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Les Startup sauvées par l’Europe et nos impôts

lundi 27 mars 2023

Avec la faillite de la Silicon Valley bank, l’Europe a lancé un nouveau fonds d’investissement pour les pépites de la tech qui ont vu leur valeur chuter. Ces entreprises n’ont pour vertu que d’exister pour créer une nouvelle bulle spéculative et s’intégrer dans le futur numérique de Davos.

C’est sous la présidence européenne de Macron que le projet a vu le jour, par l’intermédiaire du Fond Européen d’investissement.
L’Initiative champions technologiques européens (ICTE) recevra 3,75 milliards destiné à soutenir les entreprises de la tech. Les pays partenaires sont la France, l’Allemagne et l’Espagne, chacun fournira 1 milliard d’euros, finançant ainsi 80 % de la somme de départ, l’Italie donne 150 millions et la Belgique 100 millions.

La crise de 2008 a changé la donne concernant le financement des entreprises, les banques ayant ni liquidité ni fonds propres, c’est le budget des Etats qui sert de garantie pour financer les entreprises. On mutualise les risques de crédits avec nos impôts. Ces sommes sont rangées dans le hors bilan bancaire de la France, appelées engagements de paiement.

« Cette initiative est un exemple frappant de ce que nous pouvons réaliser collectivement pour renforcer la souveraineté économique et industrielle de l’UE »
Bruno Le Maire

Les sociétés européennes high-tech matures sont rachetées par des investisseurs non européens, principalement des américains et des chinois.

En un mot, les gouvernements européens ont réussi le tour de force de mutualiser les risques bancaires vers les contribuables.

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Mutualisation des risques bancaires, le retour

CHRONIQUE. Des banques ont trouvé un moyen de transférer une partie de leur risque au contribuable. Avec opacité et discrétion
En assurant leurs portefeuilles de crédit, les banques peuvent apparaître plus solides qu’elles ne le sont en réalité.

Comme parfois en finance, l’idée partait d’une bonne intention. Depuis la crise financière, les gouvernements et banques centrales ont cherché à tout prix à faire en sorte que les banques accordent davantage de crédits aux entreprises, afin de faire repartir la croissance. Les milliers de milliards déversés sur les marchés financiers n’ont pas vraiment eu l’effet escompté. Puis le Fonds européen d’investissement a eu une idée. Ce partenariat public-privé qui veut soutenir les PME s’est de plus en plus impliqué dans une niche du marché financier dans laquelle des banques paient des investisseurs pour qu’ils prennent en charge d’éventuelles pertes sur des crédits.

En pratique, une banque package un ensemble de crédits, le plus souvent accordés à des entreprises. Elle calcule la quantité de fonds propres qu’elle doit détenir pour se protéger d’éventuels défauts sur ces crédits. Puis la banque s’assure contre ces éventuelles pertes en payant un investisseur. Il peut s’agir d’un hedge fund, d’un fonds de pension ou… du Fonds européen d’investissement.

Rattrapée par l’ingénierie financière

Tant que le portefeuille de crédits ne subit pas de défaut, l’investisseur-assureur reçoit un rendement attrayant, sur un actif auquel il n’aurait normalement pas accès. Lorsque des pertes se produisent, l’investisseur-assureur dédommage la banque, qui essuie aussi une partie des pertes (pour éviter qu’elle ne soit tentée de bourrer son pack de crédits avec des produits pourris). Mais la beauté de cette forme de titrisation synthétique est qu’elle permet à la banque de mobiliser moins de capital pour couvrir ces crédits. Ce qui devrait en théorie lui permettre de distribuer davantage de financements à la vraie économie.

Comme souvent en finance, cette belle intention a été récupérée par l’ingénierie financière, et un peu tordue. La banque en question donne l’illusion de s’être débarrassée d’une partie de ses risques. Elle paraît donc plus sûre qu’elle ne l’est en réalité. Puis, si les choses tournent mal – par exemple si une récession venait massivement empêcher les entreprises endettées auprès de la banque de rembourser leurs emprunts –, les pertes qu’aurait dû subir la banque seront transférées à l’investisseur-assureur. C’est-à-dire au hedge fund, au fonds de pension ou au Fonds européen d’investissement – soit, dans ce cas, au contribuable. Justement ce que les réglementations post-crise financière ont voulu éviter. C’était une autre bonne intention de départ.

Le Temps.ch

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