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« L’Innocence des arabes » brandon de discorde universelle

Léon Camus

jeudi 20 septembre 2012

Avec « L’Innocence des arabes », ce brandon de discorde qui enflamme l’aire islamique du Levant au Couchant, qui ne voit qu’il s’agit d’un nouvel épisode de la sournoise guerre culturelle que conduisent quelques idéocrates ennemis de la paix et du genre humain ? Des agitateurs qui trouvent de complaisants relais dans notre intelligentsia branchée et chez nos esthètes amateurs de viandes avariées… ici nous parlons de nourritures incorporelles, œuvres dites de l’esprit, mais qui en sont l’inversion incarnée, romans façon “Les Bienveillantes“ ou blockbusters hollywoodiens pour humanité zombifiée… grande consommatrice de MacDo prémâchés, prédigérés et autres excréments filmiques circulant à profusion sur le Marché planétarisé !

Tout comme le Petit Poucet en chemin vers la maison de l’Ogre sème des cailloux derrière lui, nos vaillants destructeurs de la civilisation chrétienne égrènent-ils eux-aussi des chapelets d’événements qui sèment la suspicion entre les nations, attisent les haines confessionnelles, déchaînent les plus viles passions chez celles et ceux qui en sont les dupes… À nous donc de ne pas tomber dans les piège tendus sous chacun de nos pas… et de garder la tête froide, surtout au moment où les relations se tendent en Mer de Chine entre le nouvel Empire du milieu et celui, occidentaliste, du Soleil Levant, ceci à propos d’une paire d’îlots âprement disputés… justement autour de la date anniversaire du débarquement nippon en Mandchourie un certain 19 septembre 1931.

Certes l’affrontement armé entre les deux puissances est-asiatiques n’est pas à l’ordre du jour. Les manifestions soigneusement contrôlées se déroulent a contrario de Benghazi à coup d’œufs frais et de bouteilles de plastique remplies d’eau. Ce ne sont que de démonstrations essentiellement symboliques… également à usage intérieur à l’approche du renouvellement du Politburo du PCC – le Bureau Politique du Parti communiste chinois – cet automne et des sourdes luttes qui l’ont précédé et l’accompagnent.

Tel le brutal limogeage le 4 mars de Bo Xilai, Secrétaire général du Parti communiste de la ville-province de Chongqing et « étoile montante » du Bureau politique… La condamnation le 20 août dernier de son épouse Gu Kailai à la peine capitale – aussitôt commuée en prison à vie – pour l’assassinat en novembre 2011 de son amant et partenaire d’affaire, Neil Heywood, ressortissant britannique mort à Chongqing, a évidemment défrayé la chronique mais surtout a donné la mesure de la violence des affrontements souterrains qui font rage au sommet de l’État chinois. Reste qu’une guerre économique entre le Japon et la Chine pourrait constituer le terreau ou les prémices d’événements plus graves… N’oublions pas la lancinante et irréductible question de Taïwan !

Ceci pour dire que le contentieux sino-nippon est de toute évidence plus significatif et grave qu’il n’y paraît de prime abord. Qu’il se présente également comme l’écho lointain et étouffé - la contrepartie et la réponse de la Chine populaire en quelque sorte – du rôle des Euro-Israélo-Américains dans le présent drame syrien… en particulier et dans les crises et révolutions du Proche-Orient en général. À ce titre, d’après des sources connexes au Deuxième bureau français – la Direction du Renseignement Militaire – des bâtiments de guerre chinois patrouilleraient à l’heure actuelle en Méditerranée orientale avec à leur bord des missiles de croisière à charge nucléaire ! Corrélativement - suivant le quotidien al Diyar [14 sept.] – pour sa part la Fédération de Russie envisagerait de dépêcher seize MiG-31 E en Syrie dans l’éventualité d’une décision de l’Otan d’y créer une zone d’exclusion aérienne. Nul ne sait qui sera amené à piloter ces intercepteurs de dernière génération ? Au demeurant l’information peut être une « fuite » organisée par les Russes eux-mêmes pour montrer leur détermination sur ce théâtre de confrontation Est/Ouest ... ou bien un « ballon » lancé par les Américains pour stigmatiser le soutien russe à la Syrie. Rappelons à ce sujet que chaque année des manœuvres communes associent en territoire syrien des éléments des forces armées russes, iraniennes et chinoises… Mais cela les médias ne risquent guère de vous l’apprendre !

