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L’Islam révolutionnaire

Partie II

jeudi 29 août 2013

En juin 2003 dans le contexte de la guerre anglo-américaine contre l’Irak baasiste, le terroriste vénézuélien marxiste et musulman Ilich Ramirez Sanchez publiait un témoignage portant un regard particulièrement original sur les grandes transformations qui bouleversaient alors le paysage géopolitique mondiale. Depuis les prisons où il se trouve incarcéré ab libitum, l’aventurier et soldat politique comme il aime lui-même à se présenter, a voulu ainsi témoigner de son engagement au service ou contre les grandes forces architectoniques qui travaillent puissamment, à l’heure actuelle et singulièrement ces deux dernières décennies, le monde humain, les sociétés, les nations et les peuples.

TERREUR ET MENSONGE

Le mensonge et le terrorisme d’État entretiennent entre eux des relations consubstantielles. La guerre n’est que le prolongement d’une offensive psychologique préalable. Aucune domination n’est possible sans un asservissement des esprits, un muselage des langues, une censure morale et intellectuelle explicite ou implicite. Le terrorisme vrai, celui qui tait son nom et se couvre des dépouilles du bien et de la justice, est toujours annoncé et précédé par le terrorisme intellectuel. Il est donc impossible de traiter l’un sans évoquer l’autre.

La qualification de terroriste et la réprobation morale qui s’y attache, sont bien sûr uniquement réservées à ceux qui font le sacrifice de leur vie pour une cause qu’ils estiment juste et presque toujours avec des moyens rudimentaires, voire artisanaux. Par contre, ce n’est pas le cas de ceux qui mettent en œuvre la guerre satellitaire, les armes de destruction massive, délivrées par les vecteurs balistiques, monopole de la super-puissance « Amérique ». Et si ses affidées peuvent espérer en posséder, les brandir voire les utiliser, c’est à la condition exprès que le « maître » en garde le contrôle absolu. Les vrais terroristes ne sont pas ceux que l’on croit, le véritable danger vient d’ailleurs. La nation du libre-échange et des lois anti-monopolistiques veut en effet, et pour elle seule, les armes de la terreur. Les « terroristes », ceux qui font la Une de vos journaux, les djihadistes, nos chouada, nos martyrs, armés de leur seule foi et avec des moyens matériels sans commune mesure avec ceux des maîtres du monde, commettent indéniablement un crime de lèse super-puissance. L’on ne s’attaque pas impunément aux parrains du Nouvel Ordre Mondial. Ces gens là n’acceptent ni ne tolèrent, en bons mafieux qu’ils sont, aucun défi, aucune concurrence, aucune résistance qui remettrait en cause une autorité qui doit être incontestée.

Voyez en face la situation présente, aujourd’hui 18 Décembre 2002. La Communauté internationale représentée par les Nations Unies a consenti à descendre tous les degrés de la mascarade la plus grotesque. Quelle est la validité des Résolutions du Conseil de Sécurité, que valent les inspections en Irak, à part la valeur d’une bouffonnerie quand simultanément les préparatifs de guerre vont bon train ? Les jeux sont faits, et vous donnez à l’opinion mondiale la comédie du respect des formes. La notion même de légalité est tournée en dérision. Mais de qui vous moquez-vous ? Qui peut être encore dupe de cette farce qui s’achèvera dans un immense bain de sang ?

Les mots que j’utilise pour stigmatiser la presse et toutes les grandes consciences morales qui ne se croient pas obligées de dénoncer à pleines pages la liquidation pure et simple de toute légalité internationale, ces mots ne seront jamais assez durs. Jamais aussi tranchants que les bombes qui ne manqueront pas un jour ou l’autre de vous rappeler à la réalité vraie, sans fard et sans faux-fuyants. Tout comme il vous faudra bien un jour admettre que vous avez inventé de toute pièce la violence urbaine qui gangrène vos sociétés. La drogue, la délinquance, le crime, le sida tout comme la pornographie, les modes musicales décérébrantes, la consommation sans frein de sous-produits, aussi bien alimentaires que culturels, qui vous empoisonnent le corps et l’âme, l’islam n’en est pas responsable. C’est votre « culture » et vous récolterez ce que vous avez eu la folie de semer. Vous devez en payer le prix. Et tant pis pour vous si vous avez laissé vos « bons » maîtres vomir l’ « ordre moral », qu’il soit chrétien ou musulman.

Cependant, même quand on est prévenu, même quand on sait que tout ce processus n’est que l’actualisation de la logique interne du système, quand les masques tombent, la vérité dépasse tous les délires de l’imagination : votre aveuglement, votre lâcheté et votre duplicité sont réellement sans borne. Mais pour nous il n’est de soumission qu’à Dieu et nous nous devons à nous-mêmes un devoir de vérité, et c’est en cela que nous sommes dangereux…

Bref, les États-Unis, les Anglais et leurs alliés mènent depuis longtemps la guerre terroriste totale, mais ils le font avec suffisamment de perversion pour que les hommes de presse qui regardent toujours du côté où on leur dit de regarder, et à travers eux le grand public, ne s’aperçoivent de rien. Par un tour de passe-passe orwellien il suffit de baptiser d’un terme convenable, moralement irréprochable, le terrorisme d’état pour qu’il glisse comme une lettre à la poste. De toute façon, les méchants, les autres, sont les « terroristes », ceux que l’on qualifie comme tels et vous, les bons, les anglo-saxons et tous ceux qui s’enrôlent sous la bannière étoilée, vous êtes les vengeurs, les justiciers et les gendarmes, les gardiens immuables de la Liberté. Il suffit de l’entendre pour le croire…

