Un politicien de seconde zone, à mettre de toute évidence sur le même plan (ou sorti du même tonneau comme beaucoup de ces professionnels de la politicaillerie) que Mme Bouffie-Lagaffe alias Loiseau, digne tête de file de la République en Marche (ou plutôt qui voudrait bien nous faire marcher jusqu’à ce que trépas s’ensuive) au Parlement européen. Griveaux, militant au Parti socialiste, monté en graine et en grade, fut le fidèle collaborateur du “meilleur économiste de France” (l’inventeur des 35 heures hebdomadaires) Dominique Strauss-Kahn de 2003 à 2007 jusqu’à la nomination de celui-ci à la Direction du Fonds Monétaire International. Gageons qu’il fut à bonne école auprès d’un homme qui, longtemps avant ses piteux et sordides déboires New-Yorkais, fréquentait assidûment - selon la rumeur, mais n’est-ce pas, on ne prête qu’aux riches ? - un club libertin, La Cheminée [1], en compagnie de son épouse Anne Sinclair (ex Mme Yvan Levaï), alors journaliste vedette à TF1.
Celle-ci, née Rosenberg, eut pour témoins de mariage l’écrivain féministe Élisabeth Badinter (épouse de Robert Badinter, Garde des Sceaux de 1981 à 1986 puis président du Conseil constitutionnel entre 1986 et 1995) et Rachel Kahn (épouse de Jean-François Kahn) ; pour Strauss-Kahn, ses témoins sont son père Gilbert et son ami très cher, Lionel Jospin. Un petit monde très endogame, très fermé tout en étant très ouvert sur le monde… À noter que la France s’est montrée particulièrement généreuse à l’égard de ces fils et filles d’immigrés, pour certains d’entre eux, naufragés de la guerre qui trouvèrent en Hexagonie le terrain propice à développer leurs nombreux talents (notamment en matière de propagande et d’agitation idéologique), à exprimer librement leurs aspirations messianiques autant qu’athéistiques et accomplir de fulgurantes carrières. Les Strauss-Kahn possèdent un riad à Marrakech et étaient à la même époque propriétaires d’un hôtel particulier sis au n°13 de la place des Vosges, l’une des trois Places royales de Paris. Un bien peut-être acquis – mais ça la petite histoire ne nous le dit pas sauf si l’on se laisse surprendre à écouter le chant maléficieux des sirènes – grâce aux juteux émoluments versés par les dirigeants socialistes de la MNEF [2] . Ténébreuse affaire de très gros sous qui contraignit le futur mentor de Benjamin Griveaux à démissionner à l’automne 1999 de son poste de ministre des Finances… La justice le blanchira plus tard, sans surprise, comme il se doit ! Une affaire emblématique de la Ve République des copains et des coquins et où l’alternance entre ripoux partouzeurs et cocaïnomanes de tous bords, est érigée en principe de bonne gouvernance… à l’exclusion bien entendu du Pays réel réduit à l’état simplissime de mouton bêlant et tondu jusqu’au sang.