L’affaire de Benghazi et la mort odieuse du représentant américain

Reprenons le fil des événements. Le mardi 11 septembre, onzième anniversaire de la chute des Tours jumelles – arrogants symboles de l’hypercapitalisme triomphant sur la ruine des nations – le malheureux ambassadeur américain se trouvait inopportunément à Benghazi « libérée », autrement dit en territoire salafiste. Mais qu’allait-il faire dans cette galère, justement un 11 septembre , jour d’alerte rouge pour tous les postes diplomatiques américains de la planète ?

Poser certaines questions, c’est a priori esquisser l’amorce de réponses. Cependant comment un tel drame a-t-il pu survenir connaissant la protection rapprochée dont bénéficient les diplomates américains, entourés qu’ils sont d’un dispositif de sécurité combinant le corps des Marines et des « contractors » émanant des transnationales du mercenariat telles que Dyncorp ou Blackwater ? Sachant aussi que les locaux diplomatiques américains sont de véritables coffres-forts, en l’occurrence le poste consulaire de Benghazi était équipée d’une « panic-room » ou « safe-room » blindée, ignifugée et fonctionnant en circuit fermé ? Par parenthèse, contrairement à ce qu’essaye de faire accroire les agitateurs boutefeu habituels et patentés [1] - et jusqu’à plus ample informé – l’Américain est mort asphyxié sans autre cause apparente… sauf à découvrir ce que l’on veut obligatoirement voir et fantasmer à partir de l’une ou l’autre des photos diffusées sur la Toile qui nous montrent rien de plus qu’un corps sans vie, torse nu et uniquement vêtu d’une paire de pantalons, tenu sous les aisselles et traîné par un individu imberbe aux allures de voyou plus que de salafiste !

Alors ? Le diplomate Christopher Stevens serait-il tombé dans un piège ? À Washington des voix autorisées nous racontent maintenant qu’il ne s’agirait pas d’une réaction « spontanée » à la diffusion de la bande annonce du film pornographique «  L’Innocence des arabes » mais une action préparée de longue date par l’inoxydable Al-Qaïda, et ce, pour l’anniversaire du 11/9 ! Rien que moinsse ! Ici, nous ne pouvons pas nous empêcher de nous tapoter dubitativement le menton ! Une fois de plus tout ceci sent le coup fourré… À Londres le quotidien « The Independant » [15 sept.] écrit que « l’assassinat de l’ambassadeur et de trois diplomates américains en Libye est probablement le résultat d’une grave faille des services de sécurité… les attaques du 11 septembre contre le consulat à Benghazi et l’ambassade du Caire étaient planifiées mais les diplomates n’ont pas été informés »… Les « failles de sécurité » ont bon dos, une fois encore, comme pour le 11/9 !

« Le Département d’État américain savait depuis 48 heures qu’une telle attaque aura lieu mais il n’a pas mis en garde Chris Stevens qui venait de rentrer d’une tournée en Allemagne, en Australie et en Suède, et dont le séjour à Benghazi aurait dû rester inconnu du public » ! Donc nul n’était censé avoir connaissance de la présence du diplomate à Benghazi ! Comment les tueurs l’ont-ils su ? Pour couronner le tout : des dossiers sensibles ont apparemment disparu lors de l’attaque : « des documents qui contiennent le nom de tous les collaborateurs, tous ceux qui travaillent pour le compte des États-Unis en Libye. Ces gens ne sont désormais plus à l’abri des groupes extrémistes… [ainsi que de nombreuses] informations relatives aux contrats pétroliers signés entre la Libye et les États-Unis ». Était-ce l’un des buts de l’opération sous couvert de réinjecter une piqûre brûlante de haine arabophobique aux opinions occidentales tétanisées ?

