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Afghanistan : Washington contrôle son image

mercredi 4 décembre 2013

La couverture médiatique de la guerre en Afghanistan serait contrôlée par Washington. © Reuters

Le journal destiné aux soldats « Stars and stripes » a révélé que les reporters de la guerre en Aghanistan étaient fichés par une société payée par Washington, dans le but de contrôler l’image qui est véhiculée de la guerre.

Le 28 août 2009 Paris Match
Marie Desnos

« Stars and stripes » vient de jeter un pavé dans la mare, en affirmant s’être procuré des documents fournis par Rendon Group – une société américaine de communication – à l’état-major américain, commentant et notant le travail des journalistes en Afghanistan. Selon le journal officiel des forces armées des Etats-Unis mais donc l’équipe rédactionnelle est idépendante du Pentagone, il s’agirait en effet de fiches détaillées sur le parcours des reporters, répertoriant leurs articles, conférences de presse, communiqués et autres travaux, appréciant leur couverture et leur ton, et comportant une note finale : positif, neutre, ou négatif.

Des accusations qui remettent fortement en cause la neutralité du travail des médias sur le terrain, orienté voire censuré selon la catégorie dans laquelle les journalistes sont répertoriés.

Mais l’armée a immédiatement démenti une telle mainmise sur cette communication, sans toutefois rejeter l’existence même de ces « notes ». L’état-major a confirmé être liée par contrat avec Rendon Group, pour 1,5 million de dollars par an (soit un peu plus d’un millions d’euros), mais affirme que les services rendus par cette firme, notamment une analyse de la couverture de la guerre par les médias, ne comporte en aucun cas une quelconque notation des correspondants et envoyés spéciaux.
Mais aussi en Irak, à Guantanamo Bay, Cuba...

Ces données serviraient en réalité à préparer les interviews des gradés. Autrement dit : non pas à refuser certains entretiens, ou à maîtriser voire manipuler la couverture médiatique, mais à prévenir les intervenants du type de personne qui se trouvera devant eux, et de fait au style de questions auxquelles ils doivent s’attendre. « Tout le monde fait une certaine recherche en amont sur les analyses des journalistes pour préparer une interview », a relativisé Bryan Whitman, le porte-parole du Pentagone.

Le département de la Défense a enquêté après que des membres du Congrès ont accusé l’état-major de se servir de ce type de stratégie pour manipuler l’opinion publique sur la guerre en Irak. « Je suis ici depuis juin et nous n’avons jamais utilisé un document de Rendon Group pour noter des journalistes en particulier ni pour tenter d’influencer leurs reportages », a de son côté martelé le contre-amiral Gregory Smith, qui dirige la communication des forces américaines en Afghanistan.

Selon le « Washington Post », cette pratique aurait également cours en Irak, à Guantanamo Bay, Cuba et ailleurs. A Bagdad par exemple, ces fiches seraient même triés par couleur : rouge pour négatif, orange pour neutre, et vert pour positif.

La une du numéro de « Stars and Stripes » révélant les manipulations du Pentagone.

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