Mortelle guerre politique
En ce qui concerne le petit Griveaux, pris la main dans le sac à misère, il n’est pas sans rappeler – certes de loin - le cas Fillon (indépendamment des salaires mirobolants et strauss-khaniens versés à sa Pénélope pour de fumeuses sinécures), un personnage lui aussi abattu en plein vol à l’approche d’une échéance décisive. Qui, dans le marigot politique hexagonal, aurait eu intérêt à faire tomber le pubescent Grivaux ? Mme Hidalgo dont il aurait pu encombrer le chemin ? Les gens du Rassemblement national ? En sont-ils seulement capables ? Ce serait leur prêter bien du machiavélisme… Et une longueur de vue certainement hors de leur portée. Et puis la mairie est-elle un objectif accessible ou même seulement envisageable pour le clan Le Pen ? Certainement non. Alors beaucoup ont voulu y voir une “coup” du FSB, la Sécurité extérieure de la Fédération de Russie, servant d’écran au noir desseins de V. Poutine (qui pour mémoire a fait ses armes au KGB dont il est issu), qui aurait été le manipulateur du diffuseur – Piotr Pavlenski, personnage assez glauque, performer à ses heures et assurément grand masochiste - des turpitudes grivelesques… Comme si le coronavirus ne suffisait pas à occuper l’esprit du président russe en ce moment… mais ne l’a-t-on pas déjà accusé d’avoir interférer dans les élections présidentielles américaines et contribué à l’accession de D. Trump à la Maison-Blanche… En 2010, certains médias (Le Figaro et Slate) rapportaient qu’en Russie d’accortes jeunes femmes avaient pour fonction d’aborder des hommes politiques sous couvert de réaliser un entretien puis publiait ensuite leurs ébats sur le site d’un certain « Comité public pour la défense de la loi, de la morale et de l’entente civile ». Le chantage à la morale (quelle morale au demeurant ?), un entôlage d’un nouveau genre, dans lequel baigne cet autre exhibitionniste – coqueluche dit-on du Tout-Paris de l’esthétisme dépravé – Piotr Pavlenski qui s’était naguère cloué la peau des testicules sur la Place rouge et cousu les lèvres en soutien aux Pussy-Riot condamnées à de la prison pour blasphème (en Russie dictatoriale évidemment, pas en France démocratique)… En effet Alexandra de Taddeo, l’égérie de l’ « artiste » adepte de la provocation gore, aurait été la destinataire des frétillantes vidéos dudit Benjamin Griveaux qui les lui auraient expédiées en mai 2018 !
Maintenant, au-delà du très éventuel intrusif et méchant FSB dans nos passionnantes affaires de fesses et d’élections municipales, il serait également bon de connaître le rôle qu’aurait pu jouer une consommation immodérée de cannabis et de cocaïne de la part de notre fringuant postulant à la Mairie de Paris ? Source possible (ou avérée) de sa frénésie auto-érotique et de son penchant affiché pour l’ébriété sexuelle. Au reste, chez un père de famille marié, même délivré de la morale catholique, « ça » la fiche bigrement mal !
Dépassé par les conséquences de ses actes, Benjamin Griveaux renonçait le 14 février à sa candidature à la mairie de Paris et déposait plainte, le 15 février pour « atteinte à l’intimité de la vie privée » contre Piotr Pavlenski et sa compagne aussitôt placés en garde-à-vue les 15 et 16 février aux chefs d’« atteinte à l’intimité de la vie privée » et de « diffusion sans accord d’images à caractère sexuel ». Cependant, lorsque l’on couchaille avec des demi-mondaines et que l’on est soi-même un homme public, quelle portion de la vie privée doit-elle être soustraite à la curiosité de l’opinion ? Quelle part maudite (ou jardin secret) de ces hommes qui prétendent incarner les « valeurs de la République » (quelles valeurs, on se le demande bien) et servir les besoins et les désirs des foules, doit-elle être réellement préservée ? Questions aussi cruciales que lancinantes soumises ici à l’épreuve brûlante des faits.
De l’infernale légèreté de l’hyperclasse
Un avocat couleur de muraille, issu d’une large famille d’amphibiens, animalerie autant terrestre qu’aquatique, s’habillant ordinairement d’une défroque souverainiste, Me Goldnadel pour ne pas le nommer, porte sur le Petit Chose – notre Benjamin le bien nommé - un jugement sans appel : « Benjamin Griveaux… une incroyable légèreté et une incommensurable bêtise, sans porter de jugement moral ».
