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1948-2018 : Noces de sang pour Israël

mardi 22 mai 2018

L’État hébreu a su dignement fêter ses soixante-dix ans d’existence le 14 mai 2018 : 61 morts et 1400 blessés sur sa pseudo frontière de Gaza, en fait une ligne d’armistice [1] tracée par les Nations Unies en 1949. Saluons le doigté et la pudeur avec lesquels les médias ont su gérer ce tragique épisode… Foin de statistiques, les bandeaux en bas des lucarnes où défilent les informations de second rang ne mentionnaient que des morts, sans autres précisions, quant aux analystes et autres commentateurs patentés, ils soulignaient unanimement le droit d’Israël à défendre ses frontières. Imaginons un instant un scénario identique en Bulgarie, en Hongrie où dans n’importe quel autre pays d’Europe orientale lorsque les frontières sont traversées par des hordes de migrants. La Communauté internationale (bien pensante) serait entrée en convulsion et deux jours après les capitales des États déclarés voyous eussent été bombardées par l’aviation de l’Otan comme le fut Belgrade en 1999, soi-disant pour venir au secours du Kosovo musulman et de ses habitants qui n’ont eu ensuite de cesse que de persécuter les derniers chrétiens encore présents sur ce territoire arraché à la Serbie par la violence.

Or s’agissant de pseudos réfugiés politiques – comprenant un lot substantiel de futurs harceleurs ou violeurs et, dans certains cas, de terroristes infiltrés, tous ou presque, candidats à l’assistanat avec la proactive complicité d’Organisations non gouvernementales ad hoc - la mise au ban des nations coupables de souverainisme aggravé eut été aussi immédiate que sans appel… Précisons que ces Associations financées sur fonds publics et plus ou moins subversives (des loups gauchistes déguisés en agneaux caritatifs) en dépit de leur pathos humanitarien, trouvent dans la submersion de nos contrées par des vagues migratoires interrompues, un pactole inépuisable. À telle enseigne que les populistes italiens de gauche et de droite, le Mouvement Cinq Étoiles et la Ligue du Nord, ont inscrit dans leur programme commun l’intention de couper les vivres à de tels bienfaiteurs de l’humanité souffrante qui, sous couvert de « Morale » avec un grand M, de « Valeurs » démocratiques et d’ « Accueil », œuvrent à la ruine de la civilisation, de nos sociétés, de nos identités et de nos structures anthropologiques Autrement dit, au nom d’une charité jadis chrétienne, aujourd’hui dévoyée et utilisée comme arme de destruction massive, ceci afin de nous pousser au suicide et à la dissolution collective dans les fosses puantes du mondialisme et de ses sentines génétiques [2].

Du coup quelques sirènes nauséabondes s’adressant aux souverainistes indigènes, leur enjoignent sous peine d’indignité nationale, de se rallier sans barguigner à la cause d’un courageux petit État assiégé de féroces ennemis prêts à jeter ses citoyens démunis à la mer (ou à les égorger)… et que, par voie de conséquence, nous devrions chez nous, nous mobiliser essentiellement contre l’islamisation rampante, arguant qu’« en tant qu’État souverain, Israël défend ses intérêts dans la région. Point. Que cet État ait été engendré sur la base d’une religion n’est pas le débat actuel, et encore moins que ladite religion soit, selon certains, surreprésentée dans la caste médiatique ». Sur la question de la surreprésentation d’éléments binationaux, non chrétiens ou étrangers infiltrés dans la caste médiatique, nous laisserons toute la responsabilité de ce propos à son auteur, Pierre Mylestin [3], faisant pour notre part incidemment remarquer que l’État en question a été créé par des laïcs sur la base d’une idéologie quasiment racialiste, et non d’une religion comme l’énonce le perroquet de service.

Constat constituant le paradoxe fondateur - et non la contradiction ! – de l’État juif messianique (tel qu’il se désigne lui-même, sans doute le seul État ouvertement ethnique à ce jour). Parce que pour justifier son existence et les droits exorbitants de la légalité internationale qu’il s’arroge avec insolence (par exemple celui de tirer sur des foules désarmées en opposant des drones grenadiers à des cerf-volant, tout un symbole… des manifestants qui veulent simplement revenir sur des terres spoliées, c’est-à-dire volées à leurs pères, mères et grands parents), il n’hésite pas à se prévaloir d’une soi-disant promesse divine faite à d’hypothétiques aïeux à une époque où il n’était pas à proprement parler encore question de peuple juif ni de langue hébraïque.

Des gens qui affichent d’un côté une indifférence religieuse presque ostentatoire et de l’autre, arguent d’un héritage divin ! L’on croit rêver. Mais l’étrangeté et la singularité de ce micro État ayant moins d’habitants que la ville de New York, laquelle compte plus d’individus se réclamant du judaïsme (confessionnel ou non) qu’Eretz Israël, possède une puissante diaspora formant un formidable réseau d’influence sur le pourtour de la planète, du Canada aux pampas d’Argentine jusqu’au sud de la Chine en passant par l’Union européenne dont elle est – sorte de passager clandestin - le vingt-neuvième membre – eh oui - très officiellement… Cet État pourtant très jalousement souverainiste - alors que chacun sait que le national-chauvinisme est le mal absolu - s’est enkysté dans les structures à vocation fédérale de l’entité bruxelloise au sein de laquelle elle possède son propre Parlement [4].

