Le global dévore le local
Le global dévore donc le local et ringardise les valeurs gnangnan de la Gauche à papa. Alors que naguère la gauche se montrait encore majoritairement partisane – au moins en façade – des grandes valeurs bourgeoises – Travail, Famille, Patrie – tout en se déclarant habitée par un internationalisme… surtout verbal. On se souviendra des discours musclés du Secrétaire général du PCF, Georges Marchais, exigeant la fermeture des frontières face aux vagues montantes de l’immigration sauvage [3] . Dans une intervention de janvier 1981, quelques mois avant l’élection à la présidence de François Mitterrand, Marchais, qui pourtant n’aimait pas du tout se faire taxer de pétainisme, se montrait alors très incisif : « Quant aux patrons et au gouvernement français, ils recourent à l’immigration massive, comme on pratiquait autrefois la traite des Noirs, pour se procurer une main-d’œuvre d’esclaves modernes, surexploitée et sous-payée… C’est pourquoi nous disons : il faut arrêter l’immigration, sous peine de jeter de nouveaux travailleurs au chômage ». Une philippique que ne renierait pas notre droite nationale aujourd’hui. Quel chemin parcouru !
Ce n’est d’ailleurs que tout récemment – quelques courtes années - que les médias se sont mis à flétrir à jets continus la devise vichyssoise parce que jusque là personne n’aurait osé vitupérer frontalement le travail, la famille et la patrie. C’est chose faite à présent. M. Hamon (le candidat à l’élection présidentielle désigné comme le plus à gauche) nous explique benoîtement à propos de la Valeur travail que l’emploi se tarissant pour cause de révolution numérique (et non pas déjà en raison de l’afflux massif de réfugiés économiques et des délocalisations industrielles spéculatives), il convient de mieux répartir la richesse par le truchement d’un revenu universel garanti sans autre obligation pour le récipiendaire que de voter en faveur de la main qui le nourrit. Non seulement le droit à la paresse, mais plus encore le droit au parasitisme social avec le retour au servage pour la classe des laborieux, ces galériens condamnés à entretenir l’immense plèbe des allocataires. Parce que l’argent ne se crée pas ex nihilo au contraire de ce que pratique la Banque centrale européenne à raison de 80 milliards par mois grâce au miracle de la planche à billet, mais à partir du travail productif et nulle part ailleurs [4].
Quant à la Famille, on la sait désormais mono ou homoparentale, décomposée, recomposée, parfois triolique, celles encore où la parenté biologique ne correspond plus vraiment avec la parenté légale. Au demeurant les enfants peuvent s’acheter ou s’échanger sur la Toile. Le progrès ne s’arrête jamais. Nulle exagération, les choses, à notre insu, vont extrêmement vite. En février 2015, la Cour Européenne des Droits de l’Homme condamnait l’Italie pour avoir retiré la garde d’un enfant à un couple qui l’avait commandé et acheté dès avant sa conception via Internet… ce qui signifie que les états membres de l’Union européenne qui entendraient s’opposer à de telles pratiques s’en voient de facto juridiquement interdits… sauf à ruer dans les brancards. Après la fin programmée du travail comme moyen de contribuer à l’effort commun et de trouver une place légitimante au sein de la société, l’on découvre que la famille à géométrie variable tend à rejoindre peu à peu les nouveaux modes de consommation… commande en ligne, marché transfrontières, exotiques, à la demande et selon la fantaisie du moment puisque l’on peut changer de sexe et d’identité sociale en fonction de son ressenti. L’enfant devient ainsi un consommable comme un autre et il le sera d’autant plus que la procréation assistée et la procréation pour autrui (ventes d’ovules et locations de matrices) entrent dans la banalité des transactions courantes. Tout s’achète et tout se vend comme le dit si bien Pierre Bergé, soutien de dernière heure d’Emmanuel Macron [5] , le gandin qui, sauf sursaut national, pourrait succéder au sieur Hollande.
