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Défaut de paiement américain, nouveau scénario hollywoodien

vendredi 29 juillet 2011

IRIB - Les agences de notation, qui avaient attribué la note « triple A » [AAA] aux dérivés pourris, ont, récemment, menacé de rétrograder les bons du Trésor américain, si la Maison Blanche et le Congrès ne parviennent pas à un accord, sur la réduction du déficit et sur le relèvement du plafond de la dette.

Cette menace de rétrogradation n’est pas crédible, pas plus que la menace de défaut de remboursement. Ces menaces sont des crises imaginaires qui bénéficient d’un battage médiatique, afin d’obliger à effectuer des réductions, dans l’assistance médicale, l’aide sociale et la sécurité sociale. Si les agences de notation rétrogradaient les bons du trésor, les directeurs de ces sociétés seraient arrêtés, pour les notations frauduleuses qu’ils ont attribuées aux obligations pourries que « Wall Street » a colportées, auprès du reste du monde. Ces entreprises seraient détruites et leurs notations discréditées. Le gouvernement des Etats-Unis ne connaîtra jamais de défaut de paiement sur ses obligations, parce que celles-ci, contrairement à celles de la Grèce, de l’Espagne ou de l’Irlande, sont payables [en dollars américains], leur propre devise. Peu importe si le plafond de la dette est relevé, la Réserve Fédérale continuera d’acheter la dette du Trésor [américain]. Si elle est trop grosse pour faire faillite, c’est également le cas du gouvernement américain. Il n’y a aucune focalisation du budget [fédéral] sur les guerres et les occupations militaires illégales que le gouvernement US a menées, dans, au moins six pays ou sur les occupations, pendant 66 ans, du Japon et de l’Allemagne ou sur le réseau de bases militaires en construction autour de la Russie. Le budget militaro-sécuritaire total est aux alentours de 1,1 / 1,2 trillion de dollars [environ 800 milliards d’euros] ou 70 à 75% du déficit du budget fédéral.

En contraste, la sécurité sociale est solvable. Les dépenses d’aide médicale sont proches d’excéder la taxe de 2,3% prélevée sur les salaires, qui finance « Medicare », mais il est malhonnête, pour les politiciens et les experts, de faire porter le chapeau du déficit budgétaire des Etats-Unis aux « programmes d’allocations ». Les allocations sociales sont financées par une taxe sur les salaires. Les guerres ne sont pas financées. Le régime criminel de Bush a menti aux Américains et a affirmé que la guerre d’Irak ne coûterait que 70 milliards de dollars, au maximum, et qu’elle serait payée par les revenus du pétrole irakien. Lorsque le Conseiller économique en chef de Bush, Larry Lindsay, a déclaré que l’invasion de l’Irak coûterait 200 milliards de dollars, Bush l’a viré. En fait, Lindsay se trompait d’un facteur 20. Les experts économiques et budgétaires ont calculé que les guerres d’Irak et d’Afghanistan ont consommé, directement, 4 000 milliards de dollars, et qu’elles encourent de futurs coûts. Autrement dit, les guerres et les occupations en cours ont, déjà, avalé les 4 trillions de dollars, avec lesquels, Obama espère réduire les dépenses fédérales, au cours des dix prochaines années. Bombardez maintenant, payez plus tard !

Tandis que taxer les riches ne fait pas partie de la solution politique, l’accent est mis sur la récompense aux compagnies d’assurance, en privatisant « Medicare », un jour ou l’autre, avec des primes d’assurance qui seront subventionnées par le gouvernement, en plafonnant « Medicaid » et en surchargeant la classe moyenne décroissante de prélèvements supplémentaires pour la sécurité sociale.

Les priorités de Washington et de ses pressetituées ne pourraient être plus claires. Le Président Obama, comme George W. Bush, avant lui, les deux partis au Congrès, la presse écrite et télévisée, ainsi que la National Public Radio, ont fait savoir que la guerre est une priorité beaucoup plus importante que la santé et les retraites des Américains.

