ces souverainetés défuntes ont rejoint le grand pandémonium de l’Ordo ab chaos, nom véritable des sociétés éclatées et segmentées à l’infini que promeut le Nouvel Ordre mondial.

Que l’on ne nous fasse pas dire cependant ce que nous ne disons pas : nous connaissons les vices et les misères de régimes autoritaires qui maintenaient – voir imposaient - une cohésion pacifiante à ces confédérations de peuples que sont les Nations… Qu’est d’autre la France qu’une confédération en perpétuelle intégration depuis quelque mille ans ? Avant d’être aujourd’hui en état de “décomposition“ avancée ! Rappelons que Nouméa était française avant Nice la Sarde et que l’Hexagonie a soudé – parfois dans la douleur – au moins cinq langues vernaculaires et autant, si ce n’est plus, de peuples à la personnalité bien trempée !

Mais pour paraphraser feu M. Marchais - ancien volontaire du STO et ex Secrétaire général du Parti communiste français – à propos de l’Union soviétique poststalinienne, le bilan de ces dictature, aussi répressives [3] aient-elles pu se montrer en maintes circonstances, reste « globalement positif ». Nous évoquons ici plus particulièrement les deux régimes bassistes frères ennemis d’Irak et de Syrie : la sécurité des personnes et des biens y étaient assurées, celles des communautés religieuses, la liberté de culte et de voyager à l’étranger sans restriction, l’enseignement et les soins pour tous ou à peu près, un ordre économique stable assurant une certaine prospérité partagée… surtout en Irak.

Notre propos n’est cependant pas de faire l’apologie de régimes – syrien en particulier - d’une réelle brutalité [4] - encore que la brutalité aussi condamnable soit-elle, apparaisse a posteriori comme bien préférable aux ravages de la guerre - mais de défendre les actuels principes régissant les relations internationales. Des principes juridiques acceptés et partagés par la Communauté des Nations, garants jusqu’à présent pour tous d’un fort bénéfique maintien du statu quo international. La remise en cause de ces principes – souveraineté et intangibilité des frontières, principes auxquel se substitue désormais le droit des minorités à disposer d’elles-mêmes et le droit d’ingérence – ainsi que notre association aux politiques mortifères conduites par les Anglo-américains ces deux dernières décennies, hypothèquent notre propre sécurité et de la pérennité de l’édifice national résistiblement édifié au fil des siècles.

L’on peut en effet changer – en le bouleversant ? - l’ordre international mais à condition de maîtriser quelque peu les conséquences de cette transformation. Ce qui ne semble pas être le cas pour nos apprentis sorciers qui n’en continuent pas moins - en dépit de résultats consternants en Somalie, Kossovo, Afghanistan, Irak, Libye et cætera - de jouer avec le feu ! Ne soyons cependant pas naïfs : si l’Armée américaine croit encore apporter la Démocratie et l’émancipation des femmes dans les pays conquis, les promoteurs de ces guerres, passées, présentes et futures, savent de quoi il retourne… Ils ne veulent ni ne cherchent le bonheur des peuples libérés, mais bel et bien la destruction des nations, et peu importe la casse humaine. Destruction des États qui contrarient la puissance régionale d’Israël, tête de pont de la Cité et de Manhattan, et ses ambitions d’expansion territoriales, cela afin d’ouvrir sur leurs ruines le grand bazar du supermarché mondialiste.

En cela la « Bataille d’Alep » nous concerne au premier chef et la Russie nous indique maintenant la position à adopter, celle d’une défense intransigeante de la légalité internationale garante des souveraines indépendances nationales.

