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Les corrompus de l’Etat prônent la transparence

lundi 5 juin 2023

La Haute Autorité est chargée de recevoir, contrôler, avec l’administration fiscale, et de publier les déclarations de situation patrimoniale et les déclarations d’intérêts des responsables publics.
La France, comme tous les pays affiliés au G7, baigne dans la corruption avec des conflits d’intérêts et des versements de commissions occultes.
Nous en avons eu un exemple avec le Fonds Mariane de Marlène Schiappa qui est actuellement examiné en commission sénatoriale, où la ministre a détourné de l’argent public tout en pavoisant en Une du magazine de charme Playboy.

Les dessous de la république sont sales et continuent de l’être tant que la corruption perdure et que les aides sociales anesthésient le peuple qui a choisi le pass sanitaire pour aller manger au restaurant.

Le journaliste Vincent Jauvert a écrit un livre La Mafia d’État, qui décrit comment un petit groupe de hauts fonctionnaires truste la plupart des postes clés et lucratifs – dans les grandes entreprises privées comme au cœur de l’État. Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, jamais cette caste n’a été aussi puissante et aussi riche.

La Mafia d’État révèle les secrets de cette tribu de grands commis souvent plus préoccupés par l’argent et le pouvoir que par l’intérêt général.
On y apprend comment ils se cooptent dans les conseils d’administration de groupes privés, parfois aux limites de la loi ; comment ils font fortune grâce au démantèlement de l’État qu’ils ont eux-mêmes orchestré ; comment certains ont continué à manœuvrer habilement et à prospérer pendant la crise sanitaire.

La transparence de la vie publique s’améliore lentement

La Haute autorité pour la transparence de la vie publique vient de présenter son rapport sur l’année 2022. Son président, Didier Migaud, estime que la sensibilité des acteurs publics et privés aux questions de probité, de conflits d’intérêts et de déontologie augmente. Même s’il y a encore de bonnes marges de progrès.

L’année 2022 fut une grande année pour la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) avec tour à tour l’élection présidentielle, les législatives et deux remaniements ministériels.

Ces échéances électorales ont accru son activité de contrôle et d’accompagnement des 18 000 responsables publics concernés par l’obligation de déclarer patrimoine et intérêts. 5 245 élus, agents publics, membres de cabinets ministériels ont déposé au moins deux déclarations (patrimoine et intérêts).

Sur les 10 659 déclarations déposées (initiales et modificatives), 4 170 ont été contrôlées par la HATVP. Dans près de 7 déclarations d’intérêts sur 10, la Haute autorité a demandé des mesures de prévention de situations de conflits d’intérêts.

Taux de dépôts des déclarations inégaux

« Les taux de dépôts restent inégaux » , a souligné le président de la HATVP, Didier Migaud. Pour le patrimoine, ce taux atteint 74 % en début de mandat et chute à 49 % en fin de mandat, obligeant la HATVP à effectuer des relances, voire à émettre des injonctions.

La Haute autorité a même transmis 41 dossiers, principalement d’élus locaux, à la justice… « 41 dossiers, ce n’est rien au regard du nombre d’élus. Mais il faut être extrêmement sévère avec ces cas, car ils rejaillissent sur tous les autres. Et lorsqu’il n’y a pas de dépôt de déclarations, il n’y a pas de contrôle. Je demande un pouvoir de sanction propre » , a-t-il fait savoir, c’est-à-dire permettant à la HATVP de mettre directement à l’amende ces contrevenants.

Le « faux problème » des référents déontologues

À noter que la question des référents déontologues, que les collectivités devaient nommer avant ce 1er juin, a été qualifiée de « faux sujet et de faux problème » par le président de la HATVP. « Les associations départementales de maires et les centres de gestion peuvent proposer des [contacts] de déontologues, a-t-il tonné. Une commune peut avoir le même référent que l’EPCI. Une collectivité qui veut trouver un référent finit par trouver, même une petite commune. »

Cette vision semble tout de même un peu éloignée de la réalité du terrain puisqu’il reste complexe pour un maire d’une petite commune de moins de 500 habitants, par exemple, de désigner un référent déontologue. De plus, rappelons que la loi reste particulièrement imprécise sur la mise en œuvre de ces référents déontologues. Moyens mis à disposition, durée de l’exercice, rémunération... Les décisions reviennent aux collectivités qui ne sont pas accompagnées sur cette mise en œuvre.
Les oublis sanctionnés

En matière de contrôle des mobilités professionnelles entre le public et le privé (15 000 agents et responsables publics concernés), la HATVP a rendu 581 avis. Dans le cas des départs vers le secteur privé, elle a émis des avis de compatibilité avec réserve dans 80 % des cas (autrement dit, la HATVP accepte la mobilité tout en y mettant des conditions) et des avis d’incompatibilité dans 6,3 % des dossiers (c’est-à-dire lorsqu’aucune mesure de prévention en matière de conflits d’intérêts n’a été prise).

À noter que la HATVP a une cellule de veille sur les mobilités. En cas de non respect de la saisine obligatoire par les personnes concernées et/ou de situation potentielle de conflits d’intérêts, l’intervention de l’HATVP peut conduire à l’annulation, sans indemnité, du contrat signé dans le privé par la personne venant du public. En 2022, 4 dossiers ont été transmis à la justice.

Un encadrement des lobbys à améliorer

L’encadrement de représentants d’intérêts, surtout au niveau local qui n’existe que depuis le 1er juillet 2022 reste plus problématique. 2 584 entités sont inscrites dans le répertoire (+ 8 % par rapport à 2021).

Mais l’année 2022 a été marquée par « une forte augmentation du nombre de mises en demeure », relève la HATVP dans son rapport. S’agissant du répertoire concernant les collectivités locales (de 100 000 habitants et plus, soit 42 communes et 130 EPCI à fiscalité propre concernés), « il est encore trop tôt pour en faire le bilan et il est important que les autorités locales s’approprient [ce nouveau répertoire], estime Didier Migaud. La HATVP va publier de nouvelles lignes directrices. »

La Haute autorité fait 11 propositions d’amélioration de la transparence de la vie publique. Elle demande en particulier une modification du dispositif d’encadrement des lobbys qui s’avère encore trop flou actuellement. Didier Migaud espère que l’année 2023, qui marque les dix ans d’existence de la HATVP, permettra de mettre sur les rails un nouveau texte législatif.

Un colloque organisé en octobre à l’Assemblée nationale pour fêter cet anniversaire pourrait en être le point de départ.

Bénédicte Rallu et L.B

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