COVID-19 : une clinique d’audiologie signale une légère hausse des affections de l’oreille interne chez les patients vaccinés
Dans une clinique d’audiologie californienne, 51 patients ont présenté une perte d’audition neurosensorielle nouvelle ou exacerbée en février-mars 2021, contre 40 sur la même période en 2020 et 34 en 2019.
Sur les 51 patients en 2021, 30 avaient reçu au moins 1 dose d’un vaccin à acide ribonucléique messager (ARNm) contre la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) au cours des jours ou des semaines précédents.
Sur les 30 patients, 11 avaient une maladie de l’oreille existante.
Diagnostic de perte d’audition neurosensorielle, février-mars :
2019 : 34 patients, 1,6 % de toutes les consultations.
2020 : 40 patients, 2,4 % de toutes les consultations.
2021 : 51 patients (30 personnes ayant reçu un vaccin), 3,8 % de toutes les consultations.
Sur les 30 personnes qui avaient reçu au moins 1 dose de vaccin à ARNm au cours des jours ou des semaines précédents (intervalle : 1–42 jours), 18 avaient reçu le vaccin de Moderna et 12 le vaccin de Pfizer.
Âge moyen : 60,9 ± 13,8 ans ; 19 hommes et 11 femmes.
83,3 % ont présenté une perte auditive, 50 % des acouphènes, 26,7 % des sensations vertigineuses, 16,7 % des vertiges et 30 % ont présenté d’autres effets indésirables.
36,7 % des patients avaient une affection de l’oreille interne connue auparavant (par ex., la maladie de Ménière ou une maladie auto-immune).
La perte auditive semble avoir été unilatérale.
Les antécédents d’exposition au SARS-CoV-2 n’ont pas été établis.
Il s’agit d’une étude monocentrique.
Cas manquants/non signalés.
L’échantillon était de petite taille.
Le vaccin anti-Covid peut-il entraîner des troubles auditifs ? « Un élément à étudier », mais « rien de confirmé »
L’OMS a lancé un signal sur un lien potentiel entre troubles auditifs et vaccins contre le Covid-19. Mais le nombre de cas observés reste, à ce jour, minime, et rien n’est avéré.
Le vaccin du Covid-19 rendrait-il sourd ? Depuis quelques jours, des articles reprennent une publication de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) datant de février, dans laquelle des effets secondaires potentiels des vaccins contre le Covid-19 sur l’audition sont soulignés. Mais le nombre de cas reste minime et si des recherches plus avancées sont menées, rien n’est avéré pour l’heure.
Dans le suivi des patients post-vaccination, l’OMS a « identifié la perte auditive (y compris les cas soudains) et les acouphènes après la vaccination contre le Covid-19 comme un signal préliminaire à évaluer plus avant », est-il expliqué.
Surdité, hypoacousie et acouphènes « sous surveillance »
« L’OMS a identifié un signal - ce qui est assez fréquent- sur une remontée de cas de perte d’auditions majoritairement temporaires », explique auprès de BFMTV.com Stéphane Paul, immunologiste et membre du comité vaccin Covid-19.
Au 18 novembre 2021, l’organisation mondiale écrit avoir enregistré 37.529 cas de troubles auditifs dans 86 pays après une vaccination contre le Covid-19. Ces troubles étaient associés à tous les vaccins autorisés, selon l’organisation. Ils comprennent des cas de « surdité soudaine, les acouphènes, la surdité unilatérale, l’hypoacousie neurosensorielle, la surdité, la surdité transitoire et l’hypoacousie ».
L’OMS s’est penchée sur une étude regroupant plus de 500 cas dans une dizaine de pays, pour lesquels « les symptômes corrélés les plus courants étaient les acouphènes, suivis des maux de tête, des étourdissements et des nausées, et de nombreux patients ont connu une récupération rapide, tandis que certains avaient besoin d’un traitement aux stéroïdes ». L’organisation précise que la plupart était « de jeunes adultes sans comorbidité », bien que certains aient déclaré des problèmes d’audition dans le passé.
Cet effet secondaire est aussi surveillé en France, comme le soulignent plusieurs rapports de l’ANSM (agence du médicament). Les troubles auditifs comme la surdité, l’hypoacousie et les acouphènes font partie des « signaux potentiels ou événements déjà sous surveillance » concernant le vaccin Moderna. Dans un rapport de septembre à novembre 2021, l’ANSM note ainsi « 27 cas graves et 96 cas non graves » d’acouphènes après le vaccin Moderna.
Rien d’avéré pour le moment
Toutes les remontées concernant ces différents troubles de l’audition après un vaccin Covid-19 sont très sérieusement à l’étude. L’OMS émet ainsi des hypothèses quant au potentiel lien entre les vaccins et les troubles auditifs, écrivant par exemple qu’un « mécanisme d’action plausible impliquant le nerf vestibulocochléaire [relatif à l’ouïe, ndlr] a été suggéré ».
En effet, « si un problème potentiel est signalé après la vaccination, une enquête approfondie est menée. L’enquête comprend un examen approfondi du cas en question, notamment une évaluation médicale. Si nécessaire, des études détaillées sont menées », détaille l’OMS sur une page consacrée à la sécurité des vaccins. Mais « le plus souvent, les problèmes de santé se révèlent être des coïncidences, sans aucun lien avec la vaccination. »
Dans le cas des troubles auditifs, d’une part, il faut noter que le nombre de cas identifiés est extrêmement minime, comparé aux 4,5 milliards de personnes vaccinées dans le monde contre le Covid-19.
D’autre part, l’ANSM souligne qu’en France, « la prévalence des acouphènes varie entre 10 et 15% de la population adulte », or, « le taux de notification » des acouphènes post-vaccin Moderna remontés à l’ANSM « est de 123 cas pour 10,973.414 injections réalisées soit 0,11 cas pour 100.000 injections », écrit-elle. Ces troubles auditifs pourraient donc être décorrélés de la vaccination, et correspondre à une apparition ordinaire.
Pourquoi signaler ces cas si rien n’est prouvé ?
« Ces cas apparaitraient dans un délai compatible avec un effet d’une vaccination » mais il n’y a « clairement rien de démontré », appuie Stéphane Paul. « De mon point de vue, c’est un élément à étudier et à suivre mais à ce jour la causalité est loin d’être prouvée. »
Il est encouragé de signaler les différents cas de suspicion d’effets secondaires après la prise d’un nouveau médicament, ou ici d’une vaccination, car cela permet d’identifier des effets néfastes qui n’auraient pas été perçus lors des différentes phases des études. Ainsi, pour Stéphane Paul, l’étude des troubles auditifs par l’OMS est une preuve « que la pharmacovigilance fonctionne toujours très bien ».
« La connaissance de ce lien possible peut aider les professionnels de la santé et les personnes vaccinées à surveiller les symptômes et à rechercher des soins, le cas échéant », écrit ainsi l’OMS.