Malgré tout, je suis toujours stupéfait par cet extraordinaire phénomène qui transforme la gent médiatique en un troupeau hémiplégique béat qui ne voit plus que d’un œil, n’entend plus que d’une oreille et dont la bouche n’émet plus que des semi-vérités ou plutôt de vrais gros mensonges, le plus souvent par omission. Le silence est une arme fatale, le vecteur absolu de la calomnie, de la désinformation comme pour toute pratique mensongère…

Comment expliquer cela ? Conformisme, bêtise, ignorance, paresse, cécité atavique, mauvaise foi ? Laissons l’avantage du mensonge lucide aux plus doués et aux plus pervers d’entre ces faiseurs d’opinion, au moins ce ne sont pas des marionnettes prétentieuses. Car en fin de compte, le mal volontaire n’hypothèque pas l’espoir d’un amendement, d’un retour sur soi-même. Cependant, ce sont les plus redoutables et les plus néfastes parce que ce sont ces happy few, ces agents d’influence, qui donnent le ton au reste du troupeau médiatique. Je voudrais ici m’arrêter un instant sur un exemple qui à mes yeux illustre assez bien à le rôle tenu par les média pour accuser et diaboliser l’ennemi tout en réécrivant l’histoire pour les besoins de la « cause ».

Quel journaliste oserait aujourd’hui mettre en parallèle l’indignation des anglo-saxons et de la presse française face au traitement que Saddam Hussein infligerait aux Kurdes, qui seraient régulièrement « persécutés » par le régime baasiste, avec le comportement de ces mêmes Anglais à l’encontre des montagnards du Nord de l’Irak, dans les années 1920 et 1930. Car à l’époque, des campagnes de bombardements massifs détruisirent de nombreux village afin d’amener à résipiscence d’irréductibles tribus du Kurdistan : Kurdes, Assyriens, Yézidis. En 1925, les Anglais iront jusqu’à bombarder à l’ypérite – le fameux gaz moutarde – le bourg de Solaïmaniya. Je les trouve dès lors assez mal venu de reprocher aujourd’hui de mettre en avant l’affaire d’Hallabja de mars 88 car de plus ce sont des firmes anglo-saxonnes qui avaient fourni les gaz de combat à l’armée irakienne. La politique anglaise de destruction d’habitats civils et autres objectifs démographiques, fut par la suite appliquée méthodiquement sur les zones tribales du Pakistan un peu trop turbulentes au goût de Downing Street. Ces campagnes de terreur aérienne étaient destinées à « rôder » les pilotes de la RAF et affiner la technique de destruction totale des villes par les airs et politique de terreur qui devait être pratiquée à grande échelle par le Strategic Air Command au cours de la Seconde Guerre Mondiale sur les populations civiles allemandes.

Ce sont les mêmes Anglais qui aujourd’hui se posent en défenseur de la vertu et du droit des Kurdes à disposer d’eux-mêmes. Le général Pierre Rondot, a témoigné de façon très documentée sous un pseudonyme, de ces destructions massives de l’habitat kurde. Mais ce qui caractérise notre époque, c’est la façon hallucinante dont l’histoire est réécrite chaque jour au profit des maîtres du moment. Il y a de fortes chances pour que ce soient ces mêmes Anglais qui dotèrent l’armée irakienne des gaz de combat qui furent utilisés contre les Pasdaran, les Gardiens de la Révolution, et notamment contre les Kurdes lors de la bataille d’Hallabja en mars 1988, encore que selon de la CIA, la responsabilité pourrait logiquement en être imputée aux forces iraniennes qui ont elles aussi utilisé des gaz de combat dans cet affrontement… Il est vrai que les Anglais avaient eux-mêmes gazé d’autres Kurdes dans les années vingt, sur ordre de Churchill. Tout le monde sait aujourd’hui qu’avant d’être prétendument persécutés par le Baas, les Kurdes l’ont été par les Britanniques. L’arbre cache la forêt comme on le voit. Mais toutes les occasions sont bonnes pour parler dans vos journaux de « ces Kurdes fuyant les persécutions… ».

Si la presse était sérieuse elle devrait se relire et tirer les conséquences de son inconséquence ! Je ne parle pas des exceptions trop rares, de ceux qui s’échinent de façon suicidaire à remonter le Niagara furieux de la désinformation ; ceux-là sont la plupart du temps confinés dans la sorte de no man’s land de la presse marginale, quand elle existe et sans distinction d’étiquette idéologique. Par contre on peut, dans la grande presse, trouver sans difficulté et à quelques pages d’intervalles, l’information et son contraire : les Kurdes de Sangate fuyant les persécutions du diable Saddam et un peu plus loin, un savant exposé sur les zones d’exclusion aériennes au Nord et au Sud de l’Irak, avec la description des zones autonomes kurdes qui fonctionnent hors de la juridiction de Bagdad, sous couvert des organisations des Nations Unies. Ces zones autonomes prospèrent grâce à la manne pétrolière et au pourcentage qu’elles perçoivent sur le transit licite ou illicite du brut vers la Turquie, à travers les montagnes, et aussi grâce aux fructueux droits de péage sur la contrebande. Ceci sans oublier ce qui leur est reversé par les Nations Unies au titre de l’aide prélevée sur le revenu pétrolier de l’Irak, au titre de la Résolution 946 du Conseil de Sécurité, dite « Pétrole contre Nourriture ». Tout cela trace un tableau insupportable de la plus sombre des persécutions !

