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L’Institut Pasteur, coffre-fort à virus que les Etats-Unis nous envient

mardi 5 septembre 2023

Les Américains ont à plusieurs reprises tenté d’y récupérer des données sensibles.
Centre de recherche P3 de l’Institut Pasteur, à Lille, en février. « Lorsque la mission américaine est venue en 2017, nous avions caché les congélateurs pour qu’ils ne soient pas photographiés », raconte un chercheur.

Par Antoine Izambard

Au printemps 2018, c’est une demande de coopération étrange que doit traiter le cabinet de Frédérique Vidal, la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (Mesri). Un laboratoire privé américain, subventionné pour partie par un organisme rattaché au Pentagone, souhaite travailler avec l’un des sept centres de l’Institut Pasteur en Afrique. La célèbre fondation tricolore, forte d’une collection de 20 000 souches bactériennes et de plus de 200 souches virales (fièvre jaune, Zika, rétrovirus… ), est l’un des plus grands, et plus anciens, coffres-forts mondiaux à virus.

Le domaine de recherche qui focalise l’attention des virologues transatlantiques porte sur une bactérie : Yersinia pestis, autrement dit la peste. Après plusieurs jours de réflexion, le Mesri décide de refuser. « Les Américains sont très offensifs, ils font du forcing pour récupérer le plus grand nombre de souches de virus afin de se protéger, d’élaborer des vaccins », confie une source étatique.

Stock colossal à Fort Detrick

Quelques mois plus tôt, en 2017, l’intérêt de l’allié américain pour les virus français avait aussi été visible au sein de l’Institut Pasteur de Lille. La fondation nordiste, associée à l’Inserm et au CNRS, mène alors une coopération sur la peste avec le puissant National Institutes of Health (NIH), pilier de la recherche médicale américaine. Ce dernier a notamment assujetti son financement à la visite du laboratoire P3 lillois. « Lorsque la mission américaine est venue, nous avions caché les congélateurs afin que celle-ci ne puisse pas les photographier », commente un chercheur.

Très enclin à se voir ouvrir les portes des arsenaux étrangers, l’Oncle Sam joue chez lui la carte du protectionnisme. « En 2001, après les attaques à l’anthrax qui se sont produites sur leur sol, les Etats-Unis ont mis un terme aux visites officielles dans leurs laboratoires, c’était la fin de la réciprocité » , précise Patrick Berche, chef de service de microbiologie de l’hôpital Necker, et auteur de L’Histoire secrète des guerres biologiques (Robert Laffont).

Les Etats-Unis sont aujourd’hui le pays qui possède le plus de laboratoires P4 (le plus haut niveau de sécurité biologique) du monde. La très secrète base médicale militaire de Fort Detrick, près de Washington, ainsi que le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies d’Atlanta en abritent, par exemple, plusieurs. « Au fil des années, les Américains se sont constitués, de manière totalement opaque, un stock colossal de souches, poursuit le chercheur. Ils disent que c’est uniquement pour se défendre mais nous ne pouvons les croire sur parole. Fort Detrick a longtemps été le fief du programme d’armes biologiques des Etats-Unis. »

Le gouvernement des Etats-Unis et l’Institut Pasteur se préparent contre une éventuelle pandémie de grippe

Communiqué de presse 05.02.2006

Paris- Le Département de la Santé des Etats-Unis (Health and Human Services - HHS), et l’Institut Pasteur (IP) ont signé aujourd’hui un accord de coopération, dont le premier volet concerne le Sud-Est Asiatique, afin d’apporter leur soutien au plan mondial de lutte contre la grippe aviaire et contre le risque d’apparition d’une pandémie de grippe.

Communiqué de presse
Paris, le 6 février 2006

Cet accord, signé par Alex M. Azar, Secrétaire Adjoint à la Santé des Etats-Unis (Health and Human Services - HHS), et le Professeur Alice Dautry, Directrice Générale de l’Institut Pasteur (IP), établit la mise en place d’un groupe de travail conjoint HHS-IP destiné à développer plusieurs projets en collaboration, incluant :

* L’augmentation des capacités de surveillance, d’enquêtes épidémiologiques, d’essais, de diagnostic et de lutte contre les maladies infectieuses.
* La mise en place d’échanges de compétences techniques afin d’élaborer une force de réaction face aux risques de maladies
* La diffusion d’une information précise et complète sur les maladies infectieuses, incluant des informations dans la langue des pays concernés.

« La menace d’une épidémie mondiale de grippe exige une approche globale. Le degré de préparation et le niveau de réponse à une pandémie sont des responsabilités qui doivent être partagées », a souligné le Secrétaire Adjoint à la Santé Alex Azar. « Ce partenariat doit permettre de développer une ligne d’action au niveau international dans l’éventualité d’une pandémie dans les pays où une épidémie de grippe aviaire touche déjà la volaille et où des cas de contagion humaine et des décès ont été constatés. Nous sommes particulièrement heureux d’entrer en partenariat avec l’Institut Pasteur, centre de recherche internationalement reconnu, et qui est au cœur d’un réseau mondial d’une envergure impressionnante. »
Le groupe de travail se concentrera d’abord sur les activités et la coopération avec le Sud Est Asiatique, où la plus grande partie des cas de grippe aviaire à virus H5N1 ont été rapportés. D’autres actions seront développées, incluant l’organisation de conférences scientifiques, la mise en place de sessions de formations et d’échanges entre experts qui serviront à améliorer le niveau de préparation aux risques engendrés par les maladies infectieuses, plus particulièrement les maladies respiratoires et la grippe. « La grippe aviaire et les maladies respiratoires sont au cœur des préoccupations de l’Institut Pasteur à Paris ainsi que des Instituts Pasteur du Réseau International de la région Asie », rappelle Alice Dautry, Directrice Générale de l’Institut Pasteur.