A contrario des apparences, l’Administration américaine avance sur cette voie en se déclarant quant à elle convaincue – toujours selon « The Independent » - que l’attaque n’était pas directement le résultat de la diffusion du film blasphématoire [2]. Il n’en reste pas moins que – volens nolens - cette sanglante attaque coïncide très exactement avec le voyage du St Père au Liban… Et la diffusion d’un film qui met le monde islamique en ébullition : ce 18 septembre attentat de rétorsion à l’aéroport de Kaboul, action perpétrée par une femme martyr et revendiquée par une Hezb-e-Islami [3], 12 pilotes russes et ukrainiens y ont trouvé la mort !

Hasard, divin hasard comme tu fais bien les choses. La version filandreuse des autorité américaines se trouve cependant contredite au final par le commandant des forces locales, Wissam Buhmeid, lequel constate que la garde affectée au périmètre de sécurité du consulat a délibérément quitté son poste en raison du film impie, alors qu’elles eussent dû en principe être renforcées à l’occasion de l’anniversaire du « 11 Septembre » ! Bref, le poste diplomatique n’avait donc pratiquement plus aucune protection de la part des forces libyennes ouvrant un boulevard aux éléments violents… comme si tout cela avait été effectivement planifié !

Is fecit cui prodest, cherchez à qui le crime profite

Tout cela semble en effet trop bien ficelé pour n’être qu’une simple affaire d’amateurs et de provocateurs à la petite semaine tels que la grande presse présente le réalisateur [4] et commanditaires de ce minable, mais dévastateur « porno ». Là encore la coordination est exemplaire, une attaque contre le poste diplomatique de Libye au moment où Benoît XVI est en visite au Liban comme s’il agissait de dresser Musulmans contre Chrétiens… mais la sauce n’a pas prise même si tout semble avoir été concocté aux petits oignons pour un embrasement général… lequel est malgré tout en train de se produire, pourtant pas dans le sens désiré : jamais la cote d’amour de la Grande Amérique n’aura été aussi basse dans le cœur de l’humanité inquiète !

On peut au bout du compte imaginer - sans peine - que ceux qui ont monté cette intéressante et fructueuse opération de « psyops » – « Psychological warfare ou Psychological Operations » – ne sont pas ‘eux’ des amateurs. Qu’ils ont une longue, très longue « expertise » en la matière et que l’un de leur chef-d’œuvre en matière de « deception game » restera le 11 Septembre lui-même. On ne prête qu’aux riches - n’est-ce pas ? - et la Toile – qu’on ne saurait pour l’heure faire taire – bruisse de rumeurs fort sérieusement documentées sur l’implication de différents services spéciaux – Pakistan, Arabie saoudite – au premier rang desquels… l’éternel – éternité d’un jour ? – le divin Mossad ! Qui eut pu orchestrer un « coup d’État » d’une telle envergure au cœur du Saint des Saints de la puissance impériale ? Al-Qaïda et ses méchants barbus ? Vaste plaisanterie dénoncée naguère publiquement dans l’enceinte du Sénat par l’un des anciens pontes du Renseignement français Alain Chouet. Plus, si tant est qu’elle ait jamais existée comme réseau terroriste organisé à l’international ! Car Al-Qaïda était une fabrication avant de faire des petits et de devenir un encombrant Golem, fort utile au demeurant chaque fois qu’il s’agit de sortir un diable de la boîte et de l’agiter à la face peuples. Parce qu’enfin si « Al-Qaïda n’existe pas », qui tire les ficelles ? Quel terrorisme – d’État – se cache derrière les terroristes et les barbudos qui n’en peuvent mais ? Se poser la question de façon pertinente, avons-nous dit c’est déjà poser les éléments d’une réponse… hélas impertinente !