Que l’on me dise comment les Américains peuvent en cette fin d’année 2002 acheminer armes et matériels dans un Kurdistan soumis à la persécution. Mais la contradiction ne fait pas peur à nos hommes de presse. Aussi flagrante soit-elle, elle n’embarrasse personne. Cependant la peur de la guerre réveille certains esprits et les média prennent leur lectorat pour plus bête ou plus aliéné – au sens marxiste - qu’il n’est en réalité. Certains dans le troupeau des lecteurs bronchent et renâclent, même si ces réactions, sensibles dans certains « directs » sonnent l’alarme ou si les « courriers des lecteurs » manifestent des réticences. A lire la presse entre les lignes, les échos assourdis parviennent jusqu’à moi. Le spectre de la guerre rend lucide. Qui d’ailleurs ne voit pas que l’horizon s’embrase ?

L’exemple des Kurdes « peuple martyr sous la tyrannie sadamiste » est parmi tant d’autre une bonne illustration de l’incohérence et de l’incompétence journalistique, car il prépare des événements majeurs. Plus grave cette disposition à travestir les faits, de la façon la plus grossière n’est pas seulement due à la mauvaise qualité des rédacteurs, à l’insignifiance des chefs de service. Elle met en évidence le rôle bassement idéologique des média dans la propagande de guerre : il faut préparer le terrain psychologique avant l’offensive armée et pour ce faire le régime baasiste doit absolument être montré et dénoncé comme tyrannique, totalitaire, inhumain. Cela pour justifier a priori la prochaine guerre préventive. Tous les arguments sont bons et, plus c’est énorme, mieux ça marche. Il faut chauffer l’opinion pour lui faire admettre et accepter l’ « option » militaire et le recours à la force. L’Irak sous embargo, appauvri, assiégé est un état terroriste qui menace le monde. Les sauveurs du monde sont ceux qui assument l’éradication de la menace. Combien de temps cette rhétorique infernale tiendra-t-elle les peuples en lisière ? Combien de temps les gouvernements modérés de la vieille Europe se feront-ils les complices passifs ou actifs de l’impérialisme terroriste ?

Une fois la réprobation publique acquise, elle servira le moment venu de paravent à toutes les exactions, à tous les crimes qui pourront être perpétrés contre le futur vaincu. D’avance toute la responsabilité en incombera au fauteur de trouble, au tyran impénitent. Et l’exécution judiciaire du régime honni servira à exonérer l’agresseur d’avoir à rendre le moindre compte de ses actes. Il est bien établi que la vie des méchants est sans valeur et ne mérite pas que l’on s’y arrête. On ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs et l’on ne rétablit pas la démocratie sans pertes humaines, autrement qualifiées de human casualties, ce qui fait plus chic.

Si un navire rempli de réfugiés, venus chercher fortune sur les rivages dorés de l’Occident ou du moins l’imaginant ainsi, vient à s’échouer dans le Sud de la France et que ces réfugiés arrivent de Syrie et de Turquie, mais non d’Irak, comme ce fut le cas de ce bateau de kurdes yézidis, c’est aussitôt et automatiquement « la faute à Saddam ». L’occasion est trop belle de le stigmatiser une fois de plus et avec des « témoins » aussi criants de vérité, venus étaler leur détresse sur les blondes plages du Midi.

Historiquement de nombreuses organisations politiques, pas toujours clandestines, d’idéologies révolutionnaire, nationaliste, irrédentiste ou religieuse, ont utilisé la lutte armée, qualifiée de « terrorisme » comme tactique. Aujourd’hui face à un ennemi surpuissant, ne faisons pas dans l’angélisme, dans certaines situations, quand le rapport de force est par trop défavorable, il n’y a d’autre choix que de le terroriser. Et s’il y en a un autre indiquez-le moi ! Ne me dites pas non plus que la guerre n’est pas inéluctable, que « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil », que tout peut aller pour le mieux dans le meilleur des mondes capitalistique et impérialiste possible, que la voie démocratique est la seule issue pour les gens raisonnables et civilisés, que le scrutin majoritaire est la panacée et qu’il garantit la justice universelle et tutti quanti. Tout cela ce sont des bobards bons à seriner à des masses lobotomisées et vivant en demi-conscience sous l’empire du mensonge.

