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Goldman Sachs Mittal une union en acier

jeudi 28 avril 2016

L’acier français a été ruiné par l’entreprise de Lakshmi N. Mittal en raison de placements douteux et du désengagement de l’Etat. Comment peut on comprendre l’ascension d’un groupe sidérurgique modeste au rang de leader mondial peu de temps après.
Le plus simple est de revisiter le parcours de Mr Mittal qui financé par la Goldman Sachs, a pu acheter ce qui lui était inaccessible. Possédant son siège dans le paradis fiscal luxembourgeois, Goldman Sachs lui propose une OPA sur Arcelor salivant par avance sur les montants des transactions à venir. Florange scellera l’avenir de l’acier français et des pertes records du groupe en 2015 de l’ordre de 8 milliards d’euros en raison de l’acier chinois bien moins cher. L’histoire de Mittal doit être mise en parallèle avec toutes les « success story » Vivendy SFR Alcatel etc...l’économie actuelle n’est qu’une gigantesque « chaine de Ponzi »

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Mittal, un colosse aux pieds d’argile en train de flancher ?

Les hauts fourneaux liégeois et ceux de Florange en Lorraine ne sont peut-être pas les derniers pions d’un jeu perdant dans lequel Lakshmi Mittal et ses proches ont engagé une très grande partie de la sidérurgie européenne. Car si l’entrepreneur indo-britannique est devenu 6e fortune mondiale, il le doit à des opérations qui révèlent aujourd’hui toute leur toxicité. Derrière celles-ci, comme le révèle le site français Médiapart dans son édition du 1er décembre, la banque d’affaires Goldman Sachs.

« Petit » acteur du marché sidérurgique dans les dernières années du 20e siècle, le groupe familial de Lakshmi Mittal, Ispat International, se sent des fourmis dans les jambes avec le 21e siècle naissant. Dès le début des années 2000, il entreprend de racheter plusieurs groupes sidérurgiques et mue, en 2004, en Mittal Steel. En 2006, il décide de s’offrir un tout gros morceau : le groupe Arcelor, lui-même fruit d’une longue et pénible restructuration de l’acier européen mais désormais navire-amiral d’une sidérurgie renaissante. Arcelor, c’est la réunion des poids lourds qu’étaient auparavant les Usinor, Cockerill, Arbed et Aceralia, repositionnés sur des aciers hauts de gamme et disposant de filières complètes réparties sur la planète entière.

Quand Lakshmi Mittal s’attaque à ce fleuron, le moins qu’on puisse dire est que personne ne voit rien venir. L’OPA est hostile, mais les barons de l’acier européen sont pris au dépourvu, sans soutien des Etats qui se sont désengagés de ce secteur-clé. Lakshmi Mital, lui, bénéficie d’un soutien de poids : Goldman Sachs, la fameuse banque d’affaires.

Goldman Sachs a un impératif : la banque a aidé Lashkmi Mittal à construire son groupe en lui prêtant des milliards de dollars et celui-ci connait des ratés. Elle ne veut pas perdre sa mise. Ses stratèges élaborent alors un plan pour consolider Mittal Steel. Arcelor est la proie parfaite. En prenant le contrôle du groupe européen, Mittal contrôlera jusqu’à 10% de la production d’acier mondiale et détiendra un puissant levier pour peser sur les cours mondiaux. Et surtout, Goldman Sachs s’offre un excellent joker pour favoriser la financiarisation du monde de l’acier : ventes à termes, contrats dérivés… On peut désormais échanger des barres de fer sur le marché comme de vulgaires barils de pétrole. Goldman Sachs en salive d’avance.

Le succès, dans un premier temps

En 2006, la fusion-acquisition est actée. Le nouveau groupe dégage l’impression d’être un joyau redoutable et ultra-performant. Les réticences plus ou moins avouées s’effacent tandis que Lakshmi Mittal fait des promesses à tour de bras. Des promesses qui n’engagent que lui et que, quelques années plus tard, il reniera les unes après les autres. En attendant, ArcelorMittal gagne de l’argent, beaucoup d’argent, dans un marché porté par la demande chinoise et, déjà, par la spéculation qui s’est insinuée dans les rouages de la mécanique. En 2007, c’est-à-dire juste avant la crise, ArcelorMittal a fait la meilleure année de toute son histoire.

