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Apocalypse Notre-Dame

Léon Camus

vendredi 3 mai 2019

À travers la planète, de nombreuses communautés chrétiennes, hors les pays occidentaux, sont hélas affreusement malmenées. C’est dire qu’elles font l’objet de persécutions récurrentes. Seraient concernés quelque 215 millions de croyants dans une cinquantaine de pays à travers le monde [1]. Au Sri Lanka, le bilan des attentats antichrétiens du dimanche de Pâques s’est alourdi… 253 morts. Dans un premier temps, une presse immuablement partisane par défaut, s’est efforcée de faire croire à l’opinion qu’il s’agissait de cibles indiscriminées mettant en avant d’abord les hôtels de luxe, loin devant les églises ! Cette presse si prévisible ne s’est pas non plus étendue depuis sur le couvre-feu établi dans la capitale Colombo et la protection par l’armée des édifices chrétiens seuls véritablement visés à l’exclusion des temples bouddhistes et hindouistes [2].

Parce qu’il faut à tout prix celer qu’à l’Est de la Méditerranée, les chrétiens sont un peu partout marginalisés quand ils ne sont pas ouvertement en butte à la malveillance active des groupes confessionnels dominants [3]. Ce qui va de pair avec la volonté de cacher – laquelle sévit également ici, chez nous - la sournoise hostilité à l’égard de la catholicité qui se développe, sous couvert de laïcité sourcilleuse (dogmatique mais à géométrie très variable). Laïcité faux nez d’un athéisme virulent (ou de la cabale juive : voir Vincent Peillon ex ministre de l’Éducation nationale- [4]) se traduisant, en autre, par le désespérant abandon de notre patrimoine architectural sacré. Barrès dénonçait déjà en 1912 dans « La grande pitié des églises de France », la sinistre déshérence dans laquelle se trouvaient nos lieux de culte au cours des années qui suivirent 1905 et l’adoption de la loi de séparation des Églises et de l’État. Dans cet ordre d’idée, le brasier de Notre-Dame n’est au fond que l’aboutissement d’une politique de mort lente, ou plutôt d’assassinat silencieux de la foi catholique… et sans doute, n’était-ce l’attrait touristique et les activités commerciales connexes, Notre-Dame de Paris aurait pu connaître le sort de maints bâtiments abbatiaux et conventuels reconvertis par la Révolution en carrières de pierre. Dévastée, entrepôt à fourrage, elle resta toutefois debout.

Ayons à l’esprit, qu’en France chaque jour, ce sont deux églises en moyenne qui sont profanées et dégradées. En 2018, quelque 1063 atteintes à des églises ou à de symboles chrétiens on été à déplorer soit une augmentation de 17% par rapport aux 878 actes de vandalisme dénombrés en 2017. Les vols, les statues décapitées, les chemins de croix couverts d’excréments sont entourés d’un consternant silence. Celui d’une classe médiatique autrement prompte à s’enflammer pour dénoncer - à grand renfort de trémolos pathétiques - une « atrocité » quand M. Finkielkraut se fait héler dans la rue par des admirateurs peu complaisants !

En un an, douze incendies criminels ont été recensés visant des églises1… en avril 2018, l’église Saint-Gervais-Saint-Protais à Langon (Gironde) ; le 11 juin, Saint-Vaast à Béthune ; juin 2018, Notre-Dame de Grâces à Revel (Haute-Garonne) et Sainte-Brigide à Plappeville (Moselle) ; le 25 juillet, Saint-Pierre du Matroi à Orléans ; 7 août, quatre départs de feu sont éteints in extremis à Saint-Pierre de Neuilly-sur-Seine ; septembre 2018, dans les Landes, l’église du Péré et à Grenoble la Chapelle Notre-Dame-de l’Accueil ; octobre, Saint-Jean-du-Bruel dans l’Aveyron ; à Grenoble le 16 janvier 2019, Saint-Jacques ; en février, la cathédrale Saint-Alain à Lavaur dans le Tarn ; enfin, le 17 mars, l’église Saint Sulpice dans le VIe arrondissement de Paris… incendie qui aurait démarré sur un tas de vêtements abandonnés par des clochards ! Liste à laquelle devrait (ou doit ?) évidemment s’ajouter l’embrasement de la toiture de Notre-Dame le 15 avril, premier jour de la semaine sainte. Ce que nous finirons par savoir si (et seulement si), les verrous du mensonge sautent assez tôt…

Notre-Dame des Douleurs

Sous la voûte perforée, dans les flammèches qui illuminent la nef dévastée et la luminescence du plomb en fusion tombant goutte à goutte, le reflet de l’incendie éclaire, derrière le maître autel, la piéta de Notre-Dame. Elle est intacte. Sculptée par Nicolas Coustou à la demande de Louis XIV suivant le vœu de son père Louis XIII, sur les genoux de la Vierge éplorée repose le corps du Christ qui vient d’être descendu de la Croix. À gauche, Louis XIII offre sa couronne et son sceptre ; à droite Louis XIV est en prière. À présent la toiture ayant disparue (dont la masse ajoutée à celle de la charpente assurait la cohésion de l’édifice), la nef, le transept et le chœur sont vulnérables, exposés qu’ils sont au risque d’une chute plus large de la voûte : pour trois parties vitales de la structure (outre la voûte elle-même), à savoir le pignon du transept nord et celui situé entre les deux tours, l’éventualité d’un effondrement n’est pas encore totalement écartée. Rien n’est donc encore fini.