La voie démocratique est un fieffé mensonge, on ne le dira jamais assez. Vous savez comme moi que vos démocraties sont truquées, qu’elles ne sont qu’un paravent destiné à masquer les turpitudes et la corruption de vos classes dirigeantes et de vos bourgeoisies compradores toujours prêtes à se vendre au plus offrant, à brader leur pays à des intérêts étrangers. Vous savez comme moi que la guerre économique fait rage et que vos pays sont déjà peu ou prou des républiques bananières. Dans la division internationale du travail, la France s’est vue attribuer le petit rôle de musée de la gastronomie, de boutique en parfumerie et en articles de frivolité ; vos derniers titres de noblesse étaient la source Perrier et la Gauloise blonde, on n’en parle même plus. Actuellement les parlementaires américains n’ont pas assez de sarcasmes pour vilipender la prétention française, pour lui rappeler qu’elle est aux ordres, prête à se coucher le moment venu.... La guerre économique fait rage, elle impitoyable, elle n’épargnera ni la France, ni les Français. Il n’est d’ailleurs plus possible de la distinguer de la guerre tout court. L’Irak n’est qu’un épisode dans une série noire et l’exacte illustration de mon propos. Guerre politique autant qu’économique, où les enjeux énergétiques tiennent la place que vous savez. Mais au train où vont les choses l’Amérique va vous faire payer très cher votre esprit de fronde, cette exception française dont l’anti-américanisme a été l’un des plus beaux fleurons. Vous verrez que, vous aussi, irez comme supplétifs à la curée contre l’Irak, mais cela ne vous rachètera pas aux yeux des Yankees, vous resterez suspects.

Qui ne comprend maintenant, qu’en termes économiques le mot guerre n’est pas une simple clause de style ? Qu’il ne s’agit pas de concurrence commerciale où les règles du jeu seraient respectées dans un relatif fair play, entre gens du monde… Non, tous les coups sont permis et les règles ne sont instituées que pour museler ou ligoter ceux que l’ « Amérique » appelle ses partenaires ou ses amis. Elle en change les règles à sa convenance, en fonction de ses besoins. Lorsqu’elle dénonce les mesures protectionnistes et les politiques des subventions, chez les autres, c’est pour mieux les pratiquer elle-même. Personne ne renâcle, puisque les négociateurs sont parties liées, qu’ils soient européens ou « américains », comme les Leon Britten et les Mickey Kantor, ils appartiennent aux mêmes clans, aux mêmes mafias. Les jeux sont faits et les négociations bi ou multilatérales ne sont que les oripeaux dont les économies européennes et les autres habillent leur défaite sur tous les fronts. Tout comme les résolutions du Conseil de Sécurité sont impératives ou lettres mortes selon le pays concerné. Expliquez-moi donc comment vous pouvez vous accommoder sans honte de telles fictions ? La contradiction atteint une telle ampleur qu’elle atteint la pathologie mentale ? Etes-vous schizophrènes ?

De ce seul point de vue, le « terrorisme » est l’unique réponse que les communautés, les peuples qui n’ont pas encore été aspirés par le Maelström de la modernité, peuvent donner. Pour tous ceux qui ne sont pas encore entièrement contaminés et aveuglés par les vices moteurs des sociétés de consommation, il va de soi que cette action n’est que l’un des moyens de s’opposer à la tyrannie silencieuse du système. Il faut y voir la manifestation extérieure, non accidentelle, inéluctable du gigantesque affrontement qui oppose le Sud délaissé, exploité et sous-développé au Nord arrogant et cupide. J’irai jusqu’à dire que le « terrorisme » est une conséquence mécanique de votre inconséquence.

Ne soyez plus les esclaves consentants du Moloch qui dévore l’humanité, qui la détruit matériellement et spirituellement - je vous renvoie à toutes les conclusions des scientifiques et des anti-globalistes sur l’état de la planète – prenez conscience et renversez la vapeur. Vous savez que j’ai raison, que mon propos n’est pas celui d’un esprit mis en cage qui tournerait en rond. Les événements sont là pour me donner raison et vous pressentez aussi que le terrorisme s’il ne se manifeste pas spontanément peut être utilisé, manipulé ou même organisé pour faire diversion. Pour que vous pensiez autre chose pendant que l’on vous prépare now l’Apocalypse ou pour mieux vous faire entrer sans réticence dans le couloir à sens unique des sacrifices et de la mort. La France va s’engager auprès des Yankees cornaqués par Israël dans la mise à mort de l’Irak. Elle en paiera le prix, tout se paye. Bien sûr ce sera la faute aux autres, pas à votre lâcheté… Mais le Sud n’est pas le seul concerné par l’impérialisme des « judéo-croisés ».

Le Proche-Orient, le monde arabe dans son ensemble, ne sont pas seuls visés. De mon point de vue, la fin de la Guerre Froide n’a pas tout à fait rendu caduc la logique des blocs. Le Monde arabo-musulman n’est qu’une première ligne où le Continent Nord Américain doit consolider ses positions pour mieux « contenir » le bloc continental eurasiatique. Je suis assez porté à croire que l’objectif ultime des États-Unis n’est pas tant d’écraser l’Irak, qui n’existe plus militairement depuis février 1991, ni même ces deux ennemis déclarés de l’entité sioniste que sont la Syrie et l’Iran, que de prendre le contrôle de la ceinture énergétique, là où sont les gisements d’énergie fossiles, de l’Algérie jusqu’à la Chine. Cette nouvelle Route de la soie comme l’avait appelé le conseiller de Carter, Zbigniew Brzezinski, permettrait du même coup d’endiguer tout l’espace continental occupé par le « Vieux Monde ». Là où existe encore un héritage culturel, religieux et intellectuel vivace, qui constitue un terreau fécond et encore résistant à l’idéologie d’importation du « Brave New World ». Au fond, je ne suis pas loin de penser qu’à terme l’ « Axe du Mal », le vrai, devrait aller de Paris - en dépit de la trahison permanente de vos clercs - à Pékin via Berlin et Moscou. Vous devriez réfléchir à cela !

