Comme Luc Montagnier est virologue, découvreur du sida, ce qui lui a valu un prix Nobel et qu’il travaille avec la Chine depuis des années, il est plus crédible que beaucoup d’autres sur le sujet.
Dans l’ensemble, les médias ont unanimement rejeté son approche.
Et certains scientifiques également.
Je ne peux évidemment pas trancher cette polémique scientifique.
Mais je peux vous en livrer certains éléments.
Commençons par le début.
Minoritaires mais pas seuls
L’hypothèse Montagnier s’appuie sur les travaux d’un mathématicien, Jean-Claude Perez.
Ce dernier est l’un des pionniers de la neuro-informatique. Ses travaux actuels portent sur la structure numérique de l’ADN. Il a publié dans une revue scientifique internationale un article intitulé « Wuhan Covid-19 synthetic origins and evolution »[2].
La conclusion du mathématicien est que le génome du Sars-Cov-2 contient une insertion de six régions stratégiques du VIH, concentrées dans un espace représentant moins de 1% de la longueur du génome.
Des chercheurs indiens ont présenté une étude semblable en janvier 2020, mais avaient retiré leurs travaux avant la publication définitive[3].
Le mathématicien Jean Claude Perez a affirmé qu’ils travaillaient sur une deuxième étude qui devrait être publiée prochainement et qui pourrait emporter une plus grande adhésion de la part des scientifiques.
La raison officielle
A ce jour, le consensus scientifique international a été posé par une étude publiée le 17 mars 2020 dans la revue Nature Medicine[4].
Dans ces travaux, les scientifiques estiment que “toutes les caractéristiques notables du SAR Cov-2 se retrouvent dans la nature”.
Ils ajoutent que ce virus n’a pas pu être manipulé volontairement.
Ils précisent, cependant, qu’il est impossible de prouver ou d’infirmer les autres théories de son origine.
Virus chinois, français ou américain ?
Le seul problème de cette étude est qu’elle a été réalisée par l’Institut Scripss, un laboratoire privé qui fait des recherches pour trouver un virus contre le sida[5],[6].
Ils n’ont aucun intérêt à trouver que la crise a été provoquée par un laboratoire, fût-ce un concurrent…
Les autorités chinoises, qui ont réfuté l’hypothèse du Pr Montagnier, n’ont pas non plus intérêt à ce que ce virus soit artificiel[7].
C’est la même chose pour les autorités américaines et françaises, qui ont participé à l’élaboration de l’Institut de virologie à Wuhan.
La liaison INSERM – Wuhan
En effet, l’institut de virologie de Wuhan, d’où aurait pu partir le virus controversé, a été construit dans le cadre d’une coopération avec l’INSERM[8].
Lors de l’inauguration du laboratoire, étaient présents le Premier Ministre de l’époque, Bernard Cazeneuve, le directeur de l’Inserm, Yves Levy mari d’Agnès Buzyn, Ministre de la santé au début de la crise sanitaire et le directeur du laboratoire P4 Mérieux-Inserm de Lyon.
Le spectre de la bataille du sida
Anthony Fauci n’est pas connu en France mais c’est LE “Monsieur Covid-19” aux Etats-Unis[9].
Il est infectiologue et c’est une vieille connaissance du Pr Montagnier.
Au début des années 80, le National Health Institute (NIH), l’Institut national de santé américain et l’Institut Pasteur en France sont à la fois partenaires et concurrents dans la recherche contre le Sida.
In fine, deux études sortent en 1984, celle de Luc Montagnier en premier, puis celle de Robert Gallo, assisté du Dr Anthony Fauci, six mois plus tard[10],[11].
Les Français disent avoir trouvé le virus, les Américains aussi.
L’enjeu est de taille.
Celui qui a trouvé permettra à son laboratoire de recevoir des financements conséquents.
Il aura la gloire et la médecine de son pays sera reconnue comme la meilleure du monde.
Des cadeaux pour tout le monde
Et de fait, peu de temps après la publication de son étude, Robert Gallo est récompensé pour son travail de recherche.
En 1986, Il reçoit le Lasker Award du NIH, une récompense très prestigieuse pour un chercheur américain[12].
