En principe, la vaccination est l’administration, à travers un virus atténué ou inactivé, d’une molécule dite antigène qui, reconnue comme une menace par le système immunitaire, pousse ce dernier à fabriquer des anticorps capables de lutter contre le virus lors d’une véritable contamination. Cela peut prendre plusieurs mois pour obtenir des antigènes pour des virus bien connus qui évoluent chaque année, comme celui de la grippe. Et il peut falloir plusieurs années pour obtenir un vaccin contre un virus inconnu.
Sous prétexte d’urgence sanitaire, certains laboratoires utilisent aujourd’hui une technologie expérimentale fondée sur le génie génétique car la production de doses de vaccins relèverait alors de la synthèse chimique et non de la croissance cellulaire, ce qui réduirait notablement le temps de développement clinique. Il faut seulement quelques jours pour synthétiser des brins d’ARN par exemple alors qu’il faut plusieurs semaines pour cultiver un virus et isoler les antigènes.
Quel est le procédé de ce nouveau vaccin ?
Il s’agit d’une forme de thérapie génique : l’immunoprophylaxie par transfert de gènes. Les scientifiques isolent les gènes qui induisent des anticorps puis en synthétisent des versions artificielles. Les gènes sont placés dans des vecteurs et injectés dans des tissus humains, généralement des muscles. Le gène synthétique est alors incorporé dans le propre ADN du destinataire de l’injection.
Il est ainsi question d’apporter des informations génétiques étrangères au sein des cellules humaines ! Une fois que l’ADN de l’individu vacciné est changé, la modification est permanente avec toutes les conséquences inconnues que cette manipulation peut induire...
Six laboratoires sont concernés par ces recherches dont certains abordent déjà la phase de test [1] et trois candidats sont testés par l’Inserm [2]
L’émergence de ce procédé d’apprenti sorcier s’accompagne d’une forte poussée vers une vaccination obligatoire.
Le génie génétique accélère la mise au point d’un vaccin contre le Covid-19
Des candidats vaccins fondés sur l’injection d’ADN ou d’ARN viral manipulé pour faire exprimer des anticorps par les cellules sont en passe d’être testés dans des essais cliniques.
Le 10 janvier, lorsque les chercheurs chinois ont publié le génome d’un mystérieux nouveau virus qui se propageait rapidement en Chine, cela a confirmé les craintes de Dan Barouch. Le génome était similaire à celui du coronavirus qui avait causé l’épidémie de SRAS en 2003, mais il présentait également des différences frappantes. « J’ai immédiatement compris que personne ne serait immunisé contre ce coronavirus », explique le virologue, directeur de la recherche sur les vaccins au centre médical Beth Israel, à Boston.
En quelques jours, son laboratoire et des dizaines d’autres dans le monde ont commencé à concevoir des vaccins qui, espérait-on, pourraient protéger des milliards de personnes contre le SARS-CoV-2, le plus grand défi à la santé et à la prospérité mondiales depuis la Seconde Guerre mondiale. Trois mois plus tard, début avril, près de 80 entreprises et instituts de 19 pays travaillaient sur des candidats vaccins. La plupart d’entre eux s’appuyaient sur des techniques de génie génétique au lieu des approches traditionnelles, comme celles employées depuis plus de soixante-dix ans pour mettre au point les vaccins contre la grippe. Les laboratoires ont affirmé qu’un vaccin pourrait être commercialisé pour une utilisation limitée, dans une situation d’urgence, d’ici au début de 2021 – un délai incroyablement court quand on sait qu’il a souvent fallu dix ans pour mettre au point et déployer des vaccins contre des nouveaux agents pathogènes. Même le vaccin contre le virus Ebola, qui a fait l’objet d’une procédure accélérée, a mis cinq ans pour atteindre le stade des essais cliniques à grande échelle. Si Dan Barouch ou ses homologues peuvent proposer une formulation vaccinale sûre et efficace en un an, « ce sera le développement de vaccin le plus rapide de l’histoire », assure-t-il.
C’est un grand « si », cependant. Bien que les laboratoires aient mis au point plusieurs vaccins pour d’autres virus à l’aide du génie génétique, aucun n’a été commercialisé pour une maladie humaine.