Mis sous pression par l’augmentation des coûts de l’énergie, le géant allemand de la chimie BASF a annoncé ce vendredi la suppression de 3300 postes lors de la présentation de ses résultats 2022. Son site historique de Ludwigshafen (sud-ouest de l’Allemagne), où se trouve son siège, est visé par la fermeture de plusieurs unités de production qui s’inscrit dans un plan d’économies visant l’Europe. L’essentiel des suppressions de postes doit concerner les employés allemands. Contactée, son antenne suisse indique ne pas pouvoir donner de détails sur « les conséquences concrètes pour BASF en Suisse ». L’entreprise est présente à Bâle, Kaisten (AG), Monthey (VS), Pfäffikon (SZ) et Schweizerhalle (BL).
En janvier, le géant de l’industrie chimique avait alerté sur ses difficultés en annonçant un déficit anticipé de 1,37 milliard d’euros (1,36 milliard de francs). Finalement, il a annoncé ce vendredi une perte nette de 627 millions d’euros (621 millions de francs). L’arrêt des activités en Russie de sa filiale dans l’énergie Wintershall Dea, impliquée dans l’exploration et la production pétrolière et gazière, a entraîné des charges de 6,3 milliards d’euros (6,2 milliards de francs).
BASF était aussi un des promoteurs du projet de gazoduc Nord Stream 2 abandonné à la suite de l’agression russe en Ukraine, et est l’un des propriétaires de Nord Stream 1, qui se trouve à l’arrêt. Fortement exposé au gaz russe dans ses activités, le groupe a aussi dû faire face à l’augmentation de ses coûts de production en Europe avec l’envolée des prix de l’énergie et des matières premières.
Dans un communiqué, son directeur général, Martin Brudermüller, pointe aussi du doigt des difficultés administratives : « La compétitivité de la région européenne souffre de plus en plus d’une réglementation excessive […] et, surtout, de coûts élevés pour la plupart des facteurs de production […] Les prix élevés de l’énergie pèsent désormais sur la rentabilité et la compétitivité en Europe. »
Des économies de 495 millions de francs par an
A Ludwigshafen, où BASF emploie près de 39 000 personnes, sur les 111 481 que le groupe comptait en décembre 2022, ce sont 700 emplois dans la production qui devraient être supprimés d’ici à fin 2026. Sur le lieu où elle est installée depuis sa création il y a 158 ans, l’entreprise prévoit notamment de fermer l’une de ses deux unités produisant du caprolactame, un composant utilisé pour la production de plastique et de fibres, ainsi que des unités associées, spécialisées dans les engrais. L’entreprise estime que son usine d’Anvers en Belgique peut à elle seule approvisionner le marché européen.
Les sites de production de divers composés chimiques sont ainsi visés, pour certains en raison d’une demande trop faible sur le marché européen et d’une sous-utilisation des installations. Mais dans les explications données par le groupe, le principal facteur reste l’augmentation des coûts de production. Des unités situées en Chine, en Corée du Sud et aux Etats-Unis doivent permettre de compenser la production des unités qui seront fermées.
Le groupe prévoit également 2600 suppressions de postes supplémentaires dans ses services commerciaux, dans ses activités de recherche et développement et par la réorganisation de ses structures d’encadrement. L’essentiel de ces mesures doit toucher les employés allemands du groupe. Selon BASF, elles doivent permettre d’économiser 500 millions d’euros (495 millions de francs) dans les domaines hors production dès 2025, et 200 millions de plus à partir de 2027 sur le site de Ludwigshafen.