Anthony Fauci, pour ses services rendus, est nommé en 1984 Directeur de l’Institut national des Allergies et Maladies infectieuses (NIAID), un département très prestigieux du NIH[9].
Lorsque des scientifiques internationaux se rendent compte que les données des deux études viennent du même patient, la controverse devient monumentale.
Finalement, un compromis judiciaire est trouvé. Robert Gallo admet que le virus qu’il a décrit vient du laboratoire français[13].
L’histoire retiendra que l’Institut Pasteur a découvert le virus mais que les travaux du NIH l’ont aidé.
Montagnier reçoit le Nobel en 2008.
Les investissements du Dr Fauci en Chine
35 ans plus tard, on retrouve les mêmes acteurs. Ils ont autour de 80 ans.
Fauci est au faîte de sa gloire. C’est un homme du système. Montagnier n’est plus dans l’institution mais il est indépendant.
Cela ressemble à leur dernière passe d’armes.
Je ne sais pas qui aura le dernier mot.
En attendant, aux États-Unis des voix s’élèvent pour que le directeur du NIAID s’explique sur un versement de 7,4 millions de dollars de son institution en faveur de l’Institut de virologie de Wuhan entre 2014 et 2019[14].
Ce n’est pas moi qui le dis. C’est le journal Newsweek…
Pourquoi ces investissements ?
La recherche sur les coronavirus ne date pas d’aujourd’hui.
Depuis les années 2000, des chercheurs aux Etats-Unis travaillent sur les coronavirus, notamment au sein du NIAID du Dr Fauci.
Grâce au génie génétique, ils ont découvert qu’il était possible de faire passer ce virus de la chauve-souris à l’être humain.
Pour faire cela, on utiliserait des séquences du virus du sida.
Inquiets par rapport à ces recherches, certains chercheurs américains ont sonné l’alerte.
En 2014, un moratoire sur 21 projets, dont ceux du Dr Fauci, a été déclaré par le gouvernement Obama[15].
C’est à ce moment-là que sont intervenus les financements du NIAID en Chine et que le laboratoire de Wuhan a été créé[15].
Certains pensent donc que le Dr Fauci aurait financé par le biais du NIH des travaux scientifiques interdits aux États-Unis.
Que l’INSERM y soit associé, compte-tenu de l’historique des chercheurs français et américains sur le sida, n’est pas exactement une surprise.
Des enjeux politiques considérables
Toute cette histoire ne nous permet pas de dire si le SAR Cov-2 a été créé en laboratoire.
Elle nous dit cependant que :
1/ cette hypothèse est réellement possible ;
2/ nous n’aurons pas de réponse sûre avant longtemps compte tenu des enjeux politiques que cette hypothèse soulève ;
3/ les scientifiques français et américains en savent beaucoup plus qu’ils ne veulent bien nous le dire.
Une enquête internationale
C’est dans ce contexte, que le Président américain a demandé à ce que soit lancée une enquête internationale sur ce qui s’est passé à Wuhan avant la crise et que pour l’instant les Chinois ont refusée[16].
Cette demande de l’exécutif américain n’a peut-être pas pour seul but d’attaquer la Chine.
Son objectif est peut-être d’abord interne, alors que les élections américaines se profilent bientôt.
Quelles conclusions faut-il tirer de ces faits ?
Je ne pensais pas, lorsque j’ai commencé à faire des recherches sur l’hypothèse Montagnier, que cela m’amènerait aussi loin.
Ne sachant pas, dans cette histoire, où se trouve la vérité, je préfère vous poser une question.
Faut-il encore se fier aux infectiologues ?
Nous avons été confinés pendant près de deux mois.
Notre gouvernement a créé un comité scientifique dont il dit suivre les conseils.
Les nouvelles stars de notre système médiatique sont les experts des maladies infectieuses : Lacombe, Raoult, Sebbag, Fauci, Montagnier, Péronne etc.
Il y a les bons, les moins bons, les controversés, les officiels, etc.
Nos vies dépendent de leurs avis, de leurs débats.
Et cela, alors même que notre situation est peut-être directement liée à leurs travaux et leurs erreurs.