Pour l’instant, malgré le constant démenti des faits, vous vous accrochez à la fiction du dialogue. Les Munichois ne sont pas ceux aujourd’hui qui sont dans le camp d’un règlement négocié des crises, mais ceux qui acceptent que les États-Unis bafouent outrageusement les Nations Unies dont ils ne se servent que comme d’un paravent derrière lequel ourdir leurs complots contre la paix. Les Munichois sont ceux qui acceptent sans broncher que la légalité internationale soit foulée aux pieds avec un cynisme qui laisse pantois même les plus aguerris : les inspections onusiennes en Irak, ne sont évidemment qu’une pantalonnade, mais qui en tire les conséquences ? Les Nations Unies n’existent pas plus aujourd’hui que la Société des Nations à la fin des années vingt, qui le dit ? Alors pourquoi se faire complice des États-Unis en maintenant une fiction inutile ? Je pose ces questions du fond de ma cellule, sans vraiment attendre de réponse…

Ces événements sont là pour nous rappeler que la négociation est un leurre, une ruse de guerre où le fort dicte sa loi au faible. C’est le moyen d’asseoir et de maintenir indéfiniment l’intolérable. La question palestinienne en est l’exemple par excellence. Cela fait trente six ans depuis juin 1967, que l’on négocie au prix fort la restitution des territoires spoliés. Cela fait 36 ans que les résultats de la négociation, à tous les niveaux, avant et après Oslo et Camp David, sont constamment remis en cause, en tout ou en partie. Qu’elle est sempiternellement renégociée, à chaque étape, pour chaque point apparemment acquis. C’est un puits sans fond, une histoire sans fin. La négociation en soi est un mensonge, une duperie, une perpétuelle tromperie, the deception game, un jeu pervers et inhumain.

Les « Américains » ont joué ce jeu-là pendant douze ans avec les Irakiens, soufflant le chaud et le froid, lâchant du fil pour ensuite mieux raccourcir la ligne, mais en fin de compte le jeu du chat et de la souris se termine toujours de la même façon. Les gens avertis savent que tout cela a été programmé dès le départ, c’est pourquoi Schwarzkopf n’a pas conduit sa bataille d’annihilation jusqu’à son terme naturel, c’est pourquoi le « poisson » Saddam a été gardé dans le vivier Bagdadi, en prévision des grandes manœuvres devant permettre de redessiner la carte de la région, en prélude à celle de l’Hémisphère Nord au grand complet.

Vous avez aussi saisi que dans le cas de la terre palestinienne, comme demain avec les intérêts pétroliers irakiens, le voleur revend à ses victimes bout par bout, après d’âpres discussions, ce qu’il lui a dérobé. Dans le derniers cas de figure, ce sont les compagnies pétrolières non-américaines qui se verront spoliées de leurs droits d’importation et d’exportation et qui devront passer sous les Fourches Caudines des exigences yankees en espérant qu’on leur consentira quelques miettes de contrat. Sur ce point, les négociations ont été engagées très en amont de l’ouverture des hostilités pour peser sur la politique des États par le biais de leurs intérêts pétroliers. La rupture apparemment suicidaire de Bagdad avec la société russe Lukoil n’a été que la conclusion de cette passe d’armes. Mais sincèrement les Russes et les Français, en se ralliant à l’agression yankee, espèrent-ils vraiment sauvegarder leurs parts des gisements irakiens. Je ne crois pas que leur « naïveté » pourrait aller jusque là !

Parce que négociations et discussions entre l’ogre et sa victime n’ont jamais qu’une seule finalité, endormir l’adversaire, temporiser, l’engager dans un processus irréversible au bout duquel il sera toujours floué et perdant. Jamais ce qui est promis n’est tenu, et tout ce qui a pu être concédé est ensuite repris. Les colonies « légales » ou sauvages caviardent les territoires dits « autonomes » tandis que l’on discute shekel à shekel sur chaque mètre carré restitué, des populations entières continuent à croupir dans les camps de réfugiés, à Gaza et ailleurs, ou vivent dans l’exil, ceci dans l’indifférence générale. Vient un jour, une heure où il faut dire non. Nos jeunes gens n’ont pas d’avenir, au sens fort, exact et brutal de ce mot : pas d’avenir, du tout. Essayez d’imaginer ce que signifie d’être enfermé à vie dans la cage du statut de réfugié, d’habitant assiégé des « territoires autonomes » ? Etes-vous seulement capable de consentir cet effort d’imagination ? L’impossibilité majeure pour l’égoïsme moderne est de se mettre à la place des autres. Il ne s’agit même pas d’aimer ou de ne pas aimer les Palestiniens, les Arabes, le Tiers-Monde mais de comprendre quelles peuvent être leurs pensées au spectacle de l’injustice de vos politiques. Ne soyez pas surpris alors qu’une fenêtre s’ouvre pour eux le jour où les Tours s’écroulent…

