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La course non déclarée au remplacement d’Emmanuel Macron

dimanche 17 septembre 2023

Le journal The Economist, propriété de Lynn Forester de Rothschild, vient de publier un article sur la succession de Macron à l’Elysée.

Le chouchou du moment, c’est Edouard Philippe, président du parti politique Horizons. Macron voit d’un mauvais oeil à laisser son ancien premier ministre lui voler la vedette et le poste présidentiel.

Les relations entre Macron et Édouard Philippe sont devenues distantes, même sulfureuses depuis son départ de l’association « Ensemble citoyens ! » en 2022, qui devait préparer la réélection du chef de l’État.
Emmanuel Macron aurait demandé à Franck Riester, du parti Les Républicain et dirigeant du mouvement Agir, d’empêcher la fusion d’agir et d’Horizons, pour le priver du soutien de son ancien parti en vue de 2027.

Avec cette chamaillerie au pouvoir, le projet de majorité présidentielle a pris du plomb dans l’aile et Macron s’est retrouvé sans majorité absolue à l’assemblée nationale et a dû recourir au 49.3 pour faire passer ses réformes.

L’évènement Bilderberg.

En mai 2023, Edouard Philippe a été convié à la conférence du lobby atlantiste Bilderberg.
La reprise en main de la succession de Macron était à l’ordre du jour, et depuis l’invitation suprême d’Edouard Philippe, Macron a subitement changé de ton. Macron estime qu’ Edouard Philippe pourrait « prendre le relais ».

- « Je tiens à ce qu’il y ait vraiment une suite à ce qu’on a mis en place. Et que celles et ceux qui m’ont accompagné depuis maintenant six ans puissent prendre le relais »
Concernant Edouard Philippe, Macron assure que « C’est un ami ».

Édouard Philippe s’est dévoilé tout en déclarant, « je n’ai aucun problème à vous dire que je prépare quelque chose », même s’il refuse de parler de son ambition pour devenir le chef de l’État.

L’élection de Macron de 2017 cachait un objectif vieux de plus de 40 ans, à savoir une revanche des Rothschild sur le parti socialiste qui a nationalisé la banque d’affaire en 1982. Maintenant que ce parti est minoritaire, il faut détruire Les Républicains, sous l’égide de Dominique de Villepin UMP, avaient clamé leur opposition de s’engager dans la guerre en Irak en 2003.

Le Bilderberg doit empêcher que la France puisse avoir un président qui souhaite s’émanciper de l’hégémonie américaine. Thomas L. Friedman, éditorialiste du New York Times, disait que pour lui, la France « n’est pas seulement une alliée irritante ou une rivale jalouse. Elle est devenue l’ennemie des Etats-Unis ».
En mars 2003, Condoleezza Rice, la conseillère du président Bush pour la sécurité nationale, déclara : « il faut ignorer l’Allemagne, pardonner à la Russie et punir la France ».

La bataille se jouera entre Darmanin et Edouard Philippe, et les vieux partis politique français vont exploser comme le soulignait Jacques Attali : « nous sommes le dernier pays dont la classe politique n’a pas explosé. Ca va sauter ».

Édouard Philippe donne raison à Attali quand il évoque sa relation avec Nicolas Sarkozy  :
Sa réponse est sans appel : “Je ne lui dois rien”.

Les candidats peuvent-ils empêcher Marine Le Pen d’accéder à l’Elysée ?

Quatre ans avant de se présenter à la présidence française, Nicolas Sarkozy a avoué en 2003 que son esprit était tourné vers la fonction suprême et « pas seulement quand il se rasait » tous les matins, dans une phrase mémorable qui traduisait son ambition précoce. Ce commentaire a marqué le début de sa longue et difficile lutte pour succéder à son patron, Jacques Chirac, ce qu’il a fait en 2007. Aujourd’hui, quatre ans avant que les Français n’élisent un successeur à leur président actuel, une course non déclarée pour succéder à Emmanuel Macron éclate également parmi ses lieutenants actuels et anciens.

La Constitution française n’autorise un président qu’à effectuer deux mandats consécutifs (même si, après avoir quitté ses fonctions en 2027, alors qu’il n’aura que 49 ans, M. Macron pourrait présenter une nouvelle candidature cinq ans plus tard). Cela lui laisse encore beaucoup de temps pour essayer de remodeler la France, et il ne donne aucun signe de lassitude pour son travail, ni de réduction de ses ambitions. Il a récemment promis de continuer à gouverner « jusqu’au dernier quart d’heure » de son mandat.

Pourtant, les successeurs potentiels au sein du vaste camp centriste de M. Macron sont parfaitement conscients non seulement qu’il n’y a pas de successeur naturel unique parmi eux, mais aussi qu’ils ne peuvent pas s’y prendre trop tard s’ils veulent se démarquer. Tout le monde a à l’esprit la nécessité de trouver un candidat crédible pour affronter la droite dure de Marine Le Pen, que M. Macron a battue à deux reprises lors d’un second tour de scrutin pour la présidence.

