La politique d’Erdogan est l’un des tous premiers facteurs d’instabilité en Orient et son ami-ennemi Russe a joué un rôle important en 2015, en détruisant Daesh et en sauvant le président turc l’année suivante.
A cette époque, Erdogan avait renoué ses relations avec Benjamin Netanyahou, en raison de leur haine du président syrien, et de leur aide aux terroristes pour parachever la politique néoconservatrice américaine.
Erdogan se plaint tout le temps de ne pas intégrer l’Europe, mais il a été aidé financièrement par une dotation de six milliards d’euros pour contenir les vagues migratoires en direction de nos belles villes européennes.
La diplomatie américaine a accusé la Turquie d’agir en tant que « soutien politique et financier majeur du Hamas » car le président turc Erdogan a souvent rencontré les dirigeants du Hamas.
Les attentats en Turquie ont été un avertissement et les dernières frappes turques en Syrie et en Irak une riposte pour lancer les négociations. Erdogan joue, comme toujours, un jeu dangereux qui peut se retourner contre lui si la Hongrie n’accepte pas l’entrée de la Suède dans l’Otan. Erdogan ne fait que suivre la feuille de route du secrétaire d’Etat américain Blinken tout en songeant à profiter de l’aide de l’Europe.
Orban et Erdogan se sont rencontrés ce mois ci à Budapest pour solidifier leurs relations. C’est la deuxième visite d’Erdogan en Hongrie cette année. Même si la réunion portait sur la sécurité, le commerce et l’énergie, la négociation concernait l’entrée de la Suède dans l’Otan.
Orban va acheter à la Turquie 300 millions de m3 de gaz. L’ironie de cette vente provient du fait que le gaz du TurkStream ( gazoduc allant de la Russie à la Turquie à travers la mer Noire ) est russe et bénéfique pour Poutine. Orban et Erdogan entretiennent d’excellentes relations. Orban milite pour que la Turquie entre à l’Union Européenne, tandis qu’ Erdogan souhaite que soit revisité l’accord douanier et surtout les assouplissements des conditions d’octroi de visas « Schengen » aux citoyens turcs.
La Hongrie, qui n’a pas encore ratifié l’adhésion de la Suède à l’Otan, avait donné, en juillet 2023, un message optimiste après l’accord donné par la Turquie.
Le ministre des Affaires étrangères hongroises, Peter Szijjarto, a clarifié sa position : « Notre position est claire : le gouvernement soutient l’accession de Stockholm à l’Alliance atlantique. L’achèvement du processus de ratification n’est maintenant plus qu’une question technique ».
Comme le dit Peter Szijjarto, lors de la visite d’Erdogan à Budapest, la décision n’est pas encore prise : « Comme en Hongrie, les députés du Parlement turc sont en vacances et nous pourrons revenir à la question lors de la session de l’automne ». « Nous avons convenu de rester en contact ».
Erdogan, qui avait accepté de lever son veto, a conditionné la ratification par la Turquie à une approbation « simultanée » par le Congrès américain de la vente d’avions F-16 à la Turquie.
Le Congrès américain devient le pivot des négociations.
Le Congrès américain ne voit pas d’un bon oeil les liens de la Turquie avec le Hamas. Des membres du Congrès américain ont envoyé une lettre à Antony Blinken, demandant une enquête sur les liens de la Turquie avec le Hamas, pour clarifier l’attaque du 7 octobre 2023 contre l’Israël. Erdogan avait déclaré que le Hamas n’était pas une organisation terroriste mais « un mouvement patriotique qui défend son peuple et son territoire. Ses combattants sont des Moudjahidin ». Il faut rappeler que la Turquie héberge la branche militaire du Hamas depuis 2012.
Depuis le sommet de l’Otan en Lituanie, Joe Biden soutient la livraison de F-16 à la Turquie. Cette décision a été prise en juillet 2023, soit plus de deux mois avant l’assaut du Hamas le 7 octobre. Le Congrès, à majorité républicaine, risque de s’opposer à cette livraison pour ne pas fâcher son allié israélien.
Erdogan a envisagé d’autres solutions pour ses avions de chasse. Il a laissé planer l’idée d’acheter des chasseurs bombardiers russes, comme le Su-35 , mais aussi 40 avions de combat Eurofighter avec le Royaume-Uni et l’Espagne.
L’année 2024 sera capitale, et les jeux d’alliance vont être mis à rude épreuve, chacun devra choisir entre les intérêts de leur nation et l’avenir du monde.
Geopolintel 27 décembre 2023