Notre-Dame a traversé la longue carrière du temps et pourtant, tout à coup, « une langue de flammes jaillit de ses entrailles avec une fureur stupéfiante » [5] pour déchirer le grand navire de pierres vivantes taillées dans la chair, les larmes, la sueur et le sang de nos aïeux. Des images d’effroi viennent nous frapper de plein fouet, distillant un horrible un goût de fin du monde. Aussi est-il utile, nécessaire même, de nous interroger quant au sordide empressement de la presse à se prosterner face contre terre devant la version officielle de l’incendie, celle d’une cause fortuite ?

Thèse d’autant plus extraordinaire qu’elle nous a été assenée alors que rien, rien ne permettait de la formuler, ni même de l’ébaucher… surtout au vu et au su de la longue litanie des attentats qui, depuis des années, frappent nos églises, blessent nos cœurs et meurtrissent nos âmes. Rendons cependant hommage à cette presse servile si efficace et zélée quand il s’agit de mentir par omission… Parce que combien de français savent exactement ce qu’il en est de la guerre inexpiable que mènent les bourgeoisie athéistes envers la foi catholique ? Ou combien de centaines milliards ont-ils été détournés au profit de vaines politiques de la ville – ce tonneau des Danaïdes – qui eussent mieux été employés à donner un juste salaire au travail de la France d’en-bas et à l’entretien de nos patrimoines ? La presse fait bien son travail, elle « fait du bon boulot » aurait pu dire M. Fabius à son endroit, à l’instar de son appréciation de la tâche accomplie en Syrie (et ailleurs !) par les terroristes d’al-Nosra.

Personne n’a rien vu venir

Deux alertes ont retenti le lundi 15 à Notre-Dame. La première à 18h20, suivie d’une levée de doute : « Aucun départ de feu n’est constaté » précisera le procureur de Paris, Rémy Heitz, le lendemain. La seconde alarme sonne vingt minutes plus tard, mais il est déjà trop tard : le feu se propage à grande vitesse. Les pompiers tardent à venir, ils sont bloqués dans les embarras de Paris nés des plans déments de circulation dus à la citoyenne Hidalgo. Le mardi 16 avril à 19h, quoique les cinquante enquêteurs désignés n’aient pas encore pu pénétrer dans la cathédrale, seule la piste accidentelle est à nouveau retenue et confirmée. Beaucoup alors s’interrogent simplement armés de leur bon sens, de l’expérience ou d’une expertise avérée : la charpente s’étant embrasée à la vitesse de l’éclair, comment un tel feu a-t-il pu se propager aussi vite sans la présence de plusieurs foyers ? Une partie de la charpente était constitué d’arbres vieux de mille ans (un siècle avant leur abattage) dont le bois s’est au fil du temps quasi fossilisé, ce qui en fait un matériau particulièrement résistant au feu. Il faut en effet (apparemment) porter ce type de poutre à une température de 2000° Celsius pour espérer l’enflammer [6] ! Comment dans ce cas expliquer l’extension du feu à la totalité de la charpente en une courte demi-heure ? Une action surnaturelle en quelque sorte ?

Cette rationalisation volontariste de la cause accidentelle (très improbable) de l’incendie en l’absence de l’ombre d’une esquisse d’élément d’appréciation, est en soi aussi indécente que suspecte. Anticiper avec une telle précipitation les causes du sinistre ne peut en effet qu’alimenter des interrogations légitimes a priori impossible à exclure. Or la suspicion s’accroît démesurément lorsque les ténors extra-lucides des médias se montrent visiblement pris de peur panique quant apparaît le bout du nez d’une question indésirable… ou d’une vérité irréfragable. Fusent alors les anathèmes et les insultes : « complotiste » s’exclament-ils le regard empli de frayeur à l’idée qu’un doute aussi minime soit-il puisse se glisser dans l’esprit de leurs auditeurs.

M. Macron n’a pas non plus dérogé à cette règle – dénonciation, opprobre… des attitudes qui balisent sa soûlographie et son incontinence verbale – dans le propos liminaire de sa conférence de presse du 25 avril « à l’issue du Grand débat national », en stigmatisant « Les violences de la société : l’antisémitisme, l’homophobie, les attaques contre les institutions, les journalistes parfois, les forces de l’ordre ». Disant cela, il visait évidemment les Gilets Jaunes – que le régime s’efforce de discréditer en envoyant ses milices, antifas et Black blocs, pourrir les marches de la froide et pacifique colère populaire - mais ce faisant surtout, notre grand hâbleur, se gardait bien de désigner pas les incendiaires de Notre-Dame… qui n’existent pas sauf dans les noirs phantasmes populistes et néo-fascistes.

