L’Inde peut-elle remplacer la Chine en tant qu’« usine du monde » ?
Nigel Green
Les autorités indiennes ont mis en place de nombreuses mesures d’incitation, notamment des subventions avantageuses pour les entreprises qui quittent la Chine.
Les plans manifestes de l’Inde pour remplacer la Chine en tant qu’« usine du monde » semblent s’être accélérés ces dernières semaines.
Cette évolution intervient dans un contexte d’inquiétude croissante de la part des fabricants mondiaux à la suite des violents affrontements qui ont éclaté dans l’usine d’assemblage de l’iPhone la plus importante d’Apple en Chine, à la suite de la fermeture de Covid.
L’entreprise est désormais confrontée à une pénurie d’iPhone 14 Pros pendant la période des fêtes de fin d’année en raison des problèmes de production. Les téléphones sont vendus environ 1 000 dollars, « ce qui pourrait représenter un manque à gagner d’au moins 6 milliards de dollars », selon Bloomberg.
Dans ce contexte, et compte tenu du sentiment général d’agitation croissante en Chine, il n’est guère surprenant qu’Apple et d’autres grands fabricants s’intéressent aux opportunités offertes par le deuxième pays le plus peuplé du monde et son proche voisin.
Espérant apparemment tirer parti de la situation en République populaire qui a affecté les chaînes d’approvisionnement mondiales, les autorités indiennes ont mis en place de généreuses mesures d’incitation, notamment des subventions alléchantes pour les entreprises qui migrent.
Selon les analyses de S&P Global et de Morgan Stanley, l’Inde devrait dépasser le Japon et l’Allemagne pour devenir la troisième économie mondiale.
Les prévisions de S&P se fondent sur la projection d’une croissance nominale annuelle du PIB de l’Inde de 6,3 % en moyenne jusqu’en 2030.
De même, Morgan Stanley prévoit que le produit intérieur brut de l’Inde aura plus que doublé d’ici 2031.
Toutefois, malgré ces nouvelles optimistes sur la trajectoire de l’Inde, nous pensons qu’il faudra de nombreuses années avant que l’Inde ne remplace la Chine dans la chaîne d’approvisionnement, et ce pour plusieurs raisons essentielles.
- Tout d’abord, les salaires sont considérablement plus élevés en Inde - jusqu’à trois fois selon certaines estimations - ce qui compense les coûts de production légèrement plus élevés en Chine.
- Deuxièmement, les économies d’échelle dont bénéficie encore la Chine lui permettent d’avoir un avantage concurrentiel.
- Troisièmement, l’Inde est le seul grand pays qui ne fait partie d’aucun des pactes commerciaux les plus importants de la région (le Partenariat transpacifique global et progressif et le Partenariat économique régional global) qui, ensemble, représentent l’écrasante majorité des échanges et du commerce internationaux dans la région.
- Quatrièmement, un nombre limité de fabricants mondiaux importent de Chine des produits qui seront gravement touchés par les problèmes de chaîne d’approvisionnement découlant des tensions géopolitiques. En tant que telle, une migration peut être difficile à justifier.
Il me semble que l’idée que l’Inde prenne le relais de la Chine en tant qu’« usine du monde » est, pour l’instant du moins, peu probable.
S’agit-il d’un vœu pieux de la part des Indiens ? Serait-ce un vœu pieux de la part des chefs d’entreprise et des dirigeants politiques occidentaux qui souhaitent établir des liens commerciaux plus étroits avec une démocratie plutôt qu’avec la Chine communiste ?
Quoi qu’il en soit, bien que les marchés boursiers dominés par les fabricants mondiaux aient été effrayés par les récentes manifestations en Chine contre la politique du « zéro covid » du gouvernement, ils devraient se préparer à un rebondissement brutal imminent à mesure que les restrictions s’assoupliront. Les aspirations de l’Inde s’en trouveront affectées.
Les investisseurs avisés se tourneront désormais vers l’avenir et veilleront à ce que leurs portefeuilles soient bien positionnés pour faire face à cette situation, malgré les tentatives actuelles de l’Inde de se substituer à la Chine en tant que destination d’investissement.
L’Inde identifie le milliardaire George Soros « d’obsessionnel et de dangereux »
The Hindu.com
En réponse aux récents commentaires de M. Soros sur le Premier ministre Narendra Modi et les réformes indiennes, la ministre de l’Union Smriti Irani a répété les mêmes accusations : « L’homme qui a brisé la banque en Angleterre, un délinquant économique, a déclaré qu’il souhaitait briser la démocratie indienne ». Le ministre des affaires étrangères, S. Jaishankar, a également qualifié le magnat des fonds spéculatifs, âgé de 92 ans, d’« ancien, riche, influent et dangereux ».
Ces commentaires font suite aux remarques formulées par M. Soros avant la conférence de Munich sur la sécurité, le 16 février, dans lesquelles il déclarait que l’agitation dans l’empire commercial de l’homme d’affaires indien Gautam Adani avait ébranlé la foi en l’Inde et menacé la confiance des investisseurs, ajoutant qu’elle pourrait ouvrir « la porte à un renouveau démocratique » dans le pays.
L’investisseur a également déclaré que le Premier ministre Modi devrait répondre devant les investisseurs étrangers et le Parlement des accusations portées contre M. Adani. « M. Modi et le magnat des affaires Adani sont des alliés proches ; leur destin est lié », a-t-il déclaré.
M. Soros est le fondateur de l’Open Society Foundations, qui octroie des subventions à des groupes et à des personnes qui promeuvent la démocratie, la transparence et la liberté d’expression. Ce n’est pas la première fois qu’il s’attaque au gouvernement Modi ; le milliardaire a déclaré en 2020 que « le revers le plus important et le plus effrayant » pour les sociétés ouvertes venait de l’Inde.