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Une énigme U.S. bientôt résolue ?

Pierre Dortiguier

lundi 29 octobre 2012

Au lendemain de l’attaque discrète de l’aviation sioniste sur une usine soudanaise, et à la veille d’une probable gifle de l’électorat américain, ou du moins d’un maintien morose du Président, aux couleurs d’une gauche mondialiste, il semble que la surprise politique pourrait venir d’une décision de l’économie US de cesser une politique dispendieuse et inefficace qui l’isole de ses alliés ! Ceux-ci ne sont pas de la même étoffe : l’Europe Unie ne l’est pas politiquement, et c’est l’inégalité économique qui l’en empêche, notamment son extension trop rapide à l’Est, sur les marches danubiennes de la Russie !

L’installation de l’armée en Irak et en Afghanistan, en dehors de son coût, fixe des troupes US et l’OTAN trop près de la Russie et devient un obstacle à la désagrégation de l’espace de la Fédération de Russie, à la création de centres autonomes qui pourraient se satelliser autour de l’impérialisme US. La politique de maintien de la flotte américaine dans le Golfe et dans les eaux de l’Asie du Sud-Est n’a de sens que si elle est une pression géopolitique, et non pas un tremplin à une agression utopique de l’Iran, par exemple qui, l’an dernier, a entraîné la réaction, non du gouvernement chinois, il est vrai, mais de généraux chinois ! Le jeu US est plus profitable si des conflits locaux dressent, dans une nouvelle guerre froide entre des géants chinois et japonais ou coréens, permettant au leadership américain de s’imposer comme arbitre !

Il est vrai que l’attitude américaine a été hésitante, dans les épisodes récents de Libye lors du renversement du régime de Khadafi où les Français et les Anglais étaient en tête, alors qu’Allemands et italiens traînaient des pieds et durent se faire rappeler à l’ordre par des militants sionistes, comme Sarkozy, BHL et Cameron ! On a parlé de deux courants à ce propos, l’un favorable à une mutation financière du monde en faveur des intérêts américains, quitte à sacrifier la situation intenable du Sionisme imposé bien sûr par les USA, mais proposé – faut-il le rappeler ? - par l’URSS de Staline, comme une pièce « socialiste » dans l’édifice proche-oriental où l’Arabie et la Jordanie et une Syrie affaiblie, jouets de coups d’Etat, tenaient le devant de la scène ! C’est la présence sioniste qui a fortifié le présent patriotisme syrien, et c’est l’attaque sioniste contre le Liban qui l’a rendu populaire par le Hezbollah, et maintenant c’est le renversement souhaité par Tel Aviv de ce « régime », qui monte contre les USA un front de la résistance non plus syro-iranien, mais sino-russo-syro-iranien ! Que sert dans ces conditions d’acheter la bande de Gaza avec l’argent du Qatar ?

Il est temps pour les Etats-Unis d’arrêter cette mobilisation de la moitié du monde contre eux ! Car il en va de leur capacité de monter une coalition contre leur rival économique de taille, l’immense réserve de matières premières russes, laquelle, en se préservant pourrait donner à leur adversaire des deux dernière guerres mondiales l’Allemagne et ses satellites finlandais, hongrois, slovaques, tchèques et polonais, - ce qui formait (avec la Belgique et la Hollande) le vrai marché impérial de la fin du 18e siècle-, de s’approvisionner, en délaissant une Europe occidentale devenue hors course ; et même l’Italie berlusconienne a tiré profit de cette Russie nouvelle, contrairement à la France et à la péninsule ibérique incapables de suivre par manque de « compétitivité » industrielle.

Tel est le choix US de décider entre un enfant gâté israélien, qui au premier danger s’éparpillera aux quatre coins de l’univers, comme une volée de moineaux au premier coup de fusil, et des enfants dociles, ceux de la doctrine Eisenhower que furent – les Américains s’en souviennent - les pères de la Fraternité musulmane prétendue ! Ce qui fonde la puissance US, c’est l’or noir des accords du Quincy conclus entre Roosevelt et Saoud, évinçant les Britanniques : c’est ce contexte que Mossadegh a exploité, trahi du reste par sa gauche, si l’on peut dire, du parti Toudeh, le jeu israélien en Iran misant sur l’impopularité du Shah de retour par le coup d’Etat fomenté par Kim Roosevelt, pour exercer une pression démesurée, s’impliquer dans la Révolution blanche agraire comme l’Imam Khomeiny le dénonce, par exemple dans ses lettres et ses interventions !

A chaque fois que Tel Aviv s’est montré offensif, cela a été grâce aux Anglo-américains, certes, mais aussi au détriment de leurs intérêts à long terme ! C’est ce que De Gaulle avait compris et que certainement un Kennedy aurait aussi bien aperçu qui refusait l’armement atomique sioniste. Cette tendance US a-t-elle été victime aussi d’un 11 Septembre, à savoir d’un coup d’Etat politique ? C’est ce qui a été soutenu, et les dissensions de l’Etat-major, les propos de Wesley Clark, l’ancien commandant en chef de l’OTAN sur la stupidité d’attaquer et d’occuper les pays de l’Afghanistan jusqu’à l’Iran, le prouveraient. Wesley Clark a servi l’impérialisme, il a été le chef de l’opération Allied Force dans la guerre du Kosovo, précisément comme commandant en chef des forces alliés. Il a participé à cette stratégie aux visées évidentes d’une base US permanente anti-russe ! Et c’est cet objectif que le Pentagone – attaqué symboliquement ce même 11 septembre - a toujours eu en tête de mener, qui lui est prioritaire !

Chacun voit qu’Israël voudrait profiter de ce jeu américain pour éliminer toute potentialité future de résistance contre lui, ce qui est utopique ! Il n’éliminera pas l’Iran ni n’effacera la haine profonde que lui portent les Syriens et la fraternité libano-palestinienne, ou l’Egypte et le Soudan etc. En revanche cette politique a rendu la Russie populaire au Proche-Orient, et alors que les tentatives US d’émirat caucasien semblaient forcer un clash de civilisation ou une rupture islamo-chrétienne, c’est l’inverse qui soude l’Orient et l’ancienne puissance protectrice orthodoxe des Lieux saints !

En conclusion, une modification des formes d’actions US n’est pas exclue, si nous considérons son objectif final exprimé, faut-il se lasser de le dire ? Dans The grand Chessboard, le livre « le grand échiquier de Bzrezinski ! Cela a trente ans, direz-vous, mais la guerre qui est menée et sera menée éventuellement, que Dieu ne veuille, pour le leadership que les Etats-unis jugent nécessaire n’a-t-elle pas débuté il y a presque un siècle quand ces mêmes Etats-Unis sont entrés dans la guerre mondiale ?

Leur but principal est de rompre en Asie le travail de l’Organisation de Shanghai, de retourner à la situation des années soixante du conflit sino-russe et de tenir, comme le disait le premier secrétaire de l’OTAN et ancien secrétaire privé de Churchill parlant l’Europe : « Americans in, Russians out, and Germans below » !

Nul doute que les stratèges de grands pays dont l’Iran ne tiennent compte de cette situation des Etats-Unis, tout en considérant l’entité sioniste – selon l’expression du défunt Mao - comme « un tigre de papier » !

A chacun de prendre ses responsabilités, se mettant, comme disait le philosophe Leibniz, pour justifier une juste politique et une saine morale, « à la place d’autruy » !

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