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Le Japon approuve une révision majeure de sa doctrine de défense et une enveloppe de 300 milliards d’euros

mercredi 24 mai 2023

Le gouvernement japonais a approuvé vendredi une révision radicale de sa doctrine de défense pour tenter notamment de contrecarrer la puissance militaire chinoise, qualifiée par Tokyo de « défi stratégique sans précédent » à la sécurité de l’archipel. Cette nouvelle doctrine dévoilée par le Premier ministre Fumio Kishida (photo ci-dessous AFP), va permettre de « renforcer et moderniser » l’alliance militaire avec les Etats-Unis, s’est félicité le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan.

La doctrine défensive nippone est ébauchée dans trois documents qui adoptent un langage plus affirmé que lors de la première publication de la stratégie nationale de sécurité du Japon en 2013. Il s’agit de « la dernière étape en date d’une lente et graduelle normalisation » de la position japonaise en matière de défense et de sécurité nationale, selon James Brady, vice-président du cabinet d’études Teneo.

Normalisation.

Effectivement, la Constitution pacifiste japonaise entrée en vigueur en 1947 ne permet pas à Tokyo de se doter d’une armée proprement dite. Par conséquent, tout renforcement significatif de la politique de sécurité nationale est sensible au Japon et pourrait provoquer de longs débats sur sa constitutionnalité. Le Japon possède néanmoins des « Forces d’autodéfense » et son budget de la défense augmente régulièrement depuis des décennies. Mais il était plafonné jusqu’à présent à environ 1% de son PIB en vertu d’une règle tacite.

Contre-attaque.

Au centre de sa nouvelle « stratégie de sécurité nationale », le Japon prévoit de doubler son budget annuel de défense en le faisant passer d’environ 1% de son PIB à 2% d’ici 2027. Ce sont quelque 300 milliards d’euros que Tokyo entend mobiliser pour doper ses moyens militaires.

Le Japon entend notamment se doter d’une « capacité de contre-attaque », un concept qui jusqu’à récemment aurait été jugé incompatible avec sa Constitution. Cela lui permettrait de frapper des cibles menaçant l’archipel depuis des pays voisins. Pour ce faire, Tokyo pourrait s’équiper de missiles de croisière américains Tomahawk, dont les médias locaux ont rapporté récemment que le Japon souhaitait en acquérir jusqu’à 500, ainsi que de missiles intercepteurs de longue portée SM-6.

« La capacité de contre-attaque est nécessaire », affirment les documents, notant que le système actuel destiné à abattre d’éventuels missiles avant qu’ils ne tombent sur le sol japonais n’est pas suffisamment efficace, mais qu’aucune frappe préventive « ne saurait être tolérée » en vertu de la Constitution.

La présence des Forces d’autodéfense sur les îles les plus méridionales du Japon, les plus proches de Taïwan et donc de la Chine, devrait en outre être augmentée, avec notamment un quasi-triplement des unités d’interception de missiles balistiques, selon les médias nippons. Le Japon prévoit aussi de renforcer les capacités de ses garde-côtes et d’accroître sa coopération avec les armées et les garde-côtes d’autres pays.

Pékin, sans surprise, a vu rouge dès la conférence de presse du Premier ministre Fumio Kishida.

La Chine est « fermement opposée » à cette politique qui « s’écarte de l’engagement du Japon en faveur de relations bilatérales et d’un consensus » avec Pékin et qui « contient des calomnies sans fondement contre la Chine », avait déjà critiqué, dès, mercredi le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Wang Wenbin.

« Le Japon ne tient pas compte des faits, s’écarte des accords communs, de son engagement en faveur des relations bilatérales et discrédite la Chine. Nous sommes fermement opposés à cela », a dit vendredi le même porte-parole chinois, précisant que Pékin avait protesté solennellement auprès de Tokyo.

Ouest France

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