La BCE demande aux banques de se préparer au pire
Le responsable de la supervision à la Banque centrale européenne (BCE) demande aux banques de se montrer prudentes face à un hiver qui s’annonce difficile. En France, le Haut conseil à la stabilité financière (HCSF) envisage de porter le taux de réserve du « coussin contracyclique » à 1 %, sauf si les banques françaises devaient freiner la production de crédit dans un contexte de récession.
Le secteur bancaire de la zone euro est solide mais la récession à venir appelle à la prudence. C’est le message délivré ce lundi par Andrea Enria, en charge de la supervision bancaire au sein de la Banque centrale européenne (BCE), lors d’un colloque à Bruxelles, rapporte l’agence de presse Reuters.
Face à un hiver sans doute difficile, « nous incitons les banques à mettre l’accent sur la concentration d’expositions aux secteurs qui sont particulièrement dépendants de l’énergie et vulnérables aux chocs énergétiques », a ainsi souligné le superviseur. Toutefois, les banques européennes ont accumulé de larges réserves financières ces dernières années, bien supérieures au minimum exigé par la réglementation.
Certes, les banques profitent de la remontée des taux d’intérêt, qui leur permet de dégager de meilleures marges d’intermédiation, même si les phases de transition d’un changement de cycle sont toujours délicates à piloter. Mais, souligne le banquier central, certains établissements sont plus exposés que d’autres à la remontée des taux, comme les spécialistes du financement immobilier (commercial et résidentiel) ou du crédit à la consommation.
La BCE a relevé ses taux directeurs de 125 points de base en deux mois et elle devrait procéder à de nouvelles hausses de 50 points de base chacune d’ici la fin de l’année. Ce qui constitue le cycle de resserrement monétaire le plus rapide depuis la création de l’euro.
Plus de réserves pour les banques
« Nous demandons aux banques de revoir leurs prévisions de fonds propres dans des scénarios sombres, défavorables, et nous allons entamer un dialogue dans ce sens avec elles », a précisé Andrea Enria. Pour lui, les établissements financiers fortement exposés au financement de l’immobilier (commercial et résidentiel) et au crédit à la consommation seront les touchés par la remontée des taux. Autre risque récemment identifié : les activités de dérivés sur les marchés de l’énergie.
Déjà, en France, le Haut conseil à la stabilité financière (HCSF), organisme créé après la crise financière de 2008 sous l’autorité du ministre de l’économie, a prévu, lors de sa dernière réunion en septembre, de se pencher en décembre prochain sur le « coussin contracyclique ». Ce mécanisme de mise en réserve obligatoire pour les banques est censé s’ajuster en fonction du cycle économique, c’est-à-dire à la hausse dans les phases d’expansion et à la baisse pendant les phases de ralentissement économique.
Selon des sources proches du HCSF, ce taux reste inchangé à 0,5 % mais il pourrait être relevé à 1 % en décembre pour une mise en application effective un an plus tard, sous réserve toutefois que la situation économique ne se dégrade pas trop d’ici là.
Toutes ces alertes indiquent cependant une certaine nervosité de la part des superviseurs face à une probable remontée du risque de crédit, exceptionnellement bas depuis deux ans. D’où les appels répétés à la prudence.