Alors que vous approuviez ou non, vous trouverez un peu courte l’explication de l’action de nos chouada, au motif de leur seul « fanatisme ». Car ce sont bien des martyrs au sens littéral du mot. Des hommes et des femmes, jeunes et vieux, qui témoignent par leur sacrifice du désespoir de leur communauté, de leur famille, de leur condition, d’une vie dont le devenir leur a été volé avec leur terre, avec la constante dévaluation du prix des matières premières induite par une spéculation effrénée et par la corruption de leur propre bourgeoisie…

Le sens du sacrifice pour Dieu et la communauté, l’incarnation du désespoir collectif sont une dimension bien plus importante que la « haine », la « judéophobie », le fanatisme religieux et toutes ces fariboles qui vous rassurent tant parce qu’elles rejettent l’ennemi dans les ténèbres du mal. Posez-vous donc la question : Et si vous étiez l’agresseur ou le complice du bourreau sans le savoir ? Par ignorance, par lâcheté, par volonté de ne rien savoir, par paresse ou par bêtise ? Ne vous étonnez pas alors qu’un beau jour le ciel vous tombe sur la tête. Le mensonge n’a qu’un temps, surtout le mensonge que l’on se fait à soi-même. Et le déni de justice en est un. Sans doute le peuple israélien a-t-il droit de vivre aussi, ensemble avec les Palestiniens, dans la paix, la sécurité et la dignité, mais cela ne sera jamais possible en dépouillant ces mêmes Palestiniens de leur droit fondamental à la paix, à la sécurité et à la dignité à leur souveraineté reconnue sur toute la Palestine mandataire.

N’oubliez pas non plus qu’il ne faut pas associer stupidement l’islam à la révolte ou à l’élan révolutionnaire comme tous vos idéologues pervers voudraient vous le faire accroire. L’islam confère à la voie révolutionnaire une dimension spirituelle et morale, absente de la doctrine marxiste bureaucratisée, il constitue actuellement de ce point de vue, le fer de lance de l’aspiration révolutionnaire, mais le sentiment de révolte existe indépendamment de l’islam qui n’est désigné comme cible que parce qu’il rassemble une élite consciente engagée en première ligne contre le totalitarisme libéral.

Il n’y a ni exagération, ni abus de langage dans l’association des termes libéral et totalitarisme. La présomption de guerre totale contre l’Irak et, au-delà, contre les civilisations du Vieux Monde – qui vont de l’Atlantique à la Mer de Chine et dont l’islam est, bien entendu, partie intégrante – matérialise cette menace totalitaire. Seuls quelques poignées de militants avaient perçu cette montée depuis longtemps. Pour la première fois on peut espérer retenir l’attention sans passer pour un délirant ou un ennemi de la liberté. La seule menace pour l’avenir du genre humain est aujourd’hui incarnée par une « Amérique » théocratique et fanatique, assoiffée de puissance et de domination. Le 11 Septembre aura au moins servi à cela, en donnant aux États-Unis le prétexte nécessaire pour lancer leurs guerres de conquête, ils ont du même coup jeté le masque. La peur est bonne conseillère. Mêmes ceux qui sont le plus hostiles à l’islam, ceux qu’horrifient le plus l’action des moudjahidin et des chouada, se posent aujourd’hui des questions. Ils s’associent peut-être à la douleur des familles israéliennes meurtries dans leur chair par l’Intifada, mais ils ne peuvent plus ignorer la condition des Palestiniens.

Leur rejet du monde arabe se tempère du sentiment de justice intrinsèque à l’âme humaine. Ils « savent » ! Ils savent parce que le sang des victimes leur éclabousse le visage par la fenêtre de leur poste de télévision, ils « savent » parce que l’on ne peut plus taire le nombre des victimes palestiniennes ni escamoter les ruines du camp de Jénine. Ils désapprouvent ceux que la presse qualifie de « kamikazes » pour travestir leur martyr, mais ils ne peuvent plus approuver non plus la répression parce que chacun sait en son for intérieur qu’il faut être deux pour briser le cycle de la haine. De la même façon, plus personne ne croit en la menace que ferait peser l’Irak sur la région, le Monde et l’Amérique. L’Irak du Raïs Saddam Hussein n’a évidemment plus les moyens de menacer quiconque. Les sites repérés par les satellites sont vides et qu’ont fait les inspecteurs des Nations Unies : du tourisme ? La fable ne tient pas, mais l’Irak est coupable sans avoir accès au dossier d’accusation, c’est un mauvais remake du Procès de Kafka. En un mot, c’est un cauchemar devenu réalité. Pas seulement pour les Irakiens qui attendent leur mort annoncé, et ils sont foule - parce que qui pourrait croire qu’il n’y aura ni tueries ni règlements de compte ? - votre « démocratie » va s’installer au prix fort en Mésopotamie, mais pour vous tous car à espérer que la casse soit limitée, vous n’avez pas fini d’en récolter les conséquences. Et qui sème le vent du désert…

