Changement climatique : le gouvernement dévoile les 25 premiers « quartiers résilients »
Lancée en septembre dernier, cette démarche doit permettre de mieux résister au réchauffement climatique en réexaminant les projets de rénovation urbaine portés par l’Anru dans les quartiers. Une deuxième vague de sélection de sites est prévue « avant l’été ».
Par A.W.
Le ministre du Logement, Olivier Klein, a dévoilé, hier, à l’occasion d’un déplacement à Garges-lès-Gonesse, la liste des 25 premiers lauréats retenus dans le cadre de la démarche « Quartiers résilients », initiée à la fin de l’été dernier.
La moitié des lauréats dans trois régions
Parmi les 25 premiers sites sélectionnés listés dans le dossier de presse accompagnant cette annonce, la moitié d’entre eux provient de seulement trois régions. Ce sont les Hauts-de-France qui ont obtenu le plus de lauréats avec cinq quartiers retenus, dont trois dans le département du Nord, un dans l’Aisne et un dans la Somme. Suivent l’Île-de-France avec quatre lauréats (dans les départements du Val-d’Oise, des Yvelines, de l’Essonne et en Seine-Saint-Denis) et l’Occitanie avec trois quartiers sélectionnés (Gard, Haute-Garonne et Pyrénées-Orientales).
Les autres régions de métropole voient un à deux de leurs quartiers retenus. À noter que la Corse n’est pas représentée et que seule la Martinique a, pour l’heure, été retenue dans les outre-mer.
Une deuxième vague de sélection de 25 autres sites doit être validée « avant l’été », selon le communiqué de presse publié hier.
Ces 50 quartiers bénéficieront ainsi d’un « accompagnement renforcé » avec « des financements dédiés et un accompagnement en ingénierie ». En parallèle, un « dispositif transversal d’accompagnement » de l’ensemble des 453 quartiers en renouvellement urbain est également prévu avec « une programmation d’animations et de formations dédiées à la résilience ». Une première étape du projet « Quartiers 2030 » voulue par Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle.
Adapter les projets du NPNRU
Lancée en septembre dernier, alors que le pays venait de vivre le deuxième été le plus chaud recensé par Météo France, cette nouvelle démarche a pour objectif de réexaminer et de revoir les projets de rénovation urbaine du NPNRU en prenant davantage en compte le changement climatique. Et cela en mettant en œuvre des expérimentations et des innovations dans ces 50 quartiers pilotes.
Alors que le nouveau programme de rénovation urbaine (NPNRU) est désormais enclenché dans plus de 450 quartiers et que « les chantiers ont démarré dans presque tous les sites », « l’urgence climatique nous impose de repenser ces projets [de rénovation urbaine] aussi au prisme des enjeux environnementaux », indique le ministre du Logement dans le dossier de presse, en rappelant que « l’urgence environnementale croise souvent l’urgence sociale ».
« Je veux que l’on trouve dans ces quartiers les meilleures innovations en matière de végétalisation, en matière de récupération des eaux usées, de chauffage performant... », avait ainsi déclaré l’ancien président de l’Anru en septembre. « Il suffit de se reposer les bonnes questions : est-ce que la cour de l’école que l’on rénove peut être moins bitumée ? Est-ce que la couleur de l’immeuble que l’on réhabilite reflètera ou absorbera moins ou plus les rayons du soleil ? », expliquait-il à l’époque.
Dans ce cadre, « de nouvelles solutions vont être déployées autour de la meilleure manière de se chauffer ou de se rafraîchir, de renaturer, recycler ou revaloriser les déchets, de construire des solutions adaptées de services à la population ou de développement économique, à partir des projets imaginés et portés par les territoires », selon le dossier de presse.
Panneaux solaires, micro-forêts et matériaux de récupération
L’objectif serait ainsi d’avoir une ville « dont toutes les fonctions essentielles – résidentielles, économiques, culturelles, sociales, transport et communication – sont adaptées pour mieux résister aux aléas qui l’affectent, en premier lieu le changement climatique ».
Concrètement, cette « résilience » doit permettre de « réduire la facture énergétique des habitants » en sortant des énergies fossiles (grâce à l’installation de panneaux photovoltaïques, par exemple), de « limiter le gaspillage des ressources, la production de déchets, et par conséquent la consommation » (en récupérant les matériaux des bâtiments déconstruits, par exemple) ou encore de « remettre de la nature au cœur des quartiers » (en végétalisant, via des micro-forêts au pied des immeubles, par exemple).
Elle doit aussi permettre de « limiter la pollution de l’air » en utilisant des modes de déplacement doux (tramways, bus, pistes cyclables…), « faciliter l’accès aux soins » (avec l’implantation de maisons de santé), mais aussi « favoriser la cohésion sociale » en impliquant les habitants dans la création de lieux inclusifs et de solidarité au cœur des quartiers (comme les tiers-lieux).
Des quartiers plus exposés à la crise climatique
Des quartiers en renouvellement urbain qui souffrent généralement d’une « surexposition aux nuisances environnementales, en matière de pollution atmosphérique et sonore (proximité fréquente avec des infrastructures routières), d’effet d’îlot de chaleur urbain, ou de sous-performance énergétique des logements ». Ainsi, en Île-de-France, 22 % de la population des QPV est concernée par un « point noir environnemental » contre 12 % hors QPV.
Selon un sondage mené par l’Anru et Harris Interactive au sortir de l’été dernier, les habitants des quartiers prioritaires de la ville avaient davantage souffert de la canicule que la moyenne de la population française. Ceux-ci auraient ainsi été 76 % à avoir souffert de la chaleur (contre une moyenne de 70 %), 74 % à avoir mal dormi (contre 69 %), et 62 % à avoir eu de grandes difficultés pour trouver un endroit frais (contre 48 %).
Résultat, 70 % des habitants de QPV disent avoir été confrontés à des températures trop élevées pendant l’été, contre 56 % au niveau national, alors que 72 % d’entre eux redoutaient l’impact de la hausse des prix de l’énergie sur leur capacité à se chauffer, contre là aussi 56 % au niveau national.