Trois candidats semblent penser qu’ils ont ce qu’il faut.

Le plus voyant est Gérald Darmanin, le ministre de l’intérieur au franc-parler, nommé par M. Macron pour sécuriser son flanc droit. Le 27 août, il a organisé un grand événement politique, autour de saucisses et de frites, dans la ville industrielle de Tourcoing, dans le nord du pays, dont il a été maire. Cette rencontre, censée être l’occasion de discuter de stratégie politique, n’a pas manqué d’être marquée du sceau de l’ambition personnelle. Elisabeth Borne, la première ministre, a été dépêchée en urgence sur place pour le rappeler à l’ordre. Fils d’un patron de bar et d’une femme de ménage, M. Darmanin se présente comme un homme politique qui, contrairement aux techniciens arides qui siègent à ses côtés au cabinet, comprend les soucis quotidiens. Si les politiciens traditionnels ne parviennent pas à trouver un moyen d’attirer le vote des classes populaires et moyennes, a-t-il déclaré en décrivant une description de poste taillée sur mesure pour lui, la victoire de Mme Le Pen en 2027 sera « tout à fait probable ».

Un candidat plus discret mais non moins résolu est Edouard Philippe, ancien premier ministre de M. Macron. Comme M. Darmanin, il est issu du parti conservateur des Républicains, et est en tête des sondages en tant qu’homme politique français le plus populaire, avec 55 % d’approbation. Cela représente 13 points d’avance sur Mme Le Pen en neuvième position et 18 points d’avance sur M. Darmanin en dix-huitième position, selon l’Ifop, un institut de sondage. M. Macron se trouve à la 23e place, avec 32 %. Un nouveau sondage publié le 3 septembre suggère que M. Philippe est le candidat le mieux placé pour séduire à la fois le centre et la droite conservatrice en 2027, loin devant M. Darmanin. Cela vaut également pour les électeurs de l’opposition de droite.

Comme le font les hommes politiques français, M. Philippe marquera la rentrée en publiant, le 13 septembre, un nouveau livre décrivant sa vision et ses liens avec la France. Après avoir quitté le gouvernement en 2020, il a fondé son propre mouvement politique, Horizons, qui siège au parlement au sein de la coalition minoritaire de M. Macron. M. Philippe est également maire du Havre, une ville portuaire de Normandie. Cela lui donne une position commode pour paraître semi-éloigné des manœuvres politiques quotidiennes à Paris. Ceux qui ont vu M. Philippe récemment disent qu’il est en effet fermement concentré sur la préparation de 2027.

Un troisième candidat potentiel est Bruno Le Maire, le ministre des finances, un autre ancien républicain et le deuxième homme politique le plus populaire, avec une cote de 46 %. Plus discret en public sur ses aspirations personnelles, et plus souvent aperçu dans des salles de réunion de sommets internationaux sans air, il a été vu cet été en manches de chemise saluant avec enthousiasme des vacanciers sur un col alpin. Au début de l’année, ce technocrate en costume d’apparat a suscité l’inquiétude en publiant un roman osé. M. Le Maire a été ministre des finances pendant la plus longue période ininterrompue de la Cinquième République, créée en 1958. Mais il se peut qu’à un moment donné, il ressente le besoin de passer à autre chose s’il veut élargir son champ d’action et travailler sur ses propres chances.

D’autres aussi seraient en train de réfléchir, comme Jean Castex, un autre ex-premier ministre, Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, ou encore Gabriel Attal, 34 ans, ministre de l’Education nationale. Chacun d’entre eux devra trouver un équilibre délicat entre le désir de rester fidèle à M. Macron, à qui ils doivent leur poste, et la nécessité politique de se distancer du président impopulaire, qui a été confronté à des grèves et à des émeutes cette année. Même s’il avait la possibilité de désigner un héritier, cela pourrait ne pas lui être favorable.

Quatre ans, c’est long, et M. Macron lui-même était un conseiller peu connu dans les coulisses bien avant sa première candidature à l’élection présidentielle.
Il n’existe pas non plus de processus organisé au sein de son parti, Renaissance (anciennement En Marche), pour choisir un candidat.De toute façon, le parti manque de racines et, dans sa forme actuelle, il ne survivra peut-être même pas au président.

Pourtant, la menace d’une présidence Le Pen confère une grande urgence à la question.La dirigeante de la droite dure attend tranquillement son heure, en s’asseyant poliment sur les bancs parlementaires de l’opposition et en essayant d’avoir l’air d’une présidente en devenir. M. Macron n’aime peut-être pas penser à la planification de sa succession. Mais l’héritage le plus douloureux pour un dirigeant qui a beaucoup fait pour moderniser la France serait que sa présidence de deux ans soit suivie par son élection, tout comme celle de Barack Obama l’a été par celle de Donald Trump.

The Economist

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