Je reviens sur l’association d’idée entre islam et terrorisme qui vise à conditionner les esprits. L’autre, l’alien, ne peut être que radicalement étranger. Il doit obligatoirement représenter des valeurs, une foi radicalement archaïque, sortie du fonds des âges, barbare… Il est vrai que l’horreur des massacres perpétrés en Algérie par des « groupes » manipulés, contribue à alimenter cette vision des choses. Disons le tout net, la folie meurtrière de quelques groupes de brutes arriérées n’a rien à voir avec le Jihad et encore moins avec l’islam et la vraie Foi. Certains de vos média se sont quand même faits l’écho, mais assez tardivement, des interrogations qui existent à propos des GIA algérien dont il ne fait aucun doute qu’ils n’aient été profondément infiltrés, et par conséquent manipulés, par des services ou factions du pouvoir militaire bien avant l’arrivée de Bouteflika aux affaires. Si vous ajoutez à cela le développement de la puissance mafieuse en Algérie, vous aurez compris que la dimension religieuse salafiste des GIA a cédé la place depuis belle lurette à des jeux de pouvoir particulièrement atroces, qui n’ont évidemment rien à voir avec la Révolution islamique. Le drame de l’assassinat des moines de Tiberihine est à ce propos très révélateur des aspects occultes d’une guerre qui ensanglante et meurtrit l’Algérie depuis quinze ans, mais qui ménage les intérêts pétroliers américains, lesquels prospèrent sans obstacle au Sud du pays.

Mais nombreux sont ceux qui sont trop contents de réaliser des amalgames faciles mais efficaces entre islam et barbarie, pour entretenir une phobie anti-islamique bien avantageuse lorsqu’il s’agit de faire avaler à l’opinion, le moment venu, tous les dérapages et les génocides utiles à l’installation du nouvel ordre impérial. Bien des figures dominantes de la résistance palestinienne sont des arabes chrétiens comme Georges Habache, fondateur du FPLP, Wadih Haddad, chef historique des opérations extérieures du FPLP, Nayef Hawatmeh, fondateur du FDLP, Kamal Nasser, poète et militant palestinien assassiné de la main d’Ehoud Barak, à Beyrouth en 1973…. Pas seulement des « fanatiques musulmans », des fous de Dieu. Cela c’est l’image que les média essaient de plus en plus difficilement d’accréditer, d’imposer. Si l’intransigeance et la perversité du clan sioniste ne l’avaient pas emporté, tout restait possible. En l’absence de facteurs politiques de déstabilisation les communautés peuvent vivre en bonne entente, le passé en témoigne en ce qui concerne les juifs avec les arabes, mais l’équilibre est souvent précaire et l’harmonie suscite la jalousie de Shaytan.

Personnellement je rejette tout sentiment de haine personnelle, de classe, religieuse ou ethnique, mais cette absence de haine ne me fait pas perdre le but et le sens de mon engagement contre l’oppression, pour une vraie liberté, contre les nouvelles idoles, en un mot pour la Justice et l’accomplissement de l’homme selon le dessein divin.

Au-delà de tout objectif à terme, militaire ou politique, le « terrorisme » possède une finalité immédiate d’ordre « publicitaire ». La propagande armée est un classique de la guerre subversive à vocation révolutionnaire. Un enlèvement, un attentat ciblé, un assassinat, peuvent faire beaucoup pour révéler l’existence d’une cause jusque là inconnue du grand public, autrement dit de l’opinion, cette réalité impalpable et cependant toute puissante dans vos régimes libéraux. Seul le fracas d’une bombe ou le cadavre sanglant d’un valet du système, peuvent fissurer ou permettre de franchir la muraille de silence qui entoure toute opposition authentique au sein du système.

Les sociétés démocratiques interdisent littéralement la libre parole qui est au mieux une fiction, au pire un fantasme. C’est à peine si elles tolèrent, et encore pour contrôler encore plus les marges dissidentes. Quelques samizdats groupusculaires qui ne sortent jamais des milieux clos dont ils sont l’expression, et qui sont autant d’enceintes de confinement. À ce titre, un attentat vaut mieux que tous les tracts possibles pour fracturer l’épaisse cloison d’ignorance et d’indifférence, mieux que toute une bibliothèque d’analyses savantes lesquelles ne servent qu’à nourrir des disputes ineptes entre initiés et intellocrates.

Un attentat résonne comme un coup de tonnerre dans le sommeil épais des consciences obèses, avachies dans le confort de l’égoïsme le plus stupide. Il fait d’un seul coup voler en éclats le consensus de façade. Certes tout n’est pas bénéfice dans ce type d’opération : il y cristallisation de la réprobation, radicalisation du sentiment de rejet, les haines latentes se renforcent et s’expriment… Mais aussi elles se manifestent et se révèlent. Chacun choisit implicitement son camp. Toutes les opinions ne s’expriment pas ouvertement, mais comme vous dites « les gens n’en pensent pas moins… ». Beaucoup après le 11 Septembre ont réalisé que le camp de la civilisation n’était pas forcément celui de l’Amérique conquérante, mensongère et meurtrière.