Les « État forts » qui ont été engloutis dans le feu et la fureur des guerres soi-disant humanitairiennes, ont vu aussitôt resurgir les guerres intestines… Cela est vrai du Kosovo, de la Macédoine et dans les Balkans en général où les plaies de façon générale restent mal cicatrisées. Inutile d’insister sur le cas de l’Irak martyr toujours en proie à de dramatiques tensions inter communautaires, évidemment attisées de l’extérieur, notamment par l’Arabie saoudite et le Qatar, ces deux bons alliés de Washington et de Paris, hier Sarkozy, maintenant Hollande, tous également empressés à se faire consentir quelque avantage sonnant et trébuchant pour sauver ci ou ça de la faillite à peine rampante qui sévit en Hexagonie !

À quoi bon s’échiner finalement à démontrer ce qui saute aux yeux ? Ceux qui ne voudront pas se rendre à l’évidence ne le feront jamais. Tant pis ! Parce que, volens nolens, force est de constater que nous sommes plongés jusqu’au cou par les politiques de nos gouvernements fantoches, hier Fillon/Juppé, maintenant Ayrault/Fabius, bonnets blancs et bancs bonnets, dans des conflits de plus en plus graves, potentiellement de plus en plus lourds de compétence… qui vont à l’encontre de nos intérêts continentaux à long terme et nous arriment toujours plus étroitement à la nef folle de la trilogie maléfique Londres-Washington-Tel-Aviv.

Citons ici Alain Chouet, ancien haut fonctionnaire du Renseignement français [Institut des Hautes Études de la Défense nationale Nice 27 juin 2012] : Face à « ces minorités syriennes menacées [Alaouites, Chrétiens, Druzes] l’Occident, France en tête, n’a opposé que la condamnation sans appel et l’anathème parfois hystérique tout en provoquant partout – politiquement et parfois militairement – l’accession des intégristes islamistes au pouvoir et la suprématie des États théocratiques soutenant le salafisme politique… Prompt à condamner l’islamisme chez lui, l’Occident se retrouve à en encourager les manœuvres dans le monde arabe et musulman… La France, qui n’a pas hésité à engager toute sa force militaire pour éliminer Kadhafi au profit des djihadistes et à appeler la communauté internationale à en faire autant avec Bachar el-Assad, assiste, l’arme au pied, au dépeçage du Mali par des hordes criminelles qui se disent islamistes parce que leurs rivaux politiques ne le sont pas… À défaut de logique, la morale et la raison nous invitent tout de même à nous interroger sur la curieuse schizophrénie de nos politiques et nos médias. L’avenir dira si notre fascination infantile pour le néopopulisme[politiquement correct]véhiculé par Internet et si les investissements massifs du Qatar et de l’Arabie dans nos économies en crise valaient notre complaisance face à la montée d’une barbarie dont nous aurions tort de croire que nous sommes à l’abri ».

Aussi lucide et intellectuellement non conformiste soit-il, M. Chouet ne répond pas aux questions qu’il pose pourtant avec une pertinence certaine… et auxquelles nous devrions nous-mêmes réfléchir avec acuité afin de ne pas tomber tête baissée dans les panneaux qui nous sont généreusement présentés. Oui, pourquoi condamner ici, sur le territoire national, un islamisme que nous encourageons, soutenons, entraînons et armons en dehors, contre des États qui justement tiennent en lisière le radicalisme musulman dans son expression la plus fanatique ? Par pure sottise ? Par masochisme ? Par imbécillité congénitale ? Que nenni ! Apportons un élément de réponse : parce que les théocraties, sous habillage démocratique aux États-Unis et en Israël – mais n’est-ce pas du pareil au même ? wag the dog ! - s’entendent entre elles et poursuivent, à quelques nuances près, les mêmes objectifs. Buts convergents des Israélo-américains avec les Royaumes du Qatar et d’Arabie Saoudite : détruire le Chiisme honni, syrien, irakien et iranien, bahreïni pour les wahhabites, éliminer tout autre pôle de puissance régionale concurrente pour tous, et in fine se partager la manne pétrolière et gazière… La messe est dite !