« Depuis 2004, nous avons considérablement renforcé nos moyens dans ces domaines. Nous nous réjouissons de ce partenariat avec le HHS qui est une formidable occasion d’unir nos efforts pour combattre de front les maladies infectieuses » En octobre 2005, le Secrétaire américain à la Santé, Mike Leavitt, a conduit une délégation d’experts médicaux américains et internationaux dans une visite de dix jours à travers cinq pays d’Asie du Sud-Est où ils ont rencontré des représentants de l’Institut Pasteur du Cambodge et d’autres organismes. Le but de ce voyage était de tirer des enseignements de l’expérience directe de ces pays dans la prise en charge de la grippe aviaire et de faire valoir l’importance du partage de l’information dans des délais rapides, de juger des potentiels et de déterminer où le HHS pourrait investir.
Pendant ce voyage, le HHS et l’IP ont démarré des discussions sur la meilleure manière de collaborer pour endiguer les risques en Asie du Sud-Est, au Vietnam, au Cambodge et au Laos, et améliorer la capacité de surveillance de la grippe aviaire. Les professionnels de la santé craignent que la propagation persistante et continue du virus aviaire H5N1 – hautement pathogène et maintenant endémique – en Asie de l’Est et au-delà, ne se transforme en véritable menace.

Le virus H5N1 a soulevé la crainte d’une possible contamination humaine parce qu’il est particulièrement virulent, qu’il est propagé par les oiseaux migrateurs, qu’il peut se transmettre des oiseaux aux mammifères, et dans des cas limités aux humains et que, comme d’autres virus de la grippe, il continue d’évoluer. Depuis 2003, un nombre croissant de cas humains du virus H5N1 ont été recensés en Thaïlande, au Vietnam, au Cambodge, en Indonésie et en Turquie, et plus de la moitié des personnes touchées par le H5N1 sont décédées. Tous ces cas semblent bien avoir été le résultat d’un contact avec de la volaille infectée par le virus.

L’inquiétude actuelle est que le H5N1 ne mute à terme sous une forme capable de se transmettre d’homme à homme. Le Département de la Santé des Etats-Unis (Health and Human Services - HHS) est une agence du Gouvernement des Etats-Unis dont dépendent le Center for Disease Control and Prevention (CDC) et les National Institutes of Health (NIH). L’Institut Pasteur est une fondation privée à but non-lucratif dont les travaux sont dédiés à la prévention et le traitement des maladies infectieuses en basant son action sur la recherche en biologie, la formation et des activités de santé publiques.

Pour de plus amples informations sur la grippe aviaire, voir le site www.pandemicflu.gov.
Contact presse

Institut Pasteur
Nadine Peyrolo ou Bruno Baron - 01 44 38 91 30

Ambassade des Etats-Unis
Florence Thomas -01 43 12 27 94

Moderna et l’Institut Pasteur signent un accord de recherche collaborative stratégique

Communiqué de presse 02.02.2015

Ce partenariat de recherche vise à favoriser le développement de vaccins et d’immunothérapies passives fondés sur le recours aux ARNm pour lutter contre les maladies infectieuses.

Communiqué de presse
CAMBRIDGE, Massachusetts, États-Unis, et PARIS, France, le 3 février 2015

Moderna Therapeutics, pionnier des traitements exploitant l’ARN messager (ARNm), et l’Institut Pasteur, organisme à l’avant-garde de la recherche biomédicale exerçant trois grandes missions d’intérêt public – recherche, santé publique et enseignement –, ont annoncé aujourd’hui la signature d’un accord de recherche collaborative stratégique à long terme, en vue de la découverte et du développement de médicaments et vaccins à partir de la plate-forme mRNA Therapeutics™ de Moderna. Valera encadrera la recherche collaborative pour Moderna, dont elle est une société de capital-risque. Valera se consacre exclusivement aux avancées en matière de vaccins et de thérapies pour la prévention et le traitement des maladies infectieuses virales, bactériennes et parasitaires.

Le Pr. Christian Bréchot, directeur général de l’Institut Pasteur, a déclaré : « Nous nous réjouissons de collaborer avec Valera et d’utiliser la plate-forme ARNm de Moderna pour découvrir et élaborer des vaccins et traitements abordant la problématique des pathologies infectieuses sous un tout nouvel angle. Ce partenariat représentera un atout de taille dans notre combat contre les maladies virales et bactériennes. »

Dans le cadre de cet accord, Valera financera des programmes de recherche préclinique et clinique à l’Institut Pasteur. Ceux-ci cibleront l’identification et le développement de nouvelles approches de lutte contre les maladies virales et bactériennes connues et émergentes.

« Nous sommes honorés de travailler avec l’Institut créé à Paris par Louis Pasteur il y a plus de 125 ans. Pasteur est le père du combat moderne contre les maladies infectieuses. Au travers de notre partenariat avec l’Institut Pasteur, nous collaborerons avec des chercheurs et des cliniciens de premier plan qui seront pour nous de précieux alliés dans notre quête d’une approche novatrice de la lutte contre les maladies infectieuses, au service des patients du monde entier », a affirmé Stephane Bancel, PDG de Moderna. « Cet accord repose sur notre stratégie consistant à établir des partenariats avec des leaders des disciplines médicales critiques, comme AstraZeneca, Alexion, Merck, DARPA, ou comme lors de notre dernier accord de collaboration avec le Karolinska Institutet, dans le but de faire progresser le développement de médicaments et vaccins à partir d’ARNm dans différents domaines thérapeutiques. »

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