De ce point de vue un attentat est une épreuve de vérité. Pavé dans la mare, il est un puissant révélateur des courants qui traversent et animent une société. Il catalyse les opinions latentes, je veux dire par là que s’opère une sorte de précipitation chimique de sentiments, ou de ressentiments, d’idées vagues, toutes sortes d’impressions souvent situées sous le seuil du conscient d’un seul coup se cristallisent, prennent forme et accèdent à la conscience réflexive. L’acte « terroriste » est de cette façon une sorte de marqueur idéologique : il horrifie les uns, stimule l’esprit de vengeance des autres ; il est aussi un message d’espoir pour tous les oubliés des ghettos du capitalisme et des camps de réfugiés. Ils ne sont plus seuls, une lueur d’espoir perce leurs ténèbres !

Par le truchement de l’acte « terroriste », les pauvres et les humiliés font entendre leur voix, ils rappellent leur existence au monde. Mais si le monde ne veut pas tenir compte du coup de semonce, de l’avertissement, du rappel, s’il poursuit sa route aveugle dans l’indifférence et l’apathie, alors tant pis pour lui, les tours orgueilleuses s’effondrent. Bien sûr la grande masse est consternée, partagée entre la peur et l’incompréhension, elle est prête à avaler les pires bobards. La masse se sent visée par l’attentat surtout s’il apparaît comme non strictement ciblé et qu’il semble ainsi la prendre en otage. Mais le doute ne règne pas longtemps. Confusément la foule pressent que toute la vérité ne lui pas été dite. Pourquoi, par quoi une telle chose a-t-elle été rendue possible ? L’ « Amérique » n’est-elle pas le modèle du bien ? Pourquoi tant de haine ? Et si, quelque part nous étions responsables ? Des questions se posent et certaines langues se délient. Dans ces circonstances, certains osent des explications non politiquement correctes et évoquent la part de responsabilité de l’ « Amérique » dans la mauvaise gouvernance des affaires du monde. Tout un pan de la réalité se dévoile. Et si l’ « Amérique » était vraiment coupable ? Si le système n’était qu’un vaste mensonge, une machine visant à l’aliénation et l’asservissement de l’homme comme certains l’affirment ?

La conscience obscure habite le citoyen lambda qui pressent qu’on ne lui dit pas tout, qu’il existe quelque part de telles injustices qu’elles engendrent la révolte et le sacrifice. Ou qu’il existe de vastes conspirations contre la paix, dues aux luttes inexpiables qui font rage au sommet du pouvoir entre clans et factions. Hollywood fournit suffisamment de modèles pour susciter et entretenir toute une gamme des fantasmes paranoïdes, certains assez troublants par leur caractère prémonitoire des événements venir. Il n’est d’ailleurs nul besoin de s’astreindre à la lecture de Brzezinski pour tout savoir sur l’axe du mal et les ennemis de l’Amérique, parmi lesquels la France et les Français occupent une place honorable. En incidente, les exégètes feraient bien de se pencher sur les délires de l’industrie hollywoodienne, il y a beaucoup à en apprendre, les guerres présentes, futures et à venir s’y inscrivent à plein écran.

Vous connaissez l’adage selon lequel il n’est pas possible de mentir tout le temps et à tout le monde. Il faut donc comprendre que la durée du mensonge d’intérêt tactique ou stratégique n’est pas le problème majeur. Peu importe s’il fait long-feu. Le but est de pouvoir s’engouffrer dans le vide créé par le mensonge avant que la parade ne soit trouvée c’est-à-dire que la réaction ne s’organise. Actuellement, en cette fin 2002, personne au monde ne croit plus que l’Irak possède des ADM et qu’elle constitue une menace pour ses voisins, l’Occident et les États-Unis. Les gens avertis, experts, négociateurs, fonctionnaires internationaux le savaient dès le départ, mais, parce que minoritaires, ils ne pouvaient aller à l’encontre des positions officielles des États toujours soucieux de ne pas prendre les Yankees à rebrousse-poil. Ce temps de latence, entre le moment où l’administration « américaine » lance son attaque politico-médiatique et le moment où les opposants de tous pays surmontent inhibition et handicap et où un consensus se dessine pour la contrer, permet à l’attaquant d’avancer ses pions et de bétonner sa position. L’opinion est désormais acquise à la version officielle - l’Irak menace planétaire, l’ « Amérique » sauveur du monde - et il devient assez difficile d’inverser la tendance. Seulement les enjeux sont tels - embrasement régional, voire mondial - que des gouvernements paniquent, l’allemand par exemple, et expriment leur désaccord jusqu’au moment où ils se rallieront.

La bataille décisive de l’opinion a été gagné par la puissance qui détient l’autorité idéologique de leader du « Monde libre », fiction, mythe qui s’enracine dans la conflagration de la Seconde Guerre Mondiale. Peu importe ensuite si le mensonge saute aux yeux, il s’impose par sa seule force, il vit de sa propre vie, nul ne songe plus à le remettre véritablement en cause. Le totalitarisme idéologique existe et nul ne songe à le dénoncer ou à le contester. Il faudra un jour, si l’homme libre survit à l’instauration du Nouvel Ordre Mondial, écrire la chronique de ces mythes totalitaires qui furent chargé de tenir les peuples tranquilles, de leur faire accepter l’inacceptable d’effacer les crimes, d’accabler les vaincus, de déporter des peuples entiers, de les parquer dans des camps ou de les jeter sur les routes de l’exil.

Voir en ligne : Première partie

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