Jugement hélas consternant de vacuité et surtout de complaisance, parce que refusant d’entrée de jeu – a priori – tout jugement moral. Un a priori qui en dit long sur l’état d’esprit de ceux qui se revendiquent de droite et désormais font de la morale une sorte de tiers-exclus n’ayant rien à faire ni à voir avec l’appréciation du comportement de notre gent politicienne autorisée à tous les débordements pourvu qu’ils demeurent invisibles… et par là, amputé d’une dimension qui serait à leurs yeux, soit négligeable, soit en contradiction avec le droit absolu de l’individu roi à tomber délicieusement par où il aime à pencher. C’est oublier un peu vite qu’il y a penchant et penchant et que la morale n’est au fond que la cristallisation – l’aboutissement ou l’efflorescence – de quelques millénaires de construction sociale et civilisationnelle, autrement dit une expression métaphysique (méta – venant en prolongement et en dépassement de la nature physique et organique de l’animal humain). D’ailleurs cet oubli volontaire en dit long sur la volonté d’écarter la dimension métempirique (pour ne pas dire transcendante) des comportements de l’Homme, animal politique (selon Aristote) autrement dit animal sociologique.
Et où la “légèreté” qui semble bien faible (à entendre le sieur Goldnadel) au regard de la position du bonhomme Griveaux, peut-elle se situer dans cet étalage névrotique ? Est-ce le comportement d’un demeuré – au sens psychiatrique du terme – qui se sent visiblement affranchi de toutes les convenances et de tous les freins par sa déficience mentale sans cependant ignorer complètement le caractère offensant de telles pratiques au vu et au su de tous via la compulsion vidéastique ? Car l’idiot, dans la pénombre de sa conscience, est rarement assez stupide pour confondre tout à fait le licite avec l’illicite. Et pour cette raison, à l’abri de sa responsabilité atténuée, se complaît souvent à choquer délibérément… Néanmoins n’est pas Diogène le Cynique [3] (kunós/chien) qui veut. Ce dernier se plaisait à provoquer la bien-pensance en étalant ses parties molles à l’entrée du tonneau – ou plutôt de la jarre de terre – qui lui servait de demeure et l’abritait de la froideur de la nuit. Tel n’était pas le propos de Griveaux, modeste pervers narcissique (nous en sommes bien loin), à la mode, désormais de chez nous !
Tandis que le pédomane revendiqué, Cohn-Bendit se pavane sur les plateaux télévisuels, il serait bon pour ne pas conclure de rappeler un fait relativement récent qui n’est pas sans rappeler le cas Griveaux… Il nous faut remonter au 15 octobre 2003, ce jour-là le juge Philippe Zamour, magistrat en exercice depuis une décennie, est surpris à se masturber en pleine audience correctionnelle au tribunal d’Angoulême. Selon les experts, Philippe Zamour (à ne pas confondre avec la famille Zemmour) souffre d’une « psychose schizophrénique dysthymique ». Son discernement étant de ce fait aboli au moment des faits : « Sa pathologie exerçait une contrainte à laquelle il n’avait pas pu résister » [4] . Mis en examen pour « exhibition sexuelle » et suspendu de ses fonctions, en janvier 2005 le magistrat taré bénéficiait d’un non-lieu parce déclaré pénalement irresponsable. Ce pourquoi le Conseil supérieur de la magistrature estimait le 27 septembre suivant qu’il ne pouvait prendre nulle sanction à son encontre au motif que « l’absence de discernement et de contrôle de ses actes s’oppose à ce qu’une faute disciplinaire soit imputée à ce magistrat et que, par conséquent, soit prononcé à son encontre une quelconque faute ». Et quelle est la faute de ceux qui ont laissé siéger cet individu ou désigner M. Griveaux pour postuler à de si hautes fonctions ?
En 2007, c’est une révocation qui avait toutefois sanctionné un juge coupable d’avoir détenu des images pédopornographiques, l’article 43 de la loi relative au statut de la magistrature disposant que « tout manquement par un magistrat aux devoirs de son état, à l’honneur, à la délicatesse ou à la dignité, constitue une faute disciplinaire »… N’est-ce pas là une forme de morale acte, même si elle ne dit plus son nom ? Et pourquoi de telles règles ne s’appliqueraient-elles pas, elles aussi, à la classe politique et aux petits gredins, façon Griveaux ?
24 février 2020