Enfin, pour ce qui est de la Patrie, le mot et la notion sont en passe de ne plus avoir cours. Qu’est-ce qu’en effet la nation passoire (et dépotoir) issue de la construction dite européenne et de l’instauration de l’espace Schengen. Des institutions écrans qui, sous couvert de réunir en faisceau les peuples du Vieux continent, les ont livrés pieds et poings liés à tous les vents mauvais du mondialisme. Bruxelles n’a jamais été – nous le savons - que l’antichambre, le sas d’entrée, vers le Marché unique mondialisé et l’outil de déconstruction des nations. Le raz-de-marée migratoire était encore vers 2013 ou 2014 officiellement justifié par un recours aux réflexes altruistes hérités de quinze siècles de christianisme. Il s’agissait d’accueillir des gens fuyant les guerres du Levant… des conflits que nous avions nous-mêmes allumés. Au reste l’argument a très rapidement fait long feu.
Aussi le camouflage caritatif de politiques délibérées de substitution de population, a-t-il été bientôt jeté aux orties. Tant et si bien que les buts réels de l’invasion migratoire sont en fin de compte cyniquement assumés par leurs promoteurs. La submersion du continent européen par de vigoureuses et juvéniles populations du Tiers-Monde fait partie d’un plan de brassage ethnique et de métissage mûri de longue date [6], condition préalable à l’établissement d’une République universelle. Plan bien entendu intégralement idéologique, maquillé d’arguties humanitariennes et d’une hallucinante rhétorique relative à des déficits démographiques n’ayant de matérialité qu’anamorphique. Alors que plusieurs cour d’appel annulent le décret présidentiel destiné à bloquer pendant un trimestre l’entrée sur le territoire des États-Unis des ressortissants de 7 pays en guerre, il est intéressant de savoir qu’en 2011 le président Obama avait lui-même interdit de séjour de tous les irakiens sans que cela soulève la moindre indignation [7].
Par-delà la droite et la gauche, nationaux contre cosmopolitistes
Sous nos yeux le global disloque le local, d’où le désarroi de notre classe politique prébendière (des frais de bouches de M. Macron à Bercy au népotisme entrepreneurial d’un Fillon), qui ne comprend plus par où passent les lignes de forces de l’opinion. Le champ magnétique de choix politiques s’est modifié : les clivages horizontaux, gauche contre droite, socialisme contre capitalisme, reflétant un antagonisme de classe purement artificiel (qui n’a jamais vraiment pris aux États-Unis), celui-là vertical, prolétariat contre bourgeois (selon la terminologie désuète du marxisme-léninisme), sont en voie de disparition dans le contexte d’une modernité dévastatrice. Cette cartographie ne tient plus. D’abord parce que le monde ouvrier s’est profondément transformé, les services ayant pris le pas sur la production et les automates se substituant peu à peu aux hommes, ceux-ci deviennent leurs auxiliaires dans bien des domaines. Jadis l’affrontement politique se jouait sur un échiquier d’abord national (sauf bien entendu en période de crise internationale), il est aujourd’hui devenu essentiellement vertical mais à une autre échelle : le peuple, de gauche ou de droite, toutes tendances confondues, se mobilise contre l’hyperclasse dont le chantre est M. Attali… parrain de M. Macron ! Or encore faut-il identifier le trop consensuel jeune loup pour ce qu’il est vraiment car là réside toute la force obscure de l’homme de la banque et des médias… lequel se présente justement comme n’étant plus ni de gauche ni de droite.
C’est ce qui rend redoutable ce dernier. C’est aussi ce qui rend obsolète la classe politique porteuse d’une rhétorique droite/gauche qui a fait son temps, qui n’a plus de sens opérationnel. En premier lieu parce que le système partitocratique est parvenu à son terme ultime : un demi siècle de consanguinité politique à conduit une sélection formidablement efficace des plus médiocres, tels ces parangons de toutes les non vertus gouvernementales, les Sarkozy et les Hollande. Le fait est qu’hormis les groupes de pression qui servent de poisson pilote à nos républicains, le personnel politique a été profondément gangrené par une impressionnante corruption morale (liée notamment à une contamination par les idéovirus de la pensée unique, l’inculture et la perte de toute spiritualité), les conflits d’intérêts et autres compromissions avec les donneurs d’ordres transnationaux. Il est superflu d’énumérer des noms, nous les connaissons tous, ils encombrent chaque jour les lucarnes de leur suffisance, de leurs impuissances et de leur inutilité. Les plus vicelards restent cependant en retrait pour mieux tirer les ficelles, toutefois les pantins qu’ils agitent ne parviennent plus à donner le change.
