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Macron et Scholz à l’image du caractère irréaliste de la défense européenne

vendredi 15 mars 2024

Macron le « dingue », comme aiment le caricaturer les allemands, a parlé aux français ce jeudi pour signifier que la guerre avec la Russie est une éventualité. Scholz, de son côté a rassuré les allemands en promettant de ne pas livrer de missiles longues porté à l’Ukraine.
Voilà comment le couple franco-allemand gère le futur conflit avec la Russie et comment Washington et l’OTAN divisent l’union européenne. Ce n’est pas comme cela que la guerre se prépare ni se gagne. Poutine a déjà écrasé les mercenaires européens engagés sur le front du Dombass. Ce ne sont pas quelques militaires supplémentaires qui vont changer la donne. Entre la mythomanie de Macron et la trouille de Scholz il va être difficile de coordonner une nouvelle coalition militaire. Et si Macron veut décider d’y aller tout seul il doit se conformer d’abord au droit français et expliquer comment il a pu accepter de signer l’accord bilatéral avec l’Ukraine, tout en ne respectant pas la procédure de ratification.

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Mardi 5 mars La Commission européenne présente un plan de soutien à l’industrie militaire européenne, dont l’objectif est de renforcer le commerce intra-européen des armes et les achats communs dans le domaine de la défense d’ici 2030. Cependant, pour encourager ce développement, la Commission ne met à disposition que 1,5 milliard d’euros, un chiffre infiniment inférieur aux 100 milliards espérés par le commissaire au marché intérieur, le Français Thierry Breton. En outre, le ministre allemand des Finances, Christian Lindner, s’est fermement opposé à l’introduction de nouveaux titres de dette européens pour financer l’industrie de l’armement de l’UE.

Ce n’est que le tout dernier exemple de la manière dont s’expriment les ambitions de la puissance européenne, cultivées de longue date, notamment par les Français depuis l’époque de Jacques Delors, qui sont en dessous des possibilités de l’Union. Ce n’est certes pas par manque de ressources - après tout, les pays membres de l’UE dépensent au total plus de 240 milliards d’euros (les données officielles actuelles concernent l’année 2022), un peu moins que la Chine (267 milliards d’euros) et plus de trois fois plus que la Russie (80 milliards d’euros) - mais en raison d’une incapacité politique intrinsèque résultant d’une divergence d’intérêts structurelle.

Les insuffisances de l’Union dans le domaine de la défense, mais aussi de la politique étrangère, ressortent clairement dans les es récentes déclarations du président français Emmanuel Macron et du chancelier allemand. Olaf Scholz. Après avoir évoqué l’hypothèse d’un déploiement de troupes de l’OTAN en Ukraine et avoir dû reformuler sa position après une salve de critiques, Macron lance un nouvel appel à ses alliés européens et leur demande de « ne pas être des lâches », car la Russie ne peut pas gagner. Une position qui montre une fois de plus à quel point le chef d’un Etat dont les forces armées ont été chassées ces trois dernières années par des mercenaires russes de toute une série de pays du Sahel, une région stratégique pour les intérêts de Paris, est irréaliste.

Le chancelier ScholzIl subit de son côté une double humiliation. La première de la part de certains généraux de l’armée de l’air allemande qui, lors d’une vidéoconférence non cryptée, ont parlé librement de la possibilité d’un transfert de missiles Taurus à longue portée en Ukraine, dont Scholz avait nié à plusieurs reprises qu’ils soient remis aux forces armées de Kiev. La conversation a été intégralement écoutée et publiée par les Russes.

Les déclarations des généraux nous apprennent que le Royaume-Uni dispose déjà de sa propre présence militaire sur le théâtre des opérations, notamment lors du déploiement des systèmes de missiles livrés à l’Ukraine. Ce détail met en rage les responsables des services de renseignement britanniques, du ministère de la Défense et du gouvernement. Je tiens néanmoins à réaffirmer le non au déploiement du Taurus en Ukraine : Scholz déclare qu’il ne peut pas se permettre de faire ce que les Britanniques font déjà.

Une gaffe qui confirme la présence de soldats britanniques en Ukraine et qui renforce l’irritation des fonctionnaires britanniques, convaincus que les forces armées allemandes sont insuffisantes et peu fiables, car perméables à l’intrusion d’agents secrets russes.

Nova

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