Nouvelles restrictions contre le Covid-19 : ce que pourrait annoncer Macron ce lundi
Le rendez-vous est pris. Ce vendredi, l’Élysée a confirmé que le président de la République prendrait la parole ce lundi 12 juillet à partir de 20 heures depuis l’Élysée. Prévue depuis plusieurs jours, l’allocution a lieu un mois et demi après l’entretien donné le 29 avril par le chef de l’État à la presse quotidienne régionale, et dans lequel il détaillait le calendrier du déconfinement.
L’Élysée n’a pas donné de détails sur le contenu de l’intervention, mais l’entourage d’Emmanuel Macron indique que son objectif est de définir le cap pour les dix derniers mois de la fin du quinquennat, en particulier sur les réformes comme celle des retraites.
Mais alors que le variant Delta gagne du terrain en France, la prise de parole sera en grande partie consacrée à la situation sanitaire du pays. Selon nos informations, plusieurs pistes sont actuellement sur la table de l’exécutif, alors qu’un nouveau Conseil de défense est prévu lundi à la mi-journée, quelques heures avant ces nouvelles annonces.
« La relance de l’épidémie ne doit pas occulter la relance tout court », nous a confié un proche du président de la République.
Vaccination et pass sanitaire
Sujet brûlant, la vaccination rendue obligatoire pour les soignants devrait être abordée. Plus tôt dans la semaine, dans une déclaration commune, le ministre de la Santé, Olivier Véran, et une quinzaine d’organisations professionnelles du secteur (médecins et infirmiers, fédérations d’établissements sanitaires et médico-sociaux...) s’y sont dits favorables. Ils souhaitent le « vote d’une loi dans les plus brefs délais si cela s’avère nécessaire ».
Cette obligation pourrait également être étendue à d’autres professions au contact du public, dont les pompiers.
L’extension du pass sanitaire est aussi une option envisagée par le président de la République. Vendredi passé, Jean Castex a appelé les chefs des groupes parlementaires à réfléchir à l’extension du « champ d’application du pass sanitaire », qui consiste en une preuve de vaccination, d’un test négatif de moins de 48 heures, ou d’une contamination au Covid-19 d’au moins 15 jours et de moins de 6 mois.
Actuellement, il n’est nécessaire que pour assister à des événements rassemblant plus de 1000 personnes, en intérieur comme en extérieur. Dès ce vendredi, il sera également obligatoire pour se rendre en discothèque, alors que leur réouverture à lieu ce vendredi. Mais plusieurs voix, dont celle d’Alain Fischer, estiment qu’il faut l’étendre à d’autres « activités socioculturelles ou sportives. »
Les vacances d’été en danger ?
Lors de cette prise de parole, et en fonction des ultimes arbitrages qui seront pris au terme du Conseil de défense, de possibles restrictions aux frontières pourraient être annoncées. Jeudi, le secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, Clément Beaune, avait recommandé « d’éviter l’Espagne et le Portugal » pour les vacances. Des recommandations qui pourraient également concerner certains pays du Maghreb, où l’épidémie repart fortement.
Pour l’heure, la tendance serait de réaliser une distinction entre pays de l’UE et pays hors-UE.
« Les pays au sein de l’Union Européenne ont mis en place un système de communication de leurs taux d’incidence, de leur nombre de contamination, très réguliers et très fiables. Nous n’avons peut-être pas le même degré de fiabilité avec des pays qui ont un système de santé, ou de »alerter tracer isoler« moins abouti, ou qui ont un enjeu économique d’ampleur avec le tourisme. C’est à prendre en compte dans les chiffres qu’ils nous communiquent », estime un membre du gouvernement.
Territorialisation
Lors du dernier Conseil de défense, mercredi passé, l’hypothèse d’un retour des mesures territorialisées a également été évoquée. Pour l’heure, le variant Delta ne circule pas uniformément sur le territoire : en Nouvelle-Aquitaine, en Ile-de-France et en région Paca, plus de 50% des tests criblés sont touchés par la mutation L452R, caractéristique notamment de la souche Delta, plus contagieuse.
De nouvelles mesures pourraient donc être envisagées, notamment dans les zones les plus touristiques, comme le retour du masque en extérieur. Dans les Landes, l’un des départements les plus touchés par le variant Delta, les dernières restrictions du confinement avaient ainsi été prolongées jusqu’à ce mercredi et d’ultimes mesures y perdurent « jusqu’au 21 juillet inclus », « pour conforter la situation sanitaire ».
A court terme, ces mesures territorialisées seront laissées à la main des élus et des maires.
Quel avenir pour les tests ?
Un doute subsiste encore quant à une potentielle fin de gratuité des tests de « confort », comprendre les dépistages de personnes qui ne présentent pas de symptômes du Covid-19 ou ne sont pas considérées cas contacts, mais qui souhaitent partir en voyage par exemple. Or, une telle mesure pourrait pousser une partie des Français à ne plus du tout se faire tester.
Selon nos dernières informations, les tests pour les vacances et pour les lieux avec jauges (concerts, festivals, théâtres, etc), pourraient donc devenir payants. Ils sont payants pour les voyageurs étrangers venant en France depuis aujourd’hui du côté des Aéroports de Paris, leur prix donne une tendance de ce que cela pourrait coûter pour tout le monde : 50 euros pour un test PCR, 30 euros pour un test antigénique.
Ce changement devrait être valable pour septembre. Il n’est en revanche pas question de détourner les gens non vaccinés des tests à ce stade. Ceux qui ne sont pas encore vaccinés doivent pouvoir utiliser les tests jusqu’à la fin de l’été, le temps qu’ils aient obtenu leur 2e dose. L’objectif est toutefois, selon un ministre, de « faire en sorte qu’être vacciné soit la seule solution pour avoir une vie normale. »
Quid de la réforme des retraites ?
Outre l’aspect sanitaire, Emmanuel Macron doit également aborder d’autres thèmes, dont celui de la relance économique et des réformes qu’il souhaite mettre en place pour la fin de son mandat. Selon nos informations, la réforme des retraites pourrait être évoquée.
Selon plusieurs sources proches du chef de l’État, cette réforme pourrait être faite en deux parties bien distinctes. Une première dans les mois à venir avec le report de l’âge de la retraite à 64 ans comme mesure phare, ainsi qu’une réforme de la dépendance et la fin des régimes spéciaux. D’autres mesures plus structurelles devraient être annoncées au cours d’un éventuel second quinquennat. Emmanuel Macron doit ce mardi recevoir syndicats et patronat, tous deux opposés à cette réforme.
Or, la situation sanitaire qui se complique jour après jour en France rebat les cartes, et l’annonce de cette réforme des retraites, très impopulaire auprès des Français, alors que de nouvelles restrictions s’annoncent, pourrait être une erreur de communication de la part de l’exécutif.