Alep-Benghazi même combat

Ce sont dans les vieux pots que l’on fait la meilleure cuisine… Certaines ficelles - les plus grosses - sont d’ailleurs inusables, cela fait partie de l’art de la guerre et des recettes de la Mère Poulard. Il y a ainsi un peu plus d’un an et demi (mars 2011), la presse unanime hurlait au « bain de sang » à propos de Benghazi. Une menace tétanisante ayant permis le vote de la Résolution 1970, laquelle commença par parler de sanctions, puis avec la Résolution 1973 l’on passa aux choses sérieuses, celle-ci évoquant « toutes les mesures nécessaires à protéger les populations ».

On sait ce qui s’ensuivit, sous couvert d’empêcher un « bain de sang », France et Royaume-Uni, main dans la main, instituèrent une zone d’exclusion aérienne qui se transforma illico presto en tapis de bombes. Les forces spéciales qataries au sol associées à des djihadistes, à des combattants issus de tribus hostiles au pouvoir central, encadrés par l’ex 11e Choc [officiellement dissout le 31 déc. 1993] et les SAS britanniques, firent de la figuration intelligente sous la houlette de l’Otan. Aujourd’hui M. Juppé remet la table [RTL 30 juillet] en déclarant sa crainte de voir se perpétrer un nouveau massacre à Alep, la deuxième ville du pays : « C’est un martyr que subit le peuple syrien et le bourreau s’appelle Bachar al-Assad  » !

La même opération suivant un scénario presque identique, est donc en train de s’enclencher dans une guerre – enfonçons le clou – qui n’a rien de « civile » ! Les Syriens de toute évidence sont contraints et forcés sous la menace, le chantage et le racket, de soutenir, d’approvisionner voire d’assister les troupes rebelles composées de tous les jeunes gens un peu allumés et passablement désœuvrés qui ont été racolés en Somalie, en Tchétchénie, en Afghanistan, au Koweït, en Algérie, en Tunisie et même en France1… Ce n’est pas nous qui le disons mais France Culture reprenant une dépêche AFP [5].

M. Juppé en personne convient enfin, pour sa part, à l’antenne de RTL – parce qu’il est certes désormais difficile de faire autrement - que les armes affluent en Syrie de toutes parts : « Il y a des armes qui leur sont livrées, d’après les informations qu’on a, à la fois par le Qatar, l’Arabie Saoudite, probablement d’autres... Mais pas nous »… l’on pourra admirer à sa juste valeur le « d’après les informations qu’on a  » comme si ce Monsieur n’était que très vaguement informé par des échos, des rumeurs ou même par des bruits de couloirs. La tartufferie à ce niveau mérite des claques et peut-être un peu plus au vu des enjeux et des cadavres amoncelés en seize mois grâce à ce brillant philanthrope et à son plus encore surdoué prédécesseur !

M. François Hollande quant à lui, trop occupé à « refiscaliser les heures supplémentaires
 [6] » - AFP samedi 28 juil.2012 - avait profité d’une journée dans le Gers dévolue à « la défense du foie gras français » assortie d’un concert de jazz, pour lancer, alors qu’il visitait un élevage de volaille et de production de pâté de foie à Monlezun, un brûlant appel en faveur d’une intervention rapide du Conseil de sécurité des Nations Unies « afin d’éviter de nouveaux massacres » en Syrie : « Le rôle des pays du Conseil de sécurité des Nations Unies est d’intervenir le plus rapidement possible »… Derrière le bonhomme joufflu se cache un redoutable animal à sang froid… Nos stupides contemporains ne savent vraiment pas ce qu’ils ont fait en le lâchant, en toute liberté et pouvoir, dans notre malheureux pré-carré !