Les Américains et leurs besoins ne sont pas représentés à Washington. Washington sert les groupes d’intérêt puissants, comme le complexe militaro-sécuritaire, Wall Street et les banksters, l’agrobusiness, les compagnies pétrolières, les compagnies d’assurance, les laboratoires pharmaceutiques, ainsi que les industries minières et de bois de construction. Washington subventionne ces intérêts avec les profits excessifs qu’ils tirent des crimes de guerre commis [par le gouvernement étasunien], qui terrorise des populations étrangères avec des bombes, des drones et des invasions, qui dérégule le secteur financier et le renfloue de ses erreurs inspirées par l’avidité, après avoir volé les pensions, les maisons et les emplois des Américains, qui refuse de protéger la terre, l’air, l’eau, les océans et la vie sauvage, des pollueurs et des dévastateurs, et qui construit un système de santé qui est le plus coûteux et qui génère les plus gros profits dans le monde. Le moyen de réduire les coûts de santé est de supprimer des quantités de coûts et de profits, avec un système à guichet unique. Un système de santé privé peut continuer d’opérer à ses côtés, pour ceux qui peuvent se l’offrir.

La façon de placer le budget sous contrôle est de stopper les guerres hégémoniques arbitraires, des guerres qui se termineront dans une conflagration nucléaire.

L’économie étasunienne se trouve dans une récession qui continue de se creuser et dont le redressement n’est pas possible, parce que les emplois de la classe-moyenne américaine, dans le secteur des produits manufacturés et des services professionnels, ont été délocalisés et donnés à des étrangers. Le PIB des Etats-Unis, le pouvoir d’achat des Américains et leur assiette d’imposition ont été livrés à la Chine, à l’Inde et à l’Indonésie, afin que « Wall Street », ses actionnaires et les dirigeants des entreprises puissent gagner plus. Lorsque les biens et les services produits à l’étranger reviennent, en Amérique, ils arrivent, en tant qu’importations. La balance commerciale s’aggrave, le dollar décline un peu plus, au niveau des changes, et les prix augmentent, pour les Américains, dont les revenus stagnent ou chutent. Ceci est de la destruction économique. Cela se produit, toujours, lorsqu’une oligarchie prend le contrôle d’un gouvernement. Les profits à court-terme des puissants sont maximisés aux dépens de la viabilité de l’économie.

L’économie étasunienne est tirée par la demande des consommateurs, mais avec un taux de chômage de 22,3%, des salaires qui stagnent ou qui baissent, et un poids de la dette des consommateurs si élevé qu’ils ne peuvent plus emprunter pour dépenser, il n’y a rien pour tirer l’économie. La réponse de Washington à ce dilemme est d’accroître l’austérité ! Réduire « Medicare », « Medicaid » et la « Social Security », forcer les salaires à baisser, en détruisant les syndicats et en délocalisant les emplois (ce qui a, pour conséquence, un surplus de main d’œuvre et des salaires plus faibles), et faire monter les prix des denrées alimentaires et de l’énergie, en dépréciant, un peu plus, le dollar, érode encore plus le pouvoir d’achat. La Réserve Fédérale peut imprimer de la monnaie, pour sauver les institutions financières malhonnêtes, mais elle ne peut pas sauver le consommateur américain.

Enfin, regardez en face le fait que l’on va jusqu’à vous mentir sur la « réduction du déficit ». Même si Obama obtient sa « réduction du déficit » de 4 trillions de dollars, au cours des dix prochaines années, cela ne signifie pas que la dette nationale actuelle sera inférieure de 4 trillions de dollars à ce qu’elle est actuellement. Cette « réduction » signifie, simplement, que la croissance de la dette nationale sera inférieure de 4 trillions de dollars à ce qu’elle serait autrement. Quelle que soit la « réduction du déficit », la dette nationale, dans dix ans, sera beaucoup plus élevée qu’elle ne l’est aujourd’hui.

Voir en ligne : french.irib.fr

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