Stratégie globale de la tension

Notons que cet incendie, si opportun au regard du calendrier politique – pensons aux non annonces (nulles et déjà non avenues) du président Macron, faites avec dix jours de retard, le 25 avril, à l’occasion de sa conférence de presse (aussi creuse que logomachique)… et dans laquelle, la tragédie nationale qu’aura été l’incendie de Notre-Dame, n’est pas même évoquée de manière allusive ! Malgré le terrible électrochoc, en définitive, aucune union sacrée ne se sera créée autour de la classe dirigeante, de son patron et de son parti ! Une semaine après, tout semblait déjà oublié et M. Macron continuait son interminable dégringolade dans les sondages.

Force est de remarquer que si attaque il y a eu (et pourquoi le brasier de Notre-Dame ne serait-il pas une sorte de 11 Septembre à la française ? N’existe-t-il pas en France un État profond à l’instar de celui qui Outre-Atlantique planifie des guerres de conquêtes en série au nom des Droits humains ?), ceci très au-delà des plans de réaménagement futuriste de l’Île de la Cité dans son ensemble pour la transformer en une sorte de Disneyland intra urbain - des plans de plusieurs milliards d’euros qui jaillissent maintenant des cartons tant les dix ou quinze millions de visiteurs annuels de Notre-Dame en font saliver plus d’un… quel filon en effet ! – cela ne doit pas nous faire oublier quelle est la place de la France sur l’échiquier géopolitique de la mondialisation.

Parce qu’indépendamment du fort choc émotionnel ressenti par une majorité de Français à la vue d’une torchère montant à l’assaut du ciel, là où se dressait quelques instants auparavant la flèche de la cathédrale de Paris, nous ne devons pas oublier que cet événement touche précisément la seule puissance européenne montrant encore sporadiquement des velléités d’indépendance (telle le refus en février 2003 de s’aligner sur les États-Unis dans sa guerre contre l’Irak)… L’un des derniers pays ayant encore un reste d’authentique rayonnement international, un pays aux tendances souverainistes affirmées et dont le peuple en marche – Les Gilets Jaunes – persévère depuis des mois dans sa révolte contre un gouvernement et des classes dirigeantes, de gauche comme de droite, dont la vocation est de sacrifier les intérêts les plus élémentaires de la Nation - à commencer par ceux de ses classes productives – pour mieux appliquer les oukases idéologiques de la correction politique et suivre à la lettre l’agenda euromondialistes des super oligarchies internationalistes et autre cryptarchies régnantes.

Celles-ci, qui trouvent assurément un charme fou à la France, ses paysages, ses vins, ses parfums, bref à sa douceur de vivre, mais encore à ses monuments et à ses vastes richesses patrimoniales n’hésiteront pas néanmoins à étriller ce peuple de « Gaulois réfractaires au changement » si la nécessité l’impose. N’ayons nul doute à ce sujet, l’incendie de Notre-Dame pourrait de ce point de vue ne pas être uniquement un signe du ciel mais également un sévère avertissement d’ici-bas. N’oublions pas que ces gens n’hésiteront pas le cas échéant à faire tirer sur la foule comme d’éminents personnages l’on crûment suggéré. De cette façon, le 7 janvier, l’ancien ministre de l’Éducation nationale, invité de Radio Classique après l’Acte IX des Gilets jaunes, appelait sans détour à faire intervenir l’armée (ce qui fut fait par la suite), ajoutant que les forces de l’ordre devraient avoir la libre faculté d’ouvrir le feu sur les manifestants. Voix officieuse certes, mais disant tout bas ce qui se chuchote dans les coulisses du pouvoir.

28 avril 2019

Notes

[1Voir le film documentaire (2017) « La persécution des chrétiens aujourd’hui dans le monde » de Raphaël Delpard

[2Le Sri Lanka compte approximativement 1,2 million de catholiques soit 7 % des 21 millions d’habitants d’un pays largement bouddhiste (70 %) pour 12 % d’hindouistes et 10 % de musulmans.

[3En Israël, par exemple, quelques religieux, plus cyniques ou moins hypocrites qu’habituellement (tel le rabbin Shlomo Aviner), se sont ouvertement félicités de l’incendie de Notre-Dame qui, à leurs yeux, constitue une « punition divine pour l’autodafé du Talmud de 1242 en place de grève… le christianisme étant notre ennemi n°1 à travers l’histoire » timesofisrael.com/le-feu-a-notre-dame-un-chatiment-de-lautodafe-des-talmud-au-13e-siecle

[4« La république a une religion, c’est la laïcité, elle s’appuie sur la kabbale et l’illuminisme  ». https://aphadolie.com/2017/09/24/lo...

[5France 5 - François Cheng - 17 avril 2019

[6Non sans une réelle dose d’humour involontaire ou d’inconscience, certains [BFMTV et le Canard enchaîné] ne craignent pas d’évoquer sept mégots [intacts] retrouvés sur le chantier ! Indices qui sont loin d’expliquer les fumées ocre jaune qui ont formé un épais panache au tout début. Couleur que la fonte du plomb des couvertures n’expliquerait pas non plus(https://fr.wikipedia.org/wiki/Test_...).

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