Or « puisque la France prend la présidence du Conseil de sécurité des Nations unies au 1er août, nous allons demander avant la fin de cette semaine la réunion du Conseil de sécurité, probablement au niveau ministériel à la fois pour essayer d’arrêter les massacres et pour préparer la transition politique » [Fabius RTL]. Ça pour la partie visible de l’Iceberg… gageons que les dirty tricks – les coups tordus – seront au rendez-vous. Néanmoins au lieu de faire monter la pression, la diplomatie « occidentale » ferait mieux de regarder d’un œil plus attentif les trois bâtiments chinois qui viennent apparemment de passer le Canal de Suez [7] en route vers les côtes syriennes où ils pourraient faire leur jonction avec les éléments de la marine de guerre Russe déjà sur place ou en approche.

Car le ton monte également à Moscou où les États-Unis commencent à être mezzo vocce, mais tout à fait publiquement désignés comme “État voyou“ - rogue state - cela notamment par le ministre des Affaires Étrangère, Sergueï Lavrov [8]… lequel considère que la réaction de Washington à l’attentat du 19 juillet à Damas contre l’état-major sécuritaire constituait une justification non équivoque du terrorisme : « Si nos partenaires soutiennent des terroristes qui s’emparent de territoires, nous aimerions savoir quelle est exactement leur position sur la Syrie.Quel objectif poursuivent-ils dans ce pays ? »… Soulignant par ailleurs l’extrême partialité dont à fait preuve la « Communauté internationale » dans la gestion de la crise !

Quant à M. Kofi Annan « médiateur international pour la Syrie » [AFP 29 juil. 2012], il s’est montré inquiet en proportion de « la concentration de troupes et d’armes lourdes autour d’Alep » alors que le chef militaire rebelle à Alep, le colonel Abdel Jabbar al-Oqaidi - retour à la case Benghazi - appelait l’Occident à « instaurer une zone d’exclusion aérienne au-dessus du nord de la Syrie afin d’éviter un massacre  »… Ce qui signifie en clair détruire tout ce qui de près ou de loin ressemble à un appareil volant… Mais cela ne serait pas un acte de guerre, tout juste un geste de prophylaxie destiné à éviter fraternellement aux commandants syriens de l’armée d’être traduits à la Haye devant un tribunal pénal ad hoc !

Notons au passage que le terme de massacre ne saurait s’appliquer qu’à des civils désarmés et non au 2, 3, 4 ou 5000 francs-tireurs et partisans retranchés dans quelques quartiers de la ville d’Alep encerclée par les forces régulières. Rappelons également que le Droit et coutumes de guerre, ainsi que les conventions de Genève disposent que les « combattants du champ de bataille », c’est-à-dire sans appartenance à une armée constituée peuvent être exécutés sur le champ, sans que cela relève d’un quelconque crime de guerre. En octobre 2001, M. Rumsfeld, alors Secrétaire à la Défense du président GW Bush, ne s’en est pas privé en Afghanistan, lui même ayant déclaré que l’armée américaine « n’avaient pas les moyens de faire de prisonniers » [9]. Nul à l’époque n’avaient rien trouvé à y redire et encore moins à s’émouvoir !

Enfin, les bons amis dévoués de la Syrie qui siègent à Ankara opèrent actuellement une très forte concentration de troupes à sa frontière ouverte désormais sur le territoire syrien et par où s’écoulent à flot continu, armes, munitions et matériels lourds… Alors faut-il continuer à croire ce que nous serine la presse serve, qu’il s’agit d’une « révolte spontanée » ou bien croire ce que nous disent nos yeux et nos oreilles, qu’il s’agit d’une vraie guerre… Or qui parle de guerre véritable doit garder présent à l’esprit que le risque existe de nous voir, à tout moment, entraînés dans l’abîme.

Notes

[1La « vocation » hégémonique de l’Amérique-monde théocratique et parlementaire, n’est pas seulement matérielle ou matérialiste. Elle se nourrit également de diverses dimensions idéologiques et religieuses telles la « Destinée manifeste », doctrine apparue en 1845 au moment de l’annexion du Texas et en vertu de laquelle la Nation américaine a pour mission quasi divine de diffuser la démocratie et la civilisation, à cette époque et pour commencer, à l’Ouest du Mississipi. La colonisation du Continent est alors assimilée à une expansion de droit divin selon le publiciste John O’Sullivan : « C’est notre destinée manifeste de nous déployer sur le continent confié par la Providence pour le libre développement de notre grandissante multitude ».

