Otan : la Turquie s’oppose à l’adhésion de la Finlande et de la Suède
Le président Erdogan profite d’un changement de géopolitique majeur en Europe, avec la demande d’adhésion de la Finlande et la Suède à l’Otan, pour tenter de faire avancer des dossiers au cœur des intérêts d’Ankara.
Le feuilleton de l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’Otan ne fait que commencer. Les deux pays ont formellement remis, mercredi, leur candidature à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord - rompant, à cause de l’agression russe en Ukraine, avec des décennies de neutralité et de non-alignement militaire - mais la lumière s’est aussitôt déportée sur la Turquie.
Devant le Parlement turc, le président turc Recep Tayyip Erdogan a redit son opposition à l’entrée de deux pays qui refusent, selon lui, d’extrader des personnes accusées d’appartenir aux groupes terroristes du PKK ou du YPG. Helsinki et Stockholm ont de surcroît participé à un embargo sur les exportations d’armes vers la Turquie en 2019. « Nous ne pouvons dire oui », a-t-il répété, « soutenir le terrorisme et demander (notre) appui est un manque de cohérence ». Ce faisant, il fait obstruction à un processus requérant l’accord de tous les membres et qui devrait durer un an.
Candidature de l’Ukraine à l’Union européenne : les divisions persistent au sein du bloc
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, vient d’arriver à Kiev pour une nouvelle visite consacrée aux ambitions de l’Ukraine de rejoindre l’Union européenne. Certains Etats membres veulent qu’une promesse ferme soit faite pour envoyer un signal fort à la Russie après son invasion de l’Ukraine, tandis que d’autres, dont les Pays-Bas et le Danemark, se montrent plus prudents. Les deux grandes puissances du bloc, la France et l’Allemagne, ont également exprimé des réserves.
Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, est en visite à Kiev ce samedi 11 juin pour parler de l’intégration européenne de l’Ukraine, alors que l’exécutif européen doit rendre son avis sur la demande de candidature de l’Ukraine vendredi prochain, le 17 juin. Les chefs d’Etat de l’Union devraient, quant à eux, en discuter lors d’un sommet qui se tiendra la semaine suivante.
Dans le cadre de cette visite, la présidente de la Commission a promis une réponse « la semaine prochaine » aux ambitions de l’Ukraine de se porter candidate à l’Union européenne, alors que l’offensive russe s’intensifie dans l’est du pays.
« Les discussions d’aujourd’hui vont nous permettre de finaliser notre évaluation » sur l’octroi éventuel à l’Ukraine du statut de candidat à l’UE « d’ici la fin de la semaine prochaine », a déclaré Ursula von der Leyen après avoir rencontré le président Volodymyr Zelensky.
Le statut officiel de candidat à l’UE que l’Ukraine souhaite obtenir d’ici fin juin est tout sauf acquis, en dépit des assurances répétées sur l’appartenance ukrainienne à « la famille européenne ».
Différentes sensibilités
Il existe, en effet, des divisions au sein du bloc quant à l’octroi du statut de candidat. Certains Etats membres veulent qu’une promesse ferme soit faite pour envoyer un signal fort à la Russie après son invasion de l’Ukraine, tandis que d’autres, dont les Pays-Bas et le Danemark, se montrent plus prudents. Les deux grandes puissances du bloc, la France et l’Allemagne, ont également exprimé des réserves.
« Pourquoi, si les sondages montrent que 71% des Européens considèrent l’Ukraine comme faisant partie de la famille européenne, y a-t-il encore des sceptiques politiques qui hésitent à nous permettre de rejoindre l’Union européenne ? », a lancé, hier, Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, lors d’une conférence à Copenhague.
« Nous savons qu’il y a différentes sensibilités sur le sujet au sein de l’Union européenne », a déclaré une source au sein de la présidence française aux journalistes. « Nous serons attentifs à l’unité du Conseil européen. Nous pensons aussi que l’Union européenne doit sortir renforcée de cette crise en Ukraine et non pas affaiblie. »
Trois diplomates européens ont estimé que le scénario le plus probable était que la Commission européenne donne son feu vert, en y mettant probablement des conditions. Les chefs d’Etat trouveraient alors, selon toute vraisemblance, une « formule » qui ne donnerait pas immédiatement à l’Ukraine le statut de candidat, ont-ils expliqué.
La philosophie a changé
« La philosophie a changé. Personne ne dit clairement non, mais les Etats plus réservés veulent repousser autant que possible l’échéance », a indiqué un diplomate européen.
Le président ukrainien Volodimir Zelensky a déclaré lors d’une conférence au Danemark vendredi que les grandes déclarations selon lesquelles l’Ukraine faisait partie de la famille européenne devaient être suivies d’actes.
« Notre position est claire : l’Ukraine a besoin d’un engagement juridique, pas une promesse politique. Les hésitations coûtent trop cher à notre pays », a écrit jeudi la vice-Première ministre ukrainienne Olga Stefanichina sur Twitter à l’issue d’une réunion avec la Commission européenne.
Un engagement juridique, pas une promesse politique
Le président français Emmanuel Macron a suggéré le mois dernier de créer une « communauté politique européenne » qui créerait une nouvelle structure, permettant une coopération plus étroite avec les pays cherchant à adhérer à l’UE. Cette initiative a irrité Kyiv et plusieurs Etats membres de l’UE, qui y voient une tentative de repousser l’adhésion de l’Ukraine.
« La réponse aux besoins de l’Ukraine ne réside pas dans un statut, mais dans des politiques et dans la démonstration de notre solidarité », a déclaré le responsable français.
Même si la candidature de l’Ukraine est approuvée, la procédure pour devenir membre à part entière de l’UE prend plusieurs années et peut faire l’objet d’un veto de la part de tout Etat membre.
A l’heure actuelle, cinq pays (Albanie, Macédoine du Nord, Monténégro, Serbie, Turquie) sont officiellement candidats pour rejoindre le bloc. La Bosnie-Herzégovine et le Kosovo sont eux des candidats potentiels. Ils ont été rejoints par l’Ukraine, la Géorgie et la Moldavie, qui ont déposé des demandes d’adhésion dans la foulée de l’offensive militaire russe en Ukraine.