« Comme bon nombre de mes collègues professionnels à travers le monde, j’estime, sur la base d’informations sérieuses, d’informations recoupées, que la Qaïda est morte sur le plan opérationnel dans les trous à rats de Tora Bora en 2002. Les services secrets pakistanais ensuite se sont contentés, de 2003 à 2008, à nous en revendre les restes par appartements, contre quelques générosités et quelques indulgences diverses. Sur les quelque 400 membres actifs de l’organisation qui existait en 2001 [...] il en reste moins d’une cinquantaine, essentiellement des seconds couteaux, à l’exception de Ben Laden lui-même et de Ayman al-Zawahiri, mais qui n’ont aucune aptitude sur le plan opérationnel. Donc moins d’une cinquantaine ont pu s’échapper dans des zones reculées, dans des conditions de vie précaires, et avec des moyens de communication rustiques ou incertains. Ce n’est pas avec un tel dispositif qu’on peut animer à l’échelle planétaire un réseau coordonné de violence politique. D’ailleurs il apparaît clairement qu’aucun des terroristes post 11/9, qui ont agi à Londres, Madrid, Casablanca, Djerba, Charm-el-Cheikh, Bali, Bombay, etc., ou ailleurs, n’a eu de contact avec l’organisation. Et quant aux revendications plus ou moins décalées qui sont formulées de temps en temps par Ben Laden ou Ayman al-Zawahiri, à supposer d’ailleurs qu’on puisse réellement les authentifier, elles n’impliquent aucune liaison opérationnelle, organisationnelle, fonctionnelle entre ces terroristes et les vestiges de l’organisation ». [5]

Voilà qui remet les pendules à l’heure mais n’exonère pas l’auteur de ce texte d’une accusation fondée de conjurationnisme aigu.

Notes

[1L’ambassadeur des USA en Libye n’a pas été assassiné. Il a été sodomisé, torturé, assassiné, puis promené dans la ville en trophée. 15 septembre 2012 Jean-Patrick Grumberg Dreuz.info.

[2Le sous-secrétaire au département d’État, Patrick Kennedy, a déclaré à ce propos que l’agression visait à venger l’assassinat ciblé au Pakistan d’un membre d’Al-Qaïda, Abou Yahia Al-Libi, par drone-tueur.

[3Le Hebz-e-Islami a été fondé par Gulbuddin Hekmatyar et activement soutenu par la CIA et l’ISI pakistanaise – Inter-Services Intelligence – pendant la guerre contre les soviétiques 1979/1989, dans le cadre de l’Opération cyclone. En 2004 alors que la résistance pachtoune prend son essor, Hekmatyar se retourne contre ses anciens commanditaires et en mai 2006 appelle au djihad contre l’occupant américain et la “Force internationale d’assistance et de sécurité – ISAF – sous commandement de l’Otan et faux-nez de la coalition américano-européenne.

[4Le film aurait été réalisé par Alan Roberts, soixante-cinq ans, spécialiste des longs métrages pornographiques et d’action à petit budget tels « La jeune Lady Chatterley II » ou « Karaté Cop ». Roberts prétends avoir bénéficié du soutien financier d’une centaine de juifs américains pour réunir les 5 millions de dollars qu’aurait coûté son œuvre délétère. Au demeurant, le site spécialisé d’Hollywood « TheWrap.com » n’en aurait pas trouvé la trace d’un seul ! Les poissons s’étaient-ils exfiltrés de la nasse avant que le pêcheur ne la relève ? L’auteur supposé du brûlot « Sam Bacile », « n’étant ni Israélien ni Juif » comme cela avait été annoncé de but en blanc, ce nom serait en fait le pseudonyme collectif d’un groupe « d’une quinzaine de chrétiens coptes et évangélistes originaires de Syrie, de Turquie, du Pakistan et d’Égypte ». Chacun sait ce qu’il faut penser des judéo-protestants américains, à ce titre chacun en déduira ce qui lui plaît.

[5Alain Chouet, ancien chef du service de sécurité de la Direction Générale de la Sécurité extérieure, Sénat 29 janvier 2010.

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