Aujourd’hui nos hommes politiques n’ont plus de crédibilité parce qu’ils apparaissent tels qu’ils sont, de vaines marionnettes sans véritable talent autre que la magouille. L’oligarchie mondiale, les vrais décideurs, devraient par conséquent, en tout logique, en faire l’économie c’est-à-dire les remiser au magasin des accessoires inutiles. La Révolution avait supprimé les corps intermédiaires, les corporations, les parlements régionaux. De nos jours, le mondialisme s’active à supprimer tout ce qui fait obstacle à l’atomisation complète du corps social… pour asseoir son pouvoir sur l’individu réputé libre seul face au Moloch super étatique de Bruxelles, de New York (les Nations Unies).
Si la famille se trouve dissoute dans l’acide freudo-marxiste, si les nations sont abolies par la disparition des frontières et le cosmopolitisme imposé par la loi, a fortiori les syndicats ne sont plus qu’une fiction (ne vivant que d’aides étatiques), suivront les partis politiques dont la futilité saute aux yeux. La presse n’échappe pas à la règle. Elle est aussi disqualifiée que la classe politicienne et vit en France sous perfusion d’argent public. Prenons le cas du président Trump, celui-ci ne cesse de vitupérer les médias et, outre ses ordonnances, s’adresse directement aux peuples d’Amérique et au monde par le biais des réseaux sociaux. M. Macron - qui n’est pas hors système étant lui-même en tant que son vrp, une pure incarnation du système - a pour sa part également court-circuité les formations politiques, éclairant du même coup leur nullité et leur obsolescence. Comprenons que dans la phase actuelle de mutation sociétale l’autodestruction la classe politique traditionnelle semble enclenchée… Parce que la révolution télématique permet, entre autres, d’en faire l’économie et parce que les partis classiques ne constituent plus l’interface jusque là nécessaire entre les foules et les représentants des peu identifiables donneurs d’ordre en dernier ressort.
Macron produit synthétique et arme de dévastation massive
Le bonhomme Macron se veut donc refondateur d’une société par-delà la gauche et la droite en s’adressant à la base sans autre intermédiaire que les vecteurs numériques. Adoubé par la haute finance, tel le patron de la BCE, Mario Draghi, un ancien de la pieuvre Goldman Sachs ou Christian Dargnat, ex directeur général de la BNP, financier du mouvement macronien « En Marche »… ou bien Bernard Mourad que lui a prêté pour la circonstance le tikkoun Patrick Drahi. Bref, les médias, porte-voix des grands capitalistes et caisses de résonance de leurs propriétaires de la haute finance, pour ce qui leur reste de puissance de feu eu égard à leur position dominante, lui pavent le chemin en matraquant quotidiennement une opinion, hélas encore non dessillée et désespérément réceptive. La différence de traitement entre les divers candidats est formidablement significative. La bataille sera rude pour contrer les tirs de barrage du Vingt heure et le lessivage permanent des esprits.
Au fond, Macron n’est ni de gauche ni de droite, parce qu’effectivement le système n’est ni de gauche ni de droite : le culte de Mammon (l’argent divinisé et les Droits imprescriptibles de l’individu solipsistique) érigé en idole, est universel. Il s’adresse à tous sans distinction de race, d’âge, de sexe, de condition… Néanmoins ne nous leurrons pas : de Mélenchon à Macron en passant par Hamon, en avril prochain, le mondialisme aura à gauche trois porte-étendards déclarés et sans le moindre scrupule ni repentir. Telle est la nouvelle gauche, celle qui promet pour toujours le salaire sans travail et le hachisch pour tous.
Léon Camus 5 février 2017