Car Mittal a besoin d’énormément de rentrées, pour éponger ses dettes colossales d’une part et pour rétribuer ses actionnaires d’autres part. La famille Mittal pèse à elle toute seule rien moins que 41% de l’actionnariat du groupe, en plus de disposer de tous les postes clés. CEO et principal actionnaire, Lashkmi Mittal a une fortune estimée à 34 milliards d’euros, alimentée par des dividendes annuels qui frôlent le milliard d’euros. Vraiment, la création d’ArcelorMittal, c’était un coup de génie…

Le groupe poursuit sa politique d’acquisition et joue les pères Noël. Là ou Arcelor prévoyait de fermer à terme les équipements les moins performants ou les moins rentables, Mittal promet une nouvelle vie et de nouveaux investissements. L’espoir renaît dans les vieilles vallées industrielles. Au passage, Mittal se constitue un autre pactole, celui des « droits de polluer » qui lui sont généreusement octroyés en échange de la bonne volonté affichée par le sidérurgiste. ArcelorMittal siège désormais sur une montagne de quotas qui, tout un temps au moins, ont pris de la valeur. Pour l’auteur d’un rapport commandité en 2009 par le Système européen d’échange des droits d’émission, Anna Pearson, ArcelorMittal « a transformé le système des droits d’émission en une technique pour obtenir des subventions gratuites ». Gagnant sur tous les tableaux.

Retournement de situation

Oui mais voilà : l’acier est un produit cyclique, particulièrement sensible aux retournements de conjoncture. 2008 est un coup de semonce, les années suivantes seront un naufrage. La conjonction d’une surproduction d’acier « justifiée » par les prix élevés, de la spéculation et du ralentissement économique fait chuter les cours de l’acier.

L’endettement d’ArcelorMittal devient gigantesque. Il s’élève à 22,5 milliards d’euros fin 2011 et le groupe doit faire face à des échéances pour plus de 6 milliards d’euros d’ici à 2014. Standard&Poor’s a dégradé la note de la dette du groupe en catégorie spéculative. Autrement dit, le groupe paye des fortunes en intérêts pour placer les titres de sa dette. L’action ArcelorMittal quant à elle a perdu 20% en 2012. Le Phoenix est devenu un canard boîteux et il doit cette piètre position au modèle mis en place sous la férule de Goldman Sachs lors de l’OPA sur Arcelor. Les banques, désormais, pourraient lâcher Mittal.

Pour ArcelorMittal, il faut dès lors revenir sur les promesses données : mise à l’arrêt temporaire des hauts fourneaux les moins rentables avant leur fermeture définitive, rationalisation… Gandrange, Liège, Charleroi, Florange… Des gouvernements pieds et poings liés assistent déconfits au retournement de situation que d’aucun avaient pourtant prédit dès l’origine. Au passage, les Etats européens perdent tous les efforts consentis en termes de subsides, de reclassement ou de redéploiement entrepris lors de la mise sur pied du groupe Arcelor. Mais le retournement de situation n’est pas pour autant un revers de fortune pour Lakshmi Mittal et ses proches : fin 2011, le groupe distribuait encore 2,3 milliards d’euros de dividendes et Lakshmi Mittal vient de racheter deux immeubles dans Kensington Palace gardens avenue, au cœur de Londres, pas loin de son propre repaire londonien. Des biens estimés ensemble à 542 millions d’euros.

Les travailleurs belges, français et luxembourgeois auront droit à un autre traitement fait de prépensions, de reclassement, de départs volontaires. A Florange, Arcelor Mittal va mettre 180 millions d’euros sur la table pour cet accompagnement. Le tiers de la valeur des biens londoniens du patron du groupe, soit encore 0,5% de sa fortune personnelle.

Rédaction RTBF

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