Pour ne pas être en reste avec la réalité, ajoutons que ce pays le plus démocratique de tout l’Orient proche et lointain, possédant une Armée de défense (Tsahal) la plus morale du monde [5], n’a ni frontières internationalement reconnues, ni Constitution (la Thora en tenant lieu… la déclaration d’indépendance du 14 mai 1948 annonçait une Constitution devant être adoptée par une Assemblée constituante avant le 1er octobre 1948, texte qui ne vit jamais le jour !) et qu’elle est de cette manière une pure théocratie parlementaire au même titre que la République islamique d’Iran. État que les dirigeants israéliens vomissent et contre lequel ils ne cessent de pousser les néoconservateurs de Washington à la guerre… avec, bien entendu, les Européens à la remorque mais qui, contraint par l’Alliance Atlantique, ne pourront pas ne pas y participer, même si ce n’est en geignant et en renâclant pour la galerie. Leur servilité n’ayant d’équivalent que leur incohérence, leur désarticulation, leur trisomie politique et leur corruption morale… Pitoyable sachant que l’Europe des peuples est en principe la première puissance économique planétaire.

Finalement ceux qui cherchent à nous désolidariser de la cause de la Palestine, berceau du christianisme, veulent nous faire oublier que les massacres du 14 mai sont le prolongement meurtrier de la guerre de l’été 2014 (dénommée Bordure protectrice ou Roc inébranlable de juillet à août) contre Gaza : plus de 2000 morts et 1500 blessés selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU. Une guerre sans fin assortie de négociations en trompe l’œil et sans issue, éternellement recommencée et couvrant la progression constante du grignotage de la Cisjordanie par les colonies juives… En 1983, l’on comptait déjà 76 095 colons à Jérusalem-Est, 22.800 en Cisjordanie, 6.800 dans le Golan et 900 dans la Bande de Gaza... Elles totalisent aujourd’hui plus de 600 000 âmes dont la moitié à Jérusalem-Est et dans quelque 150 implantations de Cisjordanie outre une trentaine dans le Golan.

« Mais une fois encore, dès qu’il s’agit de nommer l’oppression subie par les Palestiniens, les mots sont démonétisés, vidés de leur substance, frappés par une censure invisible. On connaît la rengaine au « droit imprescriptible d’Israël à se défendre » ! Quant aux colonies ce sont des « implantations », le mur de séparation « un mur de sécurité », Israël une « démocratie », les manifestants de Gaza et tous les résistants à l’occupation des « terroristes ». Dans cette novlangue invasive et totalitaire, les expressions apparemment les plus anodines étant là pour nous tromper, nous leurrer et pire, nous interdire de penser… « Sournoises à l’excès, ces formules laissent entendre que deux peuples s’affrontent sur le champ de bataille, alors qu’il s’agit de la révolte d’un peuple colonisé contre le colonisateur. Elles font comme si le conflit provenait d’une double intransigeance et qu’il suffisait, au fond, de ramener à la raison les forces antagonistes pour rétablir la paix » [6]. Quelle illusion et quel atroce mensonge que de renvoyer les victimes dos à dos avec leurs oppresseurs et leurs bourreaux !

JMV 20 mai 2018

Notes

[1Le 29 novembre 1947, l’ONU adopte un plan de partage de la Palestine en deux États indépendants, juif et arabe. Jérusalem est placé sous régime international. Le 14 mai 1948, le mandat britannique sur la Palestine prend fin, David Ben Gourion, président du Conseil national juif, proclame alors l’indépendance de l’État d’Israël. Le 15 mai, les pays arabes refusant ce plan de partage, la première guerre israélo-arabe éclate. Début de l’exode de centaines de 750.00 Palestiniens sur les 900.000 antérieurement présents. Les combats prennent fin en 1949 avec les accords de Rhodes fixant une ligne de démarcation qui perdurera jusqu’en 1967.

[2Formule chère au romancier juif américain, à Norman Spinrad dans son audacieux roman « Rêve de fer » (1972).

[3bvoltaire.com20mai18

[4« À l’initiative de deux oligarques juifs ukrainiens, un Parlement juif européen s’est constitué à Bruxelles le 16 février 2012. Ce projet surprenant ne fait pas l’unanimité dans le monde juif et illustre la montée en force des oligarques juifs des anciennes républiques soviétiques au sein du leadership juif européen » Centre communautaire laïc juif 2 novembre 2012.

[5jforum.fr/tsahal-larmee-la-plus-morale-du-monde 1er mai 2018

[6Bruno Guigue/rt.com15mai18

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