[2Le Président Obama aurait signé de sa main l’ordre d’exécution, dans le cadre d’assassinats extrajudiciaires, d’une trentaine d’individus jugés dangereux pour la sécurité nationale. Pratique assumée en Israël par le Premier ministre, ou indirectement par le Mossad de sa propre initiative.

[3L’État syrien bassiste syrien est un empilement de Services de Renseignement et de Sécurité, système hérité à la fois de l’histoire récente d’un pays en état de belligérance – littéralement en guerre ouverte – sans discontinuer depuis 1948 avec l’État hébreu. Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE - Institut des Hautes Études de la Défense nationale, Nice 27 juin 2012 - qui a été en poste trois années durant à Damas nous donne une image assez crue de ce dispositif : « Je me rends régulièrement en Syrie depuis 45 ans et y ai résidé pendant plusieurs années. Je ne prétends pas connaître intimement ce pays mais je pense quand même mieux le connaître que certains de ces journalistes qui en reviennent pleins de certitudes après un voyage de trois ou quatre jours. Mes activités m’ont amené à devoir fréquenter à divers titres les responsables des services de sécurité civils et militaires syriens depuis la fin des années 70. J’ai pu constater qu’ils ne font ni dans la dentelle ni dans la poésie et se comportent avec une absolue sauvagerie. Ce n’est pas qu’ils ont une conception différente des droits de l’homme de la nôtre. C’est qu’ils n’ont
aucune conception des droits de l’homme. Leur histoire explique en grande partie cette absence. D’abord, ils puisent leur manière d’être dans quatre siècles d’occupation par les Turcs ottomans, grands experts du pal, de l’écorchage à vif et du découpage raffiné. Ensuite, ils ont été créés sous la houlette des troupes coloniales françaises pendant le mandat de 1920 à 1943, et, dès l’indépendance du pays, conseillés techniquement par d’anciens nazis réfugiés, de 1945 jusqu’au milieu des années 50, et ensuite par des experts du KGB jusqu’en 1990. Tout ceci n’a guère contribué à développer chez eux le sens de la douceur, de la tolérance et du respect humain
 ».

[4Chouet encore – Ibidem : « Quant au régime syrien lui-même, il ne fait aucun doute dans mon esprit que c’est un régime autoritaire, brutal et fermé. Mais le régime syrien n’est pas la dictature d’un homme seul, ni même d’une famille, comme l’étaient les régimes tunisien, égyptien, libyen ou irakien. Tout comme son père, Bashar el-Assad n’est que la partie visible d’un iceberg communautaire complexe et son éventuel départ ne changerait strictement rien à la réalité des rapports de pouvoir et de force dans le pays ». Corrigeons une erreur minime, en Irak il existait un Parlement fonctionnel, le Majlis, et surtout Saddam Hussein prenait ses décisions collégialement en tant que président du Conseil de commandement de la révolution organe suprême de cette architecture sociétale que constituait le Baas.

[5AFP 29 juil. 2012 - Al-Watan. Les jihadistes à Alep, deuxième ville du pays, sont de différentes nationalités : tunisienne, afghane, koweitienne, tchétchène, Saoudienne, égyptienne et française…

[6Un coup dur pour l’économie, les revenus et le panier de la ménagère.

[7Irib News 31 juil. 2012 – Il s’agirait de deux destroyers le Quingb 133 et le Noauio 83 accompagnés du transporteur Waishqnhu avec une cargaison utile de 11.000 Tonnes.

[8« US position on Syria directly endorses terrorism » Lavrov - 25 juil. 2012.
http://www.rt.com/news/us